Jazz live
Publié le 5 Déc 2017

DIZZY QUE JE L’ AIME

Dizzy que je l’aime

En cette année faste pour célébrer les centenaires de naissance d’artistes de cinéma ou de musique, on a évoqué longuement les belles carrières de Danielle Darrieux ou Jean Pierre Melville, Thelonius Monk (10 Octobre 1917), Ella Fitzgerald (25 avril 1917) et quelque peu oublié le trompettiste John Birks Gillespie, né le 21 octobre 1917 à Cheraw  en Caroline du Sud.

Certes, il n’est pas le seul à avoir été négligé, ainsi on parle peu de Buddy Rich, Jimmy Hamilton, Lena Horne, Tadd Dameron….Et en France, de notre crooner et guitariste Henri Salvador, né le 18 juillet 1917.

Aussi peut-on souligner l’initiative heureuse de Claude Carrière et du label Cristal records qui consacre un coffret de 3 Cds à prix doux à l’œuvre de ce trompettiste génial : vol 1Small groups, Vol2. Big Bands, vol.3 Latin Dizzy, car Gillespie fut le champion du bebop et du latin jazz.

A Marseille dans le cadre de l’opération annuelle Jazz sur la ville du 29 octobre au 3 décembre ( onzième édition ), l’aventure du jazz se poursuit dans la cité phocéenne mais pas seulement, puisque  l’on pouvait décompter 82 événements, 38 lieux, 300 artistes.

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Opération bienvenue puisqu’on ne pouvait passer sous silence le centenaire de la naissance du jazz, le 28 février 1917, avec l’enregistrement de « Livery Stable Blues »….à Chicago et le 27 décembre, le débarquement à Brest, du premier brassband dirigé par James Reese .

Dans la longue série des «tribute» que rendent les musiciens actuels aux aînés, personne ou presque ne reprend le flambeau en revisitant Dizzy. Aussi la B.M.V.R de l’Alcazar est elle inspirée en proposant un hommage à Dizzy. Le mardi 14 novembre, était projeté une série de courts métrages de Louis Schiavo, ami du trompettiste et organisateur du festival (bon enfant) de Bastia, avec une présentation dans la médiathèque d’une série de ses photos plutôt insolites, inédites, comme un témoignage de l’artiste en vacances.20171201_101054

Fut également projeté un documentaire « Jivin’in the Bebop » de 1946 et des extraits d’une émission télé populaire « Jazz Casual Dizzy Gillespie » animée par Ralph Gleason. Les deux documents sont restitués intégralement sur you tube et valent le détour. Pour finir cette évocation musicale, intervenait  l’Easy Dizzy Orchestra Sextet (Christophe Leloil, Cyril Benhamou, Cedric Bec, Don Moye de l’Art ensemble of Chicago…). Chapeau à Leloil qui s’est prêté à cet exercice difficile. Car si beaucoup de trompettistes ont tenté, plus ou moins brillamment, de suivre le sillage de Miles, qui a osé jouer, reprendre du Gillespie?

Peut-être peut on aussi relire le texte toujours très juste de Pascal Anquetil dans son indispensable Portraits légendaires du Jazz aux éditions TANA. Puisqu’il lui fallait classer les artistes, Gillespie a sa place  dans la série des « virtuoses du bonheur », aux côtés de Stéphane Grappelli, Lionel Hampton, Erroll Garner… Et c’est ce qui ne le rend pas forcément intéressant de nos jours. «Diz n’a jamais été un musicien émouvant. Il était seulement éblouissant, vif comme une lame.» écrit Pascal Anquetil qui ne tombe pas dans le panneau. Tout comme Louis Armstrong, « il dissimulait derrière un éclat de rire ou de trompette, une profonde gravité empreinte de mélancolie ».

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Tournons donc (provisoirement) la page et laissons ce musicien extravagant, solaire, inimité et inimitable qui nous  a quittés le 6 janvier 1993 à Englewood. Je me souviens de l’avoir vu à Marseille à la fin de sa vie, lors du festival estival insulaire du Frioul. Il jouait moins vite, moins longtemps mais gardait le même enthousiasme, quelque chose de l’esprit de ses débuts quand il inventa le be bop!  Je l’aimais déjà, je l’ai aimé immédiatement, j’avais enregistré sur une cassette audio ( !) intitulée d’ailleurs « Dizzy que je l’aime », des compositions glanées à la radio sur France Musique, sans doute dans l’une des émissions de Claude Carrière.

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Sophie Chambon