Jazz live
Publié le 17 Mar 2016

Europa Berlin : un ONJ lumineux

Ce soir, 17 mars, l’ONJ – autrement dit l’Orchestre national de jazz –à Nanterre, bien accueilli dans la belle salle de la Maison de la musique, donnait son répertoire “Europa Berlin”, sous la direction de son compositeur Olivier Benoît. Un beau programme.

Maison de la Musique, Nanterre (92), le 17 mars 2016.

Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette), Fidel Fourneyron (trombone), Jean Doustessyer (clarinettes), Hugues Mayot (sax alto), Alexandra Grimal l-onj-version-olivier-benoit-photo-dr-1456347210(sax ténor), Paul Brousseau (Fender Rhodes, électronique), Sophie Agnel (piano), Olivier Benoît (guitare électrique, composition, direction), Sylvain Daniel (basse électrique, électronique), Eric Echampard (batterie).

Arrivé à la bourre – un concert à 19h30 ! À 19h30, j’éteignais mon ordinateur en me disant “Ah quelle heure donc, ce concert ? » –, loupé au moins un morceau. Eric Echampard fait son lapin tambour et sur ce crépitement Alexandra Grimal envoie un grosse colonne de son incandescenet, puis Jean Doustessier lance sur sa clarinette une espèce de programme logarythmiques rappelant ces fascinants développement aléatoires que l’on tirait des premiers synthétiseurs modulaires (je pense notamment à un certain duo de clarinette-synthétiseur d’Anthony Braxton avec Richard Teitelbaum, à ceci prêt que Doustessier n’est équipé d’aucune machine).

Le temps de me poser, de m’étirer, de bien me caler dans mon fauteuil, un nouveau morceau commence : basse tenue (Paul Brousseau ?), nocturne, musique de chambre, ambiande mitteleuropa, puis la pédale passe au piano d’une note grave attaquée régulièrement et le Théo Ceccaldi se lance pliant, dépliant, repliant le vocabulaire du violon concertant, du romantisme au contemporain, avec une logique réthorique et un sens de l’espace habités d’un feeling grandiose, sur de petites piqures de fil doré tissé par l’orchestre dans le bleu nuit qui l’entoure. Ah ! Ça se gâte : gros orage orchestral, bourrasque dans les branches de la batterie et du piano qui résonne longuement après l’accalmie tandis que le Fender lance le morse initial d’une longue suite répétitive.

Reprocher à un musique répétitive son caractère répétitif, je sais, c’est un peu comme reprocher à un octuor de cuivres de manquer de cordes ou à un chat d’être un peu trop félin, mais cinquante ans après Steve Reich, on a un peu l’impression d’avoir déjà entendu ça et on s’en lasse finalement plus vite que des clichés du bebop. Et si le répétitif est inscrit dans l’ADN de ce programme, on l’appréciera d’autant mieux qu’il est rapidement contredit par quelque contrechant exogène à son principe d’écriture, Olivier Benoit excellant d’ailleurs dans cet exercice d’opposition. Il arrive pourtant dans cet Europe-Berlin que le procédé tarde à se faire bousculer et, dans la présente pièce, on n’est pas fâché de voir Fabrice Martinez intervenir (entrainant bientôt une longue suite orchestrale se superposant au motif polyphonique initial), d’autant plus qu’il fait parler sa trompette avec une faconde irrésistible.

Ailleurs, on regrettera de sentir Sophie Agnel bridée à la sortie d’un de ces engrenages répétitifs qu’elle commençait à dérégler merveilleusement. Puis ce sera au tour de Sylvain Daniel de dérégler sur sa basse un morceau non identifié des Shadows, peut-être Apache (c’est la sonorité et le phasé de la basse qui m’y font penser) mais revu à la Picasso, glissant soudain vers Jimi Hendrix… Va-t-il jouer l’hymne américain ? Non. Paul Brousseau nous entraînera sur le réseau téléphonique : friture sur la ligne, voix parasites, affolements, les voies du Brousseau sont impénétrables. Puis nous voici sur un morceau plus cocasse, un peu grinçant, un côté cabaret décadent sous la République de Weimar. Et voilà encore un solo d’Hugues Mayot qui mérite d’être mentionné, pour sa construction, ses angles, ses contrastes… rien de spectaculaire, mais quelque chose de la rigueur konitzienne rapportée à une esthétique qui est ne l’est pas, avec un geste dramatique d’une qualité quasi classique, dans un vocabulaire qui l’est nullement.

Quoi d’autre… sinon que, tiens, c’est déjà fini, et que finalement, à ces quelques réserves près, on ne s’est pas ennuyé, d’autant moins que le son est parfait (Boris Darley) et que les éclairages sont d’une justesse qui fait de de concert un véritable spectacle. Pas de pyrotechnique, ni de fumigène, ni de projecteurs qui clignotent en courant après le tempo, mais cet a propos que l’on apprécie au théâtre (l’éclairagiste est nouveau et je n’ai pas retenu son nom). Voilà probablement l’un des ONJ les plus convaincants qu’il m’ait été donné d’entendre, totalement dans son époque, d’une cohérence indiscutable, porté par de formidables instrumentistes, avec un vocabulaire orchestrale très personnel, celui d’Olivier Benoît. Franck Bergerot|Ce soir, 17 mars, l’ONJ – autrement dit l’Orchestre national de jazz –à Nanterre, bien accueilli dans la belle salle de la Maison de la musique, donnait son répertoire “Europa Berlin”, sous la direction de son compositeur Olivier Benoît. Un beau programme.

Maison de la Musique, Nanterre (92), le 17 mars 2016.

Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette), Fidel Fourneyron (trombone), Jean Doustessyer (clarinettes), Hugues Mayot (sax alto), Alexandra Grimal l-onj-version-olivier-benoit-photo-dr-1456347210(sax ténor), Paul Brousseau (Fender Rhodes, électronique), Sophie Agnel (piano), Olivier Benoît (guitare électrique, composition, direction), Sylvain Daniel (basse électrique, électronique), Eric Echampard (batterie).

Arrivé à la bourre – un concert à 19h30 ! À 19h30, j’éteignais mon ordinateur en me disant “Ah quelle heure donc, ce concert ? » –, loupé au moins un morceau. Eric Echampard fait son lapin tambour et sur ce crépitement Alexandra Grimal envoie un grosse colonne de son incandescenet, puis Jean Doustessier lance sur sa clarinette une espèce de programme logarythmiques rappelant ces fascinants développement aléatoires que l’on tirait des premiers synthétiseurs modulaires (je pense notamment à un certain duo de clarinette-synthétiseur d’Anthony Braxton avec Richard Teitelbaum, à ceci prêt que Doustessier n’est équipé d’aucune machine).

Le temps de me poser, de m’étirer, de bien me caler dans mon fauteuil, un nouveau morceau commence : basse tenue (Paul Brousseau ?), nocturne, musique de chambre, ambiande mitteleuropa, puis la pédale passe au piano d’une note grave attaquée régulièrement et le Théo Ceccaldi se lance pliant, dépliant, repliant le vocabulaire du violon concertant, du romantisme au contemporain, avec une logique réthorique et un sens de l’espace habités d’un feeling grandiose, sur de petites piqures de fil doré tissé par l’orchestre dans le bleu nuit qui l’entoure. Ah ! Ça se gâte : gros orage orchestral, bourrasque dans les branches de la batterie et du piano qui résonne longuement après l’accalmie tandis que le Fender lance le morse initial d’une longue suite répétitive.

Reprocher à un musique répétitive son caractère répétitif, je sais, c’est un peu comme reprocher à un octuor de cuivres de manquer de cordes ou à un chat d’être un peu trop félin, mais cinquante ans après Steve Reich, on a un peu l’impression d’avoir déjà entendu ça et on s’en lasse finalement plus vite que des clichés du bebop. Et si le répétitif est inscrit dans l’ADN de ce programme, on l’appréciera d’autant mieux qu’il est rapidement contredit par quelque contrechant exogène à son principe d’écriture, Olivier Benoit excellant d’ailleurs dans cet exercice d’opposition. Il arrive pourtant dans cet Europe-Berlin que le procédé tarde à se faire bousculer et, dans la présente pièce, on n’est pas fâché de voir Fabrice Martinez intervenir (entrainant bientôt une longue suite orchestrale se superposant au motif polyphonique initial), d’autant plus qu’il fait parler sa trompette avec une faconde irrésistible.

Ailleurs, on regrettera de sentir Sophie Agnel bridée à la sortie d’un de ces engrenages répétitifs qu’elle commençait à dérégler merveilleusement. Puis ce sera au tour de Sylvain Daniel de dérégler sur sa basse un morceau non identifié des Shadows, peut-être Apache (c’est la sonorité et le phasé de la basse qui m’y font penser) mais revu à la Picasso, glissant soudain vers Jimi Hendrix… Va-t-il jouer l’hymne américain ? Non. Paul Brousseau nous entraînera sur le réseau téléphonique : friture sur la ligne, voix parasites, affolements, les voies du Brousseau sont impénétrables. Puis nous voici sur un morceau plus cocasse, un peu grinçant, un côté cabaret décadent sous la République de Weimar. Et voilà encore un solo d’Hugues Mayot qui mérite d’être mentionné, pour sa construction, ses angles, ses contrastes… rien de spectaculaire, mais quelque chose de la rigueur konitzienne rapportée à une esthétique qui est ne l’est pas, avec un geste dramatique d’une qualité quasi classique, dans un vocabulaire qui l’est nullement.

Quoi d’autre… sinon que, tiens, c’est déjà fini, et que finalement, à ces quelques réserves près, on ne s’est pas ennuyé, d’autant moins que le son est parfait (Boris Darley) et que les éclairages sont d’une justesse qui fait de de concert un véritable spectacle. Pas de pyrotechnique, ni de fumigène, ni de projecteurs qui clignotent en courant après le tempo, mais cet a propos que l’on apprécie au théâtre (l’éclairagiste est nouveau et je n’ai pas retenu son nom). Voilà probablement l’un des ONJ les plus convaincants qu’il m’ait été donné d’entendre, totalement dans son époque, d’une cohérence indiscutable, porté par de formidables instrumentistes, avec un vocabulaire orchestrale très personnel, celui d’Olivier Benoît. Franck Bergerot|Ce soir, 17 mars, l’ONJ – autrement dit l’Orchestre national de jazz –à Nanterre, bien accueilli dans la belle salle de la Maison de la musique, donnait son répertoire “Europa Berlin”, sous la direction de son compositeur Olivier Benoît. Un beau programme.

Maison de la Musique, Nanterre (92), le 17 mars 2016.

Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette), Fidel Fourneyron (trombone), Jean Doustessyer (clarinettes), Hugues Mayot (sax alto), Alexandra Grimal l-onj-version-olivier-benoit-photo-dr-1456347210(sax ténor), Paul Brousseau (Fender Rhodes, électronique), Sophie Agnel (piano), Olivier Benoît (guitare électrique, composition, direction), Sylvain Daniel (basse électrique, électronique), Eric Echampard (batterie).

Arrivé à la bourre – un concert à 19h30 ! À 19h30, j’éteignais mon ordinateur en me disant “Ah quelle heure donc, ce concert ? » –, loupé au moins un morceau. Eric Echampard fait son lapin tambour et sur ce crépitement Alexandra Grimal envoie un grosse colonne de son incandescenet, puis Jean Doustessier lance sur sa clarinette une espèce de programme logarythmiques rappelant ces fascinants développement aléatoires que l’on tirait des premiers synthétiseurs modulaires (je pense notamment à un certain duo de clarinette-synthétiseur d’Anthony Braxton avec Richard Teitelbaum, à ceci prêt que Doustessier n’est équipé d’aucune machine).

Le temps de me poser, de m’étirer, de bien me caler dans mon fauteuil, un nouveau morceau commence : basse tenue (Paul Brousseau ?), nocturne, musique de chambre, ambiande mitteleuropa, puis la pédale passe au piano d’une note grave attaquée régulièrement et le Théo Ceccaldi se lance pliant, dépliant, repliant le vocabulaire du violon concertant, du romantisme au contemporain, avec une logique réthorique et un sens de l’espace habités d’un feeling grandiose, sur de petites piqures de fil doré tissé par l’orchestre dans le bleu nuit qui l’entoure. Ah ! Ça se gâte : gros orage orchestral, bourrasque dans les branches de la batterie et du piano qui résonne longuement après l’accalmie tandis que le Fender lance le morse initial d’une longue suite répétitive.

Reprocher à un musique répétitive son caractère répétitif, je sais, c’est un peu comme reprocher à un octuor de cuivres de manquer de cordes ou à un chat d’être un peu trop félin, mais cinquante ans après Steve Reich, on a un peu l’impression d’avoir déjà entendu ça et on s’en lasse finalement plus vite que des clichés du bebop. Et si le répétitif est inscrit dans l’ADN de ce programme, on l’appréciera d’autant mieux qu’il est rapidement contredit par quelque contrechant exogène à son principe d’écriture, Olivier Benoit excellant d’ailleurs dans cet exercice d’opposition. Il arrive pourtant dans cet Europe-Berlin que le procédé tarde à se faire bousculer et, dans la présente pièce, on n’est pas fâché de voir Fabrice Martinez intervenir (entrainant bientôt une longue suite orchestrale se superposant au motif polyphonique initial), d’autant plus qu’il fait parler sa trompette avec une faconde irrésistible.

Ailleurs, on regrettera de sentir Sophie Agnel bridée à la sortie d’un de ces engrenages répétitifs qu’elle commençait à dérégler merveilleusement. Puis ce sera au tour de Sylvain Daniel de dérégler sur sa basse un morceau non identifié des Shadows, peut-être Apache (c’est la sonorité et le phasé de la basse qui m’y font penser) mais revu à la Picasso, glissant soudain vers Jimi Hendrix… Va-t-il jouer l’hymne américain ? Non. Paul Brousseau nous entraînera sur le réseau téléphonique : friture sur la ligne, voix parasites, affolements, les voies du Brousseau sont impénétrables. Puis nous voici sur un morceau plus cocasse, un peu grinçant, un côté cabaret décadent sous la République de Weimar. Et voilà encore un solo d’Hugues Mayot qui mérite d’être mentionné, pour sa construction, ses angles, ses contrastes… rien de spectaculaire, mais quelque chose de la rigueur konitzienne rapportée à une esthétique qui est ne l’est pas, avec un geste dramatique d’une qualité quasi classique, dans un vocabulaire qui l’est nullement.

Quoi d’autre… sinon que, tiens, c’est déjà fini, et que finalement, à ces quelques réserves près, on ne s’est pas ennuyé, d’autant moins que le son est parfait (Boris Darley) et que les éclairages sont d’une justesse qui fait de de concert un véritable spectacle. Pas de pyrotechnique, ni de fumigène, ni de projecteurs qui clignotent en courant après le tempo, mais cet a propos que l’on apprécie au théâtre (l’éclairagiste est nouveau et je n’ai pas retenu son nom). Voilà probablement l’un des ONJ les plus convaincants qu’il m’ait été donné d’entendre, totalement dans son époque, d’une cohérence indiscutable, porté par de formidables instrumentistes, avec un vocabulaire orchestrale très personnel, celui d’Olivier Benoît. Franck Bergerot|Ce soir, 17 mars, l’ONJ – autrement dit l’Orchestre national de jazz –à Nanterre, bien accueilli dans la belle salle de la Maison de la musique, donnait son répertoire “Europa Berlin”, sous la direction de son compositeur Olivier Benoît. Un beau programme.

Maison de la Musique, Nanterre (92), le 17 mars 2016.

Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette), Fidel Fourneyron (trombone), Jean Doustessyer (clarinettes), Hugues Mayot (sax alto), Alexandra Grimal l-onj-version-olivier-benoit-photo-dr-1456347210(sax ténor), Paul Brousseau (Fender Rhodes, électronique), Sophie Agnel (piano), Olivier Benoît (guitare électrique, composition, direction), Sylvain Daniel (basse électrique, électronique), Eric Echampard (batterie).

Arrivé à la bourre – un concert à 19h30 ! À 19h30, j’éteignais mon ordinateur en me disant “Ah quelle heure donc, ce concert ? » –, loupé au moins un morceau. Eric Echampard fait son lapin tambour et sur ce crépitement Alexandra Grimal envoie un grosse colonne de son incandescenet, puis Jean Doustessier lance sur sa clarinette une espèce de programme logarythmiques rappelant ces fascinants développement aléatoires que l’on tirait des premiers synthétiseurs modulaires (je pense notamment à un certain duo de clarinette-synthétiseur d’Anthony Braxton avec Richard Teitelbaum, à ceci prêt que Doustessier n’est équipé d’aucune machine).

Le temps de me poser, de m’étirer, de bien me caler dans mon fauteuil, un nouveau morceau commence : basse tenue (Paul Brousseau ?), nocturne, musique de chambre, ambiande mitteleuropa, puis la pédale passe au piano d’une note grave attaquée régulièrement et le Théo Ceccaldi se lance pliant, dépliant, repliant le vocabulaire du violon concertant, du romantisme au contemporain, avec une logique réthorique et un sens de l’espace habités d’un feeling grandiose, sur de petites piqures de fil doré tissé par l’orchestre dans le bleu nuit qui l’entoure. Ah ! Ça se gâte : gros orage orchestral, bourrasque dans les branches de la batterie et du piano qui résonne longuement après l’accalmie tandis que le Fender lance le morse initial d’une longue suite répétitive.

Reprocher à un musique répétitive son caractère répétitif, je sais, c’est un peu comme reprocher à un octuor de cuivres de manquer de cordes ou à un chat d’être un peu trop félin, mais cinquante ans après Steve Reich, on a un peu l’impression d’avoir déjà entendu ça et on s’en lasse finalement plus vite que des clichés du bebop. Et si le répétitif est inscrit dans l’ADN de ce programme, on l’appréciera d’autant mieux qu’il est rapidement contredit par quelque contrechant exogène à son principe d’écriture, Olivier Benoit excellant d’ailleurs dans cet exercice d’opposition. Il arrive pourtant dans cet Europe-Berlin que le procédé tarde à se faire bousculer et, dans la présente pièce, on n’est pas fâché de voir Fabrice Martinez intervenir (entrainant bientôt une longue suite orchestrale se superposant au motif polyphonique initial), d’autant plus qu’il fait parler sa trompette avec une faconde irrésistible.

Ailleurs, on regrettera de sentir Sophie Agnel bridée à la sortie d’un de ces engrenages répétitifs qu’elle commençait à dérégler merveilleusement. Puis ce sera au tour de Sylvain Daniel de dérégler sur sa basse un morceau non identifié des Shadows, peut-être Apache (c’est la sonorité et le phasé de la basse qui m’y font penser) mais revu à la Picasso, glissant soudain vers Jimi Hendrix… Va-t-il jouer l’hymne américain ? Non. Paul Brousseau nous entraînera sur le réseau téléphonique : friture sur la ligne, voix parasites, affolements, les voies du Brousseau sont impénétrables. Puis nous voici sur un morceau plus cocasse, un peu grinçant, un côté cabaret décadent sous la République de Weimar. Et voilà encore un solo d’Hugues Mayot qui mérite d’être mentionné, pour sa construction, ses angles, ses contrastes… rien de spectaculaire, mais quelque chose de la rigueur konitzienne rapportée à une esthétique qui est ne l’est pas, avec un geste dramatique d’une qualité quasi classique, dans un vocabulaire qui l’est nullement.

Quoi d’autre… sinon que, tiens, c’est déjà fini, et que finalement, à ces quelques réserves près, on ne s’est pas ennuyé, d’autant moins que le son est parfait (Boris Darley) et que les éclairages sont d’une justesse qui fait de de concert un véritable spectacle. Pas de pyrotechnique, ni de fumigène, ni de projecteurs qui clignotent en courant après le tempo, mais cet a propos que l’on apprécie au théâtre (l’éclairagiste est nouveau et je n’ai pas retenu son nom). Voilà probablement l’un des ONJ les plus convaincants qu’il m’ait été donné d’entendre, totalement dans son époque, d’une cohérence indiscutable, porté par de formidables instrumentistes, avec un vocabulaire orchestrale très personnel, celui d’Olivier Benoît. Franck Bergerot