Jazz live
Publié le 6 Mai 2012

Europa Jazz Festival 2012, le final (3)

Je pourrais reprendre, à propos du solo de Vincent Courtois (violoncelle), quasiment les mêmes termes utilisés hier à vanter les mérites du solo de Vincent Peirani (accordéon), sans oublier de souligner la présence du public, de plus en plus insistante dans le lieu (Collégiale St-Pierre-La-Cour), comme dans la Fonderie pour les concerts d’après-midi. Même si, pour les musiciens, ce n’est pas toujours évident, les concerts de midi ou de cinq heures sont pour les auditeurs une respiration, un bol d’art, accompagné du sentiment de partager quelque chose de rare. Cela dit, le violoncelle plaît, et il se situe sur un versant naturel de noblesse plus facilement que l’accordéon. La performance de Vincent Courtois n’en est que plus impressionnante dans la mesure où il n’a recours qu’à des thèmes de sa composition (ou exceptionnellement de Louis Sclavis), qu’il déplie dans un lyrisme exigeant, une technique sans faille, et un recours plus que minimal à des effets de manche ou d’archet. « Sensuel et perdu » dit un des titres de ce beau récital, à retrouver sur CD « L’Imprévu », Label La Buissonne/Harmonia Mundi. Perdu peut-être, mais pas pour tout le monde…


Le quartet composé de Pauline Oliveros & Pascal Contet (accordéons), et de Joëlle Léandre & Barre Phillips (contrebasses) permettait une combinatoire de 64 figures possibles en fonction des instruments, des sexes et de la nationalité. Nous n’avons pas eu droit à l’intégralité de ces figures, auxquelles il aurait été loisible d’en ajouter d’autres d’ailleurs, mais quand même un certain nombre furent utilisées dans une ambiance générale faire de mesure, d’écoute, de sourires et… de minimalisme. La présence de Pauline Oliveros était en soi un événement, puisque les apparitions de cette musicienne et compositeur de 80 ans sont rares en France, et qu’elle porte avec elle toute une époque de créativité et d’invention marquée par les termes de « minimalisme » justement, aux côtés de son ami Terry Riley et non sans influence sur John Cage lui-même 

Un moment musical et historique donc, suivi par une soirée – la dernière – à l’abbaye de l’Epau, dont l’herbe verte et arrosée aurait pu abriter les grenouilles que Madame Oliveros aimait entendre dans son enfance à Houston (Texas). Le trio « Atlas » est encore en progrès, la musique coule facilement (du moins c’est ce qu’il semble pour l’auditeur), on se régale de pièces assez longues à l’ambiance explicitement très rock (entente parfaite entre Benjamin Moussay et Gilles Coronado), d’autres plus resserrées proviennent d’une écriture de plus en plus mélodique et chantante (très beaux unissons piano/clarinette-basse-guitare). C’est droit, fort et sensible, ça réconcilie musiques dites « actuelles » et jazz(s) de sources variées, et ça touche. Pour suivre, le projet d’un autre clarinettiste un peu déjanté – c’est du moins l’image qu’il donne – de la scène US : Don Byron. Son récent CD, sur ce même projet dit « New Gospel Quintet », ne m’était pas apparu superbement éclatant, et je craignais un peu la confrontation avec la musique à la fois ouverte et millimétrée de Louis Sclavis et confrères. Mais entre temps le « line-up » a changé : c’est Nat Adderley Jr, le fils du cornettiste et neveu de Cannonball qui tient le piano (et fort bien), Sangoma Everett remplace Pheeroan Aklaff, Barbara Walker est heureusement en lieu et place de DK Dyson, et Brian Jones assure superbement une certaine continuité quand même. Au final quelque chose de plus libre, de plus basiquement « gospel » c’est vrai, mais cela convenait bien à l’heure et au moment.

 

A suivre aujourd’hui le double trio de Fred Hersch et Benoît Delbecq (à 14.00) et dans l’après-midi ensuite le « Tribute To Tony Levin » de Keith Tippett et Julie Tippetts avec Paul Dunmall et Paul Rogers. Fin d’après midi italienne avec le sextet de Paolo Damiani, qui invite Francesco Bearzatti. A demain et olé !


Philippe Méziat

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Je pourrais reprendre, à propos du solo de Vincent Courtois (violoncelle), quasiment les mêmes termes utilisés hier à vanter les mérites du solo de Vincent Peirani (accordéon), sans oublier de souligner la présence du public, de plus en plus insistante dans le lieu (Collégiale St-Pierre-La-Cour), comme dans la Fonderie pour les concerts d’après-midi. Même si, pour les musiciens, ce n’est pas toujours évident, les concerts de midi ou de cinq heures sont pour les auditeurs une respiration, un bol d’art, accompagné du sentiment de partager quelque chose de rare. Cela dit, le violoncelle plaît, et il se situe sur un versant naturel de noblesse plus facilement que l’accordéon. La performance de Vincent Courtois n’en est que plus impressionnante dans la mesure où il n’a recours qu’à des thèmes de sa composition (ou exceptionnellement de Louis Sclavis), qu’il déplie dans un lyrisme exigeant, une technique sans faille, et un recours plus que minimal à des effets de manche ou d’archet. « Sensuel et perdu » dit un des titres de ce beau récital, à retrouver sur CD « L’Imprévu », Label La Buissonne/Harmonia Mundi. Perdu peut-être, mais pas pour tout le monde…


Le quartet composé de Pauline Oliveros & Pascal Contet (accordéons), et de Joëlle Léandre & Barre Phillips (contrebasses) permettait une combinatoire de 64 figures possibles en fonction des instruments, des sexes et de la nationalité. Nous n’avons pas eu droit à l’intégralité de ces figures, auxquelles il aurait été loisible d’en ajouter d’autres d’ailleurs, mais quand même un certain nombre furent utilisées dans une ambiance générale faire de mesure, d’écoute, de sourires et… de minimalisme. La présence de Pauline Oliveros était en soi un événement, puisque les apparitions de cette musicienne et compositeur de 80 ans sont rares en France, et qu’elle porte avec elle toute une époque de créativité et d’invention marquée par les termes de « minimalisme » justement, aux côtés de son ami Terry Riley et non sans influence sur John Cage lui-même 

Un moment musical et historique donc, suivi par une soirée – la dernière – à l’abbaye de l’Epau, dont l’herbe verte et arrosée aurait pu abriter les grenouilles que Madame Oliveros aimait entendre dans son enfance à Houston (Texas). Le trio « Atlas » est encore en progrès, la musique coule facilement (du moins c’est ce qu’il semble pour l’auditeur), on se régale de pièces assez longues à l’ambiance explicitement très rock (entente parfaite entre Benjamin Moussay et Gilles Coronado), d’autres plus resserrées proviennent d’une écriture de plus en plus mélodique et chantante (très beaux unissons piano/clarinette-basse-guitare). C’est droit, fort et sensible, ça réconcilie musiques dites « actuelles » et jazz(s) de sources variées, et ça touche. Pour suivre, le projet d’un autre clarinettiste un peu déjanté – c’est du moins l’image qu’il donne – de la scène US : Don Byron. Son récent CD, sur ce même projet dit « New Gospel Quintet », ne m’était pas apparu superbement éclatant, et je craignais un peu la confrontation avec la musique à la fois ouverte et millimétrée de Louis Sclavis et confrères. Mais entre temps le « line-up » a changé : c’est Nat Adderley Jr, le fils du cornettiste et neveu de Cannonball qui tient le piano (et fort bien), Sangoma Everett remplace Pheeroan Aklaff, Barbara Walker est heureusement en lieu et place de DK Dyson, et Brian Jones assure superbement une certaine continuité quand même. Au final quelque chose de plus libre, de plus basiquement « gospel » c’est vrai, mais cela convenait bien à l’heure et au moment.

 

A suivre aujourd’hui le double trio de Fred Hersch et Benoît Delbecq (à 14.00) et dans l’après-midi ensuite le « Tribute To Tony Levin » de Keith Tippett et Julie Tippetts avec Paul Dunmall et Paul Rogers. Fin d’après midi italienne avec le sextet de Paolo Damiani, qui invite Francesco Bearzatti. A demain et olé !


Philippe Méziat

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Je pourrais reprendre, à propos du solo de Vincent Courtois (violoncelle), quasiment les mêmes termes utilisés hier à vanter les mérites du solo de Vincent Peirani (accordéon), sans oublier de souligner la présence du public, de plus en plus insistante dans le lieu (Collégiale St-Pierre-La-Cour), comme dans la Fonderie pour les concerts d’après-midi. Même si, pour les musiciens, ce n’est pas toujours évident, les concerts de midi ou de cinq heures sont pour les auditeurs une respiration, un bol d’art, accompagné du sentiment de partager quelque chose de rare. Cela dit, le violoncelle plaît, et il se situe sur un versant naturel de noblesse plus facilement que l’accordéon. La performance de Vincent Courtois n’en est que plus impressionnante dans la mesure où il n’a recours qu’à des thèmes de sa composition (ou exceptionnellement de Louis Sclavis), qu’il déplie dans un lyrisme exigeant, une technique sans faille, et un recours plus que minimal à des effets de manche ou d’archet. « Sensuel et perdu » dit un des titres de ce beau récital, à retrouver sur CD « L’Imprévu », Label La Buissonne/Harmonia Mundi. Perdu peut-être, mais pas pour tout le monde…


Le quartet composé de Pauline Oliveros & Pascal Contet (accordéons), et de Joëlle Léandre & Barre Phillips (contrebasses) permettait une combinatoire de 64 figures possibles en fonction des instruments, des sexes et de la nationalité. Nous n’avons pas eu droit à l’intégralité de ces figures, auxquelles il aurait été loisible d’en ajouter d’autres d’ailleurs, mais quand même un certain nombre furent utilisées dans une ambiance générale faire de mesure, d’écoute, de sourires et… de minimalisme. La présence de Pauline Oliveros était en soi un événement, puisque les apparitions de cette musicienne et compositeur de 80 ans sont rares en France, et qu’elle porte avec elle toute une époque de créativité et d’invention marquée par les termes de « minimalisme » justement, aux côtés de son ami Terry Riley et non sans influence sur John Cage lui-même 

Un moment musical et historique donc, suivi par une soirée – la dernière – à l’abbaye de l’Epau, dont l’herbe verte et arrosée aurait pu abriter les grenouilles que Madame Oliveros aimait entendre dans son enfance à Houston (Texas). Le trio « Atlas » est encore en progrès, la musique coule facilement (du moins c’est ce qu’il semble pour l’auditeur), on se régale de pièces assez longues à l’ambiance explicitement très rock (entente parfaite entre Benjamin Moussay et Gilles Coronado), d’autres plus resserrées proviennent d’une écriture de plus en plus mélodique et chantante (très beaux unissons piano/clarinette-basse-guitare). C’est droit, fort et sensible, ça réconcilie musiques dites « actuelles » et jazz(s) de sources variées, et ça touche. Pour suivre, le projet d’un autre clarinettiste un peu déjanté – c’est du moins l’image qu’il donne – de la scène US : Don Byron. Son récent CD, sur ce même projet dit « New Gospel Quintet », ne m’était pas apparu superbement éclatant, et je craignais un peu la confrontation avec la musique à la fois ouverte et millimétrée de Louis Sclavis et confrères. Mais entre temps le « line-up » a changé : c’est Nat Adderley Jr, le fils du cornettiste et neveu de Cannonball qui tient le piano (et fort bien), Sangoma Everett remplace Pheeroan Aklaff, Barbara Walker est heureusement en lieu et place de DK Dyson, et Brian Jones assure superbement une certaine continuité quand même. Au final quelque chose de plus libre, de plus basiquement « gospel » c’est vrai, mais cela convenait bien à l’heure et au moment.

 

A suivre aujourd’hui le double trio de Fred Hersch et Benoît Delbecq (à 14.00) et dans l’après-midi ensuite le « Tribute To Tony Levin » de Keith Tippett et Julie Tippetts avec Paul Dunmall et Paul Rogers. Fin d’après midi italienne avec le sextet de Paolo Damiani, qui invite Francesco Bearzatti. A demain et olé !


Philippe Méziat

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Je pourrais reprendre, à propos du solo de Vincent Courtois (violoncelle), quasiment les mêmes termes utilisés hier à vanter les mérites du solo de Vincent Peirani (accordéon), sans oublier de souligner la présence du public, de plus en plus insistante dans le lieu (Collégiale St-Pierre-La-Cour), comme dans la Fonderie pour les concerts d’après-midi. Même si, pour les musiciens, ce n’est pas toujours évident, les concerts de midi ou de cinq heures sont pour les auditeurs une respiration, un bol d’art, accompagné du sentiment de partager quelque chose de rare. Cela dit, le violoncelle plaît, et il se situe sur un versant naturel de noblesse plus facilement que l’accordéon. La performance de Vincent Courtois n’en est que plus impressionnante dans la mesure où il n’a recours qu’à des thèmes de sa composition (ou exceptionnellement de Louis Sclavis), qu’il déplie dans un lyrisme exigeant, une technique sans faille, et un recours plus que minimal à des effets de manche ou d’archet. « Sensuel et perdu » dit un des titres de ce beau récital, à retrouver sur CD « L’Imprévu », Label La Buissonne/Harmonia Mundi. Perdu peut-être, mais pas pour tout le monde…


Le quartet composé de Pauline Oliveros & Pascal Contet (accordéons), et de Joëlle Léandre & Barre Phillips (contrebasses) permettait une combinatoire de 64 figures possibles en fonction des instruments, des sexes et de la nationalité. Nous n’avons pas eu droit à l’intégralité de ces figures, auxquelles il aurait été loisible d’en ajouter d’autres d’ailleurs, mais quand même un certain nombre furent utilisées dans une ambiance générale faire de mesure, d’écoute, de sourires et… de minimalisme. La présence de Pauline Oliveros était en soi un événement, puisque les apparitions de cette musicienne et compositeur de 80 ans sont rares en France, et qu’elle porte avec elle toute une époque de créativité et d’invention marquée par les termes de « minimalisme » justement, aux côtés de son ami Terry Riley et non sans influence sur John Cage lui-même 

Un moment musical et historique donc, suivi par une soirée – la dernière – à l’abbaye de l’Epau, dont l’herbe verte et arrosée aurait pu abriter les grenouilles que Madame Oliveros aimait entendre dans son enfance à Houston (Texas). Le trio « Atlas » est encore en progrès, la musique coule facilement (du moins c’est ce qu’il semble pour l’auditeur), on se régale de pièces assez longues à l’ambiance explicitement très rock (entente parfaite entre Benjamin Moussay et Gilles Coronado), d’autres plus resserrées proviennent d’une écriture de plus en plus mélodique et chantante (très beaux unissons piano/clarinette-basse-guitare). C’est droit, fort et sensible, ça réconcilie musiques dites « actuelles » et jazz(s) de sources variées, et ça touche. Pour suivre, le projet d’un autre clarinettiste un peu déjanté – c’est du moins l’image qu’il donne – de la scène US : Don Byron. Son récent CD, sur ce même projet dit « New Gospel Quintet », ne m’était pas apparu superbement éclatant, et je craignais un peu la confrontation avec la musique à la fois ouverte et millimétrée de Louis Sclavis et confrères. Mais entre temps le « line-up » a changé : c’est Nat Adderley Jr, le fils du cornettiste et neveu de Cannonball qui tient le piano (et fort bien), Sangoma Everett remplace Pheeroan Aklaff, Barbara Walker est heureusement en lieu et place de DK Dyson, et Brian Jones assure superbement une certaine continuité quand même. Au final quelque chose de plus libre, de plus basiquement « gospel » c’est vrai, mais cela convenait bien à l’heure et au moment.

 

A suivre aujourd’hui le double trio de Fred Hersch et Benoît Delbecq (à 14.00) et dans l’après-midi ensuite le « Tribute To Tony Levin » de Keith Tippett et Julie Tippetts avec Paul Dunmall et Paul Rogers. Fin d’après midi italienne avec le sextet de Paolo Damiani, qui invite Francesco Bearzatti. A demain et olé !


Philippe Méziat