Jazz live
Publié le 15 Juil 2016

Festival International de Jazz de Montréal (3)

Outre une programmation éclectique, il faut mentionner la variété des salles accueillant les concerts du festival : aujourd’hui, on circule entre le convivial Club Soda, aussi long que haut avec des coursives latérales dans les étages, l’antique Monument National, archétype du grand théâtre XIXe siècle ayant conservé son atmosphère d’origine (choix parfait pour le trio hors du temps de Joey DeFrancesco), et l’ex-lieu de culte reconverti en salle de spectacle le Gesu, aux sièges disposés en demi-cercle permettant une proximité avec la scène et une écoute confortable où que l’on se trouve.

Ala.Ni

Ala.Ni (g, voc), Rob (g), MC (harp)

Jeudi 7 juillet 2016, Club Soda

_©DenisAlix_Ala.Ni-026

Face à la chanteuse Ala.Ni, je me retrouve dans la position de la proverbiale poule devant un couteau, ne sachant que faire de cette grande, belle et souple vocaliste, dotée d’un indéniable charme et d’une gouaille enjôleuse. Le trio avec harpe et guitare acoustique n’est pas bruyant et permet à la voix de bien se découper dans le club vertical. Le micro façon années 50, le jeu de scène et le décorum recherchent le cachet vintage, l’établissement d’une imagerie « diva du jazz », avec Billie Holiday pour probable modèle. Entre les morceaux: apartés, rires, minauderies, poses inhabituelles – l’artiste se perchant à genoux sur un tabouret haut… La chanson n’est-elle pas le lieu de rencontre de la musique et du théâtre ? Si l’on ferme les yeux sur le spectacle, la voix continue cependant de déployer des appas caressants.

Joey DeFrancesco trio

Joey DeFrancesco (org, cla, tp, voc), Dan Wilson (elg), Jason Brown (dm)

Jeudi 7 juillet 2016, Monument National, salle Ludger-Duvernay

Cela fait un bail que Joey DeFrancesco tourne avec ce trio parfaitement soudé. L’organiste, émule de Jimmy Smith qu’il a rencontré dans l’enfance avant d’enregistrer avec lui bien des années plus tard, perpétue un style enraciné dans les sixties. DeFrancesco présente le double avantage d’être aussi persuasif en jazzman pur jus qu’en groover endiablé, combinant le meilleur de deux écoles : celle du rhythm’n blues boisé et canaille des Richard « Groove » Holmes, Jimmy McGriff et autres Reuben Wilson et celle des solos, transitions et développements élaborés du jazz, ici plus admirables les uns que les autres. Au programme : swing mélodique, blues incarnés, pièces funky (un morceau à la Headhunters voit l’organiste se tourner vers les claviers électriques), ballades nostalgiques de la plume du leader et standards amoureusement mijotés. Jason Brown est l’incarnation du ressort, selon la belle traduction de René Urtreger. A l’instar de l’organiste, Dan Wilson fait montre d’une vélocité ahurissante, le jeu des deux solistes – effet de mimétisme ? – semblant avoir beaucoup en commun. DeFrancesco se fait chanteur le temps d’un For All we Know durant lequel son laconisme et son absence de prétention font passer la pilule, et aussi trompettiste étonnamment compétent, sans jamais quitter son fauteuil. Il me revient alors que notre homme a joué avec Miles Davis (sur l’album « Amandla »). Impeccable.

Smith Iyer portrait

Vijay Iyer + Wadada Leo Smith

Vijay Iyer (p, cla, elec), Wadada Leo Smith (tp)

Jeudi 7 juillet 2016, Gesu

Dans le sillage de leur album « a cosmic rhythm with each stroke » (ECM, CHOC Jazz Magazine), Vijay Iyer et Wadada Leo Smith se retrouvent ce soir autour des compositions du trompettiste qu’ils se proposent de « recréer à chaque occurrence, selon les paramètres du moment ». Quand vient l’heure du concert, Smith, 74 ans et des allures de jeune homme, a enchaîné depuis le matin les interviews en divers points de la ville, donné une conférence de deux heures (« rencontre dialogique » organisée par le professeur Cornett, universitaire spécialisé dans les rapports entre musique et spiritualité, à l’église Saint John The Evangelist), sans montrer le moindre signe de fatigue et avec une courtoisie et une bienveillance sans limites. Arrivé de je ne sais où, Vijay Iyer a l’air éreinté par un périple mouvementé. Associées sur la scène du Gesu, ces énergies distinctes s’agrègent et produisent une émulsion instantanée. Iyer promène ses mains sur le piano, le Fender Rhodes et les appareillages électroniques, alternativement ou simultanément. Il dessine des spirales célestes dans lesquelles s’engouffre le doyen de la creative music avec ses notes longues, à la fois puissantes et précaires. Que s’est-il passé ? Une magie indescriptible s’est emparée de votre rapporteur de la première à la dernière note et l’a plongé dans un état d’hypnose et de disponibilité totale. Rien n’est venu rompre cet envoûtement méditatif, ce voyage zodiacal, et seule la standing ovation finale l’a repositionné sur le plancher des vaches. Avant le rappel, quelques mots de sagesse furent prononcés par le trompettiste tout sourire, venu au bord de la scène communier avec le public. Music is the healing force of the universe.

David Cristol

Photo Ala.Ni : Denis Alix

Photo Vijay Iyer & Wadada Leo Smith : John Rogers (merci à Ann Braithwaite)|Outre une programmation éclectique, il faut mentionner la variété des salles accueillant les concerts du festival : aujourd’hui, on circule entre le convivial Club Soda, aussi long que haut avec des coursives latérales dans les étages, l’antique Monument National, archétype du grand théâtre XIXe siècle ayant conservé son atmosphère d’origine (choix parfait pour le trio hors du temps de Joey DeFrancesco), et l’ex-lieu de culte reconverti en salle de spectacle le Gesu, aux sièges disposés en demi-cercle permettant une proximité avec la scène et une écoute confortable où que l’on se trouve.

Ala.Ni

Ala.Ni (g, voc), Rob (g), MC (harp)

Jeudi 7 juillet 2016, Club Soda

_©DenisAlix_Ala.Ni-026

Face à la chanteuse Ala.Ni, je me retrouve dans la position de la proverbiale poule devant un couteau, ne sachant que faire de cette grande, belle et souple vocaliste, dotée d’un indéniable charme et d’une gouaille enjôleuse. Le trio avec harpe et guitare acoustique n’est pas bruyant et permet à la voix de bien se découper dans le club vertical. Le micro façon années 50, le jeu de scène et le décorum recherchent le cachet vintage, l’établissement d’une imagerie « diva du jazz », avec Billie Holiday pour probable modèle. Entre les morceaux: apartés, rires, minauderies, poses inhabituelles – l’artiste se perchant à genoux sur un tabouret haut… La chanson n’est-elle pas le lieu de rencontre de la musique et du théâtre ? Si l’on ferme les yeux sur le spectacle, la voix continue cependant de déployer des appas caressants.

Joey DeFrancesco trio

Joey DeFrancesco (org, cla, tp, voc), Dan Wilson (elg), Jason Brown (dm)

Jeudi 7 juillet 2016, Monument National, salle Ludger-Duvernay

Cela fait un bail que Joey DeFrancesco tourne avec ce trio parfaitement soudé. L’organiste, émule de Jimmy Smith qu’il a rencontré dans l’enfance avant d’enregistrer avec lui bien des années plus tard, perpétue un style enraciné dans les sixties. DeFrancesco présente le double avantage d’être aussi persuasif en jazzman pur jus qu’en groover endiablé, combinant le meilleur de deux écoles : celle du rhythm’n blues boisé et canaille des Richard « Groove » Holmes, Jimmy McGriff et autres Reuben Wilson et celle des solos, transitions et développements élaborés du jazz, ici plus admirables les uns que les autres. Au programme : swing mélodique, blues incarnés, pièces funky (un morceau à la Headhunters voit l’organiste se tourner vers les claviers électriques), ballades nostalgiques de la plume du leader et standards amoureusement mijotés. Jason Brown est l’incarnation du ressort, selon la belle traduction de René Urtreger. A l’instar de l’organiste, Dan Wilson fait montre d’une vélocité ahurissante, le jeu des deux solistes – effet de mimétisme ? – semblant avoir beaucoup en commun. DeFrancesco se fait chanteur le temps d’un For All we Know durant lequel son laconisme et son absence de prétention font passer la pilule, et aussi trompettiste étonnamment compétent, sans jamais quitter son fauteuil. Il me revient alors que notre homme a joué avec Miles Davis (sur l’album « Amandla »). Impeccable.

Smith Iyer portrait

Vijay Iyer + Wadada Leo Smith

Vijay Iyer (p, cla, elec), Wadada Leo Smith (tp)

Jeudi 7 juillet 2016, Gesu

Dans le sillage de leur album « a cosmic rhythm with each stroke » (ECM, CHOC Jazz Magazine), Vijay Iyer et Wadada Leo Smith se retrouvent ce soir autour des compositions du trompettiste qu’ils se proposent de « recréer à chaque occurrence, selon les paramètres du moment ». Quand vient l’heure du concert, Smith, 74 ans et des allures de jeune homme, a enchaîné depuis le matin les interviews en divers points de la ville, donné une conférence de deux heures (« rencontre dialogique » organisée par le professeur Cornett, universitaire spécialisé dans les rapports entre musique et spiritualité, à l’église Saint John The Evangelist), sans montrer le moindre signe de fatigue et avec une courtoisie et une bienveillance sans limites. Arrivé de je ne sais où, Vijay Iyer a l’air éreinté par un périple mouvementé. Associées sur la scène du Gesu, ces énergies distinctes s’agrègent et produisent une émulsion instantanée. Iyer promène ses mains sur le piano, le Fender Rhodes et les appareillages électroniques, alternativement ou simultanément. Il dessine des spirales célestes dans lesquelles s’engouffre le doyen de la creative music avec ses notes longues, à la fois puissantes et précaires. Que s’est-il passé ? Une magie indescriptible s’est emparée de votre rapporteur de la première à la dernière note et l’a plongé dans un état d’hypnose et de disponibilité totale. Rien n’est venu rompre cet envoûtement méditatif, ce voyage zodiacal, et seule la standing ovation finale l’a repositionné sur le plancher des vaches. Avant le rappel, quelques mots de sagesse furent prononcés par le trompettiste tout sourire, venu au bord de la scène communier avec le public. Music is the healing force of the universe.

David Cristol

Photo Ala.Ni : Denis Alix

Photo Vijay Iyer & Wadada Leo Smith : John Rogers (merci à Ann Braithwaite)|Outre une programmation éclectique, il faut mentionner la variété des salles accueillant les concerts du festival : aujourd’hui, on circule entre le convivial Club Soda, aussi long que haut avec des coursives latérales dans les étages, l’antique Monument National, archétype du grand théâtre XIXe siècle ayant conservé son atmosphère d’origine (choix parfait pour le trio hors du temps de Joey DeFrancesco), et l’ex-lieu de culte reconverti en salle de spectacle le Gesu, aux sièges disposés en demi-cercle permettant une proximité avec la scène et une écoute confortable où que l’on se trouve.

Ala.Ni

Ala.Ni (g, voc), Rob (g), MC (harp)

Jeudi 7 juillet 2016, Club Soda

_©DenisAlix_Ala.Ni-026

Face à la chanteuse Ala.Ni, je me retrouve dans la position de la proverbiale poule devant un couteau, ne sachant que faire de cette grande, belle et souple vocaliste, dotée d’un indéniable charme et d’une gouaille enjôleuse. Le trio avec harpe et guitare acoustique n’est pas bruyant et permet à la voix de bien se découper dans le club vertical. Le micro façon années 50, le jeu de scène et le décorum recherchent le cachet vintage, l’établissement d’une imagerie « diva du jazz », avec Billie Holiday pour probable modèle. Entre les morceaux: apartés, rires, minauderies, poses inhabituelles – l’artiste se perchant à genoux sur un tabouret haut… La chanson n’est-elle pas le lieu de rencontre de la musique et du théâtre ? Si l’on ferme les yeux sur le spectacle, la voix continue cependant de déployer des appas caressants.

Joey DeFrancesco trio

Joey DeFrancesco (org, cla, tp, voc), Dan Wilson (elg), Jason Brown (dm)

Jeudi 7 juillet 2016, Monument National, salle Ludger-Duvernay

Cela fait un bail que Joey DeFrancesco tourne avec ce trio parfaitement soudé. L’organiste, émule de Jimmy Smith qu’il a rencontré dans l’enfance avant d’enregistrer avec lui bien des années plus tard, perpétue un style enraciné dans les sixties. DeFrancesco présente le double avantage d’être aussi persuasif en jazzman pur jus qu’en groover endiablé, combinant le meilleur de deux écoles : celle du rhythm’n blues boisé et canaille des Richard « Groove » Holmes, Jimmy McGriff et autres Reuben Wilson et celle des solos, transitions et développements élaborés du jazz, ici plus admirables les uns que les autres. Au programme : swing mélodique, blues incarnés, pièces funky (un morceau à la Headhunters voit l’organiste se tourner vers les claviers électriques), ballades nostalgiques de la plume du leader et standards amoureusement mijotés. Jason Brown est l’incarnation du ressort, selon la belle traduction de René Urtreger. A l’instar de l’organiste, Dan Wilson fait montre d’une vélocité ahurissante, le jeu des deux solistes – effet de mimétisme ? – semblant avoir beaucoup en commun. DeFrancesco se fait chanteur le temps d’un For All we Know durant lequel son laconisme et son absence de prétention font passer la pilule, et aussi trompettiste étonnamment compétent, sans jamais quitter son fauteuil. Il me revient alors que notre homme a joué avec Miles Davis (sur l’album « Amandla »). Impeccable.

Smith Iyer portrait

Vijay Iyer + Wadada Leo Smith

Vijay Iyer (p, cla, elec), Wadada Leo Smith (tp)

Jeudi 7 juillet 2016, Gesu

Dans le sillage de leur album « a cosmic rhythm with each stroke » (ECM, CHOC Jazz Magazine), Vijay Iyer et Wadada Leo Smith se retrouvent ce soir autour des compositions du trompettiste qu’ils se proposent de « recréer à chaque occurrence, selon les paramètres du moment ». Quand vient l’heure du concert, Smith, 74 ans et des allures de jeune homme, a enchaîné depuis le matin les interviews en divers points de la ville, donné une conférence de deux heures (« rencontre dialogique » organisée par le professeur Cornett, universitaire spécialisé dans les rapports entre musique et spiritualité, à l’église Saint John The Evangelist), sans montrer le moindre signe de fatigue et avec une courtoisie et une bienveillance sans limites. Arrivé de je ne sais où, Vijay Iyer a l’air éreinté par un périple mouvementé. Associées sur la scène du Gesu, ces énergies distinctes s’agrègent et produisent une émulsion instantanée. Iyer promène ses mains sur le piano, le Fender Rhodes et les appareillages électroniques, alternativement ou simultanément. Il dessine des spirales célestes dans lesquelles s’engouffre le doyen de la creative music avec ses notes longues, à la fois puissantes et précaires. Que s’est-il passé ? Une magie indescriptible s’est emparée de votre rapporteur de la première à la dernière note et l’a plongé dans un état d’hypnose et de disponibilité totale. Rien n’est venu rompre cet envoûtement méditatif, ce voyage zodiacal, et seule la standing ovation finale l’a repositionné sur le plancher des vaches. Avant le rappel, quelques mots de sagesse furent prononcés par le trompettiste tout sourire, venu au bord de la scène communier avec le public. Music is the healing force of the universe.

David Cristol

Photo Ala.Ni : Denis Alix

Photo Vijay Iyer & Wadada Leo Smith : John Rogers (merci à Ann Braithwaite)|Outre une programmation éclectique, il faut mentionner la variété des salles accueillant les concerts du festival : aujourd’hui, on circule entre le convivial Club Soda, aussi long que haut avec des coursives latérales dans les étages, l’antique Monument National, archétype du grand théâtre XIXe siècle ayant conservé son atmosphère d’origine (choix parfait pour le trio hors du temps de Joey DeFrancesco), et l’ex-lieu de culte reconverti en salle de spectacle le Gesu, aux sièges disposés en demi-cercle permettant une proximité avec la scène et une écoute confortable où que l’on se trouve.

Ala.Ni

Ala.Ni (g, voc), Rob (g), MC (harp)

Jeudi 7 juillet 2016, Club Soda

_©DenisAlix_Ala.Ni-026

Face à la chanteuse Ala.Ni, je me retrouve dans la position de la proverbiale poule devant un couteau, ne sachant que faire de cette grande, belle et souple vocaliste, dotée d’un indéniable charme et d’une gouaille enjôleuse. Le trio avec harpe et guitare acoustique n’est pas bruyant et permet à la voix de bien se découper dans le club vertical. Le micro façon années 50, le jeu de scène et le décorum recherchent le cachet vintage, l’établissement d’une imagerie « diva du jazz », avec Billie Holiday pour probable modèle. Entre les morceaux: apartés, rires, minauderies, poses inhabituelles – l’artiste se perchant à genoux sur un tabouret haut… La chanson n’est-elle pas le lieu de rencontre de la musique et du théâtre ? Si l’on ferme les yeux sur le spectacle, la voix continue cependant de déployer des appas caressants.

Joey DeFrancesco trio

Joey DeFrancesco (org, cla, tp, voc), Dan Wilson (elg), Jason Brown (dm)

Jeudi 7 juillet 2016, Monument National, salle Ludger-Duvernay

Cela fait un bail que Joey DeFrancesco tourne avec ce trio parfaitement soudé. L’organiste, émule de Jimmy Smith qu’il a rencontré dans l’enfance avant d’enregistrer avec lui bien des années plus tard, perpétue un style enraciné dans les sixties. DeFrancesco présente le double avantage d’être aussi persuasif en jazzman pur jus qu’en groover endiablé, combinant le meilleur de deux écoles : celle du rhythm’n blues boisé et canaille des Richard « Groove » Holmes, Jimmy McGriff et autres Reuben Wilson et celle des solos, transitions et développements élaborés du jazz, ici plus admirables les uns que les autres. Au programme : swing mélodique, blues incarnés, pièces funky (un morceau à la Headhunters voit l’organiste se tourner vers les claviers électriques), ballades nostalgiques de la plume du leader et standards amoureusement mijotés. Jason Brown est l’incarnation du ressort, selon la belle traduction de René Urtreger. A l’instar de l’organiste, Dan Wilson fait montre d’une vélocité ahurissante, le jeu des deux solistes – effet de mimétisme ? – semblant avoir beaucoup en commun. DeFrancesco se fait chanteur le temps d’un For All we Know durant lequel son laconisme et son absence de prétention font passer la pilule, et aussi trompettiste étonnamment compétent, sans jamais quitter son fauteuil. Il me revient alors que notre homme a joué avec Miles Davis (sur l’album « Amandla »). Impeccable.

Smith Iyer portrait

Vijay Iyer + Wadada Leo Smith

Vijay Iyer (p, cla, elec), Wadada Leo Smith (tp)

Jeudi 7 juillet 2016, Gesu

Dans le sillage de leur album « a cosmic rhythm with each stroke » (ECM, CHOC Jazz Magazine), Vijay Iyer et Wadada Leo Smith se retrouvent ce soir autour des compositions du trompettiste qu’ils se proposent de « recréer à chaque occurrence, selon les paramètres du moment ». Quand vient l’heure du concert, Smith, 74 ans et des allures de jeune homme, a enchaîné depuis le matin les interviews en divers points de la ville, donné une conférence de deux heures (« rencontre dialogique » organisée par le professeur Cornett, universitaire spécialisé dans les rapports entre musique et spiritualité, à l’église Saint John The Evangelist), sans montrer le moindre signe de fatigue et avec une courtoisie et une bienveillance sans limites. Arrivé de je ne sais où, Vijay Iyer a l’air éreinté par un périple mouvementé. Associées sur la scène du Gesu, ces énergies distinctes s’agrègent et produisent une émulsion instantanée. Iyer promène ses mains sur le piano, le Fender Rhodes et les appareillages électroniques, alternativement ou simultanément. Il dessine des spirales célestes dans lesquelles s’engouffre le doyen de la creative music avec ses notes longues, à la fois puissantes et précaires. Que s’est-il passé ? Une magie indescriptible s’est emparée de votre rapporteur de la première à la dernière note et l’a plongé dans un état d’hypnose et de disponibilité totale. Rien n’est venu rompre cet envoûtement méditatif, ce voyage zodiacal, et seule la standing ovation finale l’a repositionné sur le plancher des vaches. Avant le rappel, quelques mots de sagesse furent prononcés par le trompettiste tout sourire, venu au bord de la scène communier avec le public. Music is the healing force of the universe.

David Cristol

Photo Ala.Ni : Denis Alix

Photo Vijay Iyer & Wadada Leo Smith : John Rogers (merci à Ann Braithwaite)