Jazz live
Publié le 18 Nov 2016

LENS : HOMMAGE à MICHEL GRAILLIER

À la Médiathèque Robert Cousin de Lens, l’Association Jazz sur les Terrils a salué la mémoire du pianiste Michel « Mickey » Graillier, enfant du pays et grande figure du jazz hexagonal. Ses amis lensois et ses partenaires de scène se sont retrouvés pour un très beau concert émaillé de souvenirs musicaux et amicaux.

Bruno Riccardo Simon Jean-MichelL’histoire commence tout près de la Gare de Lens, où Mickey habitait durant ses jeunes années. Simon Goubert raconte que, lorsque ses amis musiciens faisaient remarquer au pianiste qu’il avait un goût presque exagéré pour le silence entre les notes, il répondait ceci : « enfant, j’habitais près de la gare, et de ma chambre j’entendais plusieurs fois par jour les hauts-parleurs hurler : ici Lens, ici Lens ! C’est peut-être la raison…. ». C’est à la gare de Lens que j’arrive, par le même train que Riccardo Del Fra et Bruno Ruder, qui posent de bonne grâce devant le panneau SNCF qui immortalise et le lieu et l’instant.

Riccardo et Bruno Gare de LensDirection la Médiathèque, où nous attend l’équipe, et où nous retrouvons Simon Goubert et Jean-Michel Couchet. Choisir ces quatre-là, c’était certainement l’une des meilleures manières de rendre hommage à Mickey : Riccardo, le compagnon de route, durant une dizaine d’année, au sein du groupe de Chet Baker…. et aussi d’autres belles pages musicales ; Simon, membre de l’indissociable trio qui l’unissait à Mickey et à Alby Cullaz ; Jean-Michel, complice de Mickey dans le groupe de Simon. Jean-Michel a aussi joué dans le sextette de Riccardo, et partagé les aventures de Christian Vander, tout comme Mickey qui fut le pianiste de Magma, comme Simon qui tint le piano dans Offering. Quant au benjamin du groupe, Bruno Ruder, il n’a pas connu Mickey, mais fut l’un de ses successeurs aux claviers de Magma. C’est aussi le pianiste préféré de Riccardo, qui le requiert pour ses groupes. Ce concert sera donc une aventure humaine de partage et d’affinités électives. Pendant la balance, on peaufine le son de chaque instrument, on règle le choix des thèmes, tous reliés à Mickey, à sa vie musicale, à ses goûts, et aussi au souvenir de Chet Baker.

Conciliabule pendant la balanceJean-Michel Couchet (saxophones alto & soprano), Bruno Ruder (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Simon Goubert (batterie, piano).

Lens, Médiathèque Robert Cousin, 17 novembre 2016, 20h30

Le public est là : des amateurs lensois, des amis, des proches, des amis musiciens venus de Lille. Chaleur humaine, déjà. Le concert commence avec Leaving, de Richie Beirach, un thème que Mickey et Riccardo aimaient jouer, avec ou sans Chet Baker. Sous un solo violemment lyrique de Jean Michel Couchet, au soprano, Bruno Ruder pose des accords mystérieux, peut-être inspirés par les emprunts de Beirach à Scriabine. Puis le saxophoniste passe à l’alto pour Funk in a Deep Freeze, un thème de Hank Mobley que Mickey et Riccardo ont beaucoup joué avec Chet, et que tous les quatre affectionnent : Bruno Ruder va s’y livrer à une sorte de garnérisme un peu free qui force l’admiration. Beirach encore, avec Broken Wing (Chet, toujours). Puis I Remember You, où Riccardo fait chanter une basse mélancolique. Simon Excelle à faire entendre la mélodie par sa batterie, en accompagnement comme en solo : lyrisme toujours. Et lyrisme encore quand Simon s’installe au piano pour jouer avec Jean-Michel deux très belles compositions de Mickey, Auroville (inspirée par l’utopie de cette ville d’Inde) et L’Île aux cygnes (inspirée par cette île qui s’allonge dans la Seine, devant la Maison de la Radio, avec en figure de proue la statue de la liberté).

Retour à ce que Mickey, et Riccardo, ont joué sans relâche avec Chet : l’inoxydable My Funny Valentine. Ici chacun circule librement sur les harmonies, sans s’appesantir sur le thème tant ressassé. Puis Beatrice de Sam Rivers, si souvent pratiqué par Mickey et Riccardo, et familier de leurs partenaires du jour. On termine avec un classique de Coltrane que Mickey adorait au point de l’avoir enregistré maintes fois, Moment’s Notice. Course folle, jubilation, batterie explosive : on célèbre la mémoire de Mickey dans l’euphorie que procure la musique. Au fil du concert, chacun a donné son meilleur : Riccardo en faisant chanter sa contrebasse, Bruno en s’aventurant avec maîtrise, et audace, sur tous les territoires du piano (clin d’œil à Lennie Tristano, au passage….), Jean-Michel en s’engageant sans réserve dans chaque phrase, et Simon en propulsant, avec le sourire du bonheur, l’effervescence rythmique. Public conquis, rappel chaleureux, et en conclusion I’m A Fool To Want You , dans une version à faire pleurer Sinatra de jalousie, tant le quartette se hisse au sommet de l’émoi. Quelle soirée. Je suis certains que Mickey aurait adoré ce groupe, ce programme, cette atmosphère : quel plus bel hommage pouvait-on lui rendre ?

On espère que le projet de la vaillante équipe de Jazz sur les Terrils, créer à Lens un festival Michel Graillier, trouvera l’écoute qu’il mérite auprès des édiles décideurs et sponsorisants : la mémoire de Mickey mériterait ce bel hommage.

Xavier Prévost|À la Médiathèque Robert Cousin de Lens, l’Association Jazz sur les Terrils a salué la mémoire du pianiste Michel « Mickey » Graillier, enfant du pays et grande figure du jazz hexagonal. Ses amis lensois et ses partenaires de scène se sont retrouvés pour un très beau concert émaillé de souvenirs musicaux et amicaux.

Bruno Riccardo Simon Jean-MichelL’histoire commence tout près de la Gare de Lens, où Mickey habitait durant ses jeunes années. Simon Goubert raconte que, lorsque ses amis musiciens faisaient remarquer au pianiste qu’il avait un goût presque exagéré pour le silence entre les notes, il répondait ceci : « enfant, j’habitais près de la gare, et de ma chambre j’entendais plusieurs fois par jour les hauts-parleurs hurler : ici Lens, ici Lens ! C’est peut-être la raison…. ». C’est à la gare de Lens que j’arrive, par le même train que Riccardo Del Fra et Bruno Ruder, qui posent de bonne grâce devant le panneau SNCF qui immortalise et le lieu et l’instant.

Riccardo et Bruno Gare de LensDirection la Médiathèque, où nous attend l’équipe, et où nous retrouvons Simon Goubert et Jean-Michel Couchet. Choisir ces quatre-là, c’était certainement l’une des meilleures manières de rendre hommage à Mickey : Riccardo, le compagnon de route, durant une dizaine d’année, au sein du groupe de Chet Baker…. et aussi d’autres belles pages musicales ; Simon, membre de l’indissociable trio qui l’unissait à Mickey et à Alby Cullaz ; Jean-Michel, complice de Mickey dans le groupe de Simon. Jean-Michel a aussi joué dans le sextette de Riccardo, et partagé les aventures de Christian Vander, tout comme Mickey qui fut le pianiste de Magma, comme Simon qui tint le piano dans Offering. Quant au benjamin du groupe, Bruno Ruder, il n’a pas connu Mickey, mais fut l’un de ses successeurs aux claviers de Magma. C’est aussi le pianiste préféré de Riccardo, qui le requiert pour ses groupes. Ce concert sera donc une aventure humaine de partage et d’affinités électives. Pendant la balance, on peaufine le son de chaque instrument, on règle le choix des thèmes, tous reliés à Mickey, à sa vie musicale, à ses goûts, et aussi au souvenir de Chet Baker.

Conciliabule pendant la balanceJean-Michel Couchet (saxophones alto & soprano), Bruno Ruder (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Simon Goubert (batterie, piano).

Lens, Médiathèque Robert Cousin, 17 novembre 2016, 20h30

Le public est là : des amateurs lensois, des amis, des proches, des amis musiciens venus de Lille. Chaleur humaine, déjà. Le concert commence avec Leaving, de Richie Beirach, un thème que Mickey et Riccardo aimaient jouer, avec ou sans Chet Baker. Sous un solo violemment lyrique de Jean Michel Couchet, au soprano, Bruno Ruder pose des accords mystérieux, peut-être inspirés par les emprunts de Beirach à Scriabine. Puis le saxophoniste passe à l’alto pour Funk in a Deep Freeze, un thème de Hank Mobley que Mickey et Riccardo ont beaucoup joué avec Chet, et que tous les quatre affectionnent : Bruno Ruder va s’y livrer à une sorte de garnérisme un peu free qui force l’admiration. Beirach encore, avec Broken Wing (Chet, toujours). Puis I Remember You, où Riccardo fait chanter une basse mélancolique. Simon Excelle à faire entendre la mélodie par sa batterie, en accompagnement comme en solo : lyrisme toujours. Et lyrisme encore quand Simon s’installe au piano pour jouer avec Jean-Michel deux très belles compositions de Mickey, Auroville (inspirée par l’utopie de cette ville d’Inde) et L’Île aux cygnes (inspirée par cette île qui s’allonge dans la Seine, devant la Maison de la Radio, avec en figure de proue la statue de la liberté).

Retour à ce que Mickey, et Riccardo, ont joué sans relâche avec Chet : l’inoxydable My Funny Valentine. Ici chacun circule librement sur les harmonies, sans s’appesantir sur le thème tant ressassé. Puis Beatrice de Sam Rivers, si souvent pratiqué par Mickey et Riccardo, et familier de leurs partenaires du jour. On termine avec un classique de Coltrane que Mickey adorait au point de l’avoir enregistré maintes fois, Moment’s Notice. Course folle, jubilation, batterie explosive : on célèbre la mémoire de Mickey dans l’euphorie que procure la musique. Au fil du concert, chacun a donné son meilleur : Riccardo en faisant chanter sa contrebasse, Bruno en s’aventurant avec maîtrise, et audace, sur tous les territoires du piano (clin d’œil à Lennie Tristano, au passage….), Jean-Michel en s’engageant sans réserve dans chaque phrase, et Simon en propulsant, avec le sourire du bonheur, l’effervescence rythmique. Public conquis, rappel chaleureux, et en conclusion I’m A Fool To Want You , dans une version à faire pleurer Sinatra de jalousie, tant le quartette se hisse au sommet de l’émoi. Quelle soirée. Je suis certains que Mickey aurait adoré ce groupe, ce programme, cette atmosphère : quel plus bel hommage pouvait-on lui rendre ?

On espère que le projet de la vaillante équipe de Jazz sur les Terrils, créer à Lens un festival Michel Graillier, trouvera l’écoute qu’il mérite auprès des édiles décideurs et sponsorisants : la mémoire de Mickey mériterait ce bel hommage.

Xavier Prévost|À la Médiathèque Robert Cousin de Lens, l’Association Jazz sur les Terrils a salué la mémoire du pianiste Michel « Mickey » Graillier, enfant du pays et grande figure du jazz hexagonal. Ses amis lensois et ses partenaires de scène se sont retrouvés pour un très beau concert émaillé de souvenirs musicaux et amicaux.

Bruno Riccardo Simon Jean-MichelL’histoire commence tout près de la Gare de Lens, où Mickey habitait durant ses jeunes années. Simon Goubert raconte que, lorsque ses amis musiciens faisaient remarquer au pianiste qu’il avait un goût presque exagéré pour le silence entre les notes, il répondait ceci : « enfant, j’habitais près de la gare, et de ma chambre j’entendais plusieurs fois par jour les hauts-parleurs hurler : ici Lens, ici Lens ! C’est peut-être la raison…. ». C’est à la gare de Lens que j’arrive, par le même train que Riccardo Del Fra et Bruno Ruder, qui posent de bonne grâce devant le panneau SNCF qui immortalise et le lieu et l’instant.

Riccardo et Bruno Gare de LensDirection la Médiathèque, où nous attend l’équipe, et où nous retrouvons Simon Goubert et Jean-Michel Couchet. Choisir ces quatre-là, c’était certainement l’une des meilleures manières de rendre hommage à Mickey : Riccardo, le compagnon de route, durant une dizaine d’année, au sein du groupe de Chet Baker…. et aussi d’autres belles pages musicales ; Simon, membre de l’indissociable trio qui l’unissait à Mickey et à Alby Cullaz ; Jean-Michel, complice de Mickey dans le groupe de Simon. Jean-Michel a aussi joué dans le sextette de Riccardo, et partagé les aventures de Christian Vander, tout comme Mickey qui fut le pianiste de Magma, comme Simon qui tint le piano dans Offering. Quant au benjamin du groupe, Bruno Ruder, il n’a pas connu Mickey, mais fut l’un de ses successeurs aux claviers de Magma. C’est aussi le pianiste préféré de Riccardo, qui le requiert pour ses groupes. Ce concert sera donc une aventure humaine de partage et d’affinités électives. Pendant la balance, on peaufine le son de chaque instrument, on règle le choix des thèmes, tous reliés à Mickey, à sa vie musicale, à ses goûts, et aussi au souvenir de Chet Baker.

Conciliabule pendant la balanceJean-Michel Couchet (saxophones alto & soprano), Bruno Ruder (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Simon Goubert (batterie, piano).

Lens, Médiathèque Robert Cousin, 17 novembre 2016, 20h30

Le public est là : des amateurs lensois, des amis, des proches, des amis musiciens venus de Lille. Chaleur humaine, déjà. Le concert commence avec Leaving, de Richie Beirach, un thème que Mickey et Riccardo aimaient jouer, avec ou sans Chet Baker. Sous un solo violemment lyrique de Jean Michel Couchet, au soprano, Bruno Ruder pose des accords mystérieux, peut-être inspirés par les emprunts de Beirach à Scriabine. Puis le saxophoniste passe à l’alto pour Funk in a Deep Freeze, un thème de Hank Mobley que Mickey et Riccardo ont beaucoup joué avec Chet, et que tous les quatre affectionnent : Bruno Ruder va s’y livrer à une sorte de garnérisme un peu free qui force l’admiration. Beirach encore, avec Broken Wing (Chet, toujours). Puis I Remember You, où Riccardo fait chanter une basse mélancolique. Simon Excelle à faire entendre la mélodie par sa batterie, en accompagnement comme en solo : lyrisme toujours. Et lyrisme encore quand Simon s’installe au piano pour jouer avec Jean-Michel deux très belles compositions de Mickey, Auroville (inspirée par l’utopie de cette ville d’Inde) et L’Île aux cygnes (inspirée par cette île qui s’allonge dans la Seine, devant la Maison de la Radio, avec en figure de proue la statue de la liberté).

Retour à ce que Mickey, et Riccardo, ont joué sans relâche avec Chet : l’inoxydable My Funny Valentine. Ici chacun circule librement sur les harmonies, sans s’appesantir sur le thème tant ressassé. Puis Beatrice de Sam Rivers, si souvent pratiqué par Mickey et Riccardo, et familier de leurs partenaires du jour. On termine avec un classique de Coltrane que Mickey adorait au point de l’avoir enregistré maintes fois, Moment’s Notice. Course folle, jubilation, batterie explosive : on célèbre la mémoire de Mickey dans l’euphorie que procure la musique. Au fil du concert, chacun a donné son meilleur : Riccardo en faisant chanter sa contrebasse, Bruno en s’aventurant avec maîtrise, et audace, sur tous les territoires du piano (clin d’œil à Lennie Tristano, au passage….), Jean-Michel en s’engageant sans réserve dans chaque phrase, et Simon en propulsant, avec le sourire du bonheur, l’effervescence rythmique. Public conquis, rappel chaleureux, et en conclusion I’m A Fool To Want You , dans une version à faire pleurer Sinatra de jalousie, tant le quartette se hisse au sommet de l’émoi. Quelle soirée. Je suis certains que Mickey aurait adoré ce groupe, ce programme, cette atmosphère : quel plus bel hommage pouvait-on lui rendre ?

On espère que le projet de la vaillante équipe de Jazz sur les Terrils, créer à Lens un festival Michel Graillier, trouvera l’écoute qu’il mérite auprès des édiles décideurs et sponsorisants : la mémoire de Mickey mériterait ce bel hommage.

Xavier Prévost|À la Médiathèque Robert Cousin de Lens, l’Association Jazz sur les Terrils a salué la mémoire du pianiste Michel « Mickey » Graillier, enfant du pays et grande figure du jazz hexagonal. Ses amis lensois et ses partenaires de scène se sont retrouvés pour un très beau concert émaillé de souvenirs musicaux et amicaux.

Bruno Riccardo Simon Jean-MichelL’histoire commence tout près de la Gare de Lens, où Mickey habitait durant ses jeunes années. Simon Goubert raconte que, lorsque ses amis musiciens faisaient remarquer au pianiste qu’il avait un goût presque exagéré pour le silence entre les notes, il répondait ceci : « enfant, j’habitais près de la gare, et de ma chambre j’entendais plusieurs fois par jour les hauts-parleurs hurler : ici Lens, ici Lens ! C’est peut-être la raison…. ». C’est à la gare de Lens que j’arrive, par le même train que Riccardo Del Fra et Bruno Ruder, qui posent de bonne grâce devant le panneau SNCF qui immortalise et le lieu et l’instant.

Riccardo et Bruno Gare de LensDirection la Médiathèque, où nous attend l’équipe, et où nous retrouvons Simon Goubert et Jean-Michel Couchet. Choisir ces quatre-là, c’était certainement l’une des meilleures manières de rendre hommage à Mickey : Riccardo, le compagnon de route, durant une dizaine d’année, au sein du groupe de Chet Baker…. et aussi d’autres belles pages musicales ; Simon, membre de l’indissociable trio qui l’unissait à Mickey et à Alby Cullaz ; Jean-Michel, complice de Mickey dans le groupe de Simon. Jean-Michel a aussi joué dans le sextette de Riccardo, et partagé les aventures de Christian Vander, tout comme Mickey qui fut le pianiste de Magma, comme Simon qui tint le piano dans Offering. Quant au benjamin du groupe, Bruno Ruder, il n’a pas connu Mickey, mais fut l’un de ses successeurs aux claviers de Magma. C’est aussi le pianiste préféré de Riccardo, qui le requiert pour ses groupes. Ce concert sera donc une aventure humaine de partage et d’affinités électives. Pendant la balance, on peaufine le son de chaque instrument, on règle le choix des thèmes, tous reliés à Mickey, à sa vie musicale, à ses goûts, et aussi au souvenir de Chet Baker.

Conciliabule pendant la balanceJean-Michel Couchet (saxophones alto & soprano), Bruno Ruder (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Simon Goubert (batterie, piano).

Lens, Médiathèque Robert Cousin, 17 novembre 2016, 20h30

Le public est là : des amateurs lensois, des amis, des proches, des amis musiciens venus de Lille. Chaleur humaine, déjà. Le concert commence avec Leaving, de Richie Beirach, un thème que Mickey et Riccardo aimaient jouer, avec ou sans Chet Baker. Sous un solo violemment lyrique de Jean Michel Couchet, au soprano, Bruno Ruder pose des accords mystérieux, peut-être inspirés par les emprunts de Beirach à Scriabine. Puis le saxophoniste passe à l’alto pour Funk in a Deep Freeze, un thème de Hank Mobley que Mickey et Riccardo ont beaucoup joué avec Chet, et que tous les quatre affectionnent : Bruno Ruder va s’y livrer à une sorte de garnérisme un peu free qui force l’admiration. Beirach encore, avec Broken Wing (Chet, toujours). Puis I Remember You, où Riccardo fait chanter une basse mélancolique. Simon Excelle à faire entendre la mélodie par sa batterie, en accompagnement comme en solo : lyrisme toujours. Et lyrisme encore quand Simon s’installe au piano pour jouer avec Jean-Michel deux très belles compositions de Mickey, Auroville (inspirée par l’utopie de cette ville d’Inde) et L’Île aux cygnes (inspirée par cette île qui s’allonge dans la Seine, devant la Maison de la Radio, avec en figure de proue la statue de la liberté).

Retour à ce que Mickey, et Riccardo, ont joué sans relâche avec Chet : l’inoxydable My Funny Valentine. Ici chacun circule librement sur les harmonies, sans s’appesantir sur le thème tant ressassé. Puis Beatrice de Sam Rivers, si souvent pratiqué par Mickey et Riccardo, et familier de leurs partenaires du jour. On termine avec un classique de Coltrane que Mickey adorait au point de l’avoir enregistré maintes fois, Moment’s Notice. Course folle, jubilation, batterie explosive : on célèbre la mémoire de Mickey dans l’euphorie que procure la musique. Au fil du concert, chacun a donné son meilleur : Riccardo en faisant chanter sa contrebasse, Bruno en s’aventurant avec maîtrise, et audace, sur tous les territoires du piano (clin d’œil à Lennie Tristano, au passage….), Jean-Michel en s’engageant sans réserve dans chaque phrase, et Simon en propulsant, avec le sourire du bonheur, l’effervescence rythmique. Public conquis, rappel chaleureux, et en conclusion I’m A Fool To Want You , dans une version à faire pleurer Sinatra de jalousie, tant le quartette se hisse au sommet de l’émoi. Quelle soirée. Je suis certains que Mickey aurait adoré ce groupe, ce programme, cette atmosphère : quel plus bel hommage pouvait-on lui rendre ?

On espère que le projet de la vaillante équipe de Jazz sur les Terrils, créer à Lens un festival Michel Graillier, trouvera l’écoute qu’il mérite auprès des édiles décideurs et sponsorisants : la mémoire de Mickey mériterait ce bel hommage.

Xavier Prévost