Jazz live
Publié le 21 Oct 2015

les voleurs de fleurs

Jean-Marie Machado aime les orchestrations riches, et même luxuriantes (Lagrima latina, son disque paru en 2014 rassemblait trois chanteuses, un tubiste, un flûtiste, un trompettiste, un accordéoniste…). Mais il aime aussi régulièrement se retremper dans la nudité du trio. C’était le cas jeudi soir au Triton.

 

Des trios, Jean-Marie Machado en a connu plusieurs au cours de sa carrière. On se souvient de celui qu’il forma avec les frères Moutin. Et l’on n’a pas oublié non plus le trio Time, avec JP Viret et Jacques Mahieux. Son trio actuel est à la hauteur des précédents. Jean-Marie Machado est accompagné par François Merville à la batterie et Henning Sieverts à la contrebasse. Accompagné n’est sans doute pas le terme adéquat. Car ces deux fortes personnalités sont dans un parfait rapport d’égalité avec le pianiste. Ils le provoquent et le contredisent autant qu’ils le soutiennent. Ces trois musiciens ont en partage l’intensité et le goût du risque. Leur esthétique s’autorise le lyrisme mais pas le sentimentalisme. Machado a surnommé son groupe « ruffle swing trio » , ce qui signifie quelque chose comme « swing échevelé ». On pourrait aussi les appeler des voleurs de fleurs (nom d’une de leurs compositions) à cause de ce romantisme sous contrôle qui se dégage de leur musique.  

 

 

La musique enjambe allègrement les frontières. Par des coups de volants rapides, on passe d’une sorte de fête de village swingante, devenue subtilement dissonnante (Aspirer la lumière) à des ambiances caribéennes (le voleur de fleurs) ou à des effluves bop. Souvent c’est au sein d’un même morceau que les changements se produisent. Dans Des pas dans le ciel , on passe ainsi du lyrisme le plus tendre à une inspiration clairement ancrée dans la musique contemporaine. Le trio s’autorise même un standard, un très beau Nardis. Le thème de Bill Evans est brillamment réinventé, repensé, distillé. On a l’impression d’entendre non pas Nardis mais le parfum de Nardis.

 Dans cette musique mouvante, instable, prompte aux métamorphoses et aux virevoltes, où l’on sème sans prendre le temps de voir se lever la moisson, Machado est comme un poisson dans l’eau. Il passe du figuratif à l’abstrait avec aisance. Il fait voltiger ses doigts sur le piano dans le voleur de fleurs, et fait naître l’emotion dans Slow Bird avec une grande économie de moyens.

 Dans ce triangle parfaitement équilatéral que constitue ce trio, il faut saluer les deux musiciens qui entourent Machado. Le contrebassiste Henning Sieverts sait comment jouer sur la matérialité de la contrebasse (sons racles, étranglés ). Il a un son magnifique, épais, si dense que l’on a parfois l’impression d’entendre deux basses à l’unisson. Il est de surcroît le compositeur du tendre et délicat Tirana. Quant à François Merville, c’est monsieur anti-routine. Avec lui, la musique ne ronronne jamais. Il a des frappes sèches qui sonnent parfois comme des rappels à l’ordre. Dans K-Pob, il prend un merveilleux chorus où il fait entendre chant et contre-chants. Il signe une des belles compositions du trio : Des pas dans le ciel.

 Le concert s’achève sur fado amalia, au cours duquel jean-marie Machado prend l’un de ses chorus les plus recueillis de la soirée.

Texte JF MondotDessins AC Alvoet

 

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Jean-Marie Machado aime les orchestrations riches, et même luxuriantes (Lagrima latina, son disque paru en 2014 rassemblait trois chanteuses, un tubiste, un flûtiste, un trompettiste, un accordéoniste…). Mais il aime aussi régulièrement se retremper dans la nudité du trio. C’était le cas jeudi soir au Triton.

 

Des trios, Jean-Marie Machado en a connu plusieurs au cours de sa carrière. On se souvient de celui qu’il forma avec les frères Moutin. Et l’on n’a pas oublié non plus le trio Time, avec JP Viret et Jacques Mahieux. Son trio actuel est à la hauteur des précédents. Jean-Marie Machado est accompagné par François Merville à la batterie et Henning Sieverts à la contrebasse. Accompagné n’est sans doute pas le terme adéquat. Car ces deux fortes personnalités sont dans un parfait rapport d’égalité avec le pianiste. Ils le provoquent et le contredisent autant qu’ils le soutiennent. Ces trois musiciens ont en partage l’intensité et le goût du risque. Leur esthétique s’autorise le lyrisme mais pas le sentimentalisme. Machado a surnommé son groupe « ruffle swing trio » , ce qui signifie quelque chose comme « swing échevelé ». On pourrait aussi les appeler des voleurs de fleurs (nom d’une de leurs compositions) à cause de ce romantisme sous contrôle qui se dégage de leur musique.  

 

 

La musique enjambe allègrement les frontières. Par des coups de volants rapides, on passe d’une sorte de fête de village swingante, devenue subtilement dissonnante (Aspirer la lumière) à des ambiances caribéennes (le voleur de fleurs) ou à des effluves bop. Souvent c’est au sein d’un même morceau que les changements se produisent. Dans Des pas dans le ciel , on passe ainsi du lyrisme le plus tendre à une inspiration clairement ancrée dans la musique contemporaine. Le trio s’autorise même un standard, un très beau Nardis. Le thème de Bill Evans est brillamment réinventé, repensé, distillé. On a l’impression d’entendre non pas Nardis mais le parfum de Nardis.

 Dans cette musique mouvante, instable, prompte aux métamorphoses et aux virevoltes, où l’on sème sans prendre le temps de voir se lever la moisson, Machado est comme un poisson dans l’eau. Il passe du figuratif à l’abstrait avec aisance. Il fait voltiger ses doigts sur le piano dans le voleur de fleurs, et fait naître l’emotion dans Slow Bird avec une grande économie de moyens.

 Dans ce triangle parfaitement équilatéral que constitue ce trio, il faut saluer les deux musiciens qui entourent Machado. Le contrebassiste Henning Sieverts sait comment jouer sur la matérialité de la contrebasse (sons racles, étranglés ). Il a un son magnifique, épais, si dense que l’on a parfois l’impression d’entendre deux basses à l’unisson. Il est de surcroît le compositeur du tendre et délicat Tirana. Quant à François Merville, c’est monsieur anti-routine. Avec lui, la musique ne ronronne jamais. Il a des frappes sèches qui sonnent parfois comme des rappels à l’ordre. Dans K-Pob, il prend un merveilleux chorus où il fait entendre chant et contre-chants. Il signe une des belles compositions du trio : Des pas dans le ciel.

 Le concert s’achève sur fado amalia, au cours duquel jean-marie Machado prend l’un de ses chorus les plus recueillis de la soirée.

Texte JF MondotDessins AC Alvoet

 

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Jean-Marie Machado aime les orchestrations riches, et même luxuriantes (Lagrima latina, son disque paru en 2014 rassemblait trois chanteuses, un tubiste, un flûtiste, un trompettiste, un accordéoniste…). Mais il aime aussi régulièrement se retremper dans la nudité du trio. C’était le cas jeudi soir au Triton.

 

Des trios, Jean-Marie Machado en a connu plusieurs au cours de sa carrière. On se souvient de celui qu’il forma avec les frères Moutin. Et l’on n’a pas oublié non plus le trio Time, avec JP Viret et Jacques Mahieux. Son trio actuel est à la hauteur des précédents. Jean-Marie Machado est accompagné par François Merville à la batterie et Henning Sieverts à la contrebasse. Accompagné n’est sans doute pas le terme adéquat. Car ces deux fortes personnalités sont dans un parfait rapport d’égalité avec le pianiste. Ils le provoquent et le contredisent autant qu’ils le soutiennent. Ces trois musiciens ont en partage l’intensité et le goût du risque. Leur esthétique s’autorise le lyrisme mais pas le sentimentalisme. Machado a surnommé son groupe « ruffle swing trio » , ce qui signifie quelque chose comme « swing échevelé ». On pourrait aussi les appeler des voleurs de fleurs (nom d’une de leurs compositions) à cause de ce romantisme sous contrôle qui se dégage de leur musique.  

 

 

La musique enjambe allègrement les frontières. Par des coups de volants rapides, on passe d’une sorte de fête de village swingante, devenue subtilement dissonnante (Aspirer la lumière) à des ambiances caribéennes (le voleur de fleurs) ou à des effluves bop. Souvent c’est au sein d’un même morceau que les changements se produisent. Dans Des pas dans le ciel , on passe ainsi du lyrisme le plus tendre à une inspiration clairement ancrée dans la musique contemporaine. Le trio s’autorise même un standard, un très beau Nardis. Le thème de Bill Evans est brillamment réinventé, repensé, distillé. On a l’impression d’entendre non pas Nardis mais le parfum de Nardis.

 Dans cette musique mouvante, instable, prompte aux métamorphoses et aux virevoltes, où l’on sème sans prendre le temps de voir se lever la moisson, Machado est comme un poisson dans l’eau. Il passe du figuratif à l’abstrait avec aisance. Il fait voltiger ses doigts sur le piano dans le voleur de fleurs, et fait naître l’emotion dans Slow Bird avec une grande économie de moyens.

 Dans ce triangle parfaitement équilatéral que constitue ce trio, il faut saluer les deux musiciens qui entourent Machado. Le contrebassiste Henning Sieverts sait comment jouer sur la matérialité de la contrebasse (sons racles, étranglés ). Il a un son magnifique, épais, si dense que l’on a parfois l’impression d’entendre deux basses à l’unisson. Il est de surcroît le compositeur du tendre et délicat Tirana. Quant à François Merville, c’est monsieur anti-routine. Avec lui, la musique ne ronronne jamais. Il a des frappes sèches qui sonnent parfois comme des rappels à l’ordre. Dans K-Pob, il prend un merveilleux chorus où il fait entendre chant et contre-chants. Il signe une des belles compositions du trio : Des pas dans le ciel.

 Le concert s’achève sur fado amalia, au cours duquel jean-marie Machado prend l’un de ses chorus les plus recueillis de la soirée.

Texte JF MondotDessins AC Alvoet

 

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Jean-Marie Machado aime les orchestrations riches, et même luxuriantes (Lagrima latina, son disque paru en 2014 rassemblait trois chanteuses, un tubiste, un flûtiste, un trompettiste, un accordéoniste…). Mais il aime aussi régulièrement se retremper dans la nudité du trio. C’était le cas jeudi soir au Triton.

 

Des trios, Jean-Marie Machado en a connu plusieurs au cours de sa carrière. On se souvient de celui qu’il forma avec les frères Moutin. Et l’on n’a pas oublié non plus le trio Time, avec JP Viret et Jacques Mahieux. Son trio actuel est à la hauteur des précédents. Jean-Marie Machado est accompagné par François Merville à la batterie et Henning Sieverts à la contrebasse. Accompagné n’est sans doute pas le terme adéquat. Car ces deux fortes personnalités sont dans un parfait rapport d’égalité avec le pianiste. Ils le provoquent et le contredisent autant qu’ils le soutiennent. Ces trois musiciens ont en partage l’intensité et le goût du risque. Leur esthétique s’autorise le lyrisme mais pas le sentimentalisme. Machado a surnommé son groupe « ruffle swing trio » , ce qui signifie quelque chose comme « swing échevelé ». On pourrait aussi les appeler des voleurs de fleurs (nom d’une de leurs compositions) à cause de ce romantisme sous contrôle qui se dégage de leur musique.  

 

 

La musique enjambe allègrement les frontières. Par des coups de volants rapides, on passe d’une sorte de fête de village swingante, devenue subtilement dissonnante (Aspirer la lumière) à des ambiances caribéennes (le voleur de fleurs) ou à des effluves bop. Souvent c’est au sein d’un même morceau que les changements se produisent. Dans Des pas dans le ciel , on passe ainsi du lyrisme le plus tendre à une inspiration clairement ancrée dans la musique contemporaine. Le trio s’autorise même un standard, un très beau Nardis. Le thème de Bill Evans est brillamment réinventé, repensé, distillé. On a l’impression d’entendre non pas Nardis mais le parfum de Nardis.

 Dans cette musique mouvante, instable, prompte aux métamorphoses et aux virevoltes, où l’on sème sans prendre le temps de voir se lever la moisson, Machado est comme un poisson dans l’eau. Il passe du figuratif à l’abstrait avec aisance. Il fait voltiger ses doigts sur le piano dans le voleur de fleurs, et fait naître l’emotion dans Slow Bird avec une grande économie de moyens.

 Dans ce triangle parfaitement équilatéral que constitue ce trio, il faut saluer les deux musiciens qui entourent Machado. Le contrebassiste Henning Sieverts sait comment jouer sur la matérialité de la contrebasse (sons racles, étranglés ). Il a un son magnifique, épais, si dense que l’on a parfois l’impression d’entendre deux basses à l’unisson. Il est de surcroît le compositeur du tendre et délicat Tirana. Quant à François Merville, c’est monsieur anti-routine. Avec lui, la musique ne ronronne jamais. Il a des frappes sèches qui sonnent parfois comme des rappels à l’ordre. Dans K-Pob, il prend un merveilleux chorus où il fait entendre chant et contre-chants. Il signe une des belles compositions du trio : Des pas dans le ciel.

 Le concert s’achève sur fado amalia, au cours duquel jean-marie Machado prend l’un de ses chorus les plus recueillis de la soirée.

Texte JF MondotDessins AC Alvoet