Jazz live
Publié le 14 Nov 2021

NEVERS D’JAZZ : MICHEL PORTAL

MICHEL PORTAL ‘MP 85’

Michel Portal (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano), Bojan Z (piano, piano électrique), Samuel Blaser (trombone), Bruno Chevillon (contrebasse), Lander Gyselink (batterie)

Nevers, La Maison (de la culture), grande salle, 12 novembre 2021, 22h

Le retour à Nevers de Portal dans la foulée du disque «MP 85» (Label Bleu), dûment célébré par la presse et les trophées. Le tromboniste du CD, Nils Wogram, est remplacé par Samuel Blaser : pour moi une aubaine, car j’ai une préférence pour ce musicien. Et c’est le répertoire de ce nouvel opus que le groupe va nous donner sur scène. Les déclarations du clarinettiste au journal régional (Le Journal du Centre, 12 novembre 2021) m’ont ‘interpellé’, comme on dit. Il déclare en effet ceci : «Les gens s’accrochent parfois à des choses pour pouvoir travailler et pour qu’on ne les oublie pas. Moi, je n’ai pas envie de refaire les mêmes choses qu’il y a trois ans». Cette louable pétition de singularité ne doit pas faire oublier que chaque artiste, disque après disque, concert après concert, continue d’affirmer ce qui lui est propre. Ainsi Solal ‘fait’ du Solal (pour notre plus grand plaisir), tout comme Texier, Sclavis ou Émile Parisien sont fidèles à leur expression et à leurs choix esthétiques. Donc j’ai écouté un concert du grand Michel Portal, dans ce qu’il peut avoir d’immarcescible…. Pour le premier titre, on navigue par instants mi biguine, mi calypso. Ensuite la musique va tourner furtivement à l’orientale, et aussi à l’hispanique (solo de Bojan Z), avant une improvisation hyper expressive de Samuel Blaser. On entendra aussi un moment de piano un peu rhapsodique, et un groove de piano Fender plutôt funky, ainsi qu’un très beau climat, sombre et étrange, dans Desertown. Bruno Chevillon, de longtemps compagnon de route, comme Bojan, aura aussi ses moments privilégiés d’expression, et le nouveau venu, Lander Gyselink, dont on a entendu en cours de concert de véritables solos accompagnés, tapis dans les ensembles, ou en contrepoint d’un autre soliste, nous offrira une bref et brillant solo durant le rappel. Un spectateur, avant ledit rappel, avait interpellé Michel Portal pour réclamer un solo de batterie, et le saxo-clarinettiste lui avait opposé que l’on était pas obligé de sacrifier au rituel, ou quelque chose du même genre. Mais il y eut quand même un solo…. Le concert fut un moment de plaisir, familier en ce sens que l’on retrouvait la verve de Michel Portal, ses indications impérieuses à tel ou tel, par un geste, un regard. Bref Portal fit du Portal, pour notre plus grand plaisir.

Xavier Prévost

©Maxim François