Jazz live
Publié le 20 Mar 2017

Orthez, Garcia-Fons, Dorantes, Paul Lay : cordes croisées en eaux vives

Trois pianistes au naturel pour clôturer un festival. Trois moments successifs d’improvisation au clavier dont l’un teinté de l’éclat solaire du flamenco. Plus le retour de l’enfant prodigue, Paul Lay, très attendu dans sa cité natale béarnaise au bord du Gave et ses eaux vives. Le temps d’un vrai récital. Au sens plein du terme.

Renaud Garcia-Fons (b), David Dorantes (p)

Trple Juice : Sylvain Rey (p), Nelson Salgado (b), Rémy Gouffault (dm)

Paul Lay (p), Clemens Vander Feen (b), Dré Pellemaerts (dm)

Jazz au Naturel, Orthez (64300), 19 mars

Une degré de complicité totale. Un effe de mano a mano autour des couleurs affirmées du flamenco retracé dans le sillon de deux instruments pas forcément utilisés à cet effet dans son giron traditionnel. L’esprit de cette musique demeure pourtant bel et bien dans l’expression du duo. Les lignes de force s’en trouvent quelque peu transformées, comme mise au défi d’une mutation actuelle (nécessaire) favorisée par la qualité intrinsèque des deux musiciens sur leur instrument respectif « Je suis, je reste un musicien de flamenco mais je regarde du côté du jazz » affirme David Dorantes le sévillan. Le besoin ressenti d’explorer du côté de l’improvisation représente visiblement le lien parfait pour ce faire. A propos de  son dernier CD enregistré celui là en trio « La vie devant soi « (e-motive/l’autre distribution) Renaud Garcia-Fons avoue « Celui là est d’un esprit plus jazz que d’autres » Dans le duo avec le pianiste de Séville le bassiste d’origine catalane endosse pourtant à plein les habits flamencos. L’esprit comme la lettre. Il y refait le parcours des stations du « chemin de croix » de cette musique sacralisée dans sa terre, forte de racines gitanes, ourlée d’un certain pathos. Et qui répond aux  canons des dits « palos »  buleria, solea, tango, seguiria et compagnie, genres répertoriés dans l’album paru l’an passé pour le compte du duo (Paseo a dos , e-motive/ l’autre distribution)) Garcia-Fons bénéficie de la bonne connaissance du (des) genre(s) comme du faire savoir adéquat. Par goût, par envie il se trouve doté d’un plus toutefois: une aisance certaine génératrice d’une virtuosité de bon aloi sur son instrument propre, avec toujours question doigté un son de qualité constante en mode cordes pincées (pizzicato) comme à l’archet. Le langage flamenco sonne chez lui au naturel dans sa panoplie des musiques du pourtour méditerranéen (Molto enrollado) David Dorantes apporte sa pierre de brillant, de captation immédiate des vibrations façon force et émotion conjuguées, caractéristiques de l’esprit de cette musique arabe-andalouse. Sur scène, en version jouée directe, sans artifice sonore sa patte flamenca sonne juste sur le fil tendu d’une «malagueña » traditionnelle (Palabra de ensueño)  voire au travers d’une part d’impro plus débridée (Promesa del Alba)

Pas facile de s’insérer pour de jeunes musiciens entre deux orchestres nantis d’une telle notoriété. Triple Juice, trio toulousain a gagné le droit de se produire lors de cette soirée finale du festival Jazz Naturel après avoir remporté le Tremplin Jazz des Rives et des Notes 2016, l’autre festival béarnais sis celui là à Oloron chaque début juillet. Un jazz bien étalonné, équilibré dans sa formule du triangle piano-basse-battreie. Avec son lot d’idées, de savoir faire. Mais qui gagnerait sans doute à se lâcher davantage, notamment dans une veine latine plus émulsive, poussant au mouvement, plutôt bien inspirée par un bassiste d’origine péruvienne. A suivre.

Il était attendu. Il es venu jouer chez lui, à domicile comme l’on dit dans cette terre de rugby. Paul Lay  revenu avec dans ses bagages un prix de l’Académie du Jazz n’a pas failli, posé et confiant pour faire le boulot « Autant vous le dire ça fait tout de même quelque chose de retourner jouer chez moi, dans ma ville, dans un festival où j’ai découvert bien des musiciens assis dans la salle… » Paul Lay -ah, oui, j’allais presque oublier cette recommandation d’un lecteur avisé du Jazz Live: vous lectrices/lecteurs qui n’êtes pas natifs du sud ouest, lisez, prononcez à voix haute ce nom propre comme si vous parliez de l’ail -un légume par ailleurs très apprécié, utilisé dans la cuisine basco-béarnaise type garbure, « xamangot  » (os de jambon), magret, daurade  ou même poule au pot- ou de l’interjection de douleur « aïe ! » Car ces noms diphtonguent. Il en est de même d’une commune pas si lointaine d’Orthez, baptisée Nay qui reconnait au moins deux de ces enfants frappés d’une certaine notoriété. L’un Raymond Mastrotto, coureur du Tour de France des années 60 surnommé le taureau de Nay; l’autre François Bayrou, lui candidat démultiplié souvent reconnu et dont le patronyme bénéficie également de cette fameuse diphtongue…- Paul Lay, donc a tranquillement imposé sa griffe pianistique, musicale même à la tête de son trio  (« Cap é tout » dit-on sur place en béarnais) Force et finesse utilisées en alternance, judicieusement selon le besoin, densité du jeu notoire imprimée sur le clavier sans forcer le propos (Langueurs). Soit une manière habile, pensée, appliquée in extenso de se servir de ce drôle d’espace mobile de triangulation entre les instruments pour imposer des séquences contrastées de tension, de détente, de respiration dans l’expression des phrases, des formules musicales. Autant le dire tout de go: cette qualité, cette part d’intuition et d’expérience cumulées ne se trouvent pas fréquemment chez un (encore) jeune musicien propulsé leader. Paul Lay bénéficie certes d’un atout: la personnalité de son batteur. Dré Pellemaerts dont on connaît les qualités intrinsèques, fait montre, à tout instant, d’un épatant volume de jeu au sein de ce trio. Il n’est que de constater ses mimiques d’approbation, de jubilation musicale à rester en connexion permanente avec le regard du pianiste. A le chercher, à encadrer son jeu, le pousser, le relancer sans cesse. Fort du relai de Clément Van der Feen, bassiste en mode médiateur, lien avisé, juste comptable de la construction des travaux harmoniques et rythmiques entrepris à trois. Le trio fouille sur scène les partitions exposées dans l’un des deux volets du bel album (The Party/Alcazar memories, Laborie Jazz/Socadisc) Sur scène, en extension de musique à vivre sur l’instant le contenu bénéficie d’un plus d’air, d’une prise de risque assumée collectivement. Le plaisir de notes tenues comme en (retenues ?) en suspension pour commencer en douceur, laisser venir le spectateur dans The Party begins. Une façon d’imprimer des encres fortes histoire de relancer l’intensité du propos rythmique par des accords plaqués au centre du clavier (Dance for three) Une volonté d’emballer la machine juste ce qu’il faut histoire d’emporter définitivement l’adhésion (Regards croisés) Pas besoin d’en dire davantage. Il convient, si vous le croisez ici ou là d’écouter et le pianiste et le trio bien sur. Gage d’une expression forte dans l’échange, le plaisir dégagé via l’interaction.

Ce pourrait être une définition appropriée d’un Jazz Naturel. Déposé à domicile en copyright à Orthez.

Robert Latxague

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Trois pianistes au naturel pour clôturer un festival. Trois moments successifs d’improvisation au clavier dont l’un teinté de l’éclat solaire du flamenco. Plus le retour de l’enfant prodigue, Paul Lay, très attendu dans sa cité natale béarnaise au bord du Gave et ses eaux vives. Le temps d’un vrai récital. Au sens plein du terme.

Renaud Garcia-Fons (b), David Dorantes (p)

Trple Juice : Sylvain Rey (p), Nelson Salgado (b), Rémy Gouffault (dm)

Paul Lay (p), Clemens Vander Feen (b), Dré Pellemaerts (dm)

Jazz au Naturel, Orthez (64300), 19 mars

Une degré de complicité totale. Un effe de mano a mano autour des couleurs affirmées du flamenco retracé dans le sillon de deux instruments pas forcément utilisés à cet effet dans son giron traditionnel. L’esprit de cette musique demeure pourtant bel et bien dans l’expression du duo. Les lignes de force s’en trouvent quelque peu transformées, comme mise au défi d’une mutation actuelle (nécessaire) favorisée par la qualité intrinsèque des deux musiciens sur leur instrument respectif « Je suis, je reste un musicien de flamenco mais je regarde du côté du jazz » affirme David Dorantes le sévillan. Le besoin ressenti d’explorer du côté de l’improvisation représente visiblement le lien parfait pour ce faire. A propos de  son dernier CD enregistré celui là en trio « La vie devant soi « (e-motive/l’autre distribution) Renaud Garcia-Fons avoue « Celui là est d’un esprit plus jazz que d’autres » Dans le duo avec le pianiste de Séville le bassiste d’origine catalane endosse pourtant à plein les habits flamencos. L’esprit comme la lettre. Il y refait le parcours des stations du « chemin de croix » de cette musique sacralisée dans sa terre, forte de racines gitanes, ourlée d’un certain pathos. Et qui répond aux  canons des dits « palos »  buleria, solea, tango, seguiria et compagnie, genres répertoriés dans l’album paru l’an passé pour le compte du duo (Paseo a dos , e-motive/ l’autre distribution)) Garcia-Fons bénéficie de la bonne connaissance du (des) genre(s) comme du faire savoir adéquat. Par goût, par envie il se trouve doté d’un plus toutefois: une aisance certaine génératrice d’une virtuosité de bon aloi sur son instrument propre, avec toujours question doigté un son de qualité constante en mode cordes pincées (pizzicato) comme à l’archet. Le langage flamenco sonne chez lui au naturel dans sa panoplie des musiques du pourtour méditerranéen (Molto enrollado) David Dorantes apporte sa pierre de brillant, de captation immédiate des vibrations façon force et émotion conjuguées, caractéristiques de l’esprit de cette musique arabe-andalouse. Sur scène, en version jouée directe, sans artifice sonore sa patte flamenca sonne juste sur le fil tendu d’une «malagueña » traditionnelle (Palabra de ensueño)  voire au travers d’une part d’impro plus débridée (Promesa del Alba)

Pas facile de s’insérer pour de jeunes musiciens entre deux orchestres nantis d’une telle notoriété. Triple Juice, trio toulousain a gagné le droit de se produire lors de cette soirée finale du festival Jazz Naturel après avoir remporté le Tremplin Jazz des Rives et des Notes 2016, l’autre festival béarnais sis celui là à Oloron chaque début juillet. Un jazz bien étalonné, équilibré dans sa formule du triangle piano-basse-battreie. Avec son lot d’idées, de savoir faire. Mais qui gagnerait sans doute à se lâcher davantage, notamment dans une veine latine plus émulsive, poussant au mouvement, plutôt bien inspirée par un bassiste d’origine péruvienne. A suivre.

Il était attendu. Il es venu jouer chez lui, à domicile comme l’on dit dans cette terre de rugby. Paul Lay  revenu avec dans ses bagages un prix de l’Académie du Jazz n’a pas failli, posé et confiant pour faire le boulot « Autant vous le dire ça fait tout de même quelque chose de retourner jouer chez moi, dans ma ville, dans un festival où j’ai découvert bien des musiciens assis dans la salle… » Paul Lay -ah, oui, j’allais presque oublier cette recommandation d’un lecteur avisé du Jazz Live: vous lectrices/lecteurs qui n’êtes pas natifs du sud ouest, lisez, prononcez à voix haute ce nom propre comme si vous parliez de l’ail -un légume par ailleurs très apprécié, utilisé dans la cuisine basco-béarnaise type garbure, « xamangot  » (os de jambon), magret, daurade  ou même poule au pot- ou de l’interjection de douleur « aïe ! » Car ces noms diphtonguent. Il en est de même d’une commune pas si lointaine d’Orthez, baptisée Nay qui reconnait au moins deux de ces enfants frappés d’une certaine notoriété. L’un Raymond Mastrotto, coureur du Tour de France des années 60 surnommé le taureau de Nay; l’autre François Bayrou, lui candidat démultiplié souvent reconnu et dont le patronyme bénéficie également de cette fameuse diphtongue…- Paul Lay, donc a tranquillement imposé sa griffe pianistique, musicale même à la tête de son trio  (« Cap é tout » dit-on sur place en béarnais) Force et finesse utilisées en alternance, judicieusement selon le besoin, densité du jeu notoire imprimée sur le clavier sans forcer le propos (Langueurs). Soit une manière habile, pensée, appliquée in extenso de se servir de ce drôle d’espace mobile de triangulation entre les instruments pour imposer des séquences contrastées de tension, de détente, de respiration dans l’expression des phrases, des formules musicales. Autant le dire tout de go: cette qualité, cette part d’intuition et d’expérience cumulées ne se trouvent pas fréquemment chez un (encore) jeune musicien propulsé leader. Paul Lay bénéficie certes d’un atout: la personnalité de son batteur. Dré Pellemaerts dont on connaît les qualités intrinsèques, fait montre, à tout instant, d’un épatant volume de jeu au sein de ce trio. Il n’est que de constater ses mimiques d’approbation, de jubilation musicale à rester en connexion permanente avec le regard du pianiste. A le chercher, à encadrer son jeu, le pousser, le relancer sans cesse. Fort du relai de Clément Van der Feen, bassiste en mode médiateur, lien avisé, juste comptable de la construction des travaux harmoniques et rythmiques entrepris à trois. Le trio fouille sur scène les partitions exposées dans l’un des deux volets du bel album (The Party/Alcazar memories, Laborie Jazz/Socadisc) Sur scène, en extension de musique à vivre sur l’instant le contenu bénéficie d’un plus d’air, d’une prise de risque assumée collectivement. Le plaisir de notes tenues comme en (retenues ?) en suspension pour commencer en douceur, laisser venir le spectateur dans The Party begins. Une façon d’imprimer des encres fortes histoire de relancer l’intensité du propos rythmique par des accords plaqués au centre du clavier (Dance for three) Une volonté d’emballer la machine juste ce qu’il faut histoire d’emporter définitivement l’adhésion (Regards croisés) Pas besoin d’en dire davantage. Il convient, si vous le croisez ici ou là d’écouter et le pianiste et le trio bien sur. Gage d’une expression forte dans l’échange, le plaisir dégagé via l’interaction.

Ce pourrait être une définition appropriée d’un Jazz Naturel. Déposé à domicile en copyright à Orthez.

Robert Latxague

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Trois pianistes au naturel pour clôturer un festival. Trois moments successifs d’improvisation au clavier dont l’un teinté de l’éclat solaire du flamenco. Plus le retour de l’enfant prodigue, Paul Lay, très attendu dans sa cité natale béarnaise au bord du Gave et ses eaux vives. Le temps d’un vrai récital. Au sens plein du terme.

Renaud Garcia-Fons (b), David Dorantes (p)

Trple Juice : Sylvain Rey (p), Nelson Salgado (b), Rémy Gouffault (dm)

Paul Lay (p), Clemens Vander Feen (b), Dré Pellemaerts (dm)

Jazz au Naturel, Orthez (64300), 19 mars

Une degré de complicité totale. Un effe de mano a mano autour des couleurs affirmées du flamenco retracé dans le sillon de deux instruments pas forcément utilisés à cet effet dans son giron traditionnel. L’esprit de cette musique demeure pourtant bel et bien dans l’expression du duo. Les lignes de force s’en trouvent quelque peu transformées, comme mise au défi d’une mutation actuelle (nécessaire) favorisée par la qualité intrinsèque des deux musiciens sur leur instrument respectif « Je suis, je reste un musicien de flamenco mais je regarde du côté du jazz » affirme David Dorantes le sévillan. Le besoin ressenti d’explorer du côté de l’improvisation représente visiblement le lien parfait pour ce faire. A propos de  son dernier CD enregistré celui là en trio « La vie devant soi « (e-motive/l’autre distribution) Renaud Garcia-Fons avoue « Celui là est d’un esprit plus jazz que d’autres » Dans le duo avec le pianiste de Séville le bassiste d’origine catalane endosse pourtant à plein les habits flamencos. L’esprit comme la lettre. Il y refait le parcours des stations du « chemin de croix » de cette musique sacralisée dans sa terre, forte de racines gitanes, ourlée d’un certain pathos. Et qui répond aux  canons des dits « palos »  buleria, solea, tango, seguiria et compagnie, genres répertoriés dans l’album paru l’an passé pour le compte du duo (Paseo a dos , e-motive/ l’autre distribution)) Garcia-Fons bénéficie de la bonne connaissance du (des) genre(s) comme du faire savoir adéquat. Par goût, par envie il se trouve doté d’un plus toutefois: une aisance certaine génératrice d’une virtuosité de bon aloi sur son instrument propre, avec toujours question doigté un son de qualité constante en mode cordes pincées (pizzicato) comme à l’archet. Le langage flamenco sonne chez lui au naturel dans sa panoplie des musiques du pourtour méditerranéen (Molto enrollado) David Dorantes apporte sa pierre de brillant, de captation immédiate des vibrations façon force et émotion conjuguées, caractéristiques de l’esprit de cette musique arabe-andalouse. Sur scène, en version jouée directe, sans artifice sonore sa patte flamenca sonne juste sur le fil tendu d’une «malagueña » traditionnelle (Palabra de ensueño)  voire au travers d’une part d’impro plus débridée (Promesa del Alba)

Pas facile de s’insérer pour de jeunes musiciens entre deux orchestres nantis d’une telle notoriété. Triple Juice, trio toulousain a gagné le droit de se produire lors de cette soirée finale du festival Jazz Naturel après avoir remporté le Tremplin Jazz des Rives et des Notes 2016, l’autre festival béarnais sis celui là à Oloron chaque début juillet. Un jazz bien étalonné, équilibré dans sa formule du triangle piano-basse-battreie. Avec son lot d’idées, de savoir faire. Mais qui gagnerait sans doute à se lâcher davantage, notamment dans une veine latine plus émulsive, poussant au mouvement, plutôt bien inspirée par un bassiste d’origine péruvienne. A suivre.

Il était attendu. Il es venu jouer chez lui, à domicile comme l’on dit dans cette terre de rugby. Paul Lay  revenu avec dans ses bagages un prix de l’Académie du Jazz n’a pas failli, posé et confiant pour faire le boulot « Autant vous le dire ça fait tout de même quelque chose de retourner jouer chez moi, dans ma ville, dans un festival où j’ai découvert bien des musiciens assis dans la salle… » Paul Lay -ah, oui, j’allais presque oublier cette recommandation d’un lecteur avisé du Jazz Live: vous lectrices/lecteurs qui n’êtes pas natifs du sud ouest, lisez, prononcez à voix haute ce nom propre comme si vous parliez de l’ail -un légume par ailleurs très apprécié, utilisé dans la cuisine basco-béarnaise type garbure, « xamangot  » (os de jambon), magret, daurade  ou même poule au pot- ou de l’interjection de douleur « aïe ! » Car ces noms diphtonguent. Il en est de même d’une commune pas si lointaine d’Orthez, baptisée Nay qui reconnait au moins deux de ces enfants frappés d’une certaine notoriété. L’un Raymond Mastrotto, coureur du Tour de France des années 60 surnommé le taureau de Nay; l’autre François Bayrou, lui candidat démultiplié souvent reconnu et dont le patronyme bénéficie également de cette fameuse diphtongue…- Paul Lay, donc a tranquillement imposé sa griffe pianistique, musicale même à la tête de son trio  (« Cap é tout » dit-on sur place en béarnais) Force et finesse utilisées en alternance, judicieusement selon le besoin, densité du jeu notoire imprimée sur le clavier sans forcer le propos (Langueurs). Soit une manière habile, pensée, appliquée in extenso de se servir de ce drôle d’espace mobile de triangulation entre les instruments pour imposer des séquences contrastées de tension, de détente, de respiration dans l’expression des phrases, des formules musicales. Autant le dire tout de go: cette qualité, cette part d’intuition et d’expérience cumulées ne se trouvent pas fréquemment chez un (encore) jeune musicien propulsé leader. Paul Lay bénéficie certes d’un atout: la personnalité de son batteur. Dré Pellemaerts dont on connaît les qualités intrinsèques, fait montre, à tout instant, d’un épatant volume de jeu au sein de ce trio. Il n’est que de constater ses mimiques d’approbation, de jubilation musicale à rester en connexion permanente avec le regard du pianiste. A le chercher, à encadrer son jeu, le pousser, le relancer sans cesse. Fort du relai de Clément Van der Feen, bassiste en mode médiateur, lien avisé, juste comptable de la construction des travaux harmoniques et rythmiques entrepris à trois. Le trio fouille sur scène les partitions exposées dans l’un des deux volets du bel album (The Party/Alcazar memories, Laborie Jazz/Socadisc) Sur scène, en extension de musique à vivre sur l’instant le contenu bénéficie d’un plus d’air, d’une prise de risque assumée collectivement. Le plaisir de notes tenues comme en (retenues ?) en suspension pour commencer en douceur, laisser venir le spectateur dans The Party begins. Une façon d’imprimer des encres fortes histoire de relancer l’intensité du propos rythmique par des accords plaqués au centre du clavier (Dance for three) Une volonté d’emballer la machine juste ce qu’il faut histoire d’emporter définitivement l’adhésion (Regards croisés) Pas besoin d’en dire davantage. Il convient, si vous le croisez ici ou là d’écouter et le pianiste et le trio bien sur. Gage d’une expression forte dans l’échange, le plaisir dégagé via l’interaction.

Ce pourrait être une définition appropriée d’un Jazz Naturel. Déposé à domicile en copyright à Orthez.

Robert Latxague

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Trois pianistes au naturel pour clôturer un festival. Trois moments successifs d’improvisation au clavier dont l’un teinté de l’éclat solaire du flamenco. Plus le retour de l’enfant prodigue, Paul Lay, très attendu dans sa cité natale béarnaise au bord du Gave et ses eaux vives. Le temps d’un vrai récital. Au sens plein du terme.

Renaud Garcia-Fons (b), David Dorantes (p)

Trple Juice : Sylvain Rey (p), Nelson Salgado (b), Rémy Gouffault (dm)

Paul Lay (p), Clemens Vander Feen (b), Dré Pellemaerts (dm)

Jazz au Naturel, Orthez (64300), 19 mars

Une degré de complicité totale. Un effe de mano a mano autour des couleurs affirmées du flamenco retracé dans le sillon de deux instruments pas forcément utilisés à cet effet dans son giron traditionnel. L’esprit de cette musique demeure pourtant bel et bien dans l’expression du duo. Les lignes de force s’en trouvent quelque peu transformées, comme mise au défi d’une mutation actuelle (nécessaire) favorisée par la qualité intrinsèque des deux musiciens sur leur instrument respectif « Je suis, je reste un musicien de flamenco mais je regarde du côté du jazz » affirme David Dorantes le sévillan. Le besoin ressenti d’explorer du côté de l’improvisation représente visiblement le lien parfait pour ce faire. A propos de  son dernier CD enregistré celui là en trio « La vie devant soi « (e-motive/l’autre distribution) Renaud Garcia-Fons avoue « Celui là est d’un esprit plus jazz que d’autres » Dans le duo avec le pianiste de Séville le bassiste d’origine catalane endosse pourtant à plein les habits flamencos. L’esprit comme la lettre. Il y refait le parcours des stations du « chemin de croix » de cette musique sacralisée dans sa terre, forte de racines gitanes, ourlée d’un certain pathos. Et qui répond aux  canons des dits « palos »  buleria, solea, tango, seguiria et compagnie, genres répertoriés dans l’album paru l’an passé pour le compte du duo (Paseo a dos , e-motive/ l’autre distribution)) Garcia-Fons bénéficie de la bonne connaissance du (des) genre(s) comme du faire savoir adéquat. Par goût, par envie il se trouve doté d’un plus toutefois: une aisance certaine génératrice d’une virtuosité de bon aloi sur son instrument propre, avec toujours question doigté un son de qualité constante en mode cordes pincées (pizzicato) comme à l’archet. Le langage flamenco sonne chez lui au naturel dans sa panoplie des musiques du pourtour méditerranéen (Molto enrollado) David Dorantes apporte sa pierre de brillant, de captation immédiate des vibrations façon force et émotion conjuguées, caractéristiques de l’esprit de cette musique arabe-andalouse. Sur scène, en version jouée directe, sans artifice sonore sa patte flamenca sonne juste sur le fil tendu d’une «malagueña » traditionnelle (Palabra de ensueño)  voire au travers d’une part d’impro plus débridée (Promesa del Alba)

Pas facile de s’insérer pour de jeunes musiciens entre deux orchestres nantis d’une telle notoriété. Triple Juice, trio toulousain a gagné le droit de se produire lors de cette soirée finale du festival Jazz Naturel après avoir remporté le Tremplin Jazz des Rives et des Notes 2016, l’autre festival béarnais sis celui là à Oloron chaque début juillet. Un jazz bien étalonné, équilibré dans sa formule du triangle piano-basse-battreie. Avec son lot d’idées, de savoir faire. Mais qui gagnerait sans doute à se lâcher davantage, notamment dans une veine latine plus émulsive, poussant au mouvement, plutôt bien inspirée par un bassiste d’origine péruvienne. A suivre.

Il était attendu. Il es venu jouer chez lui, à domicile comme l’on dit dans cette terre de rugby. Paul Lay  revenu avec dans ses bagages un prix de l’Académie du Jazz n’a pas failli, posé et confiant pour faire le boulot « Autant vous le dire ça fait tout de même quelque chose de retourner jouer chez moi, dans ma ville, dans un festival où j’ai découvert bien des musiciens assis dans la salle… » Paul Lay -ah, oui, j’allais presque oublier cette recommandation d’un lecteur avisé du Jazz Live: vous lectrices/lecteurs qui n’êtes pas natifs du sud ouest, lisez, prononcez à voix haute ce nom propre comme si vous parliez de l’ail -un légume par ailleurs très apprécié, utilisé dans la cuisine basco-béarnaise type garbure, « xamangot  » (os de jambon), magret, daurade  ou même poule au pot- ou de l’interjection de douleur « aïe ! » Car ces noms diphtonguent. Il en est de même d’une commune pas si lointaine d’Orthez, baptisée Nay qui reconnait au moins deux de ces enfants frappés d’une certaine notoriété. L’un Raymond Mastrotto, coureur du Tour de France des années 60 surnommé le taureau de Nay; l’autre François Bayrou, lui candidat démultiplié souvent reconnu et dont le patronyme bénéficie également de cette fameuse diphtongue…- Paul Lay, donc a tranquillement imposé sa griffe pianistique, musicale même à la tête de son trio  (« Cap é tout » dit-on sur place en béarnais) Force et finesse utilisées en alternance, judicieusement selon le besoin, densité du jeu notoire imprimée sur le clavier sans forcer le propos (Langueurs). Soit une manière habile, pensée, appliquée in extenso de se servir de ce drôle d’espace mobile de triangulation entre les instruments pour imposer des séquences contrastées de tension, de détente, de respiration dans l’expression des phrases, des formules musicales. Autant le dire tout de go: cette qualité, cette part d’intuition et d’expérience cumulées ne se trouvent pas fréquemment chez un (encore) jeune musicien propulsé leader. Paul Lay bénéficie certes d’un atout: la personnalité de son batteur. Dré Pellemaerts dont on connaît les qualités intrinsèques, fait montre, à tout instant, d’un épatant volume de jeu au sein de ce trio. Il n’est que de constater ses mimiques d’approbation, de jubilation musicale à rester en connexion permanente avec le regard du pianiste. A le chercher, à encadrer son jeu, le pousser, le relancer sans cesse. Fort du relai de Clément Van der Feen, bassiste en mode médiateur, lien avisé, juste comptable de la construction des travaux harmoniques et rythmiques entrepris à trois. Le trio fouille sur scène les partitions exposées dans l’un des deux volets du bel album (The Party/Alcazar memories, Laborie Jazz/Socadisc) Sur scène, en extension de musique à vivre sur l’instant le contenu bénéficie d’un plus d’air, d’une prise de risque assumée collectivement. Le plaisir de notes tenues comme en (retenues ?) en suspension pour commencer en douceur, laisser venir le spectateur dans The Party begins. Une façon d’imprimer des encres fortes histoire de relancer l’intensité du propos rythmique par des accords plaqués au centre du clavier (Dance for three) Une volonté d’emballer la machine juste ce qu’il faut histoire d’emporter définitivement l’adhésion (Regards croisés) Pas besoin d’en dire davantage. Il convient, si vous le croisez ici ou là d’écouter et le pianiste et le trio bien sur. Gage d’une expression forte dans l’échange, le plaisir dégagé via l’interaction.

Ce pourrait être une définition appropriée d’un Jazz Naturel. Déposé à domicile en copyright à Orthez.

Robert Latxague