Jazz live
Publié le 1 Fév 2018

Palmer: le Rocher improvise sur des formes nouvelles

Deux jours de jazz, de musiques et rendez-vous multiformes formes ont occupé scènes et salles du Rocher de Palmer à Cenon, en Gironde.

Récital multi formes, concerts, colloque sur l’organisation de festivals, Tremplin d’orchestres de jazz. le Rocher de Palmer, Centre de culture et de diffusion installé à Cenon, Gironde, sous la direction de Patrick Duval offrait le we dernier un panel très dense d’évènements musicaux.

Hermanas Caronni/Benjamin Colin/Kukai Dantza: Gianna Caronni (cl, bcl, fl, voc), Laura Caronni (cel, voc), Benjamin Colin (perc, voc), + Matxel Rodriguez (danse) Stéphane Carricondo (peinture)+ Patxi Laskara (photos)

Edmond Bilal Band: Paul Robert (as, ts), Simon Chivallon (keyb), Mathias Monseigneur (elb, elg), Curtis Efoua (dm)

Le Rocher de Palmer, Cenon (33152), 27, 28 janvier

 

Gianna et Laura Caronni, Benjamin Colin, Maxel Rodriguez

Une grande ambition affichée, c’est le cas de le dire. Celle de deux musiciennes argentines, d’un percussionniste poète de Ciboure et d’un groupe de danseurs du Pays basque sud, côté espagnol: créer une « oeuvre polymorphe » entre musique (inspiration avouée du côté de Ravel, Piazzola mais aussi du bruitisme comme à l’évidence du free jazz, sans le savoir…) danse, photo et peinture. Ajoutez-y quelques injections de passages théâtraux, textes et bribes de mise en scène et vous aurez un programme complet. Une production forcément originale sinon totalement novatrice. Se succèdent près d’une heure durant des tableaux scéniques construits et marqués par des profondeurs de champ différentes. Une fois l’action enclenchée on y saisit alors en direct une succession d’images animées dans/par lesquelles le relief (des personnages ou récitants) le dispute aux couleurs (peinture, photo, vidéo exposées), aux échos des musiques jouées, au mouvement de danse impulsé. On ne se situe pas dans une pièce de théâtre chantée, ni dans le cadre d’une comédie musicale voire d’une sorte de mini opéra abouti bien entendu. Aucun lien forcé, aucun enchainement de programmé question scénario écrit. Le propos laisse libre cours à l’imaginaire pour nouer les fils des histoires évoquées. Nouveauté: les soeurs Caronni, cette fois se lancent bel et bien et tour à tour dans l’improvisation. Gianna s’y donne particulièrement à l’occasion de traits de clarinette ou de motifs plutôt à caractère rythmique appuyé sur sa clarinette basse. Laura, sa soeur jumelle explore pour sa part sonorités et lignes de violoncelle tranchantes, décalées à l’archet ou en pizzicato. Et dans ce contexte plus éclaté, les séduisantes mélodies habituelles puisant du côté des milongas ou du tango se font dès lors plus rare dans leurs voix pourtant toujours aussi suaves. Une autre forte singularité vient de la partition, du rôle, du style de Benjamin Colin. Percussionniste, poète, acteur au besoin il apporte en premier lieu un univers instrumental bigarré. Tambours traditionnels, aréopages de cloches et clochettes, élément naturels (eau versée), tuberies et robinets mis en résonances, additifs électroniques comme autant de bruits signifiants: la galerie de sonorités produites frappe par l’inattendu dans l’espace mus!cal ainsi créé in extenso. Il faut aussi bien regarder, se fixer parfois sur la silhouette mouvante, fuyante dans le jeu des lumières, à la limite du transformiste parfois de Matxel Rodriguez. Le danseur de la troupe basque Kukai Dantza (récemment primée meilleure Compagnie de Danse d’Espagne) imprime un mouvement complexe, un peu torturé entre canons de la danse basque et figures libres, porteur d’ombres et de lumières corporelles projetées par séquences. Au total pour l’ensemble du groupe oeuvrant en live, il faut y voir un premier jet, une formule en devenir appelée à évoluer, à s’enrichir d’autres expériences scéniques à venir (une autre résidence plus deux concerts d’ores et déjà prévus à Renteria, près de San Sebastian) «Comme vécu nous n’avons que cette résidence offerte ici par le Rocher de Palmer. Nous avons par exemple fait connaissance avec Matxel, le danseur que depuis quatre jours seulement. La musique comme l’ensemble des données du spectacle vont se nourrir des échanges, des idées, des initiatives de chaque artiste lors des prochaines prestations » analyse Laura Caronni avec lucidité. Art polymorphe en chantier. Edmond Bilal Jazz, orchestre désormais ancré dans l’agglo bordelaise, et qui a pris la suite sur la vaste scène du dit « Rocher » c’est tout autre chose. Vraiment. Ces quatre musiciens là se sont connus puis ont forgé leur savoir faire en commun à partir des classes de  Conservatoires d’Agen et Bordeaux. Leur jazz mis en commun en ressort multi sourcé, bâti sur un groove permanent, nourri de funk, d’électro. L’expression collective puise dans un solide bagage d’écriture et s’enrichit d’un fort souci d’improvisation. L’alliance entre  sax (alto ou ténor, en alternance) et lignes de basse donne le ton de la sonorité globale.Les claviers apportent un suppléent de ramage et couleurs sonores. Le disque au titre très actuel (Starouarz, Le Couoé Bleu/mManageART) enregistré donnait déjà une marque de fabrique originale. La musique transposée sur scène offre à ce jeune orchestre un espace plus ouvert encore, une bonne marge de développement possible. A suivre également.

Edmond Bilal Band

Samedi après midi. Action Jazz, association basée à Bordeaux entend jouer un rôle fédérateur auprès des jeunes musiciens et structures d’organisation de concerts ou festivals dans la région Nouvelle Aquitaine « Nous soudaitons représenter pour la vie de cette musique un label de qualité affirme son président et cheville ouvrière, Alain Piarou. L’associatio) présente sur les réseaux sociaux offre un certain nombre de services: site (www.actionjazz.fr), blog, agenda de concerts, plus un webzine « La Gazette Bleue » Pour la seconde année consécutive elle met en place un colloque sous le titre Rencontres croisées. Trois heures durant les cinquante participants représentants autant de festivals organisés dans la nouvelle région administrative sont venus exposer  les problèmes rencontrés à propos des des divers types de financement de leurs manifestations. Et chercher des réponses quant au « prolongement concret et la complémentarité d’une politique culturelle institutionnelle. Présent à la tribune trois interlocuteurs susceptibles d’apporter des réponses appropriées sur ces questions touchant aux gros sous: un représentant de l’Agence officiant en matière de culture au sein du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine; le responsable de l’Office Artistique de la Région Aquitaine (OARA); le délégué régional de la SACEM. Des témoignages, des problématiques spécifiques selon la nature du festival intéressé. Bref, beaucoup d’interrogations donc…avec des réponses plus ou moins directes, plus ou moins pratico-pratiques à retrouver dans le compte rendu qui figurera très bientôt sur le site  cité plus haut.

Samedi soir. Le Tremplin Action Jazz rassemble devant un jury cinq groupes sélectionnés. Vainqueur et Grand Prix du Jury, Robin &The Woods (Robin Jolivet (g), Alexandre Aguilera (sax, fl), Jérome Mascotto (sax), Alexis Cadeillan (b), Nicolas Girardi (dm)

Robin & The Woods, vainqqueur du Tremplin Action Jazz

A découvrir

Robert Latxague

(Photos Thierry Dubuc, Action Jazz)