Jazz live
Publié le 30 Août 2017

Parfums de jazz (19ème édition) : des fragrances variées

Du 14 au 20 août, en Drôme Provençale, Parfum de jazz a proposé, comme depuis 19 ans (déjà !), une belle et éclectique programmation/panorama autour des grands styles de l’histoire du jazz.

Après 3 semaines de fréquentation plus ou moins assidue du 40ème anniversaire de Jazz In Marciac (JIM), avec ses 150 concerts officiels, ses nombreuses animations, expos et conférences, « atterrir » à Buis les Baronnies, l’épicentre de la très prisée Drôme Provençale c’est un peu comme changer de « planète » !

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des très grands comme les XXXL Marciac et Vienne…C’est évident! Mais c’est un  « grand petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (nous l’avions déjà écrit l’an dernier pour rendre compte de Parfum de Jazz 18… mais pourquoi se priver de répéter une belle formule ?). Vacanciers, autochtones, jazzfans et musiciens se côtoient sereinement sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Pas l’ombre d’un vigile ou d’un service d’ordre. Quelques bénévoles bien sûr mais efficaces, discrets et chaleureux. Atmosphère zen : « Jours tranquilles à Buis les Baronnies » !

« Le jazz a une belle histoire, très riche, mais de moins en moins de gens la connaissent. Je programme donc des styles différents : jazz traditionnel, swing, moderne, manouche… Je « picore » dans 80 ans d’histoire de la musique de jazz ». (Alain Brunet, programmateur de Parfum de Jazz).

Les Doigts de l’Homme (15 août, Mollans sur Ouvèze)

Nazim Aliouche (perc), Tanguy Blum (cb), Olivier Kikteff, Benoît Convert et Yannick Alcocer (g)

Après avoir démarré comme « artistes de rue » au début des années 2000 (pendant le concert une séquence sans micro ni lumière leur permet, de manière sympathique, de rappeler cette période), le groupe a acquis depuis une belle notoriété (déjà 3 cds enregistrés depuis 2010). Et pas seulement dans le circuit « jazz ». Leur « mix » de musiques manouches et « balkaniques » est dans l’air du temps.

Les Doigts de l’Homme proposent une prestation très théâtralisée et fort vigoureuse… Surtout axée sur la virtuosité instrumentale… Peut-être un peu trop ? Le tout manquant parfois de feeling. Sauf, incontestablement, sur une superbe version d’Indifférence, le grand « classique » de Tony Murena.

Quoi qu’il en soit, c’est indiscutable : leur concert a vraiment enthousiasmé le public.

 

Laurent Courthaliac Octet : « All my Life, A Musical Tribute to Woody Allen« .

(16 août Cour du Cinéma de Buis les Baronnies). Concert suivi de la projection de Manhattan de Woody Allen.

Laurent Courthaliac (p), Jon Boutellier (bs, orchestrations), Fabien Mary (tp), Bastien Ballaz (tb), Dmitry Baevsky (as), David Sauzay (ts, fl), Clovis Nicolas, (b), Romain Sarron (dr).

Laurent Courthaliac a obtenu le Prix du Disque Français 2016 de l’Académie du Jazz avec son CD All My Life.

En live avec sa section de 5 souffleurs « premium » (tous fines lames du bop), l’octet a joué la plupart des standards (G. Gershwin, C. Porter , J. Kern…) de la bande son de Manhattan, le chef d’oeuvre de W. Allen de 1976 (qui n’a pas pris une ride et qui sur de nombreux plans était prémonitoire). Plus la bluette Everyone says I love you, du film Tout le monde dit I love you (un Woody Allen de 1996) que Groucho Marx avait immortalisée en 1932 dans Horse Feathers (Plumes de Cheval).

Courthaliac est amoureux des mélodies de la grande époque de Broadway et… du be-bop ! Il a étudié avec Barry Harris et il vénère Bud Powell et Duke Ellington. Ses chorus confirment tout cela.

L’octet sonne comme un big band : les arrangements efficaces de Jon Boutellier (surprise : lui que l’on connait comme brillant saxophoniste ténor de la génération montante était… au baryton) formant un bel écrin pour les solistes. De Duke à Mingus… beau voyage.

Pendant les solos des souffleurs le leader adopte une attitude assez « étonnante » : il tourne le dos à son clavier et regarde les spectateurs dans une posture très « dandy »…

Une mention spéciale pour Fabien Mary qui avait gagné le Tremplin Jazz Révélations à Juan Les Pins en 2004. Souvenirs, souvenirs : je faisais partie du jury et Fabien avait été désigné vainqueur à l’unanimité en dépit de pressions indécentes des organisateurs du tremplin pour favoriser une autre candidate… A 39 ans, silhouette élégante de jeune homme chic, pas frimeur pour un sou, il choruse en creusant avec talent et finesse l’héritage d’un jazz très référencé. Technique brillante, jamais gratuite, ni ostentatoire. Constante musicalité, discours parfaitement maîtrisé. Sensibilité, savoir et talent.

fabien maryFabien Mary

Tous les autres solistes méritent les mêmes éloges.

Maxime Bender Quartet : « Universal Sky »

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, première partie).

Maxime Bender (ts), Jean-Yves Jung (Hammond Organ B3), Manu Codjia (g), Jérôme Klein (dr).

Le saxophoniste luxembourgeois Maxime Bender au riche CV (Elie Music Award en 2007, nomination «jeune talent» à l’Eurodjango 2007, Prix de la composition au Tremplin Jazz d’Avignon en 2008…) a déjà enregistré 5 albums dont Path of Decision en 2016 chez Laborie Jazz*. M. Bender tourne beaucoup dans de très nombreux pays (Asie, Europe de L’Est…) mais joue assez peu en France. Il présentait ici un nouveau projet à la tête d’un quartet franco-luxembourgeois né il y 18 mois.

Maxime Bender évoque ainsi son projet : « Ce n’est pas du jazz traditionnel. C’est plus moderne, dans la mouvance pop rock. Mais ça reste du jazz ! Il y a beaucoup d’improvisations. C’est un mélange très accessible de plein d’influences ». Avoir choisi M. Codjia comme pièce maîtresse pour mettre en oeuvre un tel projet est un coup de maître. Manu Codjia participe depuis quelques années à un nombre considérable de projets et de groupes. Et à chaque fois il nous épate. Toujours inspiré, au plus haut niveau, s’adaptant de manière brillante et sans efforts apparents (on le voit rarement consulter ou scruter les partitions) à des contextes très différents. Comme à Buis sur Infinity dans un long solo lyrique et aérien. Bender choruse longuement au ténor sur chaque thème avec une grande variété de timbres, de phrasés et d’inspiration. Diversifiant ses découpages et ses sonorités, avec une impressionnante science de l’improvisation à la fois libre et contrôlée. Jean-Yves Jung à l’orgue, accompagne souvent et depuis longtemps Bireli Lagrene. Dans ce quartet il « couve » les solistes en les enveloppant des volutes « groovy » de son Hammond B3.

* Coup de chapeau au passage à Jean-Michel LEYGONIE le directeur artistique de ce label indépendant basé en Limousin, qui a produit entre autres, Emile Parisien, Paul Lay, Anne Pacéo…

Olivier Hutman Trio invite Eric Le Lann et Olivier Temine

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, deuxième partie).

Olivier Hutman (p), Darryl Hall (b), Steve Williams (dr) plus Olivier Temine (ts)  et Eric Le Lann (tp)

D’entrée, en trio, sur Driftin (d’Herbie Hancock), O. Hutman annonce la couleur. Cà déménage grave… Et cela va durer tout au long du concert. Quintessence du hard bop inventif.

Le jeu limpide et dynamique (et pourtant tout en nuances) d’Hutman en fait un leader stimulant, un soliste passionné et passionnant et un accompagnateur hors pair.

Darryl Hall joue des lignes de walking bass solides au tempo parfait. Il est soutenu par le jeu millimétré de Steve Williams. Les solistes avec un tel soutien se régalent. Comme Hall et Williams, Le Llan et Temine avaient déjà joué avec Hutman. Ces retrouvailles buxoises (le gentillé des habitants de Buis les Baronnies) furent festives

hutmanOlivier Hutman, Darryl Hall, Eric Le Llan, Steve Williams, Olivier Temine

Milestone, des compos de Le Lann et de Temine furent, entre autres, de formidables tremplins pour des chorus débridés.

Deux rappels ultra chaleureux avec un Well you needn’t d’anthologie.

Max Michel Swing Ambassadors : Basie-Ellington For Ever

(18 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Max Michel (as, ss), Philippe Dieudonné-Georges (ts), Dominique Rieux (tp, bugle), Rémi Vidal (tb), Jean-Pierre Barreda (b), Cédric Chauveau (p), André Neufert (dr).

Une soirée dédiée au jazz classique (ou jazz swing ou mainstream… au choix). Assez rare par les temps qui courent. Mais un vrai bonheur pour les jazzfans qui aiment tous les styles de la belle histoire de cette musique.

Les Swings Ambassadors est un groupe qui se produit habituellement en sextet. Pour Parfum de Jazz Dominique Rieux était présent pour renforcer, brillamment, la section des souffleurs.

De nombreux tubes d’Ellington et Basie défilent : Cute, Moten Swing, Perdido , Shiny Stockings, In a mellow tone The flight of the foo bird, Taps Miller, Count’em, For Lena et Lennie (de Quincy Jones).

Cà joue souple et swinguant (pléonasme ?) comme il se doit.

Une « régalade » comme on dit.

Nicolas Folmer (tp) présent en coulisses n’y tient plus : il s’invite sur Lullaby of Birland.

Final délirant dans la grande tradition des jam sessions : Tony Russo (tp) et Alain Brunet (scat) eux aussi montent sur scène… Le batteur met sa caisse claire en bandoulière et tout finit par une déambulation en fanfare New Orleans…

swingLes Swing Ambassadors plus Tony Russo et Nicolas Folmer

Le « chef » (Max Michel) avec un accent « du sud »à couper au couteau avait présenté les morceaux de manière hilarante…

Etonnant : le leader et le sax ténor de cet orchestre ne sont pas musiciens professionnels. L’un travaille à l’Office National des Forêts, l’autre est ingénieur au CNRS.

 

daniel et max 2Au petit déjeuner Humair et Max Michel évoquent l’Histoire du Jazz…

Daniel Humair & Nicolas Folmer Réunion

(19 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Daniel Humair (dr), Nicolas Folmer (tp), Hervé Sellin (p) et Stéphane Kerecky (b).

Au début des années 2010 l’association Daniel Humair/Nicolas Folmer en concert avait surpris.

Humair a toujours manifesté en près de 60 ans de carrière une attirance certaines pour les rencontres risquées et les plaisirs de la composition instantanée. Folmer lui est souvent perçu comme le gardien d’un héritage musical bien structuré.

Sur le papier, la rencontre Humair/Folmer était donc supposée assez improbable. Pourtant, à peine quadragénaire, Folmer a toujours été attiré par les expériences les plus variées et les plus surprenantes. Cette « Réunion » est née d’une envie de longue date chez Folmer : inviter dans un de ses nombreux groupes celui qui fut pour lui un enseignant éclairant (au Conservatoire de Paris) et un modèle en matière d’inspiration et d’ouverture. Le superbe disque Lights chez Cristal Records équilibré et d’une grande musicalité démontra en 2012 que la réunion de ces deux talents n’était pas un simple « coup » éditorial.

L’aptitude d’Humair, à faire naître tensions ou relâchements, son drive phénoménal et sa manière originale de marquer le tempo sur les cymbales stimulent les solistes. Hervé Sellin plaque des accords stupéfiants tels des bombes à large spectre. Je ne l’avais jamais entendu jouer de manière aussi libre.

Folmer aussi se régale visiblement et le public perçoit qu’il se passe quelque chose d’étonnant. Le jeu virtuose de Nicolas Folmer couvre tout le jazz, mais grâce au jeu vivifiant d’Humair il réalise son désir de diversifier sa musique vers des improvisations plus libres.

humair quartet 2Hervé Sellin, Daniel Humair, Stéphane Kerecky, Nicolas Folmer

Travaux pratiques réalisés en live ici aussi bien sur des standards (qu’Humair qualifie parfois de « saucissons ») comme What is this thing called love? ou sur des compos du batteur (Gnavenstein) ou du trompettiste (I comme Icare).

« Si vous maîtrisez votre affaire, si vous détenez les valeurs de cette musique, si vous ne tirez pas la couverture à vous, le jazz présente la façon la plus ludique, la plus collective, la plus heureuse d’être iconoclaste » (Daniel Humair).

C’était la dernière soirée, dans les Baronnies, de la première séquence de Parfum de Jazz 19.

Du 22 au 26 août d’autres concerts, pour une deuxième séquence de Parfum de jazz, étaient programmés en Tricastin avec de grosses pointures : Texier, Bireli Lagrène et à nouveau Humair avec les frères Enhco (Thomas et David).

Apéro-concerts et jam sessions une spécialité ici…

A Buis les Baronnies plusieurs fois par jour lors des apéros-concerts (sur les places, marchés ou dans le cloitre du centre de vacances l’Escapade) des jam sessions assez « torrides » se déroulent devant un public néophyte mais ravi. Sur ma page Face Book (Ardonceau Pierre-Henri) en accès libre (pas besoin d’êtres « amis » !) j’ai posté des séquences vidéos étonnantes de quelques moments assez intenses de ces boeufs.

Pour ces apéro-jazz le trio de Thomas Mayeras assurait généralement, fort efficacement, la rythmique accueillant les boeuffeurs… Parmi les plus acharnés : Alain Brunet (bugle et scat), Gabriel Anfosso (vocal), le trompettiste Tony Russo, infatigable même en retraite et en vacances, Nicolas Folmer (tp) qui se faisait les lèvres avant son grand concert du samedi 19, Jean-Jacques Taïb (cl, ts) et l’incroyable Baby Clavel (as) le Charlie Parker grenoblois.

Conférences et « Salon » littéraire.

Nouveauté de cette année : deux conférences et deux présentations de livres.

A l’Escapade (centre de vacances aménagé dans un cloitre superbe) j’ai été très heureux de présenter devant 80 personnes la vidéo conférence « Jazz et Cinéma. Les débuts 1925/1945 ». Avec, entre autres, de nombreuses séquences spectaculaires de danse acrobatique (Lindy Hop) et de tap dance.

Jacques Bonnardel, batteur, pédagogue et fondateur de Jazz Action Valence (Centre d’enseignement et de diffusion des musiques actuelles) a présenté une très intéressante et formidablement documentée conférence sur l’Histoire de la Batterie dans le Jazz. Vidéos éclairantes et démonstrations « live » sur sa Gretch fétiche.

Bonnardel 1Jacques Bonnardel

En conclusion de sa conférence J. Bonnardel avait évoqué la place singulière d’Humair dans le monde des batteurs de Jazz

 

bobo daniel

Daniel Humair et Jacques Bonnardel

Sylvie Pierre, maître de conférences en Sciences de l’Education et de la Communication à l’Université de Lorraine a présenté (et signé) son livre « Jean-Christophe Averty, une biographie » (édité par l’Ina) : un travail de recherche colossal sur l’homme qui a révolutionné l’écriture télévisuelle. Elle a amplement rappelé quel amoureux du jazz était Averty. De nombreuses pages de son livre évoquent longuement les relations multiformes d’Averty avec le Jazz tout au long de sa vie.

Averty_couv

Enfin, Alain Brunet, le fondateur, programmateur et principal responsable de Parfum de jazz a souvent signé son « Puisque vous partez en voyage » (chez Alter Ego Editions). Ces carnets de voyage sont illustrés par le peintre Pascal Bouterin qui est aussi le batteur du groupe de Brunet Akpé Motion. Lucien Malson avant de décéder il y a quelques mois, en a écrit la préface, où il relate l’incroyable carrière de ce très haut fonctionnaire… qui fut toujours aussi trompettiste. A. Brunet a, depuis l’édition 2011, sa notice biographique dans le Dictionnaire du Jazz chez Laffont.

livre brunet

Pierre-Henri Ardonceau|Du 14 au 20 août, en Drôme Provençale, Parfum de jazz a proposé, comme depuis 19 ans (déjà !), une belle et éclectique programmation/panorama autour des grands styles de l’histoire du jazz.

Après 3 semaines de fréquentation plus ou moins assidue du 40ème anniversaire de Jazz In Marciac (JIM), avec ses 150 concerts officiels, ses nombreuses animations, expos et conférences, « atterrir » à Buis les Baronnies, l’épicentre de la très prisée Drôme Provençale c’est un peu comme changer de « planète » !

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des très grands comme les XXXL Marciac et Vienne…C’est évident! Mais c’est un  « grand petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (nous l’avions déjà écrit l’an dernier pour rendre compte de Parfum de Jazz 18… mais pourquoi se priver de répéter une belle formule ?). Vacanciers, autochtones, jazzfans et musiciens se côtoient sereinement sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Pas l’ombre d’un vigile ou d’un service d’ordre. Quelques bénévoles bien sûr mais efficaces, discrets et chaleureux. Atmosphère zen : « Jours tranquilles à Buis les Baronnies » !

« Le jazz a une belle histoire, très riche, mais de moins en moins de gens la connaissent. Je programme donc des styles différents : jazz traditionnel, swing, moderne, manouche… Je « picore » dans 80 ans d’histoire de la musique de jazz ». (Alain Brunet, programmateur de Parfum de Jazz).

Les Doigts de l’Homme (15 août, Mollans sur Ouvèze)

Nazim Aliouche (perc), Tanguy Blum (cb), Olivier Kikteff, Benoît Convert et Yannick Alcocer (g)

Après avoir démarré comme « artistes de rue » au début des années 2000 (pendant le concert une séquence sans micro ni lumière leur permet, de manière sympathique, de rappeler cette période), le groupe a acquis depuis une belle notoriété (déjà 3 cds enregistrés depuis 2010). Et pas seulement dans le circuit « jazz ». Leur « mix » de musiques manouches et « balkaniques » est dans l’air du temps.

Les Doigts de l’Homme proposent une prestation très théâtralisée et fort vigoureuse… Surtout axée sur la virtuosité instrumentale… Peut-être un peu trop ? Le tout manquant parfois de feeling. Sauf, incontestablement, sur une superbe version d’Indifférence, le grand « classique » de Tony Murena.

Quoi qu’il en soit, c’est indiscutable : leur concert a vraiment enthousiasmé le public.

 

Laurent Courthaliac Octet : « All my Life, A Musical Tribute to Woody Allen« .

(16 août Cour du Cinéma de Buis les Baronnies). Concert suivi de la projection de Manhattan de Woody Allen.

Laurent Courthaliac (p), Jon Boutellier (bs, orchestrations), Fabien Mary (tp), Bastien Ballaz (tb), Dmitry Baevsky (as), David Sauzay (ts, fl), Clovis Nicolas, (b), Romain Sarron (dr).

Laurent Courthaliac a obtenu le Prix du Disque Français 2016 de l’Académie du Jazz avec son CD All My Life.

En live avec sa section de 5 souffleurs « premium » (tous fines lames du bop), l’octet a joué la plupart des standards (G. Gershwin, C. Porter , J. Kern…) de la bande son de Manhattan, le chef d’oeuvre de W. Allen de 1976 (qui n’a pas pris une ride et qui sur de nombreux plans était prémonitoire). Plus la bluette Everyone says I love you, du film Tout le monde dit I love you (un Woody Allen de 1996) que Groucho Marx avait immortalisée en 1932 dans Horse Feathers (Plumes de Cheval).

Courthaliac est amoureux des mélodies de la grande époque de Broadway et… du be-bop ! Il a étudié avec Barry Harris et il vénère Bud Powell et Duke Ellington. Ses chorus confirment tout cela.

L’octet sonne comme un big band : les arrangements efficaces de Jon Boutellier (surprise : lui que l’on connait comme brillant saxophoniste ténor de la génération montante était… au baryton) formant un bel écrin pour les solistes. De Duke à Mingus… beau voyage.

Pendant les solos des souffleurs le leader adopte une attitude assez « étonnante » : il tourne le dos à son clavier et regarde les spectateurs dans une posture très « dandy »…

Une mention spéciale pour Fabien Mary qui avait gagné le Tremplin Jazz Révélations à Juan Les Pins en 2004. Souvenirs, souvenirs : je faisais partie du jury et Fabien avait été désigné vainqueur à l’unanimité en dépit de pressions indécentes des organisateurs du tremplin pour favoriser une autre candidate… A 39 ans, silhouette élégante de jeune homme chic, pas frimeur pour un sou, il choruse en creusant avec talent et finesse l’héritage d’un jazz très référencé. Technique brillante, jamais gratuite, ni ostentatoire. Constante musicalité, discours parfaitement maîtrisé. Sensibilité, savoir et talent.

fabien maryFabien Mary

Tous les autres solistes méritent les mêmes éloges.

Maxime Bender Quartet : « Universal Sky »

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, première partie).

Maxime Bender (ts), Jean-Yves Jung (Hammond Organ B3), Manu Codjia (g), Jérôme Klein (dr).

Le saxophoniste luxembourgeois Maxime Bender au riche CV (Elie Music Award en 2007, nomination «jeune talent» à l’Eurodjango 2007, Prix de la composition au Tremplin Jazz d’Avignon en 2008…) a déjà enregistré 5 albums dont Path of Decision en 2016 chez Laborie Jazz*. M. Bender tourne beaucoup dans de très nombreux pays (Asie, Europe de L’Est…) mais joue assez peu en France. Il présentait ici un nouveau projet à la tête d’un quartet franco-luxembourgeois né il y 18 mois.

Maxime Bender évoque ainsi son projet : « Ce n’est pas du jazz traditionnel. C’est plus moderne, dans la mouvance pop rock. Mais ça reste du jazz ! Il y a beaucoup d’improvisations. C’est un mélange très accessible de plein d’influences ». Avoir choisi M. Codjia comme pièce maîtresse pour mettre en oeuvre un tel projet est un coup de maître. Manu Codjia participe depuis quelques années à un nombre considérable de projets et de groupes. Et à chaque fois il nous épate. Toujours inspiré, au plus haut niveau, s’adaptant de manière brillante et sans efforts apparents (on le voit rarement consulter ou scruter les partitions) à des contextes très différents. Comme à Buis sur Infinity dans un long solo lyrique et aérien. Bender choruse longuement au ténor sur chaque thème avec une grande variété de timbres, de phrasés et d’inspiration. Diversifiant ses découpages et ses sonorités, avec une impressionnante science de l’improvisation à la fois libre et contrôlée. Jean-Yves Jung à l’orgue, accompagne souvent et depuis longtemps Bireli Lagrene. Dans ce quartet il « couve » les solistes en les enveloppant des volutes « groovy » de son Hammond B3.

* Coup de chapeau au passage à Jean-Michel LEYGONIE le directeur artistique de ce label indépendant basé en Limousin, qui a produit entre autres, Emile Parisien, Paul Lay, Anne Pacéo…

Olivier Hutman Trio invite Eric Le Lann et Olivier Temine

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, deuxième partie).

Olivier Hutman (p), Darryl Hall (b), Steve Williams (dr) plus Olivier Temine (ts)  et Eric Le Lann (tp)

D’entrée, en trio, sur Driftin (d’Herbie Hancock), O. Hutman annonce la couleur. Cà déménage grave… Et cela va durer tout au long du concert. Quintessence du hard bop inventif.

Le jeu limpide et dynamique (et pourtant tout en nuances) d’Hutman en fait un leader stimulant, un soliste passionné et passionnant et un accompagnateur hors pair.

Darryl Hall joue des lignes de walking bass solides au tempo parfait. Il est soutenu par le jeu millimétré de Steve Williams. Les solistes avec un tel soutien se régalent. Comme Hall et Williams, Le Llan et Temine avaient déjà joué avec Hutman. Ces retrouvailles buxoises (le gentillé des habitants de Buis les Baronnies) furent festives

hutmanOlivier Hutman, Darryl Hall, Eric Le Llan, Steve Williams, Olivier Temine

Milestone, des compos de Le Lann et de Temine furent, entre autres, de formidables tremplins pour des chorus débridés.

Deux rappels ultra chaleureux avec un Well you needn’t d’anthologie.

Max Michel Swing Ambassadors : Basie-Ellington For Ever

(18 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Max Michel (as, ss), Philippe Dieudonné-Georges (ts), Dominique Rieux (tp, bugle), Rémi Vidal (tb), Jean-Pierre Barreda (b), Cédric Chauveau (p), André Neufert (dr).

Une soirée dédiée au jazz classique (ou jazz swing ou mainstream… au choix). Assez rare par les temps qui courent. Mais un vrai bonheur pour les jazzfans qui aiment tous les styles de la belle histoire de cette musique.

Les Swings Ambassadors est un groupe qui se produit habituellement en sextet. Pour Parfum de Jazz Dominique Rieux était présent pour renforcer, brillamment, la section des souffleurs.

De nombreux tubes d’Ellington et Basie défilent : Cute, Moten Swing, Perdido , Shiny Stockings, In a mellow tone The flight of the foo bird, Taps Miller, Count’em, For Lena et Lennie (de Quincy Jones).

Cà joue souple et swinguant (pléonasme ?) comme il se doit.

Une « régalade » comme on dit.

Nicolas Folmer (tp) présent en coulisses n’y tient plus : il s’invite sur Lullaby of Birland.

Final délirant dans la grande tradition des jam sessions : Tony Russo (tp) et Alain Brunet (scat) eux aussi montent sur scène… Le batteur met sa caisse claire en bandoulière et tout finit par une déambulation en fanfare New Orleans…

swingLes Swing Ambassadors plus Tony Russo et Nicolas Folmer

Le « chef » (Max Michel) avec un accent « du sud »à couper au couteau avait présenté les morceaux de manière hilarante…

Etonnant : le leader et le sax ténor de cet orchestre ne sont pas musiciens professionnels. L’un travaille à l’Office National des Forêts, l’autre est ingénieur au CNRS.

 

daniel et max 2Au petit déjeuner Humair et Max Michel évoquent l’Histoire du Jazz…

Daniel Humair & Nicolas Folmer Réunion

(19 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Daniel Humair (dr), Nicolas Folmer (tp), Hervé Sellin (p) et Stéphane Kerecky (b).

Au début des années 2010 l’association Daniel Humair/Nicolas Folmer en concert avait surpris.

Humair a toujours manifesté en près de 60 ans de carrière une attirance certaines pour les rencontres risquées et les plaisirs de la composition instantanée. Folmer lui est souvent perçu comme le gardien d’un héritage musical bien structuré.

Sur le papier, la rencontre Humair/Folmer était donc supposée assez improbable. Pourtant, à peine quadragénaire, Folmer a toujours été attiré par les expériences les plus variées et les plus surprenantes. Cette « Réunion » est née d’une envie de longue date chez Folmer : inviter dans un de ses nombreux groupes celui qui fut pour lui un enseignant éclairant (au Conservatoire de Paris) et un modèle en matière d’inspiration et d’ouverture. Le superbe disque Lights chez Cristal Records équilibré et d’une grande musicalité démontra en 2012 que la réunion de ces deux talents n’était pas un simple « coup » éditorial.

L’aptitude d’Humair, à faire naître tensions ou relâchements, son drive phénoménal et sa manière originale de marquer le tempo sur les cymbales stimulent les solistes. Hervé Sellin plaque des accords stupéfiants tels des bombes à large spectre. Je ne l’avais jamais entendu jouer de manière aussi libre.

Folmer aussi se régale visiblement et le public perçoit qu’il se passe quelque chose d’étonnant. Le jeu virtuose de Nicolas Folmer couvre tout le jazz, mais grâce au jeu vivifiant d’Humair il réalise son désir de diversifier sa musique vers des improvisations plus libres.

humair quartet 2Hervé Sellin, Daniel Humair, Stéphane Kerecky, Nicolas Folmer

Travaux pratiques réalisés en live ici aussi bien sur des standards (qu’Humair qualifie parfois de « saucissons ») comme What is this thing called love? ou sur des compos du batteur (Gnavenstein) ou du trompettiste (I comme Icare).

« Si vous maîtrisez votre affaire, si vous détenez les valeurs de cette musique, si vous ne tirez pas la couverture à vous, le jazz présente la façon la plus ludique, la plus collective, la plus heureuse d’être iconoclaste » (Daniel Humair).

C’était la dernière soirée, dans les Baronnies, de la première séquence de Parfum de Jazz 19.

Du 22 au 26 août d’autres concerts, pour une deuxième séquence de Parfum de jazz, étaient programmés en Tricastin avec de grosses pointures : Texier, Bireli Lagrène et à nouveau Humair avec les frères Enhco (Thomas et David).

Apéro-concerts et jam sessions une spécialité ici…

A Buis les Baronnies plusieurs fois par jour lors des apéros-concerts (sur les places, marchés ou dans le cloitre du centre de vacances l’Escapade) des jam sessions assez « torrides » se déroulent devant un public néophyte mais ravi. Sur ma page Face Book (Ardonceau Pierre-Henri) en accès libre (pas besoin d’êtres « amis » !) j’ai posté des séquences vidéos étonnantes de quelques moments assez intenses de ces boeufs.

Pour ces apéro-jazz le trio de Thomas Mayeras assurait généralement, fort efficacement, la rythmique accueillant les boeuffeurs… Parmi les plus acharnés : Alain Brunet (bugle et scat), Gabriel Anfosso (vocal), le trompettiste Tony Russo, infatigable même en retraite et en vacances, Nicolas Folmer (tp) qui se faisait les lèvres avant son grand concert du samedi 19, Jean-Jacques Taïb (cl, ts) et l’incroyable Baby Clavel (as) le Charlie Parker grenoblois.

Conférences et « Salon » littéraire.

Nouveauté de cette année : deux conférences et deux présentations de livres.

A l’Escapade (centre de vacances aménagé dans un cloitre superbe) j’ai été très heureux de présenter devant 80 personnes la vidéo conférence « Jazz et Cinéma. Les débuts 1925/1945 ». Avec, entre autres, de nombreuses séquences spectaculaires de danse acrobatique (Lindy Hop) et de tap dance.

Jacques Bonnardel, batteur, pédagogue et fondateur de Jazz Action Valence (Centre d’enseignement et de diffusion des musiques actuelles) a présenté une très intéressante et formidablement documentée conférence sur l’Histoire de la Batterie dans le Jazz. Vidéos éclairantes et démonstrations « live » sur sa Gretch fétiche.

Bonnardel 1Jacques Bonnardel

En conclusion de sa conférence J. Bonnardel avait évoqué la place singulière d’Humair dans le monde des batteurs de Jazz

 

bobo daniel

Daniel Humair et Jacques Bonnardel

Sylvie Pierre, maître de conférences en Sciences de l’Education et de la Communication à l’Université de Lorraine a présenté (et signé) son livre « Jean-Christophe Averty, une biographie » (édité par l’Ina) : un travail de recherche colossal sur l’homme qui a révolutionné l’écriture télévisuelle. Elle a amplement rappelé quel amoureux du jazz était Averty. De nombreuses pages de son livre évoquent longuement les relations multiformes d’Averty avec le Jazz tout au long de sa vie.

Averty_couv

Enfin, Alain Brunet, le fondateur, programmateur et principal responsable de Parfum de jazz a souvent signé son « Puisque vous partez en voyage » (chez Alter Ego Editions). Ces carnets de voyage sont illustrés par le peintre Pascal Bouterin qui est aussi le batteur du groupe de Brunet Akpé Motion. Lucien Malson avant de décéder il y a quelques mois, en a écrit la préface, où il relate l’incroyable carrière de ce très haut fonctionnaire… qui fut toujours aussi trompettiste. A. Brunet a, depuis l’édition 2011, sa notice biographique dans le Dictionnaire du Jazz chez Laffont.

livre brunet

Pierre-Henri Ardonceau|Du 14 au 20 août, en Drôme Provençale, Parfum de jazz a proposé, comme depuis 19 ans (déjà !), une belle et éclectique programmation/panorama autour des grands styles de l’histoire du jazz.

Après 3 semaines de fréquentation plus ou moins assidue du 40ème anniversaire de Jazz In Marciac (JIM), avec ses 150 concerts officiels, ses nombreuses animations, expos et conférences, « atterrir » à Buis les Baronnies, l’épicentre de la très prisée Drôme Provençale c’est un peu comme changer de « planète » !

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des très grands comme les XXXL Marciac et Vienne…C’est évident! Mais c’est un  « grand petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (nous l’avions déjà écrit l’an dernier pour rendre compte de Parfum de Jazz 18… mais pourquoi se priver de répéter une belle formule ?). Vacanciers, autochtones, jazzfans et musiciens se côtoient sereinement sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Pas l’ombre d’un vigile ou d’un service d’ordre. Quelques bénévoles bien sûr mais efficaces, discrets et chaleureux. Atmosphère zen : « Jours tranquilles à Buis les Baronnies » !

« Le jazz a une belle histoire, très riche, mais de moins en moins de gens la connaissent. Je programme donc des styles différents : jazz traditionnel, swing, moderne, manouche… Je « picore » dans 80 ans d’histoire de la musique de jazz ». (Alain Brunet, programmateur de Parfum de Jazz).

Les Doigts de l’Homme (15 août, Mollans sur Ouvèze)

Nazim Aliouche (perc), Tanguy Blum (cb), Olivier Kikteff, Benoît Convert et Yannick Alcocer (g)

Après avoir démarré comme « artistes de rue » au début des années 2000 (pendant le concert une séquence sans micro ni lumière leur permet, de manière sympathique, de rappeler cette période), le groupe a acquis depuis une belle notoriété (déjà 3 cds enregistrés depuis 2010). Et pas seulement dans le circuit « jazz ». Leur « mix » de musiques manouches et « balkaniques » est dans l’air du temps.

Les Doigts de l’Homme proposent une prestation très théâtralisée et fort vigoureuse… Surtout axée sur la virtuosité instrumentale… Peut-être un peu trop ? Le tout manquant parfois de feeling. Sauf, incontestablement, sur une superbe version d’Indifférence, le grand « classique » de Tony Murena.

Quoi qu’il en soit, c’est indiscutable : leur concert a vraiment enthousiasmé le public.

 

Laurent Courthaliac Octet : « All my Life, A Musical Tribute to Woody Allen« .

(16 août Cour du Cinéma de Buis les Baronnies). Concert suivi de la projection de Manhattan de Woody Allen.

Laurent Courthaliac (p), Jon Boutellier (bs, orchestrations), Fabien Mary (tp), Bastien Ballaz (tb), Dmitry Baevsky (as), David Sauzay (ts, fl), Clovis Nicolas, (b), Romain Sarron (dr).

Laurent Courthaliac a obtenu le Prix du Disque Français 2016 de l’Académie du Jazz avec son CD All My Life.

En live avec sa section de 5 souffleurs « premium » (tous fines lames du bop), l’octet a joué la plupart des standards (G. Gershwin, C. Porter , J. Kern…) de la bande son de Manhattan, le chef d’oeuvre de W. Allen de 1976 (qui n’a pas pris une ride et qui sur de nombreux plans était prémonitoire). Plus la bluette Everyone says I love you, du film Tout le monde dit I love you (un Woody Allen de 1996) que Groucho Marx avait immortalisée en 1932 dans Horse Feathers (Plumes de Cheval).

Courthaliac est amoureux des mélodies de la grande époque de Broadway et… du be-bop ! Il a étudié avec Barry Harris et il vénère Bud Powell et Duke Ellington. Ses chorus confirment tout cela.

L’octet sonne comme un big band : les arrangements efficaces de Jon Boutellier (surprise : lui que l’on connait comme brillant saxophoniste ténor de la génération montante était… au baryton) formant un bel écrin pour les solistes. De Duke à Mingus… beau voyage.

Pendant les solos des souffleurs le leader adopte une attitude assez « étonnante » : il tourne le dos à son clavier et regarde les spectateurs dans une posture très « dandy »…

Une mention spéciale pour Fabien Mary qui avait gagné le Tremplin Jazz Révélations à Juan Les Pins en 2004. Souvenirs, souvenirs : je faisais partie du jury et Fabien avait été désigné vainqueur à l’unanimité en dépit de pressions indécentes des organisateurs du tremplin pour favoriser une autre candidate… A 39 ans, silhouette élégante de jeune homme chic, pas frimeur pour un sou, il choruse en creusant avec talent et finesse l’héritage d’un jazz très référencé. Technique brillante, jamais gratuite, ni ostentatoire. Constante musicalité, discours parfaitement maîtrisé. Sensibilité, savoir et talent.

fabien maryFabien Mary

Tous les autres solistes méritent les mêmes éloges.

Maxime Bender Quartet : « Universal Sky »

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, première partie).

Maxime Bender (ts), Jean-Yves Jung (Hammond Organ B3), Manu Codjia (g), Jérôme Klein (dr).

Le saxophoniste luxembourgeois Maxime Bender au riche CV (Elie Music Award en 2007, nomination «jeune talent» à l’Eurodjango 2007, Prix de la composition au Tremplin Jazz d’Avignon en 2008…) a déjà enregistré 5 albums dont Path of Decision en 2016 chez Laborie Jazz*. M. Bender tourne beaucoup dans de très nombreux pays (Asie, Europe de L’Est…) mais joue assez peu en France. Il présentait ici un nouveau projet à la tête d’un quartet franco-luxembourgeois né il y 18 mois.

Maxime Bender évoque ainsi son projet : « Ce n’est pas du jazz traditionnel. C’est plus moderne, dans la mouvance pop rock. Mais ça reste du jazz ! Il y a beaucoup d’improvisations. C’est un mélange très accessible de plein d’influences ». Avoir choisi M. Codjia comme pièce maîtresse pour mettre en oeuvre un tel projet est un coup de maître. Manu Codjia participe depuis quelques années à un nombre considérable de projets et de groupes. Et à chaque fois il nous épate. Toujours inspiré, au plus haut niveau, s’adaptant de manière brillante et sans efforts apparents (on le voit rarement consulter ou scruter les partitions) à des contextes très différents. Comme à Buis sur Infinity dans un long solo lyrique et aérien. Bender choruse longuement au ténor sur chaque thème avec une grande variété de timbres, de phrasés et d’inspiration. Diversifiant ses découpages et ses sonorités, avec une impressionnante science de l’improvisation à la fois libre et contrôlée. Jean-Yves Jung à l’orgue, accompagne souvent et depuis longtemps Bireli Lagrene. Dans ce quartet il « couve » les solistes en les enveloppant des volutes « groovy » de son Hammond B3.

* Coup de chapeau au passage à Jean-Michel LEYGONIE le directeur artistique de ce label indépendant basé en Limousin, qui a produit entre autres, Emile Parisien, Paul Lay, Anne Pacéo…

Olivier Hutman Trio invite Eric Le Lann et Olivier Temine

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, deuxième partie).

Olivier Hutman (p), Darryl Hall (b), Steve Williams (dr) plus Olivier Temine (ts)  et Eric Le Lann (tp)

D’entrée, en trio, sur Driftin (d’Herbie Hancock), O. Hutman annonce la couleur. Cà déménage grave… Et cela va durer tout au long du concert. Quintessence du hard bop inventif.

Le jeu limpide et dynamique (et pourtant tout en nuances) d’Hutman en fait un leader stimulant, un soliste passionné et passionnant et un accompagnateur hors pair.

Darryl Hall joue des lignes de walking bass solides au tempo parfait. Il est soutenu par le jeu millimétré de Steve Williams. Les solistes avec un tel soutien se régalent. Comme Hall et Williams, Le Llan et Temine avaient déjà joué avec Hutman. Ces retrouvailles buxoises (le gentillé des habitants de Buis les Baronnies) furent festives

hutmanOlivier Hutman, Darryl Hall, Eric Le Llan, Steve Williams, Olivier Temine

Milestone, des compos de Le Lann et de Temine furent, entre autres, de formidables tremplins pour des chorus débridés.

Deux rappels ultra chaleureux avec un Well you needn’t d’anthologie.

Max Michel Swing Ambassadors : Basie-Ellington For Ever

(18 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Max Michel (as, ss), Philippe Dieudonné-Georges (ts), Dominique Rieux (tp, bugle), Rémi Vidal (tb), Jean-Pierre Barreda (b), Cédric Chauveau (p), André Neufert (dr).

Une soirée dédiée au jazz classique (ou jazz swing ou mainstream… au choix). Assez rare par les temps qui courent. Mais un vrai bonheur pour les jazzfans qui aiment tous les styles de la belle histoire de cette musique.

Les Swings Ambassadors est un groupe qui se produit habituellement en sextet. Pour Parfum de Jazz Dominique Rieux était présent pour renforcer, brillamment, la section des souffleurs.

De nombreux tubes d’Ellington et Basie défilent : Cute, Moten Swing, Perdido , Shiny Stockings, In a mellow tone The flight of the foo bird, Taps Miller, Count’em, For Lena et Lennie (de Quincy Jones).

Cà joue souple et swinguant (pléonasme ?) comme il se doit.

Une « régalade » comme on dit.

Nicolas Folmer (tp) présent en coulisses n’y tient plus : il s’invite sur Lullaby of Birland.

Final délirant dans la grande tradition des jam sessions : Tony Russo (tp) et Alain Brunet (scat) eux aussi montent sur scène… Le batteur met sa caisse claire en bandoulière et tout finit par une déambulation en fanfare New Orleans…

swingLes Swing Ambassadors plus Tony Russo et Nicolas Folmer

Le « chef » (Max Michel) avec un accent « du sud »à couper au couteau avait présenté les morceaux de manière hilarante…

Etonnant : le leader et le sax ténor de cet orchestre ne sont pas musiciens professionnels. L’un travaille à l’Office National des Forêts, l’autre est ingénieur au CNRS.

 

daniel et max 2Au petit déjeuner Humair et Max Michel évoquent l’Histoire du Jazz…

Daniel Humair & Nicolas Folmer Réunion

(19 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Daniel Humair (dr), Nicolas Folmer (tp), Hervé Sellin (p) et Stéphane Kerecky (b).

Au début des années 2010 l’association Daniel Humair/Nicolas Folmer en concert avait surpris.

Humair a toujours manifesté en près de 60 ans de carrière une attirance certaines pour les rencontres risquées et les plaisirs de la composition instantanée. Folmer lui est souvent perçu comme le gardien d’un héritage musical bien structuré.

Sur le papier, la rencontre Humair/Folmer était donc supposée assez improbable. Pourtant, à peine quadragénaire, Folmer a toujours été attiré par les expériences les plus variées et les plus surprenantes. Cette « Réunion » est née d’une envie de longue date chez Folmer : inviter dans un de ses nombreux groupes celui qui fut pour lui un enseignant éclairant (au Conservatoire de Paris) et un modèle en matière d’inspiration et d’ouverture. Le superbe disque Lights chez Cristal Records équilibré et d’une grande musicalité démontra en 2012 que la réunion de ces deux talents n’était pas un simple « coup » éditorial.

L’aptitude d’Humair, à faire naître tensions ou relâchements, son drive phénoménal et sa manière originale de marquer le tempo sur les cymbales stimulent les solistes. Hervé Sellin plaque des accords stupéfiants tels des bombes à large spectre. Je ne l’avais jamais entendu jouer de manière aussi libre.

Folmer aussi se régale visiblement et le public perçoit qu’il se passe quelque chose d’étonnant. Le jeu virtuose de Nicolas Folmer couvre tout le jazz, mais grâce au jeu vivifiant d’Humair il réalise son désir de diversifier sa musique vers des improvisations plus libres.

humair quartet 2Hervé Sellin, Daniel Humair, Stéphane Kerecky, Nicolas Folmer

Travaux pratiques réalisés en live ici aussi bien sur des standards (qu’Humair qualifie parfois de « saucissons ») comme What is this thing called love? ou sur des compos du batteur (Gnavenstein) ou du trompettiste (I comme Icare).

« Si vous maîtrisez votre affaire, si vous détenez les valeurs de cette musique, si vous ne tirez pas la couverture à vous, le jazz présente la façon la plus ludique, la plus collective, la plus heureuse d’être iconoclaste » (Daniel Humair).

C’était la dernière soirée, dans les Baronnies, de la première séquence de Parfum de Jazz 19.

Du 22 au 26 août d’autres concerts, pour une deuxième séquence de Parfum de jazz, étaient programmés en Tricastin avec de grosses pointures : Texier, Bireli Lagrène et à nouveau Humair avec les frères Enhco (Thomas et David).

Apéro-concerts et jam sessions une spécialité ici…

A Buis les Baronnies plusieurs fois par jour lors des apéros-concerts (sur les places, marchés ou dans le cloitre du centre de vacances l’Escapade) des jam sessions assez « torrides » se déroulent devant un public néophyte mais ravi. Sur ma page Face Book (Ardonceau Pierre-Henri) en accès libre (pas besoin d’êtres « amis » !) j’ai posté des séquences vidéos étonnantes de quelques moments assez intenses de ces boeufs.

Pour ces apéro-jazz le trio de Thomas Mayeras assurait généralement, fort efficacement, la rythmique accueillant les boeuffeurs… Parmi les plus acharnés : Alain Brunet (bugle et scat), Gabriel Anfosso (vocal), le trompettiste Tony Russo, infatigable même en retraite et en vacances, Nicolas Folmer (tp) qui se faisait les lèvres avant son grand concert du samedi 19, Jean-Jacques Taïb (cl, ts) et l’incroyable Baby Clavel (as) le Charlie Parker grenoblois.

Conférences et « Salon » littéraire.

Nouveauté de cette année : deux conférences et deux présentations de livres.

A l’Escapade (centre de vacances aménagé dans un cloitre superbe) j’ai été très heureux de présenter devant 80 personnes la vidéo conférence « Jazz et Cinéma. Les débuts 1925/1945 ». Avec, entre autres, de nombreuses séquences spectaculaires de danse acrobatique (Lindy Hop) et de tap dance.

Jacques Bonnardel, batteur, pédagogue et fondateur de Jazz Action Valence (Centre d’enseignement et de diffusion des musiques actuelles) a présenté une très intéressante et formidablement documentée conférence sur l’Histoire de la Batterie dans le Jazz. Vidéos éclairantes et démonstrations « live » sur sa Gretch fétiche.

Bonnardel 1Jacques Bonnardel

En conclusion de sa conférence J. Bonnardel avait évoqué la place singulière d’Humair dans le monde des batteurs de Jazz

 

bobo daniel

Daniel Humair et Jacques Bonnardel

Sylvie Pierre, maître de conférences en Sciences de l’Education et de la Communication à l’Université de Lorraine a présenté (et signé) son livre « Jean-Christophe Averty, une biographie » (édité par l’Ina) : un travail de recherche colossal sur l’homme qui a révolutionné l’écriture télévisuelle. Elle a amplement rappelé quel amoureux du jazz était Averty. De nombreuses pages de son livre évoquent longuement les relations multiformes d’Averty avec le Jazz tout au long de sa vie.

Averty_couv

Enfin, Alain Brunet, le fondateur, programmateur et principal responsable de Parfum de jazz a souvent signé son « Puisque vous partez en voyage » (chez Alter Ego Editions). Ces carnets de voyage sont illustrés par le peintre Pascal Bouterin qui est aussi le batteur du groupe de Brunet Akpé Motion. Lucien Malson avant de décéder il y a quelques mois, en a écrit la préface, où il relate l’incroyable carrière de ce très haut fonctionnaire… qui fut toujours aussi trompettiste. A. Brunet a, depuis l’édition 2011, sa notice biographique dans le Dictionnaire du Jazz chez Laffont.

livre brunet

Pierre-Henri Ardonceau|Du 14 au 20 août, en Drôme Provençale, Parfum de jazz a proposé, comme depuis 19 ans (déjà !), une belle et éclectique programmation/panorama autour des grands styles de l’histoire du jazz.

Après 3 semaines de fréquentation plus ou moins assidue du 40ème anniversaire de Jazz In Marciac (JIM), avec ses 150 concerts officiels, ses nombreuses animations, expos et conférences, « atterrir » à Buis les Baronnies, l’épicentre de la très prisée Drôme Provençale c’est un peu comme changer de « planète » !

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des très grands comme les XXXL Marciac et Vienne…C’est évident! Mais c’est un  « grand petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (nous l’avions déjà écrit l’an dernier pour rendre compte de Parfum de Jazz 18… mais pourquoi se priver de répéter une belle formule ?). Vacanciers, autochtones, jazzfans et musiciens se côtoient sereinement sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Pas l’ombre d’un vigile ou d’un service d’ordre. Quelques bénévoles bien sûr mais efficaces, discrets et chaleureux. Atmosphère zen : « Jours tranquilles à Buis les Baronnies » !

« Le jazz a une belle histoire, très riche, mais de moins en moins de gens la connaissent. Je programme donc des styles différents : jazz traditionnel, swing, moderne, manouche… Je « picore » dans 80 ans d’histoire de la musique de jazz ». (Alain Brunet, programmateur de Parfum de Jazz).

Les Doigts de l’Homme (15 août, Mollans sur Ouvèze)

Nazim Aliouche (perc), Tanguy Blum (cb), Olivier Kikteff, Benoît Convert et Yannick Alcocer (g)

Après avoir démarré comme « artistes de rue » au début des années 2000 (pendant le concert une séquence sans micro ni lumière leur permet, de manière sympathique, de rappeler cette période), le groupe a acquis depuis une belle notoriété (déjà 3 cds enregistrés depuis 2010). Et pas seulement dans le circuit « jazz ». Leur « mix » de musiques manouches et « balkaniques » est dans l’air du temps.

Les Doigts de l’Homme proposent une prestation très théâtralisée et fort vigoureuse… Surtout axée sur la virtuosité instrumentale… Peut-être un peu trop ? Le tout manquant parfois de feeling. Sauf, incontestablement, sur une superbe version d’Indifférence, le grand « classique » de Tony Murena.

Quoi qu’il en soit, c’est indiscutable : leur concert a vraiment enthousiasmé le public.

 

Laurent Courthaliac Octet : « All my Life, A Musical Tribute to Woody Allen« .

(16 août Cour du Cinéma de Buis les Baronnies). Concert suivi de la projection de Manhattan de Woody Allen.

Laurent Courthaliac (p), Jon Boutellier (bs, orchestrations), Fabien Mary (tp), Bastien Ballaz (tb), Dmitry Baevsky (as), David Sauzay (ts, fl), Clovis Nicolas, (b), Romain Sarron (dr).

Laurent Courthaliac a obtenu le Prix du Disque Français 2016 de l’Académie du Jazz avec son CD All My Life.

En live avec sa section de 5 souffleurs « premium » (tous fines lames du bop), l’octet a joué la plupart des standards (G. Gershwin, C. Porter , J. Kern…) de la bande son de Manhattan, le chef d’oeuvre de W. Allen de 1976 (qui n’a pas pris une ride et qui sur de nombreux plans était prémonitoire). Plus la bluette Everyone says I love you, du film Tout le monde dit I love you (un Woody Allen de 1996) que Groucho Marx avait immortalisée en 1932 dans Horse Feathers (Plumes de Cheval).

Courthaliac est amoureux des mélodies de la grande époque de Broadway et… du be-bop ! Il a étudié avec Barry Harris et il vénère Bud Powell et Duke Ellington. Ses chorus confirment tout cela.

L’octet sonne comme un big band : les arrangements efficaces de Jon Boutellier (surprise : lui que l’on connait comme brillant saxophoniste ténor de la génération montante était… au baryton) formant un bel écrin pour les solistes. De Duke à Mingus… beau voyage.

Pendant les solos des souffleurs le leader adopte une attitude assez « étonnante » : il tourne le dos à son clavier et regarde les spectateurs dans une posture très « dandy »…

Une mention spéciale pour Fabien Mary qui avait gagné le Tremplin Jazz Révélations à Juan Les Pins en 2004. Souvenirs, souvenirs : je faisais partie du jury et Fabien avait été désigné vainqueur à l’unanimité en dépit de pressions indécentes des organisateurs du tremplin pour favoriser une autre candidate… A 39 ans, silhouette élégante de jeune homme chic, pas frimeur pour un sou, il choruse en creusant avec talent et finesse l’héritage d’un jazz très référencé. Technique brillante, jamais gratuite, ni ostentatoire. Constante musicalité, discours parfaitement maîtrisé. Sensibilité, savoir et talent.

fabien maryFabien Mary

Tous les autres solistes méritent les mêmes éloges.

Maxime Bender Quartet : « Universal Sky »

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, première partie).

Maxime Bender (ts), Jean-Yves Jung (Hammond Organ B3), Manu Codjia (g), Jérôme Klein (dr).

Le saxophoniste luxembourgeois Maxime Bender au riche CV (Elie Music Award en 2007, nomination «jeune talent» à l’Eurodjango 2007, Prix de la composition au Tremplin Jazz d’Avignon en 2008…) a déjà enregistré 5 albums dont Path of Decision en 2016 chez Laborie Jazz*. M. Bender tourne beaucoup dans de très nombreux pays (Asie, Europe de L’Est…) mais joue assez peu en France. Il présentait ici un nouveau projet à la tête d’un quartet franco-luxembourgeois né il y 18 mois.

Maxime Bender évoque ainsi son projet : « Ce n’est pas du jazz traditionnel. C’est plus moderne, dans la mouvance pop rock. Mais ça reste du jazz ! Il y a beaucoup d’improvisations. C’est un mélange très accessible de plein d’influences ». Avoir choisi M. Codjia comme pièce maîtresse pour mettre en oeuvre un tel projet est un coup de maître. Manu Codjia participe depuis quelques années à un nombre considérable de projets et de groupes. Et à chaque fois il nous épate. Toujours inspiré, au plus haut niveau, s’adaptant de manière brillante et sans efforts apparents (on le voit rarement consulter ou scruter les partitions) à des contextes très différents. Comme à Buis sur Infinity dans un long solo lyrique et aérien. Bender choruse longuement au ténor sur chaque thème avec une grande variété de timbres, de phrasés et d’inspiration. Diversifiant ses découpages et ses sonorités, avec une impressionnante science de l’improvisation à la fois libre et contrôlée. Jean-Yves Jung à l’orgue, accompagne souvent et depuis longtemps Bireli Lagrene. Dans ce quartet il « couve » les solistes en les enveloppant des volutes « groovy » de son Hammond B3.

* Coup de chapeau au passage à Jean-Michel LEYGONIE le directeur artistique de ce label indépendant basé en Limousin, qui a produit entre autres, Emile Parisien, Paul Lay, Anne Pacéo…

Olivier Hutman Trio invite Eric Le Lann et Olivier Temine

(17 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies, deuxième partie).

Olivier Hutman (p), Darryl Hall (b), Steve Williams (dr) plus Olivier Temine (ts)  et Eric Le Lann (tp)

D’entrée, en trio, sur Driftin (d’Herbie Hancock), O. Hutman annonce la couleur. Cà déménage grave… Et cela va durer tout au long du concert. Quintessence du hard bop inventif.

Le jeu limpide et dynamique (et pourtant tout en nuances) d’Hutman en fait un leader stimulant, un soliste passionné et passionnant et un accompagnateur hors pair.

Darryl Hall joue des lignes de walking bass solides au tempo parfait. Il est soutenu par le jeu millimétré de Steve Williams. Les solistes avec un tel soutien se régalent. Comme Hall et Williams, Le Llan et Temine avaient déjà joué avec Hutman. Ces retrouvailles buxoises (le gentillé des habitants de Buis les Baronnies) furent festives

hutmanOlivier Hutman, Darryl Hall, Eric Le Llan, Steve Williams, Olivier Temine

Milestone, des compos de Le Lann et de Temine furent, entre autres, de formidables tremplins pour des chorus débridés.

Deux rappels ultra chaleureux avec un Well you needn’t d’anthologie.

Max Michel Swing Ambassadors : Basie-Ellington For Ever

(18 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Max Michel (as, ss), Philippe Dieudonné-Georges (ts), Dominique Rieux (tp, bugle), Rémi Vidal (tb), Jean-Pierre Barreda (b), Cédric Chauveau (p), André Neufert (dr).

Une soirée dédiée au jazz classique (ou jazz swing ou mainstream… au choix). Assez rare par les temps qui courent. Mais un vrai bonheur pour les jazzfans qui aiment tous les styles de la belle histoire de cette musique.

Les Swings Ambassadors est un groupe qui se produit habituellement en sextet. Pour Parfum de Jazz Dominique Rieux était présent pour renforcer, brillamment, la section des souffleurs.

De nombreux tubes d’Ellington et Basie défilent : Cute, Moten Swing, Perdido , Shiny Stockings, In a mellow tone The flight of the foo bird, Taps Miller, Count’em, For Lena et Lennie (de Quincy Jones).

Cà joue souple et swinguant (pléonasme ?) comme il se doit.

Une « régalade » comme on dit.

Nicolas Folmer (tp) présent en coulisses n’y tient plus : il s’invite sur Lullaby of Birland.

Final délirant dans la grande tradition des jam sessions : Tony Russo (tp) et Alain Brunet (scat) eux aussi montent sur scène… Le batteur met sa caisse claire en bandoulière et tout finit par une déambulation en fanfare New Orleans…

swingLes Swing Ambassadors plus Tony Russo et Nicolas Folmer

Le « chef » (Max Michel) avec un accent « du sud »à couper au couteau avait présenté les morceaux de manière hilarante…

Etonnant : le leader et le sax ténor de cet orchestre ne sont pas musiciens professionnels. L’un travaille à l’Office National des Forêts, l’autre est ingénieur au CNRS.

 

daniel et max 2Au petit déjeuner Humair et Max Michel évoquent l’Histoire du Jazz…

Daniel Humair & Nicolas Folmer Réunion

(19 août, Théâtre de Verdure de la Palun à Buis-les Baronnies)

Daniel Humair (dr), Nicolas Folmer (tp), Hervé Sellin (p) et Stéphane Kerecky (b).

Au début des années 2010 l’association Daniel Humair/Nicolas Folmer en concert avait surpris.

Humair a toujours manifesté en près de 60 ans de carrière une attirance certaines pour les rencontres risquées et les plaisirs de la composition instantanée. Folmer lui est souvent perçu comme le gardien d’un héritage musical bien structuré.

Sur le papier, la rencontre Humair/Folmer était donc supposée assez improbable. Pourtant, à peine quadragénaire, Folmer a toujours été attiré par les expériences les plus variées et les plus surprenantes. Cette « Réunion » est née d’une envie de longue date chez Folmer : inviter dans un de ses nombreux groupes celui qui fut pour lui un enseignant éclairant (au Conservatoire de Paris) et un modèle en matière d’inspiration et d’ouverture. Le superbe disque Lights chez Cristal Records équilibré et d’une grande musicalité démontra en 2012 que la réunion de ces deux talents n’était pas un simple « coup » éditorial.

L’aptitude d’Humair, à faire naître tensions ou relâchements, son drive phénoménal et sa manière originale de marquer le tempo sur les cymbales stimulent les solistes. Hervé Sellin plaque des accords stupéfiants tels des bombes à large spectre. Je ne l’avais jamais entendu jouer de manière aussi libre.

Folmer aussi se régale visiblement et le public perçoit qu’il se passe quelque chose d’étonnant. Le jeu virtuose de Nicolas Folmer couvre tout le jazz, mais grâce au jeu vivifiant d’Humair il réalise son désir de diversifier sa musique vers des improvisations plus libres.

humair quartet 2Hervé Sellin, Daniel Humair, Stéphane Kerecky, Nicolas Folmer

Travaux pratiques réalisés en live ici aussi bien sur des standards (qu’Humair qualifie parfois de « saucissons ») comme What is this thing called love? ou sur des compos du batteur (Gnavenstein) ou du trompettiste (I comme Icare).

« Si vous maîtrisez votre affaire, si vous détenez les valeurs de cette musique, si vous ne tirez pas la couverture à vous, le jazz présente la façon la plus ludique, la plus collective, la plus heureuse d’être iconoclaste » (Daniel Humair).

C’était la dernière soirée, dans les Baronnies, de la première séquence de Parfum de Jazz 19.

Du 22 au 26 août d’autres concerts, pour une deuxième séquence de Parfum de jazz, étaient programmés en Tricastin avec de grosses pointures : Texier, Bireli Lagrène et à nouveau Humair avec les frères Enhco (Thomas et David).

Apéro-concerts et jam sessions une spécialité ici…

A Buis les Baronnies plusieurs fois par jour lors des apéros-concerts (sur les places, marchés ou dans le cloitre du centre de vacances l’Escapade) des jam sessions assez « torrides » se déroulent devant un public néophyte mais ravi. Sur ma page Face Book (Ardonceau Pierre-Henri) en accès libre (pas besoin d’êtres « amis » !) j’ai posté des séquences vidéos étonnantes de quelques moments assez intenses de ces boeufs.

Pour ces apéro-jazz le trio de Thomas Mayeras assurait généralement, fort efficacement, la rythmique accueillant les boeuffeurs… Parmi les plus acharnés : Alain Brunet (bugle et scat), Gabriel Anfosso (vocal), le trompettiste Tony Russo, infatigable même en retraite et en vacances, Nicolas Folmer (tp) qui se faisait les lèvres avant son grand concert du samedi 19, Jean-Jacques Taïb (cl, ts) et l’incroyable Baby Clavel (as) le Charlie Parker grenoblois.

Conférences et « Salon » littéraire.

Nouveauté de cette année : deux conférences et deux présentations de livres.

A l’Escapade (centre de vacances aménagé dans un cloitre superbe) j’ai été très heureux de présenter devant 80 personnes la vidéo conférence « Jazz et Cinéma. Les débuts 1925/1945 ». Avec, entre autres, de nombreuses séquences spectaculaires de danse acrobatique (Lindy Hop) et de tap dance.

Jacques Bonnardel, batteur, pédagogue et fondateur de Jazz Action Valence (Centre d’enseignement et de diffusion des musiques actuelles) a présenté une très intéressante et formidablement documentée conférence sur l’Histoire de la Batterie dans le Jazz. Vidéos éclairantes et démonstrations « live » sur sa Gretch fétiche.

Bonnardel 1Jacques Bonnardel

En conclusion de sa conférence J. Bonnardel avait évoqué la place singulière d’Humair dans le monde des batteurs de Jazz

 

bobo daniel

Daniel Humair et Jacques Bonnardel

Sylvie Pierre, maître de conférences en Sciences de l’Education et de la Communication à l’Université de Lorraine a présenté (et signé) son livre « Jean-Christophe Averty, une biographie » (édité par l’Ina) : un travail de recherche colossal sur l’homme qui a révolutionné l’écriture télévisuelle. Elle a amplement rappelé quel amoureux du jazz était Averty. De nombreuses pages de son livre évoquent longuement les relations multiformes d’Averty avec le Jazz tout au long de sa vie.

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Enfin, Alain Brunet, le fondateur, programmateur et principal responsable de Parfum de jazz a souvent signé son « Puisque vous partez en voyage » (chez Alter Ego Editions). Ces carnets de voyage sont illustrés par le peintre Pascal Bouterin qui est aussi le batteur du groupe de Brunet Akpé Motion. Lucien Malson avant de décéder il y a quelques mois, en a écrit la préface, où il relate l’incroyable carrière de ce très haut fonctionnaire… qui fut toujours aussi trompettiste. A. Brunet a, depuis l’édition 2011, sa notice biographique dans le Dictionnaire du Jazz chez Laffont.

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Pierre-Henri Ardonceau