Jazz live
Publié le 13 Août 2015

Richard Galliano au Festival Jazz en Baie (Granville)

Au terme d’une après-midi quasi caniculaire sur cette belle côte normande, me voici de retour au Théâtre de l’Archipel, non sans m’être égaré avec délices dans les ruelles de la vieille ville fortifiée. Bien peu de sièges inoccupés parmi les quelque 400 (balcon compris) offerts par le lieu, pas vraiment une surprise à quelques minutes de l’entrée en scène de l’accordéoniste. J’en déniche un au dernier moment et n’ai qu’une poignée de secondes pour me présenter à mon voisin guitariste, l’un des musiciens stagiaires de Jazz en Baie (cf mon papier précédent).

 

Richard Galliano (acc), Philippe Aerts (b), Hans Van Oosterhout (d), Théâtre de l’Archipel (Granville), mercredi 12 août, 18h.

 

Aux côtés de Galliano, la paire Aerts/Van Oosterhout que l’accordéoniste pourrait avoir découvert au sein du trio du pianiste belge Ivan Paduart dont il a été l’invité. À peine les présentations faites, l’Hymne lent et bluesy délivré en guise de tour de chauffe sonne comme une vérification tranquille, tant visuelle que sonore, des repères de chacun et de la souple mécanique du tout. À partir de là se déroulera un très généreux programme – plus d’une douzaine de pièces toujours scrupuleusement annoncées et présentées – qui ne laissera rien (ou si peu) ignorer de Richard Galliano à celui qui découvre, et permettra à celui qui « connaît » de tout réentendre autrement. La verve du compositeur d’abord, tant du côté de la musette revisitée (Fou rire), que de son compagnonnage avec Astor Piazzolla (Lorita) ou avec les icônes de la chanson française (Barbara, Nougaro) ; la sorte de puissance brute qu’il dégage dans l’expression de la nostalgie (Oblivion), notamment quand il éponge l’écume résiduelle du pathos dans la légèreté lisztienne de sa main droite (Valse à Margaux) ; l’exigence sidérante dont il continue à faire preuve dans tous les registres de la technique, dès lors qu’ils servent la musicalité : la maîtrise des nuances en premier lieu, par exemple dans l’accompagnement en dentelle qu’il prodigue sous le solo d’Aerts dans Barbara. La facétie toujours possible enfin (Chat Pitre), le goût et le pouvoir de surprendre par une vitesse qui ne dit jamais son nom (comme dans cette valse décoiffante à l’approche de la fin).


Publi Galliano


C’est là qu’il faut pointer l’essentiel, peut-être, concernant cette performance en particulier, et qu’on pourrait développer à l’infini au regard du jazz dans son ensemble : Richard Galliano était trois sur scène hier soir… Pour le dire autrement, il n’aurait pu s’affirmer à ce point lui-même sans l’assise impeccable d’un Philippe Aerts à ses côtés dans les moindres détails, et surtout sans le drumming à peu près parfait d’Hans Van Oosterhout : exactitude dans les placements, finesse dans les dosages, élégance dans le bonheur de jouer. On comprend pourquoi, parmi beaucoup d’autres, des musiciens comme Kenny Werner ou Enrico Pieranunzi (pour ses « Improvised Forms for Trio ») ont fait appel à lui. Cette osmose m’a fait oublier tel ou tel développement moins passionnant ou solo moins habité. En même temps, elle oblige à rappeler que l’accompagnement d’un soliste tel que Richard Galliano ne va pas de soi, lequel possède un jeu dont la dimension rythmique, voire percussive, ne laisse que peu de creux dans lesquels s’insérer sans risque de surcharger l’espace sonore. Tout à mes réflexions sur ces questions du jouer ensemble et des moyens (les qualités d’écoute, en premier lieu) à mobiliser pour le produire comme pour le percevoir entièrement, je quitte Granville juste avant que n’éclatent les premiers orages qui rythmeront la nuit entière.

 

Vincent Cotro

Photo : Chloé Robine

 

 

Ce soir :

Damien Schmitt (avec Michel Alibo, Hervé Samb, Michael Lecoq et Stéphane Edouard), Théâtre de l’Archipel à Granville, 18h.

Agathe Jazz 4tet (avec Pierre-Alain Tocanier, Christophe Walemme et Leonardo Montana), Scène du Roc (Granville), 20h.

 

André Ceccarelli « Ultimo » (sous la direction de Pierre Bertrand), avec Elisabeth Kontomanou, Hugh Coltman et David Linx, Scène du Roc, 22h15.



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Au terme d’une après-midi quasi caniculaire sur cette belle côte normande, me voici de retour au Théâtre de l’Archipel, non sans m’être égaré avec délices dans les ruelles de la vieille ville fortifiée. Bien peu de sièges inoccupés parmi les quelque 400 (balcon compris) offerts par le lieu, pas vraiment une surprise à quelques minutes de l’entrée en scène de l’accordéoniste. J’en déniche un au dernier moment et n’ai qu’une poignée de secondes pour me présenter à mon voisin guitariste, l’un des musiciens stagiaires de Jazz en Baie (cf mon papier précédent).

 

Richard Galliano (acc), Philippe Aerts (b), Hans Van Oosterhout (d), Théâtre de l’Archipel (Granville), mercredi 12 août, 18h.

 

Aux côtés de Galliano, la paire Aerts/Van Oosterhout que l’accordéoniste pourrait avoir découvert au sein du trio du pianiste belge Ivan Paduart dont il a été l’invité. À peine les présentations faites, l’Hymne lent et bluesy délivré en guise de tour de chauffe sonne comme une vérification tranquille, tant visuelle que sonore, des repères de chacun et de la souple mécanique du tout. À partir de là se déroulera un très généreux programme – plus d’une douzaine de pièces toujours scrupuleusement annoncées et présentées – qui ne laissera rien (ou si peu) ignorer de Richard Galliano à celui qui découvre, et permettra à celui qui « connaît » de tout réentendre autrement. La verve du compositeur d’abord, tant du côté de la musette revisitée (Fou rire), que de son compagnonnage avec Astor Piazzolla (Lorita) ou avec les icônes de la chanson française (Barbara, Nougaro) ; la sorte de puissance brute qu’il dégage dans l’expression de la nostalgie (Oblivion), notamment quand il éponge l’écume résiduelle du pathos dans la légèreté lisztienne de sa main droite (Valse à Margaux) ; l’exigence sidérante dont il continue à faire preuve dans tous les registres de la technique, dès lors qu’ils servent la musicalité : la maîtrise des nuances en premier lieu, par exemple dans l’accompagnement en dentelle qu’il prodigue sous le solo d’Aerts dans Barbara. La facétie toujours possible enfin (Chat Pitre), le goût et le pouvoir de surprendre par une vitesse qui ne dit jamais son nom (comme dans cette valse décoiffante à l’approche de la fin).


Publi Galliano


C’est là qu’il faut pointer l’essentiel, peut-être, concernant cette performance en particulier, et qu’on pourrait développer à l’infini au regard du jazz dans son ensemble : Richard Galliano était trois sur scène hier soir… Pour le dire autrement, il n’aurait pu s’affirmer à ce point lui-même sans l’assise impeccable d’un Philippe Aerts à ses côtés dans les moindres détails, et surtout sans le drumming à peu près parfait d’Hans Van Oosterhout : exactitude dans les placements, finesse dans les dosages, élégance dans le bonheur de jouer. On comprend pourquoi, parmi beaucoup d’autres, des musiciens comme Kenny Werner ou Enrico Pieranunzi (pour ses « Improvised Forms for Trio ») ont fait appel à lui. Cette osmose m’a fait oublier tel ou tel développement moins passionnant ou solo moins habité. En même temps, elle oblige à rappeler que l’accompagnement d’un soliste tel que Richard Galliano ne va pas de soi, lequel possède un jeu dont la dimension rythmique, voire percussive, ne laisse que peu de creux dans lesquels s’insérer sans risque de surcharger l’espace sonore. Tout à mes réflexions sur ces questions du jouer ensemble et des moyens (les qualités d’écoute, en premier lieu) à mobiliser pour le produire comme pour le percevoir entièrement, je quitte Granville juste avant que n’éclatent les premiers orages qui rythmeront la nuit entière.

 

Vincent Cotro

Photo : Chloé Robine

 

 

Ce soir :

Damien Schmitt (avec Michel Alibo, Hervé Samb, Michael Lecoq et Stéphane Edouard), Théâtre de l’Archipel à Granville, 18h.

Agathe Jazz 4tet (avec Pierre-Alain Tocanier, Christophe Walemme et Leonardo Montana), Scène du Roc (Granville), 20h.

 

André Ceccarelli « Ultimo » (sous la direction de Pierre Bertrand), avec Elisabeth Kontomanou, Hugh Coltman et David Linx, Scène du Roc, 22h15.



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Au terme d’une après-midi quasi caniculaire sur cette belle côte normande, me voici de retour au Théâtre de l’Archipel, non sans m’être égaré avec délices dans les ruelles de la vieille ville fortifiée. Bien peu de sièges inoccupés parmi les quelque 400 (balcon compris) offerts par le lieu, pas vraiment une surprise à quelques minutes de l’entrée en scène de l’accordéoniste. J’en déniche un au dernier moment et n’ai qu’une poignée de secondes pour me présenter à mon voisin guitariste, l’un des musiciens stagiaires de Jazz en Baie (cf mon papier précédent).

 

Richard Galliano (acc), Philippe Aerts (b), Hans Van Oosterhout (d), Théâtre de l’Archipel (Granville), mercredi 12 août, 18h.

 

Aux côtés de Galliano, la paire Aerts/Van Oosterhout que l’accordéoniste pourrait avoir découvert au sein du trio du pianiste belge Ivan Paduart dont il a été l’invité. À peine les présentations faites, l’Hymne lent et bluesy délivré en guise de tour de chauffe sonne comme une vérification tranquille, tant visuelle que sonore, des repères de chacun et de la souple mécanique du tout. À partir de là se déroulera un très généreux programme – plus d’une douzaine de pièces toujours scrupuleusement annoncées et présentées – qui ne laissera rien (ou si peu) ignorer de Richard Galliano à celui qui découvre, et permettra à celui qui « connaît » de tout réentendre autrement. La verve du compositeur d’abord, tant du côté de la musette revisitée (Fou rire), que de son compagnonnage avec Astor Piazzolla (Lorita) ou avec les icônes de la chanson française (Barbara, Nougaro) ; la sorte de puissance brute qu’il dégage dans l’expression de la nostalgie (Oblivion), notamment quand il éponge l’écume résiduelle du pathos dans la légèreté lisztienne de sa main droite (Valse à Margaux) ; l’exigence sidérante dont il continue à faire preuve dans tous les registres de la technique, dès lors qu’ils servent la musicalité : la maîtrise des nuances en premier lieu, par exemple dans l’accompagnement en dentelle qu’il prodigue sous le solo d’Aerts dans Barbara. La facétie toujours possible enfin (Chat Pitre), le goût et le pouvoir de surprendre par une vitesse qui ne dit jamais son nom (comme dans cette valse décoiffante à l’approche de la fin).


Publi Galliano


C’est là qu’il faut pointer l’essentiel, peut-être, concernant cette performance en particulier, et qu’on pourrait développer à l’infini au regard du jazz dans son ensemble : Richard Galliano était trois sur scène hier soir… Pour le dire autrement, il n’aurait pu s’affirmer à ce point lui-même sans l’assise impeccable d’un Philippe Aerts à ses côtés dans les moindres détails, et surtout sans le drumming à peu près parfait d’Hans Van Oosterhout : exactitude dans les placements, finesse dans les dosages, élégance dans le bonheur de jouer. On comprend pourquoi, parmi beaucoup d’autres, des musiciens comme Kenny Werner ou Enrico Pieranunzi (pour ses « Improvised Forms for Trio ») ont fait appel à lui. Cette osmose m’a fait oublier tel ou tel développement moins passionnant ou solo moins habité. En même temps, elle oblige à rappeler que l’accompagnement d’un soliste tel que Richard Galliano ne va pas de soi, lequel possède un jeu dont la dimension rythmique, voire percussive, ne laisse que peu de creux dans lesquels s’insérer sans risque de surcharger l’espace sonore. Tout à mes réflexions sur ces questions du jouer ensemble et des moyens (les qualités d’écoute, en premier lieu) à mobiliser pour le produire comme pour le percevoir entièrement, je quitte Granville juste avant que n’éclatent les premiers orages qui rythmeront la nuit entière.

 

Vincent Cotro

Photo : Chloé Robine

 

 

Ce soir :

Damien Schmitt (avec Michel Alibo, Hervé Samb, Michael Lecoq et Stéphane Edouard), Théâtre de l’Archipel à Granville, 18h.

Agathe Jazz 4tet (avec Pierre-Alain Tocanier, Christophe Walemme et Leonardo Montana), Scène du Roc (Granville), 20h.

 

André Ceccarelli « Ultimo » (sous la direction de Pierre Bertrand), avec Elisabeth Kontomanou, Hugh Coltman et David Linx, Scène du Roc, 22h15.



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Au terme d’une après-midi quasi caniculaire sur cette belle côte normande, me voici de retour au Théâtre de l’Archipel, non sans m’être égaré avec délices dans les ruelles de la vieille ville fortifiée. Bien peu de sièges inoccupés parmi les quelque 400 (balcon compris) offerts par le lieu, pas vraiment une surprise à quelques minutes de l’entrée en scène de l’accordéoniste. J’en déniche un au dernier moment et n’ai qu’une poignée de secondes pour me présenter à mon voisin guitariste, l’un des musiciens stagiaires de Jazz en Baie (cf mon papier précédent).

 

Richard Galliano (acc), Philippe Aerts (b), Hans Van Oosterhout (d), Théâtre de l’Archipel (Granville), mercredi 12 août, 18h.

 

Aux côtés de Galliano, la paire Aerts/Van Oosterhout que l’accordéoniste pourrait avoir découvert au sein du trio du pianiste belge Ivan Paduart dont il a été l’invité. À peine les présentations faites, l’Hymne lent et bluesy délivré en guise de tour de chauffe sonne comme une vérification tranquille, tant visuelle que sonore, des repères de chacun et de la souple mécanique du tout. À partir de là se déroulera un très généreux programme – plus d’une douzaine de pièces toujours scrupuleusement annoncées et présentées – qui ne laissera rien (ou si peu) ignorer de Richard Galliano à celui qui découvre, et permettra à celui qui « connaît » de tout réentendre autrement. La verve du compositeur d’abord, tant du côté de la musette revisitée (Fou rire), que de son compagnonnage avec Astor Piazzolla (Lorita) ou avec les icônes de la chanson française (Barbara, Nougaro) ; la sorte de puissance brute qu’il dégage dans l’expression de la nostalgie (Oblivion), notamment quand il éponge l’écume résiduelle du pathos dans la légèreté lisztienne de sa main droite (Valse à Margaux) ; l’exigence sidérante dont il continue à faire preuve dans tous les registres de la technique, dès lors qu’ils servent la musicalité : la maîtrise des nuances en premier lieu, par exemple dans l’accompagnement en dentelle qu’il prodigue sous le solo d’Aerts dans Barbara. La facétie toujours possible enfin (Chat Pitre), le goût et le pouvoir de surprendre par une vitesse qui ne dit jamais son nom (comme dans cette valse décoiffante à l’approche de la fin).


Publi Galliano


C’est là qu’il faut pointer l’essentiel, peut-être, concernant cette performance en particulier, et qu’on pourrait développer à l’infini au regard du jazz dans son ensemble : Richard Galliano était trois sur scène hier soir… Pour le dire autrement, il n’aurait pu s’affirmer à ce point lui-même sans l’assise impeccable d’un Philippe Aerts à ses côtés dans les moindres détails, et surtout sans le drumming à peu près parfait d’Hans Van Oosterhout : exactitude dans les placements, finesse dans les dosages, élégance dans le bonheur de jouer. On comprend pourquoi, parmi beaucoup d’autres, des musiciens comme Kenny Werner ou Enrico Pieranunzi (pour ses « Improvised Forms for Trio ») ont fait appel à lui. Cette osmose m’a fait oublier tel ou tel développement moins passionnant ou solo moins habité. En même temps, elle oblige à rappeler que l’accompagnement d’un soliste tel que Richard Galliano ne va pas de soi, lequel possède un jeu dont la dimension rythmique, voire percussive, ne laisse que peu de creux dans lesquels s’insérer sans risque de surcharger l’espace sonore. Tout à mes réflexions sur ces questions du jouer ensemble et des moyens (les qualités d’écoute, en premier lieu) à mobiliser pour le produire comme pour le percevoir entièrement, je quitte Granville juste avant que n’éclatent les premiers orages qui rythmeront la nuit entière.

 

Vincent Cotro

Photo : Chloé Robine

 

 

Ce soir :

Damien Schmitt (avec Michel Alibo, Hervé Samb, Michael Lecoq et Stéphane Edouard), Théâtre de l’Archipel à Granville, 18h.

Agathe Jazz 4tet (avec Pierre-Alain Tocanier, Christophe Walemme et Leonardo Montana), Scène du Roc (Granville), 20h.

 

André Ceccarelli « Ultimo » (sous la direction de Pierre Bertrand), avec Elisabeth Kontomanou, Hugh Coltman et David Linx, Scène du Roc, 22h15.