Jazz live
Publié le 19 Sep 2014

Une célébration pour débuter Jazz aux écluses

En avant première du festival Jazz aux écluses qui se tient ce week end sur le site de l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges (au programme Chistophe Monniot, Jacques Schwarz-Bart, Andy Emler et son MegaOctet…), l’Orchestre symphonique de Bretagne dirigé par Didier Benetti présentait  à l’opéra de Rennes le programme Brothers in Arts composé, à l’occasion des célébrations du débarquement, par Chris Brubeck et Guillaume Saint-James, eux-mêmes présents sur scène au sein d’un quintette de jazz.

 

Chris Brubeck (trombone), Guillaume Saint-James (saxophones), Didier Ithursarry (accordéon), Jérôme Séguin (basse électrique), Christophe Lavergne (batterie) + l’Orchestre symphonique de Bretagne, dirigé par Didier Benetti.


On vous a déjà raconté ça dans le numéro de Jazz Magazine de juin consacré aux débarquements du jazz, mais rafraîchissons les mémoires. Lorsqu’en 2012 Guillaume Saint-James participe au programme de pièces pour trombone et orchestre de Chris Brubeck, fils de Dave, interprétées avec l’Orchestre symphonique de Bretagne, Guillaume et Chris sympathisent autour de la mémoire de leurs pères respectifs ancrée solidement dans l’année 1944. Cette année-là, Dave Brubeck débarque à Omaha Beach. Les versions divergent. Parachuté ? Il semble qu’il y ait confusion avec le récit qu’il a fait de la mort de l’un de ses amis, descendu lors d’un parachutage sur la Normandie. Débût août ? Ça me semble douteux. Fin de l’été plus sûrement selon certaines sources qui le font passer par Liverpool avant de débarquer à Omaha Beach puis rejoindre en wagon à bestiaux la 3ème armée du Général Patton dans l’Est de la France. C’est là qu’un beau jour, des jeunes femmes de la Croix rouge (ou du Special Service chargé du moral des troupes) descendent d’un camion qui sert de scène et demande si quelqu’un sait jouer du piano. Non seulement, Dave Brubeck est sélectionné, mais son colonel va s’arranger pour qu’il soit rayé des listes et tenu à l’écart des combats afin qu’il puisse exercer son talent au profit de soldats qui s’apprêtent à affronter la rude épreuve des Ardennes, qu’il verra cependant d’assez près.


Chris Brubeck a gardé en mémoire les récits par son père de ces moments dramatiques et les partage avec Guillaume Saint-James dont le père, âgé de 13 ans, fut saisi d’une crise d’appendicite le lendemain du débarquement en plein combats pour la libération de Bayeux, transporté en brouette par les soldats américaines et opéré à la lueur des bougies d’un hôpital de campagne. Par la suite Guillaume Saint-James et Chris Brubeck contracteront leur passion pour le jazz au contact de leurs pères respectifs, Chris on sait à peu près comment, Guillaume parce que son père était un passionné de jazz, qui joua du tuba et du piano dans les clubs de Saint-Germain-des-Près pendant ses études de médecine.

C’est ainsi que les deux fils décidèrent de collaborer à une œuvre commune, Brothers in Arts, dont ils jetèrent les bases lors d’un séjour chez les Brubeck (Dave était mort un an auparavant, mais Iola son épouse était là) en compagnie de l’accordéoniste du Jazzarium de Guillaume Saint-James, Didier Ithursarry.

Il en résulte un œuvre hybride à plus d’un titre, les deux compositeurs ayant échangé leurs partitions de part et d’autre de l’Atlantique, l’influence de l’Amérique des Brubeck se croisant avec la culture française de Guillaume, les genres se bousculant. On y trouve une sorte de ragtime qui  m’a rappelé les partitions des artistes du Clef Club dans les années 10 (évocation probablement involontaire de la participation de Jim Europe au premier conflit mondial), une citation de When the Saint, des prairies de cordes évoquant les grands espaces américains et Aaron Copland, des trombones menaçant comme des bombardiers, des percussions tonnantes en guise de barrage d’artillerie, des hymnes, des élégies et des marches, l’une d’elle évoquant l’Histoire du Soldat de Stravinsky alors que semble s’annoncer la bataille des Ardennes, des échos urbains à la Gershwin ou à la Bernstein et une grande polyphonie orchestrale valsée emmenée par l’accordéon solo d’Ithursarry illustrant la libération de Paris, un emprunt au boogie lorsque trois jeunes chanteuses (dont Louise Robard que j’avais déjà citée dans ce blog lors d’un soirée Nina Simone à Saint-Brieuc) viennent chanter en chœurs sur le devant du plateau pour mettre en scène l’engagement de Dave Brubeck par le Special Service, Chris Brubeck, dans le rôle de son père, étant invité pour l’occasion à quitter son trombone pour se mettre au piano et lancer un vigoureux boogie. Le tout dirigé par Didier Benetti avec une précision rythmique de chef de big band.


Ça n’a pas ni l’exigence ni l’originalité de l’autre suite symphonique, Megapolis, que Guillaume Saint-James a publiée cette année avec son Jazzarium sextet et le même Orchestre symphonique de Bretagne (Choc de notre numéro 662), mais c’est un grand moment de ferveur populaire en cette ville qui vit encore à l’heure du 70ème anniversaire de sa libération rappelée sur la place de la Mairie de Rennes par les photos reproduites sur de grands panneaux du reporter pour Life John G. Morris pendant la campagne de Normandie. Il est là, revenu spécialement des Etat-Unis pour inaugurer son exposition à la sortie du concert de Brothers in Arts.


Demain, 20 septembre, rendez-vous à l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges, où se succèderont un concert du quartette de Christophe Monniot (17h), une conférence sur le jazz en guerre par un certain Franck Bergerot (18h), Jacques Schwartz-Bart (20h) et un grand bal funk avec Soul n’ Pepper (22h30). Dimanche 21: le quartette de la chanteuse Martion Thomas  (15h et 17h), le MegaOctet d’Andy Emler (18h), Chris Brubeck, Guillaume Saint-James et leur Brothers in Arts en version quinette (20h30). Franck Bergerot

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En avant première du festival Jazz aux écluses qui se tient ce week end sur le site de l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges (au programme Chistophe Monniot, Jacques Schwarz-Bart, Andy Emler et son MegaOctet…), l’Orchestre symphonique de Bretagne dirigé par Didier Benetti présentait  à l’opéra de Rennes le programme Brothers in Arts composé, à l’occasion des célébrations du débarquement, par Chris Brubeck et Guillaume Saint-James, eux-mêmes présents sur scène au sein d’un quintette de jazz.

 

Chris Brubeck (trombone), Guillaume Saint-James (saxophones), Didier Ithursarry (accordéon), Jérôme Séguin (basse électrique), Christophe Lavergne (batterie) + l’Orchestre symphonique de Bretagne, dirigé par Didier Benetti.


On vous a déjà raconté ça dans le numéro de Jazz Magazine de juin consacré aux débarquements du jazz, mais rafraîchissons les mémoires. Lorsqu’en 2012 Guillaume Saint-James participe au programme de pièces pour trombone et orchestre de Chris Brubeck, fils de Dave, interprétées avec l’Orchestre symphonique de Bretagne, Guillaume et Chris sympathisent autour de la mémoire de leurs pères respectifs ancrée solidement dans l’année 1944. Cette année-là, Dave Brubeck débarque à Omaha Beach. Les versions divergent. Parachuté ? Il semble qu’il y ait confusion avec le récit qu’il a fait de la mort de l’un de ses amis, descendu lors d’un parachutage sur la Normandie. Débût août ? Ça me semble douteux. Fin de l’été plus sûrement selon certaines sources qui le font passer par Liverpool avant de débarquer à Omaha Beach puis rejoindre en wagon à bestiaux la 3ème armée du Général Patton dans l’Est de la France. C’est là qu’un beau jour, des jeunes femmes de la Croix rouge (ou du Special Service chargé du moral des troupes) descendent d’un camion qui sert de scène et demande si quelqu’un sait jouer du piano. Non seulement, Dave Brubeck est sélectionné, mais son colonel va s’arranger pour qu’il soit rayé des listes et tenu à l’écart des combats afin qu’il puisse exercer son talent au profit de soldats qui s’apprêtent à affronter la rude épreuve des Ardennes, qu’il verra cependant d’assez près.


Chris Brubeck a gardé en mémoire les récits par son père de ces moments dramatiques et les partage avec Guillaume Saint-James dont le père, âgé de 13 ans, fut saisi d’une crise d’appendicite le lendemain du débarquement en plein combats pour la libération de Bayeux, transporté en brouette par les soldats américaines et opéré à la lueur des bougies d’un hôpital de campagne. Par la suite Guillaume Saint-James et Chris Brubeck contracteront leur passion pour le jazz au contact de leurs pères respectifs, Chris on sait à peu près comment, Guillaume parce que son père était un passionné de jazz, qui joua du tuba et du piano dans les clubs de Saint-Germain-des-Près pendant ses études de médecine.

C’est ainsi que les deux fils décidèrent de collaborer à une œuvre commune, Brothers in Arts, dont ils jetèrent les bases lors d’un séjour chez les Brubeck (Dave était mort un an auparavant, mais Iola son épouse était là) en compagnie de l’accordéoniste du Jazzarium de Guillaume Saint-James, Didier Ithursarry.

Il en résulte un œuvre hybride à plus d’un titre, les deux compositeurs ayant échangé leurs partitions de part et d’autre de l’Atlantique, l’influence de l’Amérique des Brubeck se croisant avec la culture française de Guillaume, les genres se bousculant. On y trouve une sorte de ragtime qui  m’a rappelé les partitions des artistes du Clef Club dans les années 10 (évocation probablement involontaire de la participation de Jim Europe au premier conflit mondial), une citation de When the Saint, des prairies de cordes évoquant les grands espaces américains et Aaron Copland, des trombones menaçant comme des bombardiers, des percussions tonnantes en guise de barrage d’artillerie, des hymnes, des élégies et des marches, l’une d’elle évoquant l’Histoire du Soldat de Stravinsky alors que semble s’annoncer la bataille des Ardennes, des échos urbains à la Gershwin ou à la Bernstein et une grande polyphonie orchestrale valsée emmenée par l’accordéon solo d’Ithursarry illustrant la libération de Paris, un emprunt au boogie lorsque trois jeunes chanteuses (dont Louise Robard que j’avais déjà citée dans ce blog lors d’un soirée Nina Simone à Saint-Brieuc) viennent chanter en chœurs sur le devant du plateau pour mettre en scène l’engagement de Dave Brubeck par le Special Service, Chris Brubeck, dans le rôle de son père, étant invité pour l’occasion à quitter son trombone pour se mettre au piano et lancer un vigoureux boogie. Le tout dirigé par Didier Benetti avec une précision rythmique de chef de big band.


Ça n’a pas ni l’exigence ni l’originalité de l’autre suite symphonique, Megapolis, que Guillaume Saint-James a publiée cette année avec son Jazzarium sextet et le même Orchestre symphonique de Bretagne (Choc de notre numéro 662), mais c’est un grand moment de ferveur populaire en cette ville qui vit encore à l’heure du 70ème anniversaire de sa libération rappelée sur la place de la Mairie de Rennes par les photos reproduites sur de grands panneaux du reporter pour Life John G. Morris pendant la campagne de Normandie. Il est là, revenu spécialement des Etat-Unis pour inaugurer son exposition à la sortie du concert de Brothers in Arts.


Demain, 20 septembre, rendez-vous à l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges, où se succèderont un concert du quartette de Christophe Monniot (17h), une conférence sur le jazz en guerre par un certain Franck Bergerot (18h), Jacques Schwartz-Bart (20h) et un grand bal funk avec Soul n’ Pepper (22h30). Dimanche 21: le quartette de la chanteuse Martion Thomas  (15h et 17h), le MegaOctet d’Andy Emler (18h), Chris Brubeck, Guillaume Saint-James et leur Brothers in Arts en version quinette (20h30). Franck Bergerot

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En avant première du festival Jazz aux écluses qui se tient ce week end sur le site de l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges (au programme Chistophe Monniot, Jacques Schwarz-Bart, Andy Emler et son MegaOctet…), l’Orchestre symphonique de Bretagne dirigé par Didier Benetti présentait  à l’opéra de Rennes le programme Brothers in Arts composé, à l’occasion des célébrations du débarquement, par Chris Brubeck et Guillaume Saint-James, eux-mêmes présents sur scène au sein d’un quintette de jazz.

 

Chris Brubeck (trombone), Guillaume Saint-James (saxophones), Didier Ithursarry (accordéon), Jérôme Séguin (basse électrique), Christophe Lavergne (batterie) + l’Orchestre symphonique de Bretagne, dirigé par Didier Benetti.


On vous a déjà raconté ça dans le numéro de Jazz Magazine de juin consacré aux débarquements du jazz, mais rafraîchissons les mémoires. Lorsqu’en 2012 Guillaume Saint-James participe au programme de pièces pour trombone et orchestre de Chris Brubeck, fils de Dave, interprétées avec l’Orchestre symphonique de Bretagne, Guillaume et Chris sympathisent autour de la mémoire de leurs pères respectifs ancrée solidement dans l’année 1944. Cette année-là, Dave Brubeck débarque à Omaha Beach. Les versions divergent. Parachuté ? Il semble qu’il y ait confusion avec le récit qu’il a fait de la mort de l’un de ses amis, descendu lors d’un parachutage sur la Normandie. Débût août ? Ça me semble douteux. Fin de l’été plus sûrement selon certaines sources qui le font passer par Liverpool avant de débarquer à Omaha Beach puis rejoindre en wagon à bestiaux la 3ème armée du Général Patton dans l’Est de la France. C’est là qu’un beau jour, des jeunes femmes de la Croix rouge (ou du Special Service chargé du moral des troupes) descendent d’un camion qui sert de scène et demande si quelqu’un sait jouer du piano. Non seulement, Dave Brubeck est sélectionné, mais son colonel va s’arranger pour qu’il soit rayé des listes et tenu à l’écart des combats afin qu’il puisse exercer son talent au profit de soldats qui s’apprêtent à affronter la rude épreuve des Ardennes, qu’il verra cependant d’assez près.


Chris Brubeck a gardé en mémoire les récits par son père de ces moments dramatiques et les partage avec Guillaume Saint-James dont le père, âgé de 13 ans, fut saisi d’une crise d’appendicite le lendemain du débarquement en plein combats pour la libération de Bayeux, transporté en brouette par les soldats américaines et opéré à la lueur des bougies d’un hôpital de campagne. Par la suite Guillaume Saint-James et Chris Brubeck contracteront leur passion pour le jazz au contact de leurs pères respectifs, Chris on sait à peu près comment, Guillaume parce que son père était un passionné de jazz, qui joua du tuba et du piano dans les clubs de Saint-Germain-des-Près pendant ses études de médecine.

C’est ainsi que les deux fils décidèrent de collaborer à une œuvre commune, Brothers in Arts, dont ils jetèrent les bases lors d’un séjour chez les Brubeck (Dave était mort un an auparavant, mais Iola son épouse était là) en compagnie de l’accordéoniste du Jazzarium de Guillaume Saint-James, Didier Ithursarry.

Il en résulte un œuvre hybride à plus d’un titre, les deux compositeurs ayant échangé leurs partitions de part et d’autre de l’Atlantique, l’influence de l’Amérique des Brubeck se croisant avec la culture française de Guillaume, les genres se bousculant. On y trouve une sorte de ragtime qui  m’a rappelé les partitions des artistes du Clef Club dans les années 10 (évocation probablement involontaire de la participation de Jim Europe au premier conflit mondial), une citation de When the Saint, des prairies de cordes évoquant les grands espaces américains et Aaron Copland, des trombones menaçant comme des bombardiers, des percussions tonnantes en guise de barrage d’artillerie, des hymnes, des élégies et des marches, l’une d’elle évoquant l’Histoire du Soldat de Stravinsky alors que semble s’annoncer la bataille des Ardennes, des échos urbains à la Gershwin ou à la Bernstein et une grande polyphonie orchestrale valsée emmenée par l’accordéon solo d’Ithursarry illustrant la libération de Paris, un emprunt au boogie lorsque trois jeunes chanteuses (dont Louise Robard que j’avais déjà citée dans ce blog lors d’un soirée Nina Simone à Saint-Brieuc) viennent chanter en chœurs sur le devant du plateau pour mettre en scène l’engagement de Dave Brubeck par le Special Service, Chris Brubeck, dans le rôle de son père, étant invité pour l’occasion à quitter son trombone pour se mettre au piano et lancer un vigoureux boogie. Le tout dirigé par Didier Benetti avec une précision rythmique de chef de big band.


Ça n’a pas ni l’exigence ni l’originalité de l’autre suite symphonique, Megapolis, que Guillaume Saint-James a publiée cette année avec son Jazzarium sextet et le même Orchestre symphonique de Bretagne (Choc de notre numéro 662), mais c’est un grand moment de ferveur populaire en cette ville qui vit encore à l’heure du 70ème anniversaire de sa libération rappelée sur la place de la Mairie de Rennes par les photos reproduites sur de grands panneaux du reporter pour Life John G. Morris pendant la campagne de Normandie. Il est là, revenu spécialement des Etat-Unis pour inaugurer son exposition à la sortie du concert de Brothers in Arts.


Demain, 20 septembre, rendez-vous à l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges, où se succèderont un concert du quartette de Christophe Monniot (17h), une conférence sur le jazz en guerre par un certain Franck Bergerot (18h), Jacques Schwartz-Bart (20h) et un grand bal funk avec Soul n’ Pepper (22h30). Dimanche 21: le quartette de la chanteuse Martion Thomas  (15h et 17h), le MegaOctet d’Andy Emler (18h), Chris Brubeck, Guillaume Saint-James et leur Brothers in Arts en version quinette (20h30). Franck Bergerot

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En avant première du festival Jazz aux écluses qui se tient ce week end sur le site de l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges (au programme Chistophe Monniot, Jacques Schwarz-Bart, Andy Emler et son MegaOctet…), l’Orchestre symphonique de Bretagne dirigé par Didier Benetti présentait  à l’opéra de Rennes le programme Brothers in Arts composé, à l’occasion des célébrations du débarquement, par Chris Brubeck et Guillaume Saint-James, eux-mêmes présents sur scène au sein d’un quintette de jazz.

 

Chris Brubeck (trombone), Guillaume Saint-James (saxophones), Didier Ithursarry (accordéon), Jérôme Séguin (basse électrique), Christophe Lavergne (batterie) + l’Orchestre symphonique de Bretagne, dirigé par Didier Benetti.


On vous a déjà raconté ça dans le numéro de Jazz Magazine de juin consacré aux débarquements du jazz, mais rafraîchissons les mémoires. Lorsqu’en 2012 Guillaume Saint-James participe au programme de pièces pour trombone et orchestre de Chris Brubeck, fils de Dave, interprétées avec l’Orchestre symphonique de Bretagne, Guillaume et Chris sympathisent autour de la mémoire de leurs pères respectifs ancrée solidement dans l’année 1944. Cette année-là, Dave Brubeck débarque à Omaha Beach. Les versions divergent. Parachuté ? Il semble qu’il y ait confusion avec le récit qu’il a fait de la mort de l’un de ses amis, descendu lors d’un parachutage sur la Normandie. Débût août ? Ça me semble douteux. Fin de l’été plus sûrement selon certaines sources qui le font passer par Liverpool avant de débarquer à Omaha Beach puis rejoindre en wagon à bestiaux la 3ème armée du Général Patton dans l’Est de la France. C’est là qu’un beau jour, des jeunes femmes de la Croix rouge (ou du Special Service chargé du moral des troupes) descendent d’un camion qui sert de scène et demande si quelqu’un sait jouer du piano. Non seulement, Dave Brubeck est sélectionné, mais son colonel va s’arranger pour qu’il soit rayé des listes et tenu à l’écart des combats afin qu’il puisse exercer son talent au profit de soldats qui s’apprêtent à affronter la rude épreuve des Ardennes, qu’il verra cependant d’assez près.


Chris Brubeck a gardé en mémoire les récits par son père de ces moments dramatiques et les partage avec Guillaume Saint-James dont le père, âgé de 13 ans, fut saisi d’une crise d’appendicite le lendemain du débarquement en plein combats pour la libération de Bayeux, transporté en brouette par les soldats américaines et opéré à la lueur des bougies d’un hôpital de campagne. Par la suite Guillaume Saint-James et Chris Brubeck contracteront leur passion pour le jazz au contact de leurs pères respectifs, Chris on sait à peu près comment, Guillaume parce que son père était un passionné de jazz, qui joua du tuba et du piano dans les clubs de Saint-Germain-des-Près pendant ses études de médecine.

C’est ainsi que les deux fils décidèrent de collaborer à une œuvre commune, Brothers in Arts, dont ils jetèrent les bases lors d’un séjour chez les Brubeck (Dave était mort un an auparavant, mais Iola son épouse était là) en compagnie de l’accordéoniste du Jazzarium de Guillaume Saint-James, Didier Ithursarry.

Il en résulte un œuvre hybride à plus d’un titre, les deux compositeurs ayant échangé leurs partitions de part et d’autre de l’Atlantique, l’influence de l’Amérique des Brubeck se croisant avec la culture française de Guillaume, les genres se bousculant. On y trouve une sorte de ragtime qui  m’a rappelé les partitions des artistes du Clef Club dans les années 10 (évocation probablement involontaire de la participation de Jim Europe au premier conflit mondial), une citation de When the Saint, des prairies de cordes évoquant les grands espaces américains et Aaron Copland, des trombones menaçant comme des bombardiers, des percussions tonnantes en guise de barrage d’artillerie, des hymnes, des élégies et des marches, l’une d’elle évoquant l’Histoire du Soldat de Stravinsky alors que semble s’annoncer la bataille des Ardennes, des échos urbains à la Gershwin ou à la Bernstein et une grande polyphonie orchestrale valsée emmenée par l’accordéon solo d’Ithursarry illustrant la libération de Paris, un emprunt au boogie lorsque trois jeunes chanteuses (dont Louise Robard que j’avais déjà citée dans ce blog lors d’un soirée Nina Simone à Saint-Brieuc) viennent chanter en chœurs sur le devant du plateau pour mettre en scène l’engagement de Dave Brubeck par le Special Service, Chris Brubeck, dans le rôle de son père, étant invité pour l’occasion à quitter son trombone pour se mettre au piano et lancer un vigoureux boogie. Le tout dirigé par Didier Benetti avec une précision rythmique de chef de big band.


Ça n’a pas ni l’exigence ni l’originalité de l’autre suite symphonique, Megapolis, que Guillaume Saint-James a publiée cette année avec son Jazzarium sextet et le même Orchestre symphonique de Bretagne (Choc de notre numéro 662), mais c’est un grand moment de ferveur populaire en cette ville qui vit encore à l’heure du 70ème anniversaire de sa libération rappelée sur la place de la Mairie de Rennes par les photos reproduites sur de grands panneaux du reporter pour Life John G. Morris pendant la campagne de Normandie. Il est là, revenu spécialement des Etat-Unis pour inaugurer son exposition à la sortie du concert de Brothers in Arts.


Demain, 20 septembre, rendez-vous à l’écluse de la Madeleine à Hédé-Bazouges, où se succèderont un concert du quartette de Christophe Monniot (17h), une conférence sur le jazz en guerre par un certain Franck Bergerot (18h), Jacques Schwartz-Bart (20h) et un grand bal funk avec Soul n’ Pepper (22h30). Dimanche 21: le quartette de la chanteuse Martion Thomas  (15h et 17h), le MegaOctet d’Andy Emler (18h), Chris Brubeck, Guillaume Saint-James et leur Brothers in Arts en version quinette (20h30). Franck Bergerot