Jazz live
Publié le 23 Juil 2017

ALCAJAZZ à l'ALCAZAR : "Miles et nous", Making of Kind of Blue, "I am not your negro"

ALCAJAZZ à L’ALCAZAR

Retour sur le travail de l’Alcajazz chaque été en relation avec le festival de Marseille Jazz Cinq continents: une exposition sur Miles ainsi que des documentaires passionnants sur le jazz ou la lutte pour l’égalité des droits aux USA …

http://www.marseillejazz.com/nsite/index.php/programmation/alcajazz

Miles et nous ( exposition du dimanche 25 juin au samedi 26 août)

Dans le cadre du festival annuel estival Marseille Jazz 5 continents, la BMVR (bibliothèque municipale à vocation régionale où circulent près de 6000 visiteurs quotidiennement ), située dans l’ancien Alcazar (music hall marseillais fameux où se produisirent des comiques troupiers comme Fernandel mais aussi des jazzmen comme Armstrong, où débutèrent Trénet, Montand…), l-alcazar-marseille-2Alcazar-new

Alcazar-new

accueille un cycle de conférences, de concerts, de projections de films et documentaires passionnants comme le « I am not your negro » de l’Haïtien Raoul Peck dont le titre original est Black Lives Matter, du nom du mouvement militant afro américain contre la violence et le racisme systémique envers les Noirs.

i-am-not-your-negro-900x0-c-default Le film est monté avec la voix off de Samuel L. Jackson en v.o, reprenant les textes de l’écrivain noir américain James Baldwin.

Avec les mots rageurs de Baldwin, le cinéaste nous fait revivre les années de lutte sans merci pour les droits civiques avec les assassinats de Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Remercions Arte pour avoir montré en avril dernier, ce film édifiant sur la ségrégation aux USA, avant même sa sortie en salles, trop courte, dans les trop rares salles d’art et essai de la ville. C’est en quelque sorte une session de rattrapage à laquelle l’Alcazar nous convie…J’y reviendrai en rendant compte du concert du mardi 25 juillet au Palais Longchamp où vont intervenir successivement le pianiste Robert Glasper et le saxophoniste Kamasi Washington…

Mais pour l’instant, c’est Miles Davis  qui est à l’honneur avec une « mini » exposition (du concentré) sur son parcours dans le jazz, autour d’une sélection de photos de Christian Ducasse et Jean Pierre Leloir

Salle Pleyel une semaine avant la salle Vallier à Marseille

Salle Pleyel une semaine avant la salle Vallier à Marseille

notamment, d’archives et de pochettes vinyles parfois prêtées par des collectionneurs passionnés (JP Ricard par exemple). Vincent Bessières, le commissaire de l’exposition We Want Miles ( Miles Davis : le jazz face à sa légende), à la Cité de la musique en 2009 et co-auteur, la même année, de la biographie éponyme avec Franck Bergerot, rappelait, lors du vernissage,  aux Marseillais, toujours un peu chauvins, que si Miles a entretenu une relation particulière avec la France ( c’est dans notre pays qu’eurent lieu ses premiers concerts hors USA en 1949 et aussi son dernier en juillet 1991), il s’est produit par deux fois dans la brave cité phocéenne, en 1964, le 9 octobre, programmé par le jazz club du Sud est, avec George Russel et Coleman Hawkins, Salle Vallier, à la tête de son second quintet ( Herbie Hancock, Ron Carter, Tony Williams, Wayne Shorter) et la dernière fois le 24 novembre 1987 au parc Chanot. Photo Pierre Ciot

http://www.divergence-images.com/pierre-ciot/portfolios/miles-davis-marseille-1987-gci-766-1321.html

Vendredi 21 juillet :

miles_davis_kind_of_blue_1

Dans le cadre des documentaires projetés à la BMVR, le Making of de Kind of Blue, cet album culte, le plus vendu dans l’histoire du jazz, qui tire encore à près de 25000 exemplaires par an, près de 60 ans après sa sortie en 1959…Occasion de lire ou relire le livre d’Ashley Kahn (traduction de Philippe Paringaux) Kind of Blue – Le making of du chef d’œuvre de Miles Davis (Le Mot et le Reste, 2009). L’auteur intervient dans le film, aux côtés de très nombreux musiciens comme Jimmy Cobb, Herbie Hancock, John Scofield, Dave Liebman pour tenter d’expliquer ce passage du bop au jazz modal avec ce sextet rare composé de John Coltrane, Cannonball Adderley, Bill Evans, Wynton Kelly, Paul Chambers et Jimmy Cobb. Ce documentaire, plutôt hagiographique, n’en présente pas moins des archives rares (extraits d’interviews radio de Bill Evans entre autre), qui permettent de mieux saisir la façon de travailler du maître, sa relation particulière avec Bill Evans, l’histoire de l’enregistrement, sur le label Columbia, en seulement deux sessions les 2 mars et 22 avril, de prises uniques des 5 titres….

20170721_145038

Cerise sur le gâteau, la salle de l’amphithéâtre de l’Alcazar, pleine comme un œuf (rappelons que tout ceci est gratuit) pouvait ensuite applaudir le concert du sextet du trompettiste d’origine normande, Christophe Leloil, néo arrivant dans la ville, mais depuis quelque temps tout de même. Avec ses fidèles camarades de jeu, Cédric Bec (dms), Perrine Mansuy (p), Pierre Fenichel (cb), Olivier Chaussade (ts) et Vincent Strazzieri (as), tous bien connus des Marseillais amateurs et suiveurs de jazz (le Cri du Port, Jazz sur la ville…), le trompettiste nous fait revivre une heure durant, à son rythme, le programme du mythique album, dans le désordre, commençant par «Freddy Freeloader» (au passage, « freeloader » signifie « resquilleur »), se terminant par «So what», avec une « erreur » volontaire, ce «Milestones » de l’album éponyme, sorti l’année précédente, qui reflète le work in progress. Un concert brillant, un hommage simple et réussi qui met en valeur chacun de ces excellents musiciens, qui renoue avec ce qui fait déjà partie de la tradition jazz, autour d’un trompettiste éclectique (  il aime aussi bien Woody Shaw, Wynton Marsalis  que Tom Harrell… Il peut groover, être ultra cool, acoustique ou électrique, expressif avec la sourdine Harmon, celle de Miles justement.

S’il n’a pas chopé l’assent, il est parfaitement installé ici, heureux de vivre à Marseille et il en est même devenu un véritable ambassadeur…

Quelques pistes discographiques pour mieux le suivre : Echoes, Ajmiseries, 2008 et Line 4, label Durance 2013

Sophie Chambon

 

 |ALCAJAZZ à L’ALCAZAR

Retour sur le travail de l’Alcajazz chaque été en relation avec le festival de Marseille Jazz Cinq continents: une exposition sur Miles ainsi que des documentaires passionnants sur le jazz ou la lutte pour l’égalité des droits aux USA …

http://www.marseillejazz.com/nsite/index.php/programmation/alcajazz

Miles et nous ( exposition du dimanche 25 juin au samedi 26 août)

Dans le cadre du festival annuel estival Marseille Jazz 5 continents, la BMVR (bibliothèque municipale à vocation régionale où circulent près de 6000 visiteurs quotidiennement ), située dans l’ancien Alcazar (music hall marseillais fameux où se produisirent des comiques troupiers comme Fernandel mais aussi des jazzmen comme Armstrong, où débutèrent Trénet, Montand…), l-alcazar-marseille-2Alcazar-new

Alcazar-new

accueille un cycle de conférences, de concerts, de projections de films et documentaires passionnants comme le « I am not your negro » de l’Haïtien Raoul Peck dont le titre original est Black Lives Matter, du nom du mouvement militant afro américain contre la violence et le racisme systémique envers les Noirs.

i-am-not-your-negro-900x0-c-default Le film est monté avec la voix off de Samuel L. Jackson en v.o, reprenant les textes de l’écrivain noir américain James Baldwin.

Avec les mots rageurs de Baldwin, le cinéaste nous fait revivre les années de lutte sans merci pour les droits civiques avec les assassinats de Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Remercions Arte pour avoir montré en avril dernier, ce film édifiant sur la ségrégation aux USA, avant même sa sortie en salles, trop courte, dans les trop rares salles d’art et essai de la ville. C’est en quelque sorte une session de rattrapage à laquelle l’Alcazar nous convie…J’y reviendrai en rendant compte du concert du mardi 25 juillet au Palais Longchamp où vont intervenir successivement le pianiste Robert Glasper et le saxophoniste Kamasi Washington…

Mais pour l’instant, c’est Miles Davis  qui est à l’honneur avec une « mini » exposition (du concentré) sur son parcours dans le jazz, autour d’une sélection de photos de Christian Ducasse et Jean Pierre Leloir

Salle Pleyel une semaine avant la salle Vallier à Marseille

Salle Pleyel une semaine avant la salle Vallier à Marseille

notamment, d’archives et de pochettes vinyles parfois prêtées par des collectionneurs passionnés (JP Ricard par exemple). Vincent Bessières, le commissaire de l’exposition We Want Miles ( Miles Davis : le jazz face à sa légende), à la Cité de la musique en 2009 et co-auteur, la même année, de la biographie éponyme avec Franck Bergerot, rappelait, lors du vernissage,  aux Marseillais, toujours un peu chauvins, que si Miles a entretenu une relation particulière avec la France ( c’est dans notre pays qu’eurent lieu ses premiers concerts hors USA en 1949 et aussi son dernier en juillet 1991), il s’est produit par deux fois dans la brave cité phocéenne, en 1964, le 9 octobre, programmé par le jazz club du Sud est, avec George Russel et Coleman Hawkins, Salle Vallier, à la tête de son second quintet ( Herbie Hancock, Ron Carter, Tony Williams, Wayne Shorter) et la dernière fois le 24 novembre 1987 au parc Chanot. Photo Pierre Ciot

http://www.divergence-images.com/pierre-ciot/portfolios/miles-davis-marseille-1987-gci-766-1321.html

Vendredi 21 juillet :

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Dans le cadre des documentaires projetés à la BMVR, le Making of de Kind of Blue, cet album culte, le plus vendu dans l’histoire du jazz, qui tire encore à près de 25000 exemplaires par an, près de 60 ans après sa sortie en 1959…Occasion de lire ou relire le livre d’Ashley Kahn (traduction de Philippe Paringaux) Kind of Blue – Le making of du chef d’œuvre de Miles Davis (Le Mot et le Reste, 2009). L’auteur intervient dans le film, aux côtés de très nombreux musiciens comme Jimmy Cobb, Herbie Hancock, John Scofield, Dave Liebman pour tenter d’expliquer ce passage du bop au jazz modal avec ce sextet rare composé de John Coltrane, Cannonball Adderley, Bill Evans, Wynton Kelly, Paul Chambers et Jimmy Cobb. Ce documentaire, plutôt hagiographique, n’en présente pas moins des archives rares (extraits d’interviews radio de Bill Evans entre autre), qui permettent de mieux saisir la façon de travailler du maître, sa relation particulière avec Bill Evans, l’histoire de l’enregistrement, sur le label Columbia, en seulement deux sessions les 2 mars et 22 avril, de prises uniques des 5 titres….

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Cerise sur le gâteau, la salle de l’amphithéâtre de l’Alcazar, pleine comme un œuf (rappelons que tout ceci est gratuit) pouvait ensuite applaudir le concert du sextet du trompettiste d’origine normande, Christophe Leloil, néo arrivant dans la ville, mais depuis quelque temps tout de même. Avec ses fidèles camarades de jeu, Cédric Bec (dms), Perrine Mansuy (p), Pierre Fenichel (cb), Olivier Chaussade (ts) et Vincent Strazzieri (as), tous bien connus des Marseillais amateurs et suiveurs de jazz (le Cri du Port, Jazz sur la ville…), le trompettiste nous fait revivre une heure durant, à son rythme, le programme du mythique album, dans le désordre, commençant par «Freddy Freeloader» (au passage, « freeloader » signifie « resquilleur »), se terminant par «So what», avec une « erreur » volontaire, ce «Milestones » de l’album éponyme, sorti l’année précédente, qui reflète le work in progress. Un concert brillant, un hommage simple et réussi qui met en valeur chacun de ces excellents musiciens, qui renoue avec ce qui fait déjà partie de la tradition jazz, autour d’un trompettiste éclectique (  il aime aussi bien Woody Shaw, Wynton Marsalis  que Tom Harrell… Il peut groover, être ultra cool, acoustique ou électrique, expressif avec la sourdine Harmon, celle de Miles justement.

S’il n’a pas chopé l’assent, il est parfaitement installé ici, heureux de vivre à Marseille et il en est même devenu un véritable ambassadeur…

Quelques pistes discographiques pour mieux le suivre : Echoes, Ajmiseries, 2008 et Line 4, label Durance 2013

Sophie Chambon