Jazz live
Publié le 5 Mar 2016

AMIENS « TENDANCE JAZZ », 30 ans de Label Bleu et carte blanche à Henri Texier

Pour célébrer les 30 ans de Label Bleu, avec nouveau départ du label et rénovation du studio Gil Evans, la Maison de la Culture d’Amiens a organisé une série de concerts, sous le titre « Tendance Jazz 2016 », dont la soirée de lancement le jeudi 3 mars était une carte blanche à Henri Texier, avec Michel Portal, Bojan Z, Thomas de Pourquery, Manu Codjia et Edward Perraud.

Amiens le groupe

L’événement accueillait aussi le 4 mars « Sky Dancers », le nouveau groupe du contrebassiste, pilier du label  et son artiste le plus fidèle : il vient d’y publier son nouveau CD, qui porte son score à près de 20 références pour la même compagnie phonographique…. Au programme le même soir le Red Star Orchestra, avec Thomas de Pourquery dans un emploi de crooner décalé (« Broadways », nouvelle parution du label) ; et clôture le lendemain avec la chanteuse malienne Rokia Traoré, figure emblématique de Label Bleu dans ses références de musiques du Monde. France Musique s’associait à l’événement avec deux émissions « Open Jazz » d’Alex Dutilh, en direct du bar de la Maison de la Culture, en compagnie des musiciens ; puis dans le « Jazz Club » d’Yvan Amar, le concert de « Sky Dancers » ; et aussi la diffusion, prévue le mercredi 27 avril à 20h dans les « Mercredis du jazz » de Jérôme Badini, de la carte Blanche à Henri Texier.

Amiens France Musique

Michel Portal, Bojan Z, Edward Perraud…. s’entretiennent avec Alex Dutilh pour « Open Jazz »

HENRI TEXIER invite ….

Michel Portal (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano & bandonéon), Thomas de Pourquery (saxophone alto), Bojan Zulfikarpašić (piano, piano électrique), Manu Codjia (guitare), Henri Texier (contrebasse), Edward Perraud (batterie)

Amiens, grand théâtre de la Maison de la Culture, 3 mars 2016, 20h30

On part bille en tête, plein jazz, avec un thème enregistré par Henri sur son avant-dernier disque (Henri Texier Hope Quartet « At L’Improviste ») : c’est Ô Elvin, hommage vibrant à Elvin Jones. Edward Perraud s’en donne à cœur joie dès l’intro ; Michel Portal, à la clarinette basse fait un tour de chauffe ;Thomas, Henri et Manu activent la braise, et Bojan pousse les feux par un soutien sans faille. On sort de la fournaise par un duo de Bojan Z et Michel Portal sur un thème d’Eddy Louiss, Citrus Juice, où ils ont déjà tissé quelques complicités. Le pianiste donne des accords de la main droite tandis que la gauche étouffe les cordes, pour exacerber l’impact rythmique, puis la main droite court sur le clavier du Fender Rhodes et distille sous le chant du soprano (comme le ferait un alambic, goutte à goutte) des perles de rêverie. Michel Portal est inspiré, sa verve expressive se libère, et l’on décolle avec eux. Ils quittent la scène, et le reste de la bande revient en quartette pour un classique du barde barbu, Amazone Blues : l’autre barbu (Thomas de Pourquery) s’y donne sans réserve (car ici, en territoire humaniste, les indiens sont sans réserve….), et ses comparses redoublent d’intensité. Sextette à nouveau, pour Serious Seb, un thème gravé en 2002 dans un disque avec cordes (« Strings’ Spirit ») : Thomas passe d’un registre détendu à l’expressivité la plus tendue, puis revient à la quiétude avec des harmoniques subtiles, avant de passer le relais à Manu, qui saura quoi en faire…. Et pour conclure le premier set (car le concert est en deux parties, c’est double joie), Sacrifice, thème plusieurs fois enregistré par Henri Texier : intro sax alto-contrebasse-batterie, puis toute la bande : solo très vif de Manu Codjia, qui caresse un instant les harmonies de Goodbye Porkpie Hat me semble-t-il (ou alors mon goût pour ce thème de Mingus m’aura aveuglé -ou plutôt assourdi : c’est à ne pas exclure….). Portal va passer du soprano à clarinette puis à la clarinette basse ; le thème s’enchaîne à SOS Mir. Bojan joue de ses unissons diaboliques, créant une force hypnotique, et irrésistible. Plus loin Edward offre un solo de balais gestuel et chorégraphique (mais le son est là aussi !), et la première partie se terminera par une sorte d’hymne tout droit venu de cette religion appelée free jazz (Saint John et Saint Albert, prenez pitié de nos longues misères….). Public aux anges, impatient déjà d’en découdre après l’entracte.

La seconde partie sera plus intense encore, avec une version renouvelée de Colonel Skopje (immortalisé naguère dans cette même salle en compagnie de Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow….) : échanges très vifs entre alto, clarinette basse, et la batterie, dont un solo mêle le raffinement des timbres à de soudains fracas. On enchaîne bille en tête avec Mucho Calor, guitare saturée, bassiste et batteur submergés d’énergie rock, les anches en folie, et les claviers qui poussent au crime ; puis accalmie inspirée, entre piano et guitare, sur Don’t Buy Ivory Anymore, avant de repartir de plus belle dans Barth’s Groove, conçu voici plus de dix ans avec la complicité de Claude Barthélémy : le piano nous la joue funky, façon années 50, la clarinette basse s’aventure délicieusement hors du cadre harmonique tandis que l’alto nous tricote Cannonball et Ornette dans le même chorus ; Henri jubile, il a été volubile dans ses solos, attentif et empathique tout au long du concert : la guitare et la batterie s’offrent un chassé-croisé, et nous voilà, pantelants mais heureux, du côté de Y’a des vautours au Cambodge (du film Holy Lola), avec Portal au bandonéon, dans des échanges sensibles avec la guitare, avant que l’alto ne déborde de lyrisme. Un « tube » de Texier, Desaparecido (souvenir des Folles de la Place de Mai à Buenos Aires, au temps de la dictature), sera le signal du repli conclusif : ce serait sans compter avec la ferveur du public, subjugué, qui rappelle à tout-va. Retour donc de la troupe pour un épisode caribéen, Noises (à prononcer à la française ou à l’anglaise, c’est affaire de goût). Michel Portal, à la clarinette, s’envole pour la Nouvelle Orléans aux temps bénis du vieux style ; il jubile, comme ses partenaires…. et le public : accord final, ovation verticale et salut courbé de rigueur : le bonheur, vous dis-je !

Xavier Prévost

Amiens salut

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 3 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-1-2-avec-michel-portal-bojan-z-edward-perraud-et-manu-codjia-03-03

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 4 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-2-2-avec-henri-texier-thomas-de-pourquery-et-johane-myran-03-04

Réécouter l’émission « Jazz Club » du 4 mars avec Henri Texier et son groupe « Sky Dancers »

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/henri-texier-sky-dancers-amiens-03-04-2016-22-30

Et retrouver le 27 avril le concert « Henri Texier invite…. » dans l’émission « Les Mercredis du jazz »

http://www.francemusique.fr/emission/les-mercredis-du-jazz|Pour célébrer les 30 ans de Label Bleu, avec nouveau départ du label et rénovation du studio Gil Evans, la Maison de la Culture d’Amiens a organisé une série de concerts, sous le titre « Tendance Jazz 2016 », dont la soirée de lancement le jeudi 3 mars était une carte blanche à Henri Texier, avec Michel Portal, Bojan Z, Thomas de Pourquery, Manu Codjia et Edward Perraud.

Amiens le groupe

L’événement accueillait aussi le 4 mars « Sky Dancers », le nouveau groupe du contrebassiste, pilier du label  et son artiste le plus fidèle : il vient d’y publier son nouveau CD, qui porte son score à près de 20 références pour la même compagnie phonographique…. Au programme le même soir le Red Star Orchestra, avec Thomas de Pourquery dans un emploi de crooner décalé (« Broadways », nouvelle parution du label) ; et clôture le lendemain avec la chanteuse malienne Rokia Traoré, figure emblématique de Label Bleu dans ses références de musiques du Monde. France Musique s’associait à l’événement avec deux émissions « Open Jazz » d’Alex Dutilh, en direct du bar de la Maison de la Culture, en compagnie des musiciens ; puis dans le « Jazz Club » d’Yvan Amar, le concert de « Sky Dancers » ; et aussi la diffusion, prévue le mercredi 27 avril à 20h dans les « Mercredis du jazz » de Jérôme Badini, de la carte Blanche à Henri Texier.

Amiens France Musique

Michel Portal, Bojan Z, Edward Perraud…. s’entretiennent avec Alex Dutilh pour « Open Jazz »

HENRI TEXIER invite ….

Michel Portal (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano & bandonéon), Thomas de Pourquery (saxophone alto), Bojan Zulfikarpašić (piano, piano électrique), Manu Codjia (guitare), Henri Texier (contrebasse), Edward Perraud (batterie)

Amiens, grand théâtre de la Maison de la Culture, 3 mars 2016, 20h30

On part bille en tête, plein jazz, avec un thème enregistré par Henri sur son avant-dernier disque (Henri Texier Hope Quartet « At L’Improviste ») : c’est Ô Elvin, hommage vibrant à Elvin Jones. Edward Perraud s’en donne à cœur joie dès l’intro ; Michel Portal, à la clarinette basse fait un tour de chauffe ;Thomas, Henri et Manu activent la braise, et Bojan pousse les feux par un soutien sans faille. On sort de la fournaise par un duo de Bojan Z et Michel Portal sur un thème d’Eddy Louiss, Citrus Juice, où ils ont déjà tissé quelques complicités. Le pianiste donne des accords de la main droite tandis que la gauche étouffe les cordes, pour exacerber l’impact rythmique, puis la main droite court sur le clavier du Fender Rhodes et distille sous le chant du soprano (comme le ferait un alambic, goutte à goutte) des perles de rêverie. Michel Portal est inspiré, sa verve expressive se libère, et l’on décolle avec eux. Ils quittent la scène, et le reste de la bande revient en quartette pour un classique du barde barbu, Amazone Blues : l’autre barbu (Thomas de Pourquery) s’y donne sans réserve (car ici, en territoire humaniste, les indiens sont sans réserve….), et ses comparses redoublent d’intensité. Sextette à nouveau, pour Serious Seb, un thème gravé en 2002 dans un disque avec cordes (« Strings’ Spirit ») : Thomas passe d’un registre détendu à l’expressivité la plus tendue, puis revient à la quiétude avec des harmoniques subtiles, avant de passer le relais à Manu, qui saura quoi en faire…. Et pour conclure le premier set (car le concert est en deux parties, c’est double joie), Sacrifice, thème plusieurs fois enregistré par Henri Texier : intro sax alto-contrebasse-batterie, puis toute la bande : solo très vif de Manu Codjia, qui caresse un instant les harmonies de Goodbye Porkpie Hat me semble-t-il (ou alors mon goût pour ce thème de Mingus m’aura aveuglé -ou plutôt assourdi : c’est à ne pas exclure….). Portal va passer du soprano à clarinette puis à la clarinette basse ; le thème s’enchaîne à SOS Mir. Bojan joue de ses unissons diaboliques, créant une force hypnotique, et irrésistible. Plus loin Edward offre un solo de balais gestuel et chorégraphique (mais le son est là aussi !), et la première partie se terminera par une sorte d’hymne tout droit venu de cette religion appelée free jazz (Saint John et Saint Albert, prenez pitié de nos longues misères….). Public aux anges, impatient déjà d’en découdre après l’entracte.

La seconde partie sera plus intense encore, avec une version renouvelée de Colonel Skopje (immortalisé naguère dans cette même salle en compagnie de Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow….) : échanges très vifs entre alto, clarinette basse, et la batterie, dont un solo mêle le raffinement des timbres à de soudains fracas. On enchaîne bille en tête avec Mucho Calor, guitare saturée, bassiste et batteur submergés d’énergie rock, les anches en folie, et les claviers qui poussent au crime ; puis accalmie inspirée, entre piano et guitare, sur Don’t Buy Ivory Anymore, avant de repartir de plus belle dans Barth’s Groove, conçu voici plus de dix ans avec la complicité de Claude Barthélémy : le piano nous la joue funky, façon années 50, la clarinette basse s’aventure délicieusement hors du cadre harmonique tandis que l’alto nous tricote Cannonball et Ornette dans le même chorus ; Henri jubile, il a été volubile dans ses solos, attentif et empathique tout au long du concert : la guitare et la batterie s’offrent un chassé-croisé, et nous voilà, pantelants mais heureux, du côté de Y’a des vautours au Cambodge (du film Holy Lola), avec Portal au bandonéon, dans des échanges sensibles avec la guitare, avant que l’alto ne déborde de lyrisme. Un « tube » de Texier, Desaparecido (souvenir des Folles de la Place de Mai à Buenos Aires, au temps de la dictature), sera le signal du repli conclusif : ce serait sans compter avec la ferveur du public, subjugué, qui rappelle à tout-va. Retour donc de la troupe pour un épisode caribéen, Noises (à prononcer à la française ou à l’anglaise, c’est affaire de goût). Michel Portal, à la clarinette, s’envole pour la Nouvelle Orléans aux temps bénis du vieux style ; il jubile, comme ses partenaires…. et le public : accord final, ovation verticale et salut courbé de rigueur : le bonheur, vous dis-je !

Xavier Prévost

Amiens salut

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 3 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-1-2-avec-michel-portal-bojan-z-edward-perraud-et-manu-codjia-03-03

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 4 mars

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Réécouter l’émission « Jazz Club » du 4 mars avec Henri Texier et son groupe « Sky Dancers »

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/henri-texier-sky-dancers-amiens-03-04-2016-22-30

Et retrouver le 27 avril le concert « Henri Texier invite…. » dans l’émission « Les Mercredis du jazz »

http://www.francemusique.fr/emission/les-mercredis-du-jazz|Pour célébrer les 30 ans de Label Bleu, avec nouveau départ du label et rénovation du studio Gil Evans, la Maison de la Culture d’Amiens a organisé une série de concerts, sous le titre « Tendance Jazz 2016 », dont la soirée de lancement le jeudi 3 mars était une carte blanche à Henri Texier, avec Michel Portal, Bojan Z, Thomas de Pourquery, Manu Codjia et Edward Perraud.

Amiens le groupe

L’événement accueillait aussi le 4 mars « Sky Dancers », le nouveau groupe du contrebassiste, pilier du label  et son artiste le plus fidèle : il vient d’y publier son nouveau CD, qui porte son score à près de 20 références pour la même compagnie phonographique…. Au programme le même soir le Red Star Orchestra, avec Thomas de Pourquery dans un emploi de crooner décalé (« Broadways », nouvelle parution du label) ; et clôture le lendemain avec la chanteuse malienne Rokia Traoré, figure emblématique de Label Bleu dans ses références de musiques du Monde. France Musique s’associait à l’événement avec deux émissions « Open Jazz » d’Alex Dutilh, en direct du bar de la Maison de la Culture, en compagnie des musiciens ; puis dans le « Jazz Club » d’Yvan Amar, le concert de « Sky Dancers » ; et aussi la diffusion, prévue le mercredi 27 avril à 20h dans les « Mercredis du jazz » de Jérôme Badini, de la carte Blanche à Henri Texier.

Amiens France Musique

Michel Portal, Bojan Z, Edward Perraud…. s’entretiennent avec Alex Dutilh pour « Open Jazz »

HENRI TEXIER invite ….

Michel Portal (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano & bandonéon), Thomas de Pourquery (saxophone alto), Bojan Zulfikarpašić (piano, piano électrique), Manu Codjia (guitare), Henri Texier (contrebasse), Edward Perraud (batterie)

Amiens, grand théâtre de la Maison de la Culture, 3 mars 2016, 20h30

On part bille en tête, plein jazz, avec un thème enregistré par Henri sur son avant-dernier disque (Henri Texier Hope Quartet « At L’Improviste ») : c’est Ô Elvin, hommage vibrant à Elvin Jones. Edward Perraud s’en donne à cœur joie dès l’intro ; Michel Portal, à la clarinette basse fait un tour de chauffe ;Thomas, Henri et Manu activent la braise, et Bojan pousse les feux par un soutien sans faille. On sort de la fournaise par un duo de Bojan Z et Michel Portal sur un thème d’Eddy Louiss, Citrus Juice, où ils ont déjà tissé quelques complicités. Le pianiste donne des accords de la main droite tandis que la gauche étouffe les cordes, pour exacerber l’impact rythmique, puis la main droite court sur le clavier du Fender Rhodes et distille sous le chant du soprano (comme le ferait un alambic, goutte à goutte) des perles de rêverie. Michel Portal est inspiré, sa verve expressive se libère, et l’on décolle avec eux. Ils quittent la scène, et le reste de la bande revient en quartette pour un classique du barde barbu, Amazone Blues : l’autre barbu (Thomas de Pourquery) s’y donne sans réserve (car ici, en territoire humaniste, les indiens sont sans réserve….), et ses comparses redoublent d’intensité. Sextette à nouveau, pour Serious Seb, un thème gravé en 2002 dans un disque avec cordes (« Strings’ Spirit ») : Thomas passe d’un registre détendu à l’expressivité la plus tendue, puis revient à la quiétude avec des harmoniques subtiles, avant de passer le relais à Manu, qui saura quoi en faire…. Et pour conclure le premier set (car le concert est en deux parties, c’est double joie), Sacrifice, thème plusieurs fois enregistré par Henri Texier : intro sax alto-contrebasse-batterie, puis toute la bande : solo très vif de Manu Codjia, qui caresse un instant les harmonies de Goodbye Porkpie Hat me semble-t-il (ou alors mon goût pour ce thème de Mingus m’aura aveuglé -ou plutôt assourdi : c’est à ne pas exclure….). Portal va passer du soprano à clarinette puis à la clarinette basse ; le thème s’enchaîne à SOS Mir. Bojan joue de ses unissons diaboliques, créant une force hypnotique, et irrésistible. Plus loin Edward offre un solo de balais gestuel et chorégraphique (mais le son est là aussi !), et la première partie se terminera par une sorte d’hymne tout droit venu de cette religion appelée free jazz (Saint John et Saint Albert, prenez pitié de nos longues misères….). Public aux anges, impatient déjà d’en découdre après l’entracte.

La seconde partie sera plus intense encore, avec une version renouvelée de Colonel Skopje (immortalisé naguère dans cette même salle en compagnie de Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow….) : échanges très vifs entre alto, clarinette basse, et la batterie, dont un solo mêle le raffinement des timbres à de soudains fracas. On enchaîne bille en tête avec Mucho Calor, guitare saturée, bassiste et batteur submergés d’énergie rock, les anches en folie, et les claviers qui poussent au crime ; puis accalmie inspirée, entre piano et guitare, sur Don’t Buy Ivory Anymore, avant de repartir de plus belle dans Barth’s Groove, conçu voici plus de dix ans avec la complicité de Claude Barthélémy : le piano nous la joue funky, façon années 50, la clarinette basse s’aventure délicieusement hors du cadre harmonique tandis que l’alto nous tricote Cannonball et Ornette dans le même chorus ; Henri jubile, il a été volubile dans ses solos, attentif et empathique tout au long du concert : la guitare et la batterie s’offrent un chassé-croisé, et nous voilà, pantelants mais heureux, du côté de Y’a des vautours au Cambodge (du film Holy Lola), avec Portal au bandonéon, dans des échanges sensibles avec la guitare, avant que l’alto ne déborde de lyrisme. Un « tube » de Texier, Desaparecido (souvenir des Folles de la Place de Mai à Buenos Aires, au temps de la dictature), sera le signal du repli conclusif : ce serait sans compter avec la ferveur du public, subjugué, qui rappelle à tout-va. Retour donc de la troupe pour un épisode caribéen, Noises (à prononcer à la française ou à l’anglaise, c’est affaire de goût). Michel Portal, à la clarinette, s’envole pour la Nouvelle Orléans aux temps bénis du vieux style ; il jubile, comme ses partenaires…. et le public : accord final, ovation verticale et salut courbé de rigueur : le bonheur, vous dis-je !

Xavier Prévost

Amiens salut

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 3 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-1-2-avec-michel-portal-bojan-z-edward-perraud-et-manu-codjia-03-03

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 4 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-2-2-avec-henri-texier-thomas-de-pourquery-et-johane-myran-03-04

Réécouter l’émission « Jazz Club » du 4 mars avec Henri Texier et son groupe « Sky Dancers »

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/henri-texier-sky-dancers-amiens-03-04-2016-22-30

Et retrouver le 27 avril le concert « Henri Texier invite…. » dans l’émission « Les Mercredis du jazz »

http://www.francemusique.fr/emission/les-mercredis-du-jazz|Pour célébrer les 30 ans de Label Bleu, avec nouveau départ du label et rénovation du studio Gil Evans, la Maison de la Culture d’Amiens a organisé une série de concerts, sous le titre « Tendance Jazz 2016 », dont la soirée de lancement le jeudi 3 mars était une carte blanche à Henri Texier, avec Michel Portal, Bojan Z, Thomas de Pourquery, Manu Codjia et Edward Perraud.

Amiens le groupe

L’événement accueillait aussi le 4 mars « Sky Dancers », le nouveau groupe du contrebassiste, pilier du label  et son artiste le plus fidèle : il vient d’y publier son nouveau CD, qui porte son score à près de 20 références pour la même compagnie phonographique…. Au programme le même soir le Red Star Orchestra, avec Thomas de Pourquery dans un emploi de crooner décalé (« Broadways », nouvelle parution du label) ; et clôture le lendemain avec la chanteuse malienne Rokia Traoré, figure emblématique de Label Bleu dans ses références de musiques du Monde. France Musique s’associait à l’événement avec deux émissions « Open Jazz » d’Alex Dutilh, en direct du bar de la Maison de la Culture, en compagnie des musiciens ; puis dans le « Jazz Club » d’Yvan Amar, le concert de « Sky Dancers » ; et aussi la diffusion, prévue le mercredi 27 avril à 20h dans les « Mercredis du jazz » de Jérôme Badini, de la carte Blanche à Henri Texier.

Amiens France Musique

Michel Portal, Bojan Z, Edward Perraud…. s’entretiennent avec Alex Dutilh pour « Open Jazz »

HENRI TEXIER invite ….

Michel Portal (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano & bandonéon), Thomas de Pourquery (saxophone alto), Bojan Zulfikarpašić (piano, piano électrique), Manu Codjia (guitare), Henri Texier (contrebasse), Edward Perraud (batterie)

Amiens, grand théâtre de la Maison de la Culture, 3 mars 2016, 20h30

On part bille en tête, plein jazz, avec un thème enregistré par Henri sur son avant-dernier disque (Henri Texier Hope Quartet « At L’Improviste ») : c’est Ô Elvin, hommage vibrant à Elvin Jones. Edward Perraud s’en donne à cœur joie dès l’intro ; Michel Portal, à la clarinette basse fait un tour de chauffe ;Thomas, Henri et Manu activent la braise, et Bojan pousse les feux par un soutien sans faille. On sort de la fournaise par un duo de Bojan Z et Michel Portal sur un thème d’Eddy Louiss, Citrus Juice, où ils ont déjà tissé quelques complicités. Le pianiste donne des accords de la main droite tandis que la gauche étouffe les cordes, pour exacerber l’impact rythmique, puis la main droite court sur le clavier du Fender Rhodes et distille sous le chant du soprano (comme le ferait un alambic, goutte à goutte) des perles de rêverie. Michel Portal est inspiré, sa verve expressive se libère, et l’on décolle avec eux. Ils quittent la scène, et le reste de la bande revient en quartette pour un classique du barde barbu, Amazone Blues : l’autre barbu (Thomas de Pourquery) s’y donne sans réserve (car ici, en territoire humaniste, les indiens sont sans réserve….), et ses comparses redoublent d’intensité. Sextette à nouveau, pour Serious Seb, un thème gravé en 2002 dans un disque avec cordes (« Strings’ Spirit ») : Thomas passe d’un registre détendu à l’expressivité la plus tendue, puis revient à la quiétude avec des harmoniques subtiles, avant de passer le relais à Manu, qui saura quoi en faire…. Et pour conclure le premier set (car le concert est en deux parties, c’est double joie), Sacrifice, thème plusieurs fois enregistré par Henri Texier : intro sax alto-contrebasse-batterie, puis toute la bande : solo très vif de Manu Codjia, qui caresse un instant les harmonies de Goodbye Porkpie Hat me semble-t-il (ou alors mon goût pour ce thème de Mingus m’aura aveuglé -ou plutôt assourdi : c’est à ne pas exclure….). Portal va passer du soprano à clarinette puis à la clarinette basse ; le thème s’enchaîne à SOS Mir. Bojan joue de ses unissons diaboliques, créant une force hypnotique, et irrésistible. Plus loin Edward offre un solo de balais gestuel et chorégraphique (mais le son est là aussi !), et la première partie se terminera par une sorte d’hymne tout droit venu de cette religion appelée free jazz (Saint John et Saint Albert, prenez pitié de nos longues misères….). Public aux anges, impatient déjà d’en découdre après l’entracte.

La seconde partie sera plus intense encore, avec une version renouvelée de Colonel Skopje (immortalisé naguère dans cette même salle en compagnie de Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow….) : échanges très vifs entre alto, clarinette basse, et la batterie, dont un solo mêle le raffinement des timbres à de soudains fracas. On enchaîne bille en tête avec Mucho Calor, guitare saturée, bassiste et batteur submergés d’énergie rock, les anches en folie, et les claviers qui poussent au crime ; puis accalmie inspirée, entre piano et guitare, sur Don’t Buy Ivory Anymore, avant de repartir de plus belle dans Barth’s Groove, conçu voici plus de dix ans avec la complicité de Claude Barthélémy : le piano nous la joue funky, façon années 50, la clarinette basse s’aventure délicieusement hors du cadre harmonique tandis que l’alto nous tricote Cannonball et Ornette dans le même chorus ; Henri jubile, il a été volubile dans ses solos, attentif et empathique tout au long du concert : la guitare et la batterie s’offrent un chassé-croisé, et nous voilà, pantelants mais heureux, du côté de Y’a des vautours au Cambodge (du film Holy Lola), avec Portal au bandonéon, dans des échanges sensibles avec la guitare, avant que l’alto ne déborde de lyrisme. Un « tube » de Texier, Desaparecido (souvenir des Folles de la Place de Mai à Buenos Aires, au temps de la dictature), sera le signal du repli conclusif : ce serait sans compter avec la ferveur du public, subjugué, qui rappelle à tout-va. Retour donc de la troupe pour un épisode caribéen, Noises (à prononcer à la française ou à l’anglaise, c’est affaire de goût). Michel Portal, à la clarinette, s’envole pour la Nouvelle Orléans aux temps bénis du vieux style ; il jubile, comme ses partenaires…. et le public : accord final, ovation verticale et salut courbé de rigueur : le bonheur, vous dis-je !

Xavier Prévost

Amiens salut

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 3 mars

http://www.francemusique.fr/emission/open-jazz/2015-2016/les-30-ans-de-label-bleu-amiens-1-2-avec-michel-portal-bojan-z-edward-perraud-et-manu-codjia-03-03

Réécouter l’émission « Open Jazz » du 4 mars

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Réécouter l’émission « Jazz Club » du 4 mars avec Henri Texier et son groupe « Sky Dancers »

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/henri-texier-sky-dancers-amiens-03-04-2016-22-30

Et retrouver le 27 avril le concert « Henri Texier invite…. » dans l’émission « Les Mercredis du jazz »

http://www.francemusique.fr/emission/les-mercredis-du-jazz