Jazz live
Publié le 18 Sep 2018

Daniel Erdmann et Bruno Angelini évoquent Sophie Scholl

A l’institut Goethe, le souvenir de Sophie Scholl, figure lumineuse de la résistance allemande à Hitler fut ravivé par deux grands musiciens, Daniel Erdmann et et Bruno Angelini

Daniel Erdmann (sax tenor), Bruno Angelini (piano),  Olivia Kryger (récitante d’un texte écrit par Alban Lefranc), le 6 septembre 2018, Institut Goethe (Paris)

 

On ne connaît pas assez en France l’action héroïque de Sophie Scholl et de son frère Hans, ces étudiants allemands qui osèrent en 1943 se lever contre le régime nazi. Le 18 février 1943, ultime action d’éclat, ils distribuent des tracts contre Hitler dans l’université. Le concierge les voit et les dénonce, car « les Allemands ne sont pas un peuple de saboteurs ». A partir de là, leur destin est scellé. Le spectacle est une rêverie poétique sur la dernière nuit de Sophie Scholl en prison, la veille de son exécution. Alban Lefranc en est l’auteur. C’est un texte réussi car il évite tout pathos et fait sentir les deux sources dans lesquelles Sophie Scholl a puisé son courage inébranlable: la foi en Dieu (elle était protestante) et la foi en la poésie. Lors de la dernière action menée par Hans et Sophie Scholl, une phrase revient comme un leitmotiv: « Nous sommes pleins du matin, nous sommes portés par lui. car Dieu n’a pas voulu que le matin soit sans amour ».

L’originalité du projet est d’avoir construit un dispositif où la musique est au même niveau que le texte. Elle ne sert pas d’intermède ni d’illustration. Mots et musique sont ici enchâssés. Et les deux musiciens chargé de faire résonner en eux la geste héroïque de Sophie Scholl sont totalement investis. Ils ont conçu une dizaine de thèmes sur lesquels ils improvisent. Daniel Erdmann, au saxophone ténor, se montre bouleversant, avec ce lyrisme particulier qui lui est propre, et qui fait appel à toutes les dimensions de son instrument (timbre, effets de souffle…).

 

Bruno Angelini, toutes antennes dehors, est à l’écoute des moindres nuances de ses partenaires. Il fait entendre des accords plaintifs et doux, traversés par quelques dissonances. Tout ce qui tombe sous ses doigts est d’une immense délicatesse. La récitante , Olivia Kryger, est au niveau de sobriété et d’émotion retenue des deux musiciens. La fin du texte d’Abel Lefranc évoque les derniers mots des derniers tracts: « Ô combien les mots existent, et comme ils sont puissants ».

 

Texte: JF Mondot

Dessins : Annie-Claire Alvoët

(autres dessins , peintures , gravures à découvrir sur son site www.annie-claire.com  Pour acheter un des dessins figurant sur ce compte-rendu, s’adresser à l’artiste: annie_claire@hotmail.com)