Jazz live
Publié le 13 Juin 2021

DIDIER PETIT «Les Mondes d’ici et d’ailleurs»

DIDIER PETIT «Les Mondes d’ici et d’ailleurs»

Adel Shams El Din (riqq, daf), Hu’o’ng Thanh (voix & danbau), Dramane Dembélé (tambin, cora & tambour d’aisselle), Pablo Nemirovsky (bandonéon), Jiyun Song (dae-geum), Yaping Wang (yangqin), Ramón Lopez (batterie), Mike Ladd (voix & électronique), Alexeï Aiguï (violon), Lucie Taffin (accordéon), Didier Petit (violoncelle, voix, conception & réalisation), Olivier Darné (apiculteur des villes)

Fontenay-sous-Bois, Le Comptoir, Halle Roublot, 12 juin 2021, 19h

Un projet fou, comme aime en concevoir, et surtout en réaliser, le violoncelliste Didier Petit. Il s’agit cette fois de rassembler des instrumentistes de tous les continents pour faire, ensemble, une musique qui sera universelle en ce qu’elle puise dans les cultures de tous les membres du groupe, et qu’elle est reçue comme une œuvre unique, totalement singulière, par un public qui, sans partager toutes ces traditions culturelles, accueille cet objet sonore et artistique comme un message personnel à destination de tous les humains. Une sorte de renversement du vieux concept d’universalisme, débarrassé de ses guenilles impérialistes pour revêtir un habit neuf en forme de patchwork. Tous ces artistes ont en commun de vivre dans notre pays et d’y avoir apporté, en guise de viatique, leur musique et la culture qu’elle révèle. Initialement prévue au Festival Sons d’Hiver, la création a connu (covid oblige….) une première sans public le 28 janvier 2021 au Théâtre Antoine Vitez d’Ivry-sur-Seine. Une première captée par France Musique pour l’émission ‘À l’improviste’ d’Anne Montaron, extrait diffusé le 21 février (lien ici)

Le concert de ce soir commence avec la flûte coréenne de Jiyun Song, qui bientôt entre en dialogue avec le violoncelle. Ce sera le principe de la première séquence : d’un duo surgira une musique de plus en plus collective par implication progressive des autres membres du groupe, jusqu’à des tutti souvent enflammés.

Un autre duo, entre violon et bandonéon, prendra des airs d’Europe Centrale avant de virer au tango. Il est probable que l’Argentin Pablo Nemirovsky a eu dans sa lignée des ancêtres qui n’ignoraient rien des mystères de l’Est…. Puis la parole de Mike Ladd va se mêler à la cithare de Taïwan jouée par Yaping Wang. Après une joute entre la flûte coréenne et la flûte peule de Dramane Dembélé, un hymne cyclique et festif va rassembler tout le groupe.

La chanteuse vietnamienne Hu’o’ng Thanh (que l’on a entendue naguère avec le guitariste de jazz Nguyên Lê), donne la réplique à l’accordéon de Lucie Taffin, et le cycle reprend son cours, de solos et duos en tutti.

C’est fluide, inspiré, cousu d’expression individuelle et d’esprit collectif, et ce sera un régal d’intensité et de surprises de bout en bout. Je ne vais pas vous narrer le concert par le menu. La vidéo en ligne sur la page facebook du Comptoir vous offrira tout le loisir de le découvrir.

 Sur la vidéo la présentation intervient à 35 minutes et 30 secondes, et la musique commence à 38 minutes et 10 secondes

 

Après un salut collectif, et pendant la copieuse salve d’applaudissements de rappel, une sirène à manivelle se fait entendre au fond de la salle : c’est Olivier Darné, apiculteur des villes (Saint-Denis en l’occurrence) qui va se livrer à une joute sonore avec/contre le violoncelle.

Parenthèse burlesque qui va se conclure par la cérémonie du miel

L’apiculteur recueille le miel sur un cadre, puis l’enserre dans un tissu filtrant pour en extraire le nectar.

Le public sera invité à déguster le fruit de cet artisanat dont le dernier acte vient de se jouer sous nos yeux. On espère que cette belle aventure reverra le jour, encore et encore, sur les scènes d’ici et d’ailleurs

Xavier Prévost