Jazz live
Publié le 17 Juin 2019

Jazz en VF, acte II : musiques timbrées

Pour ce deuxième et dernier jour du week-end Jazz en VF, on change de lieux, de têtes, de musiques, et de monde un peu, aussi.

Dimanche 16, il fait beau et ce sont pas moins de 5 concerts qui nous attendent. Début des festivités à 16h30, dans l’amphithéâtre de la Cité de la Musique cette fois.

 

Le quartette de Sarah Murcia sera le premier à annoncer la couleur du fil conducteur qui semble être celui de cette nouvelle journée de musique : mille et un modes de jeux et timbres viendront s’entrechoquer et se mélanger. Ça commence avec le finger drumming (pads électroniques joués aux doigts) de Benoit Delbecq, qui soutient de façon étonnante le tuba de François Thuillier, tandis qu’au(x) sax d’Olivier Py s’époumonne dans des arpèges vertigineux. On passe de passages très écrits aux couleurs atonales à l’univers de la chanson, et sent que l’improvisation peut s’infiltrer à tout moment dans ces formes parfaitement réglées, donnant lieu à de vraies moments d’intéraction et de création instantanée. Mais c’est aussi la sonorité de cet ensemble atypique (piano, contrebasse, tuba, saxophone et électronique) qui nousscotche le plus, tant on passe de quelque chose qu’on jurerai être un quatuor à cordes à une sorte de pop électro sur laquelle se posent parfaitement les accords qui semblaient si dissonants juste avant.

Le public aura tout essayé pour obtenir un morceau supplémentaire mais les lumières se rallument. On se console en se disant que le set de Sylvain Rifflet va enfin lever le voile sur un étrange instrument installé sur scène mais dont Sarah Murcia et ses acolytes ne se sont pas servis. On l’entendra pendant une bonne partie du set, quelque part entre le vibraphone et la batterie, avant que Sylvain Rifflet ne finisse par lâcher le morceau : « c’est un Flamentophone, et je revendique la paternité de ce terme ! ». Flamentophone alors, pour Benjamin Flament, qui mailloches en main joue à la fois les rôles de batteur, percussionniste et pianiste.

Et à y regarder de près, tout le quartette Mechanics marche sur la tête : flûte et saxophone, eux, deviennent percussions, et se muent progressivement en section rythmique à force d’ostinati répétés inlassablement. Phil Giordanni vient fracasser cette répétitivité à coups de riffs de guitare, créant l’espace pour de longs chorus lyriques qui s’achèvent sur toute la palette du souffle décidément illimité de Sylvain Rifflet. Non sans humour, il ponctue les morceaux de prises de paroles dont l’une nous apprendra qu’un immense plateau de fromage l’attend backstage. C’est donc ça aussi Jazz en VF !

Yazid Kouloughli