Jazz live
Publié le 5 Déc 2018

Jazz Migration, l’aventure continue

Pour sa quatrième édition, le tremplin Jazz Migration présentait lundi 3 décembre quatre groupes de musiciens émergeants dans l’enceinte de La Dynamo de Banlieues Bleues. Le dispositif continuera d’accompagner, une année durant, ces groupes en tournée et dans leur développement artistique.

Les groupes Three Days of Forest, House of Echo, No Tongues et Mélusine, crées par de jeunes musiciens de jazz des scènes françaises, se sont donc succédés sur un même plateau. Loin de bien des tremplins et soirées à thème un peu stériles pour musiciens en herbe, cette soirée Jazz Migration a encore une fois su proposer des groupes à la personnalité tout à fait singulière.

Le trio Three Days of Forest a ouvert le bal avec un mélange électro-acoustique subtil, autour de textes poétiques déclamés entre les morceaux : une batterie allant du swing à une couleur électronique et ambiante, et un violon alto faisant entendre mélodies ou lignes de basse, servant un chant à la fois rock et lyrique.

House of Echo, un quartette au son polymorphe, mêlant une approche électrique contemplative avec des passages d’improvisation fulgurants, à l’image du pianiste Enzo Carniel. Piano préparé, effets et accessoires en tous genre, et guitare jouée à l’archet ont contribué à ces expérimentations aussi créatives que cohérentes.

Ce fut ensuite au tour de No Tongues, et leur projet “Les voix du monde”, surprenant projet centré autour d’archives ethnomusicologiques réappropriées dans un contexte de quartette acoustique pas comme les autres. Chaque instrument – sax, trompette et deux contrebasses – est comme réinventé, méconnaissable et pourtant envoûtant.

Enfin, Mélusine a fait la démonstration d’une couleur toute particulière, usant parfaitement de leur formation inhabituelle (accordéon, euphonium, guitare, contrebasse et batterie) tant dans des passages collectifs très arrangés que dans leurs improvisations.

Au-delà d’une réelle inventivité dans les modes de jeu et la recherche de sonorités étonnantes, chaque groupe a offert une plongée dans un univers musical novateur et d’une grande maturité. Une fraîcheur stylistique qui nous rappelle que le jazz se nourrit de prises de risques et de nouveauté, qu’il existe d’excellents musiciens pour en suivre les chemins, et des gens pour les accompagner et nous les faire découvrir. À suivre !• Yazid Kouloughli