Jazz live
Publié le 22 Mai 2019

La Dynamo de Banlieues Bleues, jeudi 16 mai 2019

La Dynamo de Banlieues Bleues sait accueillir de façon très originale. Sur les tables de l’espace restauration de la nef, il y avait, ce soir là, des superbes bouquets de roses de jardin aux parfums suaves, intenses et sucrés. Sur une autre table, les productions vinyliques et digitales du label indépendant « Ouch Records » fondé par le saxophoniste Lionel Martin, formaient un patchwork chamarré.

Premier Set :

Assis côte à côte et très complices, le fringant pianiste Mario Santchev et le généreux saxophoniste ténor et soprano Lionel Martin nous ont fait découvrir l’univers inclassable de Louis Moreau Gottchalk, compositeur et pianiste-star américain du 19ème siècle. Ces deux compères interprètent, tout en souplesse virtuose, les compositions épicées de ce natif de La Nouvelle Orléans, précurseur du ragtime et du jazz. Ils cisèlent, avec dextérité, une épatante musique intemporelle, fraiche et tonique, aux entraînantes pulsations caribéennes. Ce duo dynamique distille un optimisme communicatif.

Lionel Martin est aussi le fondateur du label Ouch Records qui publie un enregistrement de ce duo sous le titre « Jazz Before Jazz » et aussi la version vinyl du  dernier enregistrement du groupe américain Endangered Blood.

Second Set : Endangered Blood

Jim Black (batterie), Trevor Dunn (contrebasse), Oscar Noriega (sax alto, clarinette basse) et Chris Speed (sax ténor)

Ce bouillonnant quartet a été fondé en 2008 sous le nom de « Benefit Band » pour récupérer des fonds pour régler les factures d’hôpital du saxophoniste Andrew D’Angelo. Avec trois vétérans des groupes de Tim Berne et un partenaire de John Zorn, ce concert promettait d’être captivant et il le fut ! Propulsé par la vrombissante basse ronde et profonde de Dunn et le drumming diabolique et tordu de Black, la front line d’anches brulantes explore avec inventivité de larges territoires musicaux. Ces quatre jeunes quinquagénaires ont su développer une intense relation interactive qui dépasse la simple complicité. La chaude clarinette basse de Noriega résonne de manière opulente et son sax alto vif et tranchant se montre souvent délicieusement véhément. Speed possède une belle sonorité robuste au lyrisme envoûtant. Ces quatre fantastiques jongleurs de sons nous ont promenés dans monde jazzistique merveilleux allant d’un hard bop puissant à un free jazz déluré en passant par de splendides ballades ellingtoniennes et un calypso tonifiant. Avant de nous régaler d’un rappel énergique Chris Speed et Jim Black nous ont avoué qu’ils aimaient beaucoup les fromages français.

Paul Jaillet