Jazz live
Publié le 26 Jan 2017

Note Forget au Sunset

vendredi soir le groupe Note Forget fêtait la sortie-dans des circonstances un peu particulières-la sortie de son premier disque, le Rameau d’or de la sibylle de Cumes.

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Erwan Ricordeau (bass), Sébastien Grenat (dm) Virgile Lefebvre (sax tenor, sax soprano), Brice perda (saxhorn, flugabone), Jacques di Costanzo (vibraphone), Le Sunset, 20 janvier 2017

D’abord, quelques mots de ce disque, « le rameau d’or de la Sibylle de Cumes ». Il donne à entendre une musique dépouillée et envoûtante, hantée par une sorte de quête intérieure qui ne dit ni son nom ni son objet. C’est un disque fragile, délicat, à fleur de peau, parcouru par de soudains éclats de violence. On sent quatre musiciens décidés à affronter ensemble leurs vertiges. Mais la gravité qui colore l’ensemble des morceaux ne verse jamais dans l’austérité. Ces musiciens, en effet, n’oublient jamais de chanter tous ensemble. La relation entre le saxophoniste Virgile Lefebvre et le pianiste Jean Rondeau débouche sur de magnifique moments d’un lyrisme particulier, onirique, presque somnambulique. C’est le cas dans Tenebrae, où les deux musiciens semblent traverser je ne sais quel miroir. Mais le plus beau morceau du disque reste selon moi La Maraude, peut-être parce que cette composition du pianiste Jean Rondeau, atteignant une sorte de quintessence mélodique, fait entendre la nudité d’un chant pur.
Voilà pour le disque. Mais le concert de vendredi avait une saveur toute particulière. En effet, la formation qui a enregistré ce disque s’est modifiée. Le pianiste jean Rondeau, compositeur de la majorité des pièces est parti pour d’autres horizons (on sait qu’il est un claveciniste de réputation internationale). Le groupe, ébranlé, a choisi de ne pas remplacer le pianiste (solution douloureuse autant que risquée) mais de rebattre les cartes, et de faire évoluer la musique dans une autre direction. Il s’est adjoint les services d’un tubiste, Brice Perda et d’un vibraphoniste, Jacques di Costanzo. Le pari était risqué: conserver la profondeur qui fait le prix et le charme de la musique de Note Forget, et y ajouter d’autres dimensions, d’autres couleurs, d’autres épices. Au cours des premiers morceaux on sent la tension et l’émotion dans le groupe. Heureusement, les deux nouveaux venus s’insèrent dans la musique avec une délicatesse et un goût parfaits. Et la mayonnaise prend. L’intériorité des compositions de Note Forget est préservée. Mais la gravité un peu janséniste du disque se teinte d’exubérance et d’énergie. Le vibraphoniste Jacques di Costanzo est pour beaucoup dans ce regain d’énergie. Il s’exprime dans ses chorus par phrases courtes, mordantes, en isolant souvent une note qu’il fait claquer comme un drapeau. Il a de magnifiques duos avec le contrebassiste Erwan Ricordeau (très en avant dans tous les morceaux) Quant à Brice Perda, tubiste tous terrains comme il se définit lui-même, il insère avec délicatesse son saxhorn ou son flugabone dans la musique de Note Forget (le flugabone est, visuellement, une sorte de bugle sous stéroïdes, et sur le plan du son, rappelle le trombone, son autre nom anglophone est d’ailleurs le « marching trombone »). Il s’inscrit parfaitement dans la musique, avec ce léger parfum de fanfare qui est une épice nouvelle chez Note Forget et de magnifiques contrechants derrière le saxophone de Virgile Lefebvre. Il faut dire quelques mots de ce musicien que l’on a pu entendre notamment aux côté d’Archie Shepp, cet automne, au festival de La Villette. L’intériorité de Note Forget, sur le disque et lors du concert du Sunside, doit beaucoup à sa manière détimbrée de jouer du ténor. Il a un lyrisme qui s’avance à pas doux et feutrés, pour déployer peu à peu toute son intensité. Au soprano,il se montre plus expressionniste, plus direct. Disons qu’au ténor il suggère ses failles, tandis qu’au soprano il sonde ses blessures. C’est très beau, très délicat, très dense, et il ne fait jamais la note de trop. A la fin du concert, le groupe joue « faiblesse », une suite qui figure sur le disque, mais dont ils renouvellent la lecture par une introduction bruitiste, échevelée, exubérante. On se dit alors que Note Forget est en train de s’inventer de nouveaux chemins et sans doute un bel avenir. C’est Virgile Lefebvre qui trouve la meilleure formule: « On est passés du fusain à l’acrylique! ».

JF Mondot

|vendredi soir le groupe Note Forget fêtait la sortie-dans des circonstances un peu particulières-la sortie de son premier disque, le Rameau d’or de la sibylle de Cumes.

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Erwan Ricordeau (bass), Sébastien Grenat (dm) Virgile Lefebvre (sax tenor, sax soprano), Brice perda (saxhorn, flugabone), Jacques di Costanzo (vibraphone), Le Sunset, 20 janvier 2017

D’abord, quelques mots de ce disque, « le rameau d’or de la Sibylle de Cumes ». Il donne à entendre une musique dépouillée et envoûtante, hantée par une sorte de quête intérieure qui ne dit ni son nom ni son objet. C’est un disque fragile, délicat, à fleur de peau, parcouru par de soudains éclats de violence. On sent quatre musiciens décidés à affronter ensemble leurs vertiges. Mais la gravité qui colore l’ensemble des morceaux ne verse jamais dans l’austérité. Ces musiciens, en effet, n’oublient jamais de chanter tous ensemble. La relation entre le saxophoniste Virgile Lefebvre et le pianiste Jean Rondeau débouche sur de magnifique moments d’un lyrisme particulier, onirique, presque somnambulique. C’est le cas dans Tenebrae, où les deux musiciens semblent traverser je ne sais quel miroir. Mais le plus beau morceau du disque reste selon moi La Maraude, peut-être parce que cette composition du pianiste Jean Rondeau, atteignant une sorte de quintessence mélodique, fait entendre la nudité d’un chant pur.
Voilà pour le disque. Mais le concert de vendredi avait une saveur toute particulière. En effet, la formation qui a enregistré ce disque s’est modifiée. Le pianiste jean Rondeau, compositeur de la majorité des pièces est parti pour d’autres horizons (on sait qu’il est un claveciniste de réputation internationale). Le groupe, ébranlé, a choisi de ne pas remplacer le pianiste (solution douloureuse autant que risquée) mais de rebattre les cartes, et de faire évoluer la musique dans une autre direction. Il s’est adjoint les services d’un tubiste, Brice Perda et d’un vibraphoniste, Jacques di Costanzo. Le pari était risqué: conserver la profondeur qui fait le prix et le charme de la musique de Note Forget, et y ajouter d’autres dimensions, d’autres couleurs, d’autres épices. Au cours des premiers morceaux on sent la tension et l’émotion dans le groupe. Heureusement, les deux nouveaux venus s’insèrent dans la musique avec une délicatesse et un goût parfaits. Et la mayonnaise prend. L’intériorité des compositions de Note Forget est préservée. Mais la gravité un peu janséniste du disque se teinte d’exubérance et d’énergie. Le vibraphoniste Jacques di Costanzo est pour beaucoup dans ce regain d’énergie. Il s’exprime dans ses chorus par phrases courtes, mordantes, en isolant souvent une note qu’il fait claquer comme un drapeau. Il a de magnifiques duos avec le contrebassiste Erwan Ricordeau (très en avant dans tous les morceaux) Quant à Brice Perda, tubiste tous terrains comme il se définit lui-même, il insère avec délicatesse son saxhorn ou son flugabone dans la musique de Note Forget (le flugabone est, visuellement, une sorte de bugle sous stéroïdes, et sur le plan du son, rappelle le trombone, son autre nom anglophone est d’ailleurs le « marching trombone »). Il s’inscrit parfaitement dans la musique, avec ce léger parfum de fanfare qui est une épice nouvelle chez Note Forget et de magnifiques contrechants derrière le saxophone de Virgile Lefebvre. Il faut dire quelques mots de ce musicien que l’on a pu entendre notamment aux côté d’Archie Shepp, cet automne, au festival de La Villette. L’intériorité de Note Forget, sur le disque et lors du concert du Sunside, doit beaucoup à sa manière détimbrée de jouer du ténor. Il a un lyrisme qui s’avance à pas doux et feutrés, pour déployer peu à peu toute son intensité. Au soprano,il se montre plus expressionniste, plus direct. Disons qu’au ténor il suggère ses failles, tandis qu’au soprano il sonde ses blessures. C’est très beau, très délicat, très dense, et il ne fait jamais la note de trop. A la fin du concert, le groupe joue « faiblesse », une suite qui figure sur le disque, mais dont ils renouvellent la lecture par une introduction bruitiste, échevelée, exubérante. On se dit alors que Note Forget est en train de s’inventer de nouveaux chemins et sans doute un bel avenir. C’est Virgile Lefebvre qui trouve la meilleure formule: « On est passés du fusain à l’acrylique! ».

JF Mondot

|vendredi soir le groupe Note Forget fêtait la sortie-dans des circonstances un peu particulières-la sortie de son premier disque, le Rameau d’or de la sibylle de Cumes.

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Erwan Ricordeau (bass), Sébastien Grenat (dm) Virgile Lefebvre (sax tenor, sax soprano), Brice perda (saxhorn, flugabone), Jacques di Costanzo (vibraphone), Le Sunset, 20 janvier 2017

D’abord, quelques mots de ce disque, « le rameau d’or de la Sibylle de Cumes ». Il donne à entendre une musique dépouillée et envoûtante, hantée par une sorte de quête intérieure qui ne dit ni son nom ni son objet. C’est un disque fragile, délicat, à fleur de peau, parcouru par de soudains éclats de violence. On sent quatre musiciens décidés à affronter ensemble leurs vertiges. Mais la gravité qui colore l’ensemble des morceaux ne verse jamais dans l’austérité. Ces musiciens, en effet, n’oublient jamais de chanter tous ensemble. La relation entre le saxophoniste Virgile Lefebvre et le pianiste Jean Rondeau débouche sur de magnifique moments d’un lyrisme particulier, onirique, presque somnambulique. C’est le cas dans Tenebrae, où les deux musiciens semblent traverser je ne sais quel miroir. Mais le plus beau morceau du disque reste selon moi La Maraude, peut-être parce que cette composition du pianiste Jean Rondeau, atteignant une sorte de quintessence mélodique, fait entendre la nudité d’un chant pur.
Voilà pour le disque. Mais le concert de vendredi avait une saveur toute particulière. En effet, la formation qui a enregistré ce disque s’est modifiée. Le pianiste jean Rondeau, compositeur de la majorité des pièces est parti pour d’autres horizons (on sait qu’il est un claveciniste de réputation internationale). Le groupe, ébranlé, a choisi de ne pas remplacer le pianiste (solution douloureuse autant que risquée) mais de rebattre les cartes, et de faire évoluer la musique dans une autre direction. Il s’est adjoint les services d’un tubiste, Brice Perda et d’un vibraphoniste, Jacques di Costanzo. Le pari était risqué: conserver la profondeur qui fait le prix et le charme de la musique de Note Forget, et y ajouter d’autres dimensions, d’autres couleurs, d’autres épices. Au cours des premiers morceaux on sent la tension et l’émotion dans le groupe. Heureusement, les deux nouveaux venus s’insèrent dans la musique avec une délicatesse et un goût parfaits. Et la mayonnaise prend. L’intériorité des compositions de Note Forget est préservée. Mais la gravité un peu janséniste du disque se teinte d’exubérance et d’énergie. Le vibraphoniste Jacques di Costanzo est pour beaucoup dans ce regain d’énergie. Il s’exprime dans ses chorus par phrases courtes, mordantes, en isolant souvent une note qu’il fait claquer comme un drapeau. Il a de magnifiques duos avec le contrebassiste Erwan Ricordeau (très en avant dans tous les morceaux) Quant à Brice Perda, tubiste tous terrains comme il se définit lui-même, il insère avec délicatesse son saxhorn ou son flugabone dans la musique de Note Forget (le flugabone est, visuellement, une sorte de bugle sous stéroïdes, et sur le plan du son, rappelle le trombone, son autre nom anglophone est d’ailleurs le « marching trombone »). Il s’inscrit parfaitement dans la musique, avec ce léger parfum de fanfare qui est une épice nouvelle chez Note Forget et de magnifiques contrechants derrière le saxophone de Virgile Lefebvre. Il faut dire quelques mots de ce musicien que l’on a pu entendre notamment aux côté d’Archie Shepp, cet automne, au festival de La Villette. L’intériorité de Note Forget, sur le disque et lors du concert du Sunside, doit beaucoup à sa manière détimbrée de jouer du ténor. Il a un lyrisme qui s’avance à pas doux et feutrés, pour déployer peu à peu toute son intensité. Au soprano,il se montre plus expressionniste, plus direct. Disons qu’au ténor il suggère ses failles, tandis qu’au soprano il sonde ses blessures. C’est très beau, très délicat, très dense, et il ne fait jamais la note de trop. A la fin du concert, le groupe joue « faiblesse », une suite qui figure sur le disque, mais dont ils renouvellent la lecture par une introduction bruitiste, échevelée, exubérante. On se dit alors que Note Forget est en train de s’inventer de nouveaux chemins et sans doute un bel avenir. C’est Virgile Lefebvre qui trouve la meilleure formule: « On est passés du fusain à l’acrylique! ».

JF Mondot

|vendredi soir le groupe Note Forget fêtait la sortie-dans des circonstances un peu particulières-la sortie de son premier disque, le Rameau d’or de la sibylle de Cumes.

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Erwan Ricordeau (bass), Sébastien Grenat (dm) Virgile Lefebvre (sax tenor, sax soprano), Brice perda (saxhorn, flugabone), Jacques di Costanzo (vibraphone), Le Sunset, 20 janvier 2017

D’abord, quelques mots de ce disque, « le rameau d’or de la Sibylle de Cumes ». Il donne à entendre une musique dépouillée et envoûtante, hantée par une sorte de quête intérieure qui ne dit ni son nom ni son objet. C’est un disque fragile, délicat, à fleur de peau, parcouru par de soudains éclats de violence. On sent quatre musiciens décidés à affronter ensemble leurs vertiges. Mais la gravité qui colore l’ensemble des morceaux ne verse jamais dans l’austérité. Ces musiciens, en effet, n’oublient jamais de chanter tous ensemble. La relation entre le saxophoniste Virgile Lefebvre et le pianiste Jean Rondeau débouche sur de magnifique moments d’un lyrisme particulier, onirique, presque somnambulique. C’est le cas dans Tenebrae, où les deux musiciens semblent traverser je ne sais quel miroir. Mais le plus beau morceau du disque reste selon moi La Maraude, peut-être parce que cette composition du pianiste Jean Rondeau, atteignant une sorte de quintessence mélodique, fait entendre la nudité d’un chant pur.
Voilà pour le disque. Mais le concert de vendredi avait une saveur toute particulière. En effet, la formation qui a enregistré ce disque s’est modifiée. Le pianiste jean Rondeau, compositeur de la majorité des pièces est parti pour d’autres horizons (on sait qu’il est un claveciniste de réputation internationale). Le groupe, ébranlé, a choisi de ne pas remplacer le pianiste (solution douloureuse autant que risquée) mais de rebattre les cartes, et de faire évoluer la musique dans une autre direction. Il s’est adjoint les services d’un tubiste, Brice Perda et d’un vibraphoniste, Jacques di Costanzo. Le pari était risqué: conserver la profondeur qui fait le prix et le charme de la musique de Note Forget, et y ajouter d’autres dimensions, d’autres couleurs, d’autres épices. Au cours des premiers morceaux on sent la tension et l’émotion dans le groupe. Heureusement, les deux nouveaux venus s’insèrent dans la musique avec une délicatesse et un goût parfaits. Et la mayonnaise prend. L’intériorité des compositions de Note Forget est préservée. Mais la gravité un peu janséniste du disque se teinte d’exubérance et d’énergie. Le vibraphoniste Jacques di Costanzo est pour beaucoup dans ce regain d’énergie. Il s’exprime dans ses chorus par phrases courtes, mordantes, en isolant souvent une note qu’il fait claquer comme un drapeau. Il a de magnifiques duos avec le contrebassiste Erwan Ricordeau (très en avant dans tous les morceaux) Quant à Brice Perda, tubiste tous terrains comme il se définit lui-même, il insère avec délicatesse son saxhorn ou son flugabone dans la musique de Note Forget (le flugabone est, visuellement, une sorte de bugle sous stéroïdes, et sur le plan du son, rappelle le trombone, son autre nom anglophone est d’ailleurs le « marching trombone »). Il s’inscrit parfaitement dans la musique, avec ce léger parfum de fanfare qui est une épice nouvelle chez Note Forget et de magnifiques contrechants derrière le saxophone de Virgile Lefebvre. Il faut dire quelques mots de ce musicien que l’on a pu entendre notamment aux côté d’Archie Shepp, cet automne, au festival de La Villette. L’intériorité de Note Forget, sur le disque et lors du concert du Sunside, doit beaucoup à sa manière détimbrée de jouer du ténor. Il a un lyrisme qui s’avance à pas doux et feutrés, pour déployer peu à peu toute son intensité. Au soprano,il se montre plus expressionniste, plus direct. Disons qu’au ténor il suggère ses failles, tandis qu’au soprano il sonde ses blessures. C’est très beau, très délicat, très dense, et il ne fait jamais la note de trop. A la fin du concert, le groupe joue « faiblesse », une suite qui figure sur le disque, mais dont ils renouvellent la lecture par une introduction bruitiste, échevelée, exubérante. On se dit alors que Note Forget est en train de s’inventer de nouveaux chemins et sans doute un bel avenir. C’est Virgile Lefebvre qui trouve la meilleure formule: « On est passés du fusain à l’acrylique! ».

JF Mondot