Jazz live
Publié le 15 Juil 2019

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : AMAZING KEYSTONE BIG BAND

Premier concert de jazz du festival 2019, avec ce programme en évocation d’Ella Fitzgerald, dans un amphithéâtre bondé. Démarrage en fanfare !

30 minutes avant le début du concert le gradin est déjà largement occupé

AMAZING KEYSTONE BIG BAND ‘We Love Ella’

Célia KAMENI (voix), David ENHCO, Vincent LABARRE, Thierry SENEAU, Félicien BOUCHOT (trompettes, bugles), Bastien BALLAZ, Loïc BACHEVILLIER, Aloïs BENOIT, Sylvain THOMAS (trombones), Jon BOUTELLIER (saxophone ténor & clarinette basse), Kenny JEANNEY (saxophones alto & soprano) , Pierre DESASSIS (saxophone alto & clarinette), Eric PROST (saxophone ténor), Ghyslain REGARD (saxophone baryton & flûte), Fred NARDIN (piano), Thibaut FRANÇOIS (guitare électrique), Patrick MARADAN (contrebasse), Romain SARRON (batterie)

Amphithéâtre du Domaine d’O, 14 juillet 2019, 20h30

Contrairement aux soirées suivantes, programmées à 22h, le concert commence ce soir à 20h30, pour cause de feux d’artifice dans le voisinage, lesquels auraient pu altérer un concert plus tardif. Le big band commence seul, avec une version instrumentale de Stompin’ at the Savoy, un des emblèmes du répertoire d’Ella ; énergie, précision, enthousiasme : l’orchestre est ‘chaud bouillant’ , il joue chaque soir pour le festival depuis le 10 juillet, d’abord dans le Tarn, puis dans d’autres lieux de la grande région Occitanie. Cette cinquième date, dans l’Amphithéâtre de 1800 places, est une sorte d’apothéose. Beau solo de sax alto de Kenny Jeanney. Arrive la chanteuse, Célia Kameni pour A Woman Is A Sometime Thing. Belle entrée. Ensuite pour Born to Be Blue la charge expressive est forte, la maîrise du chant remarquable, avec un très belle diction. Suivront Moonlight in Vermont, puis A-Tisket A-Tasket (morceau de bravoure de la jeune Ella en 1938 avec l’orchestre de Chick Webb). Pour ce dernier thème le choix est fait de le jouer ‘Vieux Style’, on est encore dans l’ardeur de la Nouvelle Orléans, alors que ce n’est pas le style de la version originelle, mais ça marche vraiment bien. Puis c’est une sorte de suite, autour de Mood Indigo, dans un arrangement (superbe) de Bastien Ballaz. L’orchestre, et la chanteuse, emportés par l’énergie des premiers titres, cherchent un peu leurs marques sur les nuance pianopianissimo. Mais ça se met en place, et l’on part pour une suite de solos instrumentaux. Celui de Bastien Ballaz est un monument d’expressivité et de finesse musicale, et va se conclure dans une multiphonie jouissive. Et la musique bascule vers un thème mouvementé qui sera l’occasion d’une foule d’improvisations enflammées. Suivra It Ain’t Necessarily So, avec une improvisation vocale très libre, suivi d’un Blues in the Night torride. Pour How High The Moon c’est le seul moment du concert où Célia Kameni va jouer à Ella Fitzgerald, ce qu’elle fait très bien, et là, à la différence du reste du concert, elle scate. Ne l’eût-elle pas fait que l’hommage eût été tout aussi légitime. Le faire apporte une note complice. Après Old Devil Moon, autre incontournable, une sorte de faux rappel humoristique sur une grille d’accord mille fois métamorphosée : Jon Boutellier présente chaque section sur un mode humoristique. Les trombonistes ont droit à un traitement de faveur sous forme de simulacre de dénigrement, auquel ils répondent par une esquisse de ballet sur le proscenium.

Le vrai rappel sera une version assez étrange, décalée-remaniée, de Cry Me A River. Après cette soirée belle et fertile, l’ovation verticale s’imposait, et elle était méritée.

Xavier Prévost