Jazz live
Publié le 19 Juil 2021

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : MARACUJA

Un seul concert ce soir : le dimanche, l’Amphi des micocouliers fait relâche, mais il y a tout près de là, devant le Château d’O, un concert classique, qui craindrait le trouble sonore de la balance du concert de l’Amphi d’O. C’est donc après 20h que la groupe Maracuja s’installe pour tester la sono.

MARACUJA

Amina Mezaache (flûte, flûte alto, pife), Caio Márcio Santos (guitare), Fabien Debellefontaine (soubassophone, flûte), Jonathan Edo (percussions)

Invité : Simon Deslandes (trompette, bugle)

Montpellier, Amphithéâtre du Domaine d’O, 18 juillet 2021, 22h

©David Abécassis

Ce concert conclut une journée du festival consacrée à l’Amérique Latine. Si ce groupe s’est choisi pour nom celui qui, sous les tropiques, désigne les fruits de la passion, et qu’il annonce un fort tropisme vers la musique brésilienne (notamment le baião), l’usage qu’il en fait préserve une singularité, attachée au jazz tel qu’il s’entend un peu partout. Pas ‘musique du monde’, mais musique tout court, avouant ses sources.

©David Abécassis

Amina Mezaache, la flûtiste et compositrice qui dirige le groupe est, comme le trompettiste invité, familière de l’univers du jazz. Fabien Debellefontaine, quant à lui, est un pilier de cet idiome, dans beaucoup de groupes, et souvent à différents saxophones. Quant au percussionniste, spécialiste des musiques traditionnelles, il se commet régulièrement du côté du jazz. Caio Márcio Santos remplace le titulaire, Yoan Fernandez, retenu par ses devoirs de nouveau papa. Le guitariste brésilien est un éminent représentant de la musique de son pays, mais dans ses improvisations on perçoit que le jazz ne lui est pas étranger. Au fil du concert, le groupe va jouer l’essentiel du répertoire de son second disque, «Mondo», enregistré début 2020. Le premier thème est vite emporté dans un mouvement circulaire sur tempo vif où les solistes vont s’ébrouer avec verve. Avec le thème suivant, on pourrait croire que l’on s’éloigne du jazz, mais tout nous y ramène : les sonorités, les accents et l’esprit des improvisations. C’est maintenant Pife and Love : pife est un mot qui désigne une flûte traditionnelle, que l’on entendra dans un autre titre. Ici l’esprit de cet instrument est évoqué par deux flûtes conjointes : celle d’Amina Mezaache, et celle de Fabien Debellefontaine, qui a provisoirement abandonné son cuivre aux allures de pachyderme. Mais il y reviendra dans ce même titre pour un solo très mobile.

©David Abécassis

En quartette, sans l’invité, c’est maintenant un rythme qui fleure bon l’Afrique de l’Ouest, un rythme dont le jazz s’est copieusement nourri depuis des décennies. Voici maintenant un choro, une forme traditionnelle de la musique classique brésilienne. Composé par Amina Mezaache, il affiche une liberté hétérodoxe, c’est pourquoi elle a choisi de l’intituler Chorinho Irracional. La fantaisie et les improvisations (flûte, bugle) qui vont se glisser dans cette forme vont assurément nous ramener vers les rives du jazz. Retour au baião, avec une nouvelle composition, en quartette, conçue depuis le disque, pendant le confinement, par la flûtiste. Puis nous allons écouter la flûte traditionnelle, le pife, qui va nous entraîner dans une sorte de transe par un duo avec le percussionniste.

©David Abécassis

Après un thème obsessionnel autour de la note Ré qui va nous conduire vers une improvisation collective torride, ce sera une sorte de funky jazz inspiré prosaïquement par le dégivrage du réfrigérateur : sur le plateau, la musique chauffe avec des improvisations de chacun des membres du groupe. Et en rappel, un baião conclusif, avec un petit grain de folie totalement dans l’esprit de ce concert infiniment vivant, chaleureusement salué par le public, chroniqueur inclus.

Xavier Prévost

Ce concert sera diffusé sur France Musique le jeudi 29 juillet 2021 à 23h dans l’émission ‘Jazz Été’