Jazz live
Publié le 22 Avr 2020

Seconde disparition de Guiseppi Logan

Le pluri-instrumentiste américain, artisan souffleur de l’extrême, Giuseppi Logan est décédé des suites du Covid 19, le 17 avril, dans un établissement de soins infirmiers du Queens, NYC. Ce secret bien gardé de la jazzosphère libertaire allait avoir 85 ans en mai prochain.

La nouvelle avait échappé au radar de Jazz Magazine. C’est pourtant un dramatique hasard qui a vu succomber au même mal, le même jour, le 17 avril, Henry Grimes (déjà salué dans ces pages) et Giuseppi Logan, deux figures de la scène free new-yorkaise des années 1960, qui disparurent trois décennies durant avant de réapparaître avec le XXIe siècle.

Ce natif de Philadelphie a commencé par apprendre le piano et a opté à douze ans pour les instruments à anche (saxophone et clarinette). Il a ensuite étudié au New England Conservatory de Boston. C’est là qu’il rencontre le fantasque batteur Milford Graves avec lequel il va former, à New York, un fabuleux quartet avec la pianiste Don Pullen et le contrebassiste Eddie Gomez. En 1964, ce groupe de free jazz enregistre un énivrant album éponyme sur le label radical newyorkais ESP. C’est Bernard Stollman, le dirigeant fondateur de cette mythique compagnie phonographique qui lui aurait suggéré d’adopter son prénom italien. Sur cet album très recherché qui porte le numéro 07, Logan joue sauvagement du ténor, de l’alto, du hautbois pakistanais, de la Clarinette et de la flute. Suit un second album « More » (numéro 13) dont la moitié est enregistré en studio et l’autre en live au Town Hall. Il collabore aussi avec Bill Dixon et apparait en sideman chez Roswell Rudd et la chanteuse Patty Waters.

Au début des années 70, Logan connait d’importants problèmes de toxicomanie et de maladie mentale qui le forcent à se retirer de la scène. C’est le début de trop longues années de de galère entre institutions psychiatriques et abris pour SDF à Norfolk en Virginie et à New York. Il dormait également dans le métro et jouait dans la rue ou au Tompkins Square Park dans l’East Village. C’est en allant acheter une seule anche pour son saxophone qu’il rencontre en 2009 le trompettiste et clarinettiste Matt Lavell qui va le prendre sous son aile et le ramener dans le monde merveilleux de la musique improvisée. Ensemble ils vont enregistrer, en 2010, un album en quintet avec notamment le pianiste Dave Burrell et le batteur Warren Smith. Ce CD dynamique paru sur le Label Tompkins Square comprend cinq originaux avant-gardistes de Logan et trois relectures aventureuses de standards de jazz.  Paul Jaillet