Jazz live
Publié le 12 Oct 2017

The Bridge#0 : Brest is the best ?

Bien sûr que non, mais voilà pour les Twins une double référence à Sun Ra, incarnée par la présence d’Avreeayl Ra venu ici avec le New Third Coast Orchestra créé par l’infatigable Rob Mazurek et parce que « Space is the place » est une inspiration pour Fred Jackson.

Fred Jackson (as,ss), Stéphane Payen (as), Makaya McCraven (dm, elec), Edward Perraud (dm, divers). Roscoe Mitchell (as, ss, ssn), Will Guthrie (dm). Brest, le Vauban, mercredi 11 octobre 2017.

 

Cette fois, beaucoup de monde, au moins cent cinquante personnes, pour remplir le Vauban et amorcer l’Atlantique Jazz Festival qui célèbre cette année le centenaire du débarquement du jazz en France ici même. Jazz, jazz, jazz… l’infortune de ce mot est contredite par son apparition bondissante et rebondissante entre éclats de rire et conversations sérieuses dans le van drivé par Johan et orienté par Nader sur les (auto)routes de la tournée. Dans les quelques mots chaque soir réinventés de sa présentation, Alexandre Pierrepont, initiateur de The Bridge comme on le sait, ne manque pas de faire l’analogie entre ses musiciens qui voyagent notamment d’Amérique en Europe et réciproquement. « Navigateurs de formes », dit-il pour se faire encore mieux entendre des autochtones… Et comme pour appuyer ses dires, les quatre de Twins ont pratiqué le cabotage avec trois accostages dans les ports de l’applaudissement plutôt qu’une traversée quasi sans escale comme ils l’avaient fait jusque là. Je retiendrai du premier une navigation de conserve avec Fred Jackson et Stéphane Payen comme timoniers sur une mer “drummatique” d’abord calmée mais qui devait se démonter au cours du second et assez bref voyage. Musique en permanente et subtile évolution, qu’il s’agisse de la matière sonore ou du partenariat de ses fabricants : tantôt duos, tantôt trios, tantôt quartette, très rarement solos. La décision de ces métamorphoses est imperceptible (comme au théâtre dans le mémorable Regard du sourd de Bob Wilson), on ne sait qui la prend. De fait, ils sont quatre à (ne pas) la prendre, c’est un effet collectif sans cause apparente. Curiosité : il s’est trouvé au cours de cette navigation à vue, un passage au sud du nord-ouest, quand Fred a rejoint Stéphane pour un parcours tout en douceur, comme si le fait d’avoir écouté Paul Desmond les avait incités à retrouver le lien avec un musicien que par préjugé on pourrait croire loin de leurs préoccupations/admirations. Ce qui ne les a pas empêchés de retrouver le dur, le dansant, le profus. Edward Perraud y allait de ses assauts contre les têtes sans cesse repoussantes de son hydre percussif tandis que Makaya McCraven tendait libérait de leur piège (son clavier à sampler) des sons inventés ou volés à ses voisins, tout envoyant la foudre faire bouger les murs. C’est d’ailleurs dans cette enceinte de bousculades que Christophe Roger à la clarinette basse et Rob Mazureck avec sa trompette de poche sont venus clore la prestation avec d’autres sons, d’autres souffles.

Comme la veille à Tours, Roscoe Mitchell et Will Guthrie étaient programmés en seconde partie. Mais cette fois, il s’est passé tout autre chose. On l’a senti d’emblée quand Mitchell, au sopranino, a préféré articuler son discours, l’émailler de respirations qui facilité l’intégration de Guthrie. Ce faisant, il a aussi amené le public à le suivre, plus exactement à les suivre. Progressivement, Roscoe s’est lancé dans une phrase sans fin qui reposait sur le jeu spectaculaire de Will, qui va bien au-delà de ses roulements d’une seule main. Sa pratique du souffle continu donnait à penser qu’il ne dispersait/dépensait pas son énergie, mais la gardait au dedans de lui alors même qu’elle l’animait. A l’inverse, ou plutôt complémentairement, Guthrie laissait/faisait agir son énergie. Bref, Roscoe Mitchell a paru bien plus ouvert que la veille – il y eut même comme des unissons avec Guthrie ! Et si les motifs répétés en boucle semblaient former une seule et même phrase sans chair mais debout sur son squelette, c’est presque au bord de la transe que le duo a conduit le public : le squelette attendait la chair et la chair est venue ! FRS|Bien sûr que non, mais voilà pour les Twins une double référence à Sun Ra, incarnée par la présence d’Avreeayl Ra venu ici avec le New Third Coast Orchestra créé par l’infatigable Rob Mazurek et parce que « Space is the place » est une inspiration pour Fred Jackson.

Fred Jackson (as,ss), Stéphane Payen (as), Makaya McCraven (dm, elec), Edward Perraud (dm, divers). Roscoe Mitchell (as, ss, ssn), Will Guthrie (dm). Brest, le Vauban, mercredi 11 octobre 2017.

 

Cette fois, beaucoup de monde, au moins cent cinquante personnes, pour remplir le Vauban et amorcer l’Atlantique Jazz Festival qui célèbre cette année le centenaire du débarquement du jazz en France ici même. Jazz, jazz, jazz… l’infortune de ce mot est contredite par son apparition bondissante et rebondissante entre éclats de rire et conversations sérieuses dans le van drivé par Johan et orienté par Nader sur les (auto)routes de la tournée. Dans les quelques mots chaque soir réinventés de sa présentation, Alexandre Pierrepont, initiateur de The Bridge comme on le sait, ne manque pas de faire l’analogie entre ses musiciens qui voyagent notamment d’Amérique en Europe et réciproquement. « Navigateurs de formes », dit-il pour se faire encore mieux entendre des autochtones… Et comme pour appuyer ses dires, les quatre de Twins ont pratiqué le cabotage avec trois accostages dans les ports de l’applaudissement plutôt qu’une traversée quasi sans escale comme ils l’avaient fait jusque là. Je retiendrai du premier une navigation de conserve avec Fred Jackson et Stéphane Payen comme timoniers sur une mer “drummatique” d’abord calmée mais qui devait se démonter au cours du second et assez bref voyage. Musique en permanente et subtile évolution, qu’il s’agisse de la matière sonore ou du partenariat de ses fabricants : tantôt duos, tantôt trios, tantôt quartette, très rarement solos. La décision de ces métamorphoses est imperceptible (comme au théâtre dans le mémorable Regard du sourd de Bob Wilson), on ne sait qui la prend. De fait, ils sont quatre à (ne pas) la prendre, c’est un effet collectif sans cause apparente. Curiosité : il s’est trouvé au cours de cette navigation à vue, un passage au sud du nord-ouest, quand Fred a rejoint Stéphane pour un parcours tout en douceur, comme si le fait d’avoir écouté Paul Desmond les avait incités à retrouver le lien avec un musicien que par préjugé on pourrait croire loin de leurs préoccupations/admirations. Ce qui ne les a pas empêchés de retrouver le dur, le dansant, le profus. Edward Perraud y allait de ses assauts contre les têtes sans cesse repoussantes de son hydre percussif tandis que Makaya McCraven tendait libérait de leur piège (son clavier à sampler) des sons inventés ou volés à ses voisins, tout envoyant la foudre faire bouger les murs. C’est d’ailleurs dans cette enceinte de bousculades que Christophe Roger à la clarinette basse et Rob Mazureck avec sa trompette de poche sont venus clore la prestation avec d’autres sons, d’autres souffles.

Comme la veille à Tours, Roscoe Mitchell et Will Guthrie étaient programmés en seconde partie. Mais cette fois, il s’est passé tout autre chose. On l’a senti d’emblée quand Mitchell, au sopranino, a préféré articuler son discours, l’émailler de respirations qui facilité l’intégration de Guthrie. Ce faisant, il a aussi amené le public à le suivre, plus exactement à les suivre. Progressivement, Roscoe s’est lancé dans une phrase sans fin qui reposait sur le jeu spectaculaire de Will, qui va bien au-delà de ses roulements d’une seule main. Sa pratique du souffle continu donnait à penser qu’il ne dispersait/dépensait pas son énergie, mais la gardait au dedans de lui alors même qu’elle l’animait. A l’inverse, ou plutôt complémentairement, Guthrie laissait/faisait agir son énergie. Bref, Roscoe Mitchell a paru bien plus ouvert que la veille – il y eut même comme des unissons avec Guthrie ! Et si les motifs répétés en boucle semblaient former une seule et même phrase sans chair mais debout sur son squelette, c’est presque au bord de la transe que le duo a conduit le public : le squelette attendait la chair et la chair est venue ! FRS|Bien sûr que non, mais voilà pour les Twins une double référence à Sun Ra, incarnée par la présence d’Avreeayl Ra venu ici avec le New Third Coast Orchestra créé par l’infatigable Rob Mazurek et parce que « Space is the place » est une inspiration pour Fred Jackson.

Fred Jackson (as,ss), Stéphane Payen (as), Makaya McCraven (dm, elec), Edward Perraud (dm, divers). Roscoe Mitchell (as, ss, ssn), Will Guthrie (dm). Brest, le Vauban, mercredi 11 octobre 2017.

 

Cette fois, beaucoup de monde, au moins cent cinquante personnes, pour remplir le Vauban et amorcer l’Atlantique Jazz Festival qui célèbre cette année le centenaire du débarquement du jazz en France ici même. Jazz, jazz, jazz… l’infortune de ce mot est contredite par son apparition bondissante et rebondissante entre éclats de rire et conversations sérieuses dans le van drivé par Johan et orienté par Nader sur les (auto)routes de la tournée. Dans les quelques mots chaque soir réinventés de sa présentation, Alexandre Pierrepont, initiateur de The Bridge comme on le sait, ne manque pas de faire l’analogie entre ses musiciens qui voyagent notamment d’Amérique en Europe et réciproquement. « Navigateurs de formes », dit-il pour se faire encore mieux entendre des autochtones… Et comme pour appuyer ses dires, les quatre de Twins ont pratiqué le cabotage avec trois accostages dans les ports de l’applaudissement plutôt qu’une traversée quasi sans escale comme ils l’avaient fait jusque là. Je retiendrai du premier une navigation de conserve avec Fred Jackson et Stéphane Payen comme timoniers sur une mer “drummatique” d’abord calmée mais qui devait se démonter au cours du second et assez bref voyage. Musique en permanente et subtile évolution, qu’il s’agisse de la matière sonore ou du partenariat de ses fabricants : tantôt duos, tantôt trios, tantôt quartette, très rarement solos. La décision de ces métamorphoses est imperceptible (comme au théâtre dans le mémorable Regard du sourd de Bob Wilson), on ne sait qui la prend. De fait, ils sont quatre à (ne pas) la prendre, c’est un effet collectif sans cause apparente. Curiosité : il s’est trouvé au cours de cette navigation à vue, un passage au sud du nord-ouest, quand Fred a rejoint Stéphane pour un parcours tout en douceur, comme si le fait d’avoir écouté Paul Desmond les avait incités à retrouver le lien avec un musicien que par préjugé on pourrait croire loin de leurs préoccupations/admirations. Ce qui ne les a pas empêchés de retrouver le dur, le dansant, le profus. Edward Perraud y allait de ses assauts contre les têtes sans cesse repoussantes de son hydre percussif tandis que Makaya McCraven tendait libérait de leur piège (son clavier à sampler) des sons inventés ou volés à ses voisins, tout envoyant la foudre faire bouger les murs. C’est d’ailleurs dans cette enceinte de bousculades que Christophe Roger à la clarinette basse et Rob Mazureck avec sa trompette de poche sont venus clore la prestation avec d’autres sons, d’autres souffles.

Comme la veille à Tours, Roscoe Mitchell et Will Guthrie étaient programmés en seconde partie. Mais cette fois, il s’est passé tout autre chose. On l’a senti d’emblée quand Mitchell, au sopranino, a préféré articuler son discours, l’émailler de respirations qui facilité l’intégration de Guthrie. Ce faisant, il a aussi amené le public à le suivre, plus exactement à les suivre. Progressivement, Roscoe s’est lancé dans une phrase sans fin qui reposait sur le jeu spectaculaire de Will, qui va bien au-delà de ses roulements d’une seule main. Sa pratique du souffle continu donnait à penser qu’il ne dispersait/dépensait pas son énergie, mais la gardait au dedans de lui alors même qu’elle l’animait. A l’inverse, ou plutôt complémentairement, Guthrie laissait/faisait agir son énergie. Bref, Roscoe Mitchell a paru bien plus ouvert que la veille – il y eut même comme des unissons avec Guthrie ! Et si les motifs répétés en boucle semblaient former une seule et même phrase sans chair mais debout sur son squelette, c’est presque au bord de la transe que le duo a conduit le public : le squelette attendait la chair et la chair est venue ! FRS|Bien sûr que non, mais voilà pour les Twins une double référence à Sun Ra, incarnée par la présence d’Avreeayl Ra venu ici avec le New Third Coast Orchestra créé par l’infatigable Rob Mazurek et parce que « Space is the place » est une inspiration pour Fred Jackson.

Fred Jackson (as,ss), Stéphane Payen (as), Makaya McCraven (dm, elec), Edward Perraud (dm, divers). Roscoe Mitchell (as, ss, ssn), Will Guthrie (dm). Brest, le Vauban, mercredi 11 octobre 2017.

 

Cette fois, beaucoup de monde, au moins cent cinquante personnes, pour remplir le Vauban et amorcer l’Atlantique Jazz Festival qui célèbre cette année le centenaire du débarquement du jazz en France ici même. Jazz, jazz, jazz… l’infortune de ce mot est contredite par son apparition bondissante et rebondissante entre éclats de rire et conversations sérieuses dans le van drivé par Johan et orienté par Nader sur les (auto)routes de la tournée. Dans les quelques mots chaque soir réinventés de sa présentation, Alexandre Pierrepont, initiateur de The Bridge comme on le sait, ne manque pas de faire l’analogie entre ses musiciens qui voyagent notamment d’Amérique en Europe et réciproquement. « Navigateurs de formes », dit-il pour se faire encore mieux entendre des autochtones… Et comme pour appuyer ses dires, les quatre de Twins ont pratiqué le cabotage avec trois accostages dans les ports de l’applaudissement plutôt qu’une traversée quasi sans escale comme ils l’avaient fait jusque là. Je retiendrai du premier une navigation de conserve avec Fred Jackson et Stéphane Payen comme timoniers sur une mer “drummatique” d’abord calmée mais qui devait se démonter au cours du second et assez bref voyage. Musique en permanente et subtile évolution, qu’il s’agisse de la matière sonore ou du partenariat de ses fabricants : tantôt duos, tantôt trios, tantôt quartette, très rarement solos. La décision de ces métamorphoses est imperceptible (comme au théâtre dans le mémorable Regard du sourd de Bob Wilson), on ne sait qui la prend. De fait, ils sont quatre à (ne pas) la prendre, c’est un effet collectif sans cause apparente. Curiosité : il s’est trouvé au cours de cette navigation à vue, un passage au sud du nord-ouest, quand Fred a rejoint Stéphane pour un parcours tout en douceur, comme si le fait d’avoir écouté Paul Desmond les avait incités à retrouver le lien avec un musicien que par préjugé on pourrait croire loin de leurs préoccupations/admirations. Ce qui ne les a pas empêchés de retrouver le dur, le dansant, le profus. Edward Perraud y allait de ses assauts contre les têtes sans cesse repoussantes de son hydre percussif tandis que Makaya McCraven tendait libérait de leur piège (son clavier à sampler) des sons inventés ou volés à ses voisins, tout envoyant la foudre faire bouger les murs. C’est d’ailleurs dans cette enceinte de bousculades que Christophe Roger à la clarinette basse et Rob Mazureck avec sa trompette de poche sont venus clore la prestation avec d’autres sons, d’autres souffles.

Comme la veille à Tours, Roscoe Mitchell et Will Guthrie étaient programmés en seconde partie. Mais cette fois, il s’est passé tout autre chose. On l’a senti d’emblée quand Mitchell, au sopranino, a préféré articuler son discours, l’émailler de respirations qui facilité l’intégration de Guthrie. Ce faisant, il a aussi amené le public à le suivre, plus exactement à les suivre. Progressivement, Roscoe s’est lancé dans une phrase sans fin qui reposait sur le jeu spectaculaire de Will, qui va bien au-delà de ses roulements d’une seule main. Sa pratique du souffle continu donnait à penser qu’il ne dispersait/dépensait pas son énergie, mais la gardait au dedans de lui alors même qu’elle l’animait. A l’inverse, ou plutôt complémentairement, Guthrie laissait/faisait agir son énergie. Bref, Roscoe Mitchell a paru bien plus ouvert que la veille – il y eut même comme des unissons avec Guthrie ! Et si les motifs répétés en boucle semblaient former une seule et même phrase sans chair mais debout sur son squelette, c’est presque au bord de la transe que le duo a conduit le public : le squelette attendait la chair et la chair est venue ! FRS