Jazz live
Publié le 23 Juin 2014

Ascona, 2. Kermit Ruffins / Silvan Zingg

Un de ces orages soudains, tonitruants, comme il en éclate en montagne et sur les sommets dominant le Lac Majeur, est venu perturber l’après-midi et la soirée du 22. « Un vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois », comme chantait Brassens. Suivi, de surcroît, d’une pluie persistante propre à décourager les amateurs de jazz les plus endurcis.

Kermit Ruffins & The BBQ Swingers

Kermit Ruffins (tp, voc), Yoshitaka Tsuji (p), Kevin Morris (b), Derrick Freeman (dm)

Silvan Zingg Trio

Silvan Zingg (p), Nuno Alexandre (b), Valerio Felice (dm).

Ascona, Stage Elvezia, 22 juin

 

Il faut savoir qu’à l’exception du JazzClub Torre qui accueille les soirées de prestige (ce soir, un programme dédié à l’Italie avec, notamment, Stefano Bollani et Irene Grandi), le public bénéficie, en cas d’intempéries, d’abris aussi précaires que parcimonieux. Si bien que Kermit Ruffins et son quartette néo-orléanais, concurrencés en outre par un match de football retransmis sur grand écran, se sont produits devant une poignée d’irréductibles, réfugiés sous des parapluies multicolores. La série télévisée « Treme » a rendu populaire ce chanteur et trompettiste, bien connu dans sa ville natale, qui fêtera en décembre prochain ses cinquante ans. Pas vraiment un débutant, donc, mais un musicien en pleine possession de ses moyens et qui se situe dans la lignée directe de Louis Armstrong.

 

Une influence clairement revendiquée. Mais le constat énoncé hier, à savoir qu’il est possible de s’approprier un style et même un répertoire sans commettre le péché irrémissible de revivalisme, vaut aussi pour lui. Ainsi ouvre-t-il son concert, comme le faisait Louis, sur When It’s Sleepy Time Down South, clos par le non moins traditionnel « Good evening everybody ! ». Or, ce qui pourrait être tenu pour une parodie aussi ridicule qu’outrecuidante passe fort bien la rampe. Sans doute parce que la notion de plagiat et de propriété intellectuelle ou artistique est relativement récente. Voire, en certains cas,  superfétatoire. On ne se la posait guère au Grand Siècle où, pour s’en tenir au seul domaine littéraire, La Bruyère pouvait s’inspirer du grec Théophraste et La Fontaine piller les fables d’Esope sans que nul ne s’en offusque.

 

Notre Néo-Orléanais, l’un des co-fondateurs du Rebirth Brsass Band qui eut son heure de gloire dans les années 80 et 90, a donc choisi Satchmo pour modèle. Il en est de pires. Pas question, bien entendu, de se livrer à des comparaisons hors de propos. Mais enfin, qu’il chante Pennies From Heaven en l’agrémentant de variations en scat, ou se livre, sur The Sheik Of Araby, à une improvisation où se manifeste toute l’étendue de sa technique instrumentale, son discours, toujours cohérent, suscite un intérêt constant.

 

Ainsi en va-t-il, du reste, de ses partenaires. Tous pratiquent une musique ancrée dans la tradition et dont le swing demeure la vertu cardinale. Ce qui n’empêche pas Yoshitaka Tsuji de parsemer de citations du Cantaloupe Island hancockien un de ses développements virtuoses tandis que Kevin Morris et Derrick Freeman sont parfaitement représentatifs des rythmiques actuelles, capables d’intégrer à la pulsation purement jazz des éléments empruntés au funk et au rhythm and blues.

 

Lorsque le trio de Silvan Zingg prend possession de la scène, à plus de vingt-trois heures, la pluie n’a toujours pas capitulé. Les spectateurs les plus stoïques non plus. Ils feront au pianiste suisse un triomphe mérité. Fort bien entouré par Nuno Alexandre et Valerio Felice, il joue le blues avec feeling et déroule brillamment les grands classiques du boogie woogie, de Honky Tonk Train Blues à Pinetop’s Boogie Woogie pris, une fois n’est pas coutume, non comme le défi d’un record de vitesse à pulvériser, mais sur un tempo propice au swing. Zingg est l’un des meilleurs spécialistes européens d’un genre qui garde ses adeptes et qui, lorsqu’il est pratiqué avec cette maîtrise, est loin d’avoir épuisé ses attraits.

 

Jacques Aboucaya

|

Un de ces orages soudains, tonitruants, comme il en éclate en montagne et sur les sommets dominant le Lac Majeur, est venu perturber l’après-midi et la soirée du 22. « Un vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois », comme chantait Brassens. Suivi, de surcroît, d’une pluie persistante propre à décourager les amateurs de jazz les plus endurcis.

Kermit Ruffins & The BBQ Swingers

Kermit Ruffins (tp, voc), Yoshitaka Tsuji (p), Kevin Morris (b), Derrick Freeman (dm)

Silvan Zingg Trio

Silvan Zingg (p), Nuno Alexandre (b), Valerio Felice (dm).

Ascona, Stage Elvezia, 22 juin

 

Il faut savoir qu’à l’exception du JazzClub Torre qui accueille les soirées de prestige (ce soir, un programme dédié à l’Italie avec, notamment, Stefano Bollani et Irene Grandi), le public bénéficie, en cas d’intempéries, d’abris aussi précaires que parcimonieux. Si bien que Kermit Ruffins et son quartette néo-orléanais, concurrencés en outre par un match de football retransmis sur grand écran, se sont produits devant une poignée d’irréductibles, réfugiés sous des parapluies multicolores. La série télévisée « Treme » a rendu populaire ce chanteur et trompettiste, bien connu dans sa ville natale, qui fêtera en décembre prochain ses cinquante ans. Pas vraiment un débutant, donc, mais un musicien en pleine possession de ses moyens et qui se situe dans la lignée directe de Louis Armstrong.

 

Une influence clairement revendiquée. Mais le constat énoncé hier, à savoir qu’il est possible de s’approprier un style et même un répertoire sans commettre le péché irrémissible de revivalisme, vaut aussi pour lui. Ainsi ouvre-t-il son concert, comme le faisait Louis, sur When It’s Sleepy Time Down South, clos par le non moins traditionnel « Good evening everybody ! ». Or, ce qui pourrait être tenu pour une parodie aussi ridicule qu’outrecuidante passe fort bien la rampe. Sans doute parce que la notion de plagiat et de propriété intellectuelle ou artistique est relativement récente. Voire, en certains cas,  superfétatoire. On ne se la posait guère au Grand Siècle où, pour s’en tenir au seul domaine littéraire, La Bruyère pouvait s’inspirer du grec Théophraste et La Fontaine piller les fables d’Esope sans que nul ne s’en offusque.

 

Notre Néo-Orléanais, l’un des co-fondateurs du Rebirth Brsass Band qui eut son heure de gloire dans les années 80 et 90, a donc choisi Satchmo pour modèle. Il en est de pires. Pas question, bien entendu, de se livrer à des comparaisons hors de propos. Mais enfin, qu’il chante Pennies From Heaven en l’agrémentant de variations en scat, ou se livre, sur The Sheik Of Araby, à une improvisation où se manifeste toute l’étendue de sa technique instrumentale, son discours, toujours cohérent, suscite un intérêt constant.

 

Ainsi en va-t-il, du reste, de ses partenaires. Tous pratiquent une musique ancrée dans la tradition et dont le swing demeure la vertu cardinale. Ce qui n’empêche pas Yoshitaka Tsuji de parsemer de citations du Cantaloupe Island hancockien un de ses développements virtuoses tandis que Kevin Morris et Derrick Freeman sont parfaitement représentatifs des rythmiques actuelles, capables d’intégrer à la pulsation purement jazz des éléments empruntés au funk et au rhythm and blues.

 

Lorsque le trio de Silvan Zingg prend possession de la scène, à plus de vingt-trois heures, la pluie n’a toujours pas capitulé. Les spectateurs les plus stoïques non plus. Ils feront au pianiste suisse un triomphe mérité. Fort bien entouré par Nuno Alexandre et Valerio Felice, il joue le blues avec feeling et déroule brillamment les grands classiques du boogie woogie, de Honky Tonk Train Blues à Pinetop’s Boogie Woogie pris, une fois n’est pas coutume, non comme le défi d’un record de vitesse à pulvériser, mais sur un tempo propice au swing. Zingg est l’un des meilleurs spécialistes européens d’un genre qui garde ses adeptes et qui, lorsqu’il est pratiqué avec cette maîtrise, est loin d’avoir épuisé ses attraits.

 

Jacques Aboucaya

|

Un de ces orages soudains, tonitruants, comme il en éclate en montagne et sur les sommets dominant le Lac Majeur, est venu perturber l’après-midi et la soirée du 22. « Un vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois », comme chantait Brassens. Suivi, de surcroît, d’une pluie persistante propre à décourager les amateurs de jazz les plus endurcis.

Kermit Ruffins & The BBQ Swingers

Kermit Ruffins (tp, voc), Yoshitaka Tsuji (p), Kevin Morris (b), Derrick Freeman (dm)

Silvan Zingg Trio

Silvan Zingg (p), Nuno Alexandre (b), Valerio Felice (dm).

Ascona, Stage Elvezia, 22 juin

 

Il faut savoir qu’à l’exception du JazzClub Torre qui accueille les soirées de prestige (ce soir, un programme dédié à l’Italie avec, notamment, Stefano Bollani et Irene Grandi), le public bénéficie, en cas d’intempéries, d’abris aussi précaires que parcimonieux. Si bien que Kermit Ruffins et son quartette néo-orléanais, concurrencés en outre par un match de football retransmis sur grand écran, se sont produits devant une poignée d’irréductibles, réfugiés sous des parapluies multicolores. La série télévisée « Treme » a rendu populaire ce chanteur et trompettiste, bien connu dans sa ville natale, qui fêtera en décembre prochain ses cinquante ans. Pas vraiment un débutant, donc, mais un musicien en pleine possession de ses moyens et qui se situe dans la lignée directe de Louis Armstrong.

 

Une influence clairement revendiquée. Mais le constat énoncé hier, à savoir qu’il est possible de s’approprier un style et même un répertoire sans commettre le péché irrémissible de revivalisme, vaut aussi pour lui. Ainsi ouvre-t-il son concert, comme le faisait Louis, sur When It’s Sleepy Time Down South, clos par le non moins traditionnel « Good evening everybody ! ». Or, ce qui pourrait être tenu pour une parodie aussi ridicule qu’outrecuidante passe fort bien la rampe. Sans doute parce que la notion de plagiat et de propriété intellectuelle ou artistique est relativement récente. Voire, en certains cas,  superfétatoire. On ne se la posait guère au Grand Siècle où, pour s’en tenir au seul domaine littéraire, La Bruyère pouvait s’inspirer du grec Théophraste et La Fontaine piller les fables d’Esope sans que nul ne s’en offusque.

 

Notre Néo-Orléanais, l’un des co-fondateurs du Rebirth Brsass Band qui eut son heure de gloire dans les années 80 et 90, a donc choisi Satchmo pour modèle. Il en est de pires. Pas question, bien entendu, de se livrer à des comparaisons hors de propos. Mais enfin, qu’il chante Pennies From Heaven en l’agrémentant de variations en scat, ou se livre, sur The Sheik Of Araby, à une improvisation où se manifeste toute l’étendue de sa technique instrumentale, son discours, toujours cohérent, suscite un intérêt constant.

 

Ainsi en va-t-il, du reste, de ses partenaires. Tous pratiquent une musique ancrée dans la tradition et dont le swing demeure la vertu cardinale. Ce qui n’empêche pas Yoshitaka Tsuji de parsemer de citations du Cantaloupe Island hancockien un de ses développements virtuoses tandis que Kevin Morris et Derrick Freeman sont parfaitement représentatifs des rythmiques actuelles, capables d’intégrer à la pulsation purement jazz des éléments empruntés au funk et au rhythm and blues.

 

Lorsque le trio de Silvan Zingg prend possession de la scène, à plus de vingt-trois heures, la pluie n’a toujours pas capitulé. Les spectateurs les plus stoïques non plus. Ils feront au pianiste suisse un triomphe mérité. Fort bien entouré par Nuno Alexandre et Valerio Felice, il joue le blues avec feeling et déroule brillamment les grands classiques du boogie woogie, de Honky Tonk Train Blues à Pinetop’s Boogie Woogie pris, une fois n’est pas coutume, non comme le défi d’un record de vitesse à pulvériser, mais sur un tempo propice au swing. Zingg est l’un des meilleurs spécialistes européens d’un genre qui garde ses adeptes et qui, lorsqu’il est pratiqué avec cette maîtrise, est loin d’avoir épuisé ses attraits.

 

Jacques Aboucaya

|

Un de ces orages soudains, tonitruants, comme il en éclate en montagne et sur les sommets dominant le Lac Majeur, est venu perturber l’après-midi et la soirée du 22. « Un vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois », comme chantait Brassens. Suivi, de surcroît, d’une pluie persistante propre à décourager les amateurs de jazz les plus endurcis.

Kermit Ruffins & The BBQ Swingers

Kermit Ruffins (tp, voc), Yoshitaka Tsuji (p), Kevin Morris (b), Derrick Freeman (dm)

Silvan Zingg Trio

Silvan Zingg (p), Nuno Alexandre (b), Valerio Felice (dm).

Ascona, Stage Elvezia, 22 juin

 

Il faut savoir qu’à l’exception du JazzClub Torre qui accueille les soirées de prestige (ce soir, un programme dédié à l’Italie avec, notamment, Stefano Bollani et Irene Grandi), le public bénéficie, en cas d’intempéries, d’abris aussi précaires que parcimonieux. Si bien que Kermit Ruffins et son quartette néo-orléanais, concurrencés en outre par un match de football retransmis sur grand écran, se sont produits devant une poignée d’irréductibles, réfugiés sous des parapluies multicolores. La série télévisée « Treme » a rendu populaire ce chanteur et trompettiste, bien connu dans sa ville natale, qui fêtera en décembre prochain ses cinquante ans. Pas vraiment un débutant, donc, mais un musicien en pleine possession de ses moyens et qui se situe dans la lignée directe de Louis Armstrong.

 

Une influence clairement revendiquée. Mais le constat énoncé hier, à savoir qu’il est possible de s’approprier un style et même un répertoire sans commettre le péché irrémissible de revivalisme, vaut aussi pour lui. Ainsi ouvre-t-il son concert, comme le faisait Louis, sur When It’s Sleepy Time Down South, clos par le non moins traditionnel « Good evening everybody ! ». Or, ce qui pourrait être tenu pour une parodie aussi ridicule qu’outrecuidante passe fort bien la rampe. Sans doute parce que la notion de plagiat et de propriété intellectuelle ou artistique est relativement récente. Voire, en certains cas,  superfétatoire. On ne se la posait guère au Grand Siècle où, pour s’en tenir au seul domaine littéraire, La Bruyère pouvait s’inspirer du grec Théophraste et La Fontaine piller les fables d’Esope sans que nul ne s’en offusque.

 

Notre Néo-Orléanais, l’un des co-fondateurs du Rebirth Brsass Band qui eut son heure de gloire dans les années 80 et 90, a donc choisi Satchmo pour modèle. Il en est de pires. Pas question, bien entendu, de se livrer à des comparaisons hors de propos. Mais enfin, qu’il chante Pennies From Heaven en l’agrémentant de variations en scat, ou se livre, sur The Sheik Of Araby, à une improvisation où se manifeste toute l’étendue de sa technique instrumentale, son discours, toujours cohérent, suscite un intérêt constant.

 

Ainsi en va-t-il, du reste, de ses partenaires. Tous pratiquent une musique ancrée dans la tradition et dont le swing demeure la vertu cardinale. Ce qui n’empêche pas Yoshitaka Tsuji de parsemer de citations du Cantaloupe Island hancockien un de ses développements virtuoses tandis que Kevin Morris et Derrick Freeman sont parfaitement représentatifs des rythmiques actuelles, capables d’intégrer à la pulsation purement jazz des éléments empruntés au funk et au rhythm and blues.

 

Lorsque le trio de Silvan Zingg prend possession de la scène, à plus de vingt-trois heures, la pluie n’a toujours pas capitulé. Les spectateurs les plus stoïques non plus. Ils feront au pianiste suisse un triomphe mérité. Fort bien entouré par Nuno Alexandre et Valerio Felice, il joue le blues avec feeling et déroule brillamment les grands classiques du boogie woogie, de Honky Tonk Train Blues à Pinetop’s Boogie Woogie pris, une fois n’est pas coutume, non comme le défi d’un record de vitesse à pulvériser, mais sur un tempo propice au swing. Zingg est l’un des meilleurs spécialistes européens d’un genre qui garde ses adeptes et qui, lorsqu’il est pratiqué avec cette maîtrise, est loin d’avoir épuisé ses attraits.

 

Jacques Aboucaya