Jazz live
Publié le 8 Mai 2018

Barcelona: Raynald Colom, la trompette c’est de l’ArtTe

Un club de Barcelona au décor moderniste, un musicien quadra établi dans la ville pour y cultiver différentes musiques bien d'aujourd'hui branchées sur l'improvisation. ArtTe accueille Raynald Colom à la tête d'un quartet de jazz dont la rythmique fut en son temps...celle de Tete Montoliu, pianiste de jazz catalan aveugle légendaire dans sa ville. Pour des airs de post bop imprimés en couleurs fortes.

« Je connais ce lieu car c’était le garage où je rangeais ma 2CV lorsque je venais répéter dans l’appartement de Tete Montoliu qui vivait de l’autre côté de ce mur J’avais juste à trimbaler ma contrebasse par le couloir attenant… » Pour Horacio Fumero jouer dans ce club de Barcelona fait réapparaître l’ombre immense du  pianiste catalan de légende.

Raynald Colom (tp), Bill McHenry (ts), Horacio Fumero (b), Aldo Caviglia (dm)

ArtTe, Barcelona, Catalogne/Espagne, 5 mai

Le club se situe en plein centre de la capitale catalane. Un long hall divisé en deux parties séparées seulement par une grande baie vitrée. Un café à l’entrée, le club avec la scène dans la partie du fond. dans un même décor très moderniste de miroirs, plafonds hauts et éclairage chic très travaillé vers des contrastes chocs ombres lumières. Plus un bar, immense, planté dans chacune des deux salles. Mélange de modernisme question look architectural, et d’intimité possible côté ambiance.

 

Horacio Fumero

A Barcelona où il réside par choix, Raynald Colom est  connu pour sa capacité à se plonger dans différents bains musicaux. Aussi bien du jazz -musique par laquelle il s’est fait connaître sur le label Fresh Sound– que de la salsa, d’un flamenco  mâtiné de rock que certaines expérimentations du côté des musiques électroniques. Cette fois, le quartet le signifie clairement, c’est dans les couleurs du jazz qu’il entend évoluer. Avec notamment une rythmique qui fut celle de Tete Montoliu, icône du jazz dans la ville de Mirô et Gaudi. Comme le rappelle  Horacio Fumero -bassiste argentin arrivé en Europe en 1973 comme musicien du « charango », l’orchestre de Gato Barbieri, époque Chapter OneTete vivait tout à côté. D’où une plaque commémorative apposée sur le mur à l’entrée de l’immeuble voisin. Sauf qu’à l’heure d’entrer dans le club, la nuit tombée, l’inscription se trouve quasi invisible, mauvais éclairage oblige…Du jazz donc, livré live sur un set d’un peu plus d’une heure. Raynald Colom fait étalage d’une sonorité  bien contrôlée, tapissée de rondeurs et de recherche d’amplitude, soignant au passage les articulations entre les phrases.  Ne pas chercher chez lui les poussées de fièvre vers les aigües extrêmes caractéristiques des tendances « latinas » en matière de trompette . Et lorsqu’il lui faut aborder l’univers de Monk (Think of one), il oriente son phrasé vers le niveau de justes ruptures nécessaires. Ni plus ni moins. Ainsi passent les standards (Stardust, Lovers, Star Eyes) traités avec soin et poussés par une rythmique très en place. Raynald Colom a invité pour l’occasion le saxophoniste Bill McHenry, musicien américain (qui s’est produit notamment à New York aux côtés de Ben Monder, Ethan Everson ou Reid Anderson) désormais établi à Barcelona. Le ténor livre une sonorité dans la veine d’un Joe Lovano par temps calme, souffle puissant, producteur de nombreux effets d’anche. Au total, pour une première concernant le quartet, on assiste à un travail intéressant apte à imprimer des couleurs contrastées dans un courant post bop. D’une expression plutôt élégante. De quoi cadrer au mieux avec le riche décor de ce lieu.

 

Bill McHenry

 

Pour ce qui concerne l’à venir, dans le travail du trompettiste installé à Barcelona, deux disques sont à paraître: Un premier, jazz, sera enregistré en quartet avec des musiciens américains (Danny Grisset (p), Joe Sanders (b), Greg Hutchinson (dm) à paraître chez Fresh Sound. Le second, catalogué par le trompettiste lui même « musique électronique/numérique » et gravé dans le même studio PKO de Madrid toujours en septembre, mais cette fois avec son groupe Steel Eyes sera produit par Nicolas Päyton « J’en ai profité pour y faire figurer un guitariste espagnol assez inclassable, David Soler  qui joue aussi de la pedal steel guitare. Il s’est notamment produit aux côtés de Chris Check…” 

A suivre. A écouter plus tard.

 

Raynald Colom

 

Robert Latxague