Jazz live
Publié le 3 Sep 2013

Bryan Ferry à la Villette : Jazz is not dead, quoique…

Ce soir, 3 septembre, le chanteur Brian Ferry ouvrait Jazz à la Villette, un festival qui garde comme slogan, le bon mot de Frank Zappa, « Jazz is not dead, it just smells funny ! »

 

Bryan Ferry (chant) and The Bryan Ferry Orchestra : Colin Good (piano, arrt), Enrico Tomasso (cornet, trompette), Malcolm Earle Smith (trombone), Richard White (clarinette, cor de basset, clarinette, sax alto, sax basse), Alan Barnes (clarinette, sax alto), Robert Fowler (cl, ts), basse, sax alto, sax basse), Martin Weathley (bjo, g), John Sutton (dm)…


Curieusement – mais est-ce si paradoxal ? –, les seuls musiciens de jazz de la soirée ne sont pas crédités dans le programme. En cherchant sur le net, je pense avoir reconstitué ci-dessus le personnel du Bryan Ferry Orchestra, à l’exception, je crois, d’un saxophoniste qui m’a semblé appartenir au groupe régulier du chanteur qu’il rejoint en seconde partie pour y tenir sax et claviers, tout comme le contrebassiste invité alors à prendre la guitare basse. De ce groupe régulier, je laisse le soin aux spécialistes d’en retrouver les noms, car si Ferry les a présentés c’est avec une voix qui semblait sortir d’un haut-parleur de kermesse et il était très incertain d’en comprendre les noms.

 

Bryan Ferry présentait donc le programme de son album “the Jazz Age”, fantaisie instrumentale où il fait reprendre ses vieux succès par un orchestre de jazz des années 20. L’orchestre est excellent, avec ses trios de clarinettes à la Flechter Henderson et ses mélanges de timbres, ses harmonies et ses effets jungle à la Duke Ellington, le tout imaginé par le pianiste Colin Good. Lorsque l’on connaît le répertoire de l’époque, les chansons de Bryan Ferry laisseraient cependant une légère impression d’uniformité et banalité, s’il n’y avait la trompette d’Enrico Tomasso et surtout les merveilleux solos de cor de basset dont joue Richard White, entre Sidney Bechet et Jimmie Noone, lorsqu’il ne joue pas du sax basse.

 

De toute façon, ça dure tout au plus un quart d’heure avec le seul orchestre  Bryan Ferry venant interpréter quelques-unes de ses chansons façon “jazz age” le quart d’heure suivant. Son public n’est pas venu pour ça, les chansons de ce genre aux mélodies passe-partout restant peu identifiables sans le soutien de leurs arrangements originaux. Et les fans sont enfin comblés à l’entrée de son orchestre régulier et ses choristes. La suite (entrecoupée d’un autre petit intermède années 20 pour lui permettre de souffler et une citation du Dexterity de Charlie Parker), un bonne comémo de pop-rock pour public quinqua venu au cours duquel les vents du Brian Ferry Orchestra sont réduits au son d’un bon gros synthétiseur, et dont je laisse là encore le soin au spécialistes de parler. Deux heures plus tard, l’affaire est dans le sac, on gagné une soirée de festival de jazz sans trop de jazz.

 

« Jazz is not dead, but it just smells funny » (le jazz n’est pas mort, il a juste une drôle d’odeur) : figure comme chaque année en exergue du programme de Jazz à la Villette la phrase de Frank Zappa que l’on aime ressortir aux amateurs de jazz lorsqu’ils deviennent trop embarrassants, en oubliant de rappeler ce que Zappa devait aux musiciens de jazz, de ses génies à ses requins de studio. En oubliant aussi de rappeler que Zappa n’était pas moins tendre pour le monde du rock et je me demande ce qu’il aurait pensé de cette assemblée quinquagénaire et béate.

 

À l’affiche du festival, une momie, toutes bandelettes au vent, court comme pour tenter d’échapper à son sort. Vous l’aurez compris, les programmateurs de Jazz à la Villette sont convaincus que le jazz est moribond. Et finalement, ça arrange tout le monde, notamment tous ceux qui voudraient se débarrasser une fois pour toute de la question du jazz dans les médias. Donc on commence par programmer un chanteur pop, avec un bon petit alibi, puis on fait une soiré afro (le 4 : Bombino, Seun Kuty), un nouvelle soirée RNB-rock (le 6 : les chanteuses Rosemary Standley, Brisa Roché et Ndidi O, le chanteur Rodolphe Burger reprenant Neil Young avec Fred Pallem), une soirée afro-funk (le 10 : avec Antibalas et Chic), une soirée malienne (le 11 : les chanteurs Vieux Farka Touré et Fatoumata Diawara) doublée d’une soirée rap-soul (le même soir : Gil Scott-Heron revisited et une soul session de Gregory Porter), une soirée soul-jazz vocal (le 12 avec Kellylee Evans et Jamie Cullum), encore une soirée vocale (le 13 avec un projet tout vocal d’Eric Legnini et Gregory Porter) et encore un chanteur (le 14 avec Arthur H). Tout ça est bel et bon car il y a là de bonnes choses à écouter et c’est autant de soirées où l’on aura pu neutraliser tà l’insulte au bon goût qu’est l’improvisation et cette abstraction musicale sans rime ni raison qu’est la musique instrumentale. Restent tout même le 5 où l’on pourra entendre le trio de Shai Maestro et le Shadow Theater de Tigran Hamasyan, le 7 le John Zorn Marathon (voir le dossier de notre numéro en kiosque), une fenêtre sur la jeune scène anglaise (relegué au fond du parc au Cabaret sauvage à 16h le 8 le trio Gogo Penguin que l’on on promet dans la ligne d’EST et Rusconi, Empirica que l’on vous recommande sans réseverve et Troyka featuring Julien Lourau qui attise ma curiosité), le 9 le groupe d’un pianiste du Conservatoire National Supérieur de Paris que je recommande chaudement, Matthieu Naulleau, en première partie du duo Sylvain Luc/Stefano Di Battista, le 14 septembre Laurent de Wilde Trio et Kenny Garret Quintet.

 

Ça ne fait pas un peu beaucoup, tout ce jazz ? Cinq soirées sur dix! Rassurez vous, tout ça bel et bien est moribond, la plus grande partie des médias ne relayant que ce qui est estampillé « métissé-soul-vocal ».  fut une époque où, à Jazz à La Villette, on pouvait découvrir Maria Schneider, Tony Malaby ou Jean-Marie Machado. On ne nous refera plus le coup et nous ne risquons plus d’y voir débarquer la Secret Society de Jazz Darcy Argue, les projets de Steve Lehmann, le solo de Craig Taborn, Ping Machine de Fred Maurin, Kneebody ou le Tower-Bridge de Marc Ducret. Quelle chance Sérieusement, la Cité, si exigente en matière de musique classique-contemporain (au fait, comment ça sent de ce côté-là), doit-elle se contenter de cette programmation alibi ?

 

Pour ma part, demain j’irai à la Dynamo entendre la pianiste Eve Risser et le Magnetic Ensemble d’Antonin Leymarie et du 11 au 13 à l’Atelier du Plateau le spectacle Le Printemps de la flûtiste Sylvaine Hélary que nous vous présentions dans notre numéro. Ce sera carrément les “Nuits des morts vivants” ! Brrrrr !

 

Franck Bergerot


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Ce soir, 3 septembre, le chanteur Brian Ferry ouvrait Jazz à la Villette, un festival qui garde comme slogan, le bon mot de Frank Zappa, « Jazz is not dead, it just smells funny ! »

 

Bryan Ferry (chant) and The Bryan Ferry Orchestra : Colin Good (piano, arrt), Enrico Tomasso (cornet, trompette), Malcolm Earle Smith (trombone), Richard White (clarinette, cor de basset, clarinette, sax alto, sax basse), Alan Barnes (clarinette, sax alto), Robert Fowler (cl, ts), basse, sax alto, sax basse), Martin Weathley (bjo, g), John Sutton (dm)…


Curieusement – mais est-ce si paradoxal ? –, les seuls musiciens de jazz de la soirée ne sont pas crédités dans le programme. En cherchant sur le net, je pense avoir reconstitué ci-dessus le personnel du Bryan Ferry Orchestra, à l’exception, je crois, d’un saxophoniste qui m’a semblé appartenir au groupe régulier du chanteur qu’il rejoint en seconde partie pour y tenir sax et claviers, tout comme le contrebassiste invité alors à prendre la guitare basse. De ce groupe régulier, je laisse le soin aux spécialistes d’en retrouver les noms, car si Ferry les a présentés c’est avec une voix qui semblait sortir d’un haut-parleur de kermesse et il était très incertain d’en comprendre les noms.

 

Bryan Ferry présentait donc le programme de son album “the Jazz Age”, fantaisie instrumentale où il fait reprendre ses vieux succès par un orchestre de jazz des années 20. L’orchestre est excellent, avec ses trios de clarinettes à la Flechter Henderson et ses mélanges de timbres, ses harmonies et ses effets jungle à la Duke Ellington, le tout imaginé par le pianiste Colin Good. Lorsque l’on connaît le répertoire de l’époque, les chansons de Bryan Ferry laisseraient cependant une légère impression d’uniformité et banalité, s’il n’y avait la trompette d’Enrico Tomasso et surtout les merveilleux solos de cor de basset dont joue Richard White, entre Sidney Bechet et Jimmie Noone, lorsqu’il ne joue pas du sax basse.

 

De toute façon, ça dure tout au plus un quart d’heure avec le seul orchestre  Bryan Ferry venant interpréter quelques-unes de ses chansons façon “jazz age” le quart d’heure suivant. Son public n’est pas venu pour ça, les chansons de ce genre aux mélodies passe-partout restant peu identifiables sans le soutien de leurs arrangements originaux. Et les fans sont enfin comblés à l’entrée de son orchestre régulier et ses choristes. La suite (entrecoupée d’un autre petit intermède années 20 pour lui permettre de souffler et une citation du Dexterity de Charlie Parker), un bonne comémo de pop-rock pour public quinqua venu au cours duquel les vents du Brian Ferry Orchestra sont réduits au son d’un bon gros synthétiseur, et dont je laisse là encore le soin au spécialistes de parler. Deux heures plus tard, l’affaire est dans le sac, on gagné une soirée de festival de jazz sans trop de jazz.

 

« Jazz is not dead, but it just smells funny » (le jazz n’est pas mort, il a juste une drôle d’odeur) : figure comme chaque année en exergue du programme de Jazz à la Villette la phrase de Frank Zappa que l’on aime ressortir aux amateurs de jazz lorsqu’ils deviennent trop embarrassants, en oubliant de rappeler ce que Zappa devait aux musiciens de jazz, de ses génies à ses requins de studio. En oubliant aussi de rappeler que Zappa n’était pas moins tendre pour le monde du rock et je me demande ce qu’il aurait pensé de cette assemblée quinquagénaire et béate.

 

À l’affiche du festival, une momie, toutes bandelettes au vent, court comme pour tenter d’échapper à son sort. Vous l’aurez compris, les programmateurs de Jazz à la Villette sont convaincus que le jazz est moribond. Et finalement, ça arrange tout le monde, notamment tous ceux qui voudraient se débarrasser une fois pour toute de la question du jazz dans les médias. Donc on commence par programmer un chanteur pop, avec un bon petit alibi, puis on fait une soiré afro (le 4 : Bombino, Seun Kuty), un nouvelle soirée RNB-rock (le 6 : les chanteuses Rosemary Standley, Brisa Roché et Ndidi O, le chanteur Rodolphe Burger reprenant Neil Young avec Fred Pallem), une soirée afro-funk (le 10 : avec Antibalas et Chic), une soirée malienne (le 11 : les chanteurs Vieux Farka Touré et Fatoumata Diawara) doublée d’une soirée rap-soul (le même soir : Gil Scott-Heron revisited et une soul session de Gregory Porter), une soirée soul-jazz vocal (le 12 avec Kellylee Evans et Jamie Cullum), encore une soirée vocale (le 13 avec un projet tout vocal d’Eric Legnini et Gregory Porter) et encore un chanteur (le 14 avec Arthur H). Tout ça est bel et bon car il y a là de bonnes choses à écouter et c’est autant de soirées où l’on aura pu neutraliser tà l’insulte au bon goût qu’est l’improvisation et cette abstraction musicale sans rime ni raison qu’est la musique instrumentale. Restent tout même le 5 où l’on pourra entendre le trio de Shai Maestro et le Shadow Theater de Tigran Hamasyan, le 7 le John Zorn Marathon (voir le dossier de notre numéro en kiosque), une fenêtre sur la jeune scène anglaise (relegué au fond du parc au Cabaret sauvage à 16h le 8 le trio Gogo Penguin que l’on on promet dans la ligne d’EST et Rusconi, Empirica que l’on vous recommande sans réseverve et Troyka featuring Julien Lourau qui attise ma curiosité), le 9 le groupe d’un pianiste du Conservatoire National Supérieur de Paris que je recommande chaudement, Matthieu Naulleau, en première partie du duo Sylvain Luc/Stefano Di Battista, le 14 septembre Laurent de Wilde Trio et Kenny Garret Quintet.

 

Ça ne fait pas un peu beaucoup, tout ce jazz ? Cinq soirées sur dix! Rassurez vous, tout ça bel et bien est moribond, la plus grande partie des médias ne relayant que ce qui est estampillé « métissé-soul-vocal ».  fut une époque où, à Jazz à La Villette, on pouvait découvrir Maria Schneider, Tony Malaby ou Jean-Marie Machado. On ne nous refera plus le coup et nous ne risquons plus d’y voir débarquer la Secret Society de Jazz Darcy Argue, les projets de Steve Lehmann, le solo de Craig Taborn, Ping Machine de Fred Maurin, Kneebody ou le Tower-Bridge de Marc Ducret. Quelle chance Sérieusement, la Cité, si exigente en matière de musique classique-contemporain (au fait, comment ça sent de ce côté-là), doit-elle se contenter de cette programmation alibi ?

 

Pour ma part, demain j’irai à la Dynamo entendre la pianiste Eve Risser et le Magnetic Ensemble d’Antonin Leymarie et du 11 au 13 à l’Atelier du Plateau le spectacle Le Printemps de la flûtiste Sylvaine Hélary que nous vous présentions dans notre numéro. Ce sera carrément les “Nuits des morts vivants” ! Brrrrr !

 

Franck Bergerot


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Ce soir, 3 septembre, le chanteur Brian Ferry ouvrait Jazz à la Villette, un festival qui garde comme slogan, le bon mot de Frank Zappa, « Jazz is not dead, it just smells funny ! »

 

Bryan Ferry (chant) and The Bryan Ferry Orchestra : Colin Good (piano, arrt), Enrico Tomasso (cornet, trompette), Malcolm Earle Smith (trombone), Richard White (clarinette, cor de basset, clarinette, sax alto, sax basse), Alan Barnes (clarinette, sax alto), Robert Fowler (cl, ts), basse, sax alto, sax basse), Martin Weathley (bjo, g), John Sutton (dm)…


Curieusement – mais est-ce si paradoxal ? –, les seuls musiciens de jazz de la soirée ne sont pas crédités dans le programme. En cherchant sur le net, je pense avoir reconstitué ci-dessus le personnel du Bryan Ferry Orchestra, à l’exception, je crois, d’un saxophoniste qui m’a semblé appartenir au groupe régulier du chanteur qu’il rejoint en seconde partie pour y tenir sax et claviers, tout comme le contrebassiste invité alors à prendre la guitare basse. De ce groupe régulier, je laisse le soin aux spécialistes d’en retrouver les noms, car si Ferry les a présentés c’est avec une voix qui semblait sortir d’un haut-parleur de kermesse et il était très incertain d’en comprendre les noms.

 

Bryan Ferry présentait donc le programme de son album “the Jazz Age”, fantaisie instrumentale où il fait reprendre ses vieux succès par un orchestre de jazz des années 20. L’orchestre est excellent, avec ses trios de clarinettes à la Flechter Henderson et ses mélanges de timbres, ses harmonies et ses effets jungle à la Duke Ellington, le tout imaginé par le pianiste Colin Good. Lorsque l’on connaît le répertoire de l’époque, les chansons de Bryan Ferry laisseraient cependant une légère impression d’uniformité et banalité, s’il n’y avait la trompette d’Enrico Tomasso et surtout les merveilleux solos de cor de basset dont joue Richard White, entre Sidney Bechet et Jimmie Noone, lorsqu’il ne joue pas du sax basse.

 

De toute façon, ça dure tout au plus un quart d’heure avec le seul orchestre  Bryan Ferry venant interpréter quelques-unes de ses chansons façon “jazz age” le quart d’heure suivant. Son public n’est pas venu pour ça, les chansons de ce genre aux mélodies passe-partout restant peu identifiables sans le soutien de leurs arrangements originaux. Et les fans sont enfin comblés à l’entrée de son orchestre régulier et ses choristes. La suite (entrecoupée d’un autre petit intermède années 20 pour lui permettre de souffler et une citation du Dexterity de Charlie Parker), un bonne comémo de pop-rock pour public quinqua venu au cours duquel les vents du Brian Ferry Orchestra sont réduits au son d’un bon gros synthétiseur, et dont je laisse là encore le soin au spécialistes de parler. Deux heures plus tard, l’affaire est dans le sac, on gagné une soirée de festival de jazz sans trop de jazz.

 

« Jazz is not dead, but it just smells funny » (le jazz n’est pas mort, il a juste une drôle d’odeur) : figure comme chaque année en exergue du programme de Jazz à la Villette la phrase de Frank Zappa que l’on aime ressortir aux amateurs de jazz lorsqu’ils deviennent trop embarrassants, en oubliant de rappeler ce que Zappa devait aux musiciens de jazz, de ses génies à ses requins de studio. En oubliant aussi de rappeler que Zappa n’était pas moins tendre pour le monde du rock et je me demande ce qu’il aurait pensé de cette assemblée quinquagénaire et béate.

 

À l’affiche du festival, une momie, toutes bandelettes au vent, court comme pour tenter d’échapper à son sort. Vous l’aurez compris, les programmateurs de Jazz à la Villette sont convaincus que le jazz est moribond. Et finalement, ça arrange tout le monde, notamment tous ceux qui voudraient se débarrasser une fois pour toute de la question du jazz dans les médias. Donc on commence par programmer un chanteur pop, avec un bon petit alibi, puis on fait une soiré afro (le 4 : Bombino, Seun Kuty), un nouvelle soirée RNB-rock (le 6 : les chanteuses Rosemary Standley, Brisa Roché et Ndidi O, le chanteur Rodolphe Burger reprenant Neil Young avec Fred Pallem), une soirée afro-funk (le 10 : avec Antibalas et Chic), une soirée malienne (le 11 : les chanteurs Vieux Farka Touré et Fatoumata Diawara) doublée d’une soirée rap-soul (le même soir : Gil Scott-Heron revisited et une soul session de Gregory Porter), une soirée soul-jazz vocal (le 12 avec Kellylee Evans et Jamie Cullum), encore une soirée vocale (le 13 avec un projet tout vocal d’Eric Legnini et Gregory Porter) et encore un chanteur (le 14 avec Arthur H). Tout ça est bel et bon car il y a là de bonnes choses à écouter et c’est autant de soirées où l’on aura pu neutraliser tà l’insulte au bon goût qu’est l’improvisation et cette abstraction musicale sans rime ni raison qu’est la musique instrumentale. Restent tout même le 5 où l’on pourra entendre le trio de Shai Maestro et le Shadow Theater de Tigran Hamasyan, le 7 le John Zorn Marathon (voir le dossier de notre numéro en kiosque), une fenêtre sur la jeune scène anglaise (relegué au fond du parc au Cabaret sauvage à 16h le 8 le trio Gogo Penguin que l’on on promet dans la ligne d’EST et Rusconi, Empirica que l’on vous recommande sans réseverve et Troyka featuring Julien Lourau qui attise ma curiosité), le 9 le groupe d’un pianiste du Conservatoire National Supérieur de Paris que je recommande chaudement, Matthieu Naulleau, en première partie du duo Sylvain Luc/Stefano Di Battista, le 14 septembre Laurent de Wilde Trio et Kenny Garret Quintet.

 

Ça ne fait pas un peu beaucoup, tout ce jazz ? Cinq soirées sur dix! Rassurez vous, tout ça bel et bien est moribond, la plus grande partie des médias ne relayant que ce qui est estampillé « métissé-soul-vocal ».  fut une époque où, à Jazz à La Villette, on pouvait découvrir Maria Schneider, Tony Malaby ou Jean-Marie Machado. On ne nous refera plus le coup et nous ne risquons plus d’y voir débarquer la Secret Society de Jazz Darcy Argue, les projets de Steve Lehmann, le solo de Craig Taborn, Ping Machine de Fred Maurin, Kneebody ou le Tower-Bridge de Marc Ducret. Quelle chance Sérieusement, la Cité, si exigente en matière de musique classique-contemporain (au fait, comment ça sent de ce côté-là), doit-elle se contenter de cette programmation alibi ?

 

Pour ma part, demain j’irai à la Dynamo entendre la pianiste Eve Risser et le Magnetic Ensemble d’Antonin Leymarie et du 11 au 13 à l’Atelier du Plateau le spectacle Le Printemps de la flûtiste Sylvaine Hélary que nous vous présentions dans notre numéro. Ce sera carrément les “Nuits des morts vivants” ! Brrrrr !

 

Franck Bergerot


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Ce soir, 3 septembre, le chanteur Brian Ferry ouvrait Jazz à la Villette, un festival qui garde comme slogan, le bon mot de Frank Zappa, « Jazz is not dead, it just smells funny ! »

 

Bryan Ferry (chant) and The Bryan Ferry Orchestra : Colin Good (piano, arrt), Enrico Tomasso (cornet, trompette), Malcolm Earle Smith (trombone), Richard White (clarinette, cor de basset, clarinette, sax alto, sax basse), Alan Barnes (clarinette, sax alto), Robert Fowler (cl, ts), basse, sax alto, sax basse), Martin Weathley (bjo, g), John Sutton (dm)…


Curieusement – mais est-ce si paradoxal ? –, les seuls musiciens de jazz de la soirée ne sont pas crédités dans le programme. En cherchant sur le net, je pense avoir reconstitué ci-dessus le personnel du Bryan Ferry Orchestra, à l’exception, je crois, d’un saxophoniste qui m’a semblé appartenir au groupe régulier du chanteur qu’il rejoint en seconde partie pour y tenir sax et claviers, tout comme le contrebassiste invité alors à prendre la guitare basse. De ce groupe régulier, je laisse le soin aux spécialistes d’en retrouver les noms, car si Ferry les a présentés c’est avec une voix qui semblait sortir d’un haut-parleur de kermesse et il était très incertain d’en comprendre les noms.

 

Bryan Ferry présentait donc le programme de son album “the Jazz Age”, fantaisie instrumentale où il fait reprendre ses vieux succès par un orchestre de jazz des années 20. L’orchestre est excellent, avec ses trios de clarinettes à la Flechter Henderson et ses mélanges de timbres, ses harmonies et ses effets jungle à la Duke Ellington, le tout imaginé par le pianiste Colin Good. Lorsque l’on connaît le répertoire de l’époque, les chansons de Bryan Ferry laisseraient cependant une légère impression d’uniformité et banalité, s’il n’y avait la trompette d’Enrico Tomasso et surtout les merveilleux solos de cor de basset dont joue Richard White, entre Sidney Bechet et Jimmie Noone, lorsqu’il ne joue pas du sax basse.

 

De toute façon, ça dure tout au plus un quart d’heure avec le seul orchestre  Bryan Ferry venant interpréter quelques-unes de ses chansons façon “jazz age” le quart d’heure suivant. Son public n’est pas venu pour ça, les chansons de ce genre aux mélodies passe-partout restant peu identifiables sans le soutien de leurs arrangements originaux. Et les fans sont enfin comblés à l’entrée de son orchestre régulier et ses choristes. La suite (entrecoupée d’un autre petit intermède années 20 pour lui permettre de souffler et une citation du Dexterity de Charlie Parker), un bonne comémo de pop-rock pour public quinqua venu au cours duquel les vents du Brian Ferry Orchestra sont réduits au son d’un bon gros synthétiseur, et dont je laisse là encore le soin au spécialistes de parler. Deux heures plus tard, l’affaire est dans le sac, on gagné une soirée de festival de jazz sans trop de jazz.

 

« Jazz is not dead, but it just smells funny » (le jazz n’est pas mort, il a juste une drôle d’odeur) : figure comme chaque année en exergue du programme de Jazz à la Villette la phrase de Frank Zappa que l’on aime ressortir aux amateurs de jazz lorsqu’ils deviennent trop embarrassants, en oubliant de rappeler ce que Zappa devait aux musiciens de jazz, de ses génies à ses requins de studio. En oubliant aussi de rappeler que Zappa n’était pas moins tendre pour le monde du rock et je me demande ce qu’il aurait pensé de cette assemblée quinquagénaire et béate.

 

À l’affiche du festival, une momie, toutes bandelettes au vent, court comme pour tenter d’échapper à son sort. Vous l’aurez compris, les programmateurs de Jazz à la Villette sont convaincus que le jazz est moribond. Et finalement, ça arrange tout le monde, notamment tous ceux qui voudraient se débarrasser une fois pour toute de la question du jazz dans les médias. Donc on commence par programmer un chanteur pop, avec un bon petit alibi, puis on fait une soiré afro (le 4 : Bombino, Seun Kuty), un nouvelle soirée RNB-rock (le 6 : les chanteuses Rosemary Standley, Brisa Roché et Ndidi O, le chanteur Rodolphe Burger reprenant Neil Young avec Fred Pallem), une soirée afro-funk (le 10 : avec Antibalas et Chic), une soirée malienne (le 11 : les chanteurs Vieux Farka Touré et Fatoumata Diawara) doublée d’une soirée rap-soul (le même soir : Gil Scott-Heron revisited et une soul session de Gregory Porter), une soirée soul-jazz vocal (le 12 avec Kellylee Evans et Jamie Cullum), encore une soirée vocale (le 13 avec un projet tout vocal d’Eric Legnini et Gregory Porter) et encore un chanteur (le 14 avec Arthur H). Tout ça est bel et bon car il y a là de bonnes choses à écouter et c’est autant de soirées où l’on aura pu neutraliser tà l’insulte au bon goût qu’est l’improvisation et cette abstraction musicale sans rime ni raison qu’est la musique instrumentale. Restent tout même le 5 où l’on pourra entendre le trio de Shai Maestro et le Shadow Theater de Tigran Hamasyan, le 7 le John Zorn Marathon (voir le dossier de notre numéro en kiosque), une fenêtre sur la jeune scène anglaise (relegué au fond du parc au Cabaret sauvage à 16h le 8 le trio Gogo Penguin que l’on on promet dans la ligne d’EST et Rusconi, Empirica que l’on vous recommande sans réseverve et Troyka featuring Julien Lourau qui attise ma curiosité), le 9 le groupe d’un pianiste du Conservatoire National Supérieur de Paris que je recommande chaudement, Matthieu Naulleau, en première partie du duo Sylvain Luc/Stefano Di Battista, le 14 septembre Laurent de Wilde Trio et Kenny Garret Quintet.

 

Ça ne fait pas un peu beaucoup, tout ce jazz ? Cinq soirées sur dix! Rassurez vous, tout ça bel et bien est moribond, la plus grande partie des médias ne relayant que ce qui est estampillé « métissé-soul-vocal ».  fut une époque où, à Jazz à La Villette, on pouvait découvrir Maria Schneider, Tony Malaby ou Jean-Marie Machado. On ne nous refera plus le coup et nous ne risquons plus d’y voir débarquer la Secret Society de Jazz Darcy Argue, les projets de Steve Lehmann, le solo de Craig Taborn, Ping Machine de Fred Maurin, Kneebody ou le Tower-Bridge de Marc Ducret. Quelle chance Sérieusement, la Cité, si exigente en matière de musique classique-contemporain (au fait, comment ça sent de ce côté-là), doit-elle se contenter de cette programmation alibi ?

 

Pour ma part, demain j’irai à la Dynamo entendre la pianiste Eve Risser et le Magnetic Ensemble d’Antonin Leymarie et du 11 au 13 à l’Atelier du Plateau le spectacle Le Printemps de la flûtiste Sylvaine Hélary que nous vous présentions dans notre numéro. Ce sera carrément les “Nuits des morts vivants” ! Brrrrr !

 

Franck Bergerot