Jazz live
Publié le 12 Avr 2015

Cully Jazz 2015, le jazz suisse et ses entours…

Cully, 33° édition. Prononcez QI. Amusez-vous même, comme ils l’ont fait il y a quelques années, à éditer des T shirts à l’effigie de « QI » (introuvables). « Cully, le festival intelligent ». Mieux « Cully, le festival qui rend intelligent (tout le monde, spectateurs, musiciens, journalistes, etc.) » La petite ville de Cully se trouve sur le bord du lac Léman, à peu de distance de Lausanne – ville natale de Sylvie Courvoisier – et sur la route des vins qui conduit à Vevey, puis Montreux. Suivez le guide…

 

Carine Zuber (en charge de la programmation et bien au-delà, bénévole) et Benoît Frund (président) avaient pris en main le festival il y a vingt ans, et promis de passer la main au bout de cette période. ils le font ! Tout en promettant (ce qu’on veut croire et qu’on espère) de rester dans l’équipe ou pas très loin, ils se retirent donc et confient le bébé (largement adulte) à un nouveau président et à J.Y. Cavin, qui succède à Carine tout en ayant déjà une bonne expérience du festival. Point commun entre toutes ces généreuses personnes : ils sont du pays et ont été formés par le festival. Leur amour du jazz est fondé sur l’existence même de la manifestation. 

 

Parmi les innombrables traits de « Cully Jazz », notons que la région est notablement viticole, mais qu’on ne vous assome pas trop avec l’idée du « jazz and wine ». On se contente de consommer, avec une modération plus ou moins modérée, comme l’atteste le nombre incalculable de bars qui ouvrent le soir et offrent des concerts gratuits dans le « off », cependant que les rues étroites du village se remplissent de jeunes gens et jeunes filles en mal de biberon. Difficile de se frayer un chemin sur le coup de 10/11 heures du soir. Parmi les lieux emblématiques, le chapiteau évidemment, la salle dite « Next Step », le Temple (qui aura eu ma préférence cette année), et dans le « off » le « Sweet Basile » très prisé, « Das Schlagzeug » (le caveau des vignerons, ici un « caveau » c’est une cave, pas un tombeau), ou encore le caveau Potterat. Dernière remarque d’ordre général : en 33 éditions, le festival est devenu grand, il se tient maintenant sur neuf jours consécutifs, même si les points d’orgue sont les deux week-end qui encadrent une semaine plus calme.

 

L’accueil (du festival, et de « Pro Helvétia », qui permet que nous soyons là, programmateurs étrangers, pour une fin de semaine très helvétique) est extraordinairement chaleureux, au point qu’il nous faut nous dégager d’un repas délicieux pour nous rendre au Temple, où Moncef Genoud joue en solo. Pas une place de libre pour ceux qui arrivent trop tard. D’origine tunisienne, aveugle de naissance, Moncef Genoud est arrivé en Suisse à l’âge de deux ans pour une tentative opératoire sur ses yeux. Il est devenu depuis citoyen helvétique, et pianiste de renommée internationale, même si l’on trouve rarement trace de lui dans notre presse française spécialisée. J’ai en mémoire une photo légendée de Christian Ducasse dans un « Jazzman » de 2007, et pas grand chose d’autre. Adaptable, il a mené des projets avec Youssou N’Dour, a réussi à enregistrer pour le label Savoy, et sait donner à son jazz des formes modernes, un peu à la manière de Brad Mehldau, en introduisant des thèmes « pop » qu’il sait très bien intégrer à un jeu qui reste très jazz. Il se produit rarement en solo, se méfie sans doute des pièges de l’exercice – il a bien raison, voir à ce propos le très intéressant portrait de Thomas Enhco par Stéphane Ollivier dans le Jazz Magazine de ce mois-ci, où le pianiste se confie très ouvertement à ce sujet – et intègre à des parties ouvertes et improvisées des références sûres, ici à une chanson de Michel Legrand (You Must Believe In Spring), là à un thème populaire gospélisant américain, ailleurs encore à des morceaux d’un répertoire actuel. J’ai pris grand plaisir à l’écouter vendredi soir, et il pourrait être plus souvent invité dans notre pays, où il apporterait une touche de « World Music » à un jazz très pur. Mais en art, les frontières restent les frontières, comme nous le remarquions samedi matin avec les collègues invités, et pour reprendre une formule à inverser : « en art, nul n’est prophète qu’en son pays »…

 

À suivre très bientôt pour un compte-rendu de la journée d’hier samedi.

 

Philippe Méziat

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Cully, 33° édition. Prononcez QI. Amusez-vous même, comme ils l’ont fait il y a quelques années, à éditer des T shirts à l’effigie de « QI » (introuvables). « Cully, le festival intelligent ». Mieux « Cully, le festival qui rend intelligent (tout le monde, spectateurs, musiciens, journalistes, etc.) » La petite ville de Cully se trouve sur le bord du lac Léman, à peu de distance de Lausanne – ville natale de Sylvie Courvoisier – et sur la route des vins qui conduit à Vevey, puis Montreux. Suivez le guide…

 

Carine Zuber (en charge de la programmation et bien au-delà, bénévole) et Benoît Frund (président) avaient pris en main le festival il y a vingt ans, et promis de passer la main au bout de cette période. ils le font ! Tout en promettant (ce qu’on veut croire et qu’on espère) de rester dans l’équipe ou pas très loin, ils se retirent donc et confient le bébé (largement adulte) à un nouveau président et à J.Y. Cavin, qui succède à Carine tout en ayant déjà une bonne expérience du festival. Point commun entre toutes ces généreuses personnes : ils sont du pays et ont été formés par le festival. Leur amour du jazz est fondé sur l’existence même de la manifestation. 

 

Parmi les innombrables traits de « Cully Jazz », notons que la région est notablement viticole, mais qu’on ne vous assome pas trop avec l’idée du « jazz and wine ». On se contente de consommer, avec une modération plus ou moins modérée, comme l’atteste le nombre incalculable de bars qui ouvrent le soir et offrent des concerts gratuits dans le « off », cependant que les rues étroites du village se remplissent de jeunes gens et jeunes filles en mal de biberon. Difficile de se frayer un chemin sur le coup de 10/11 heures du soir. Parmi les lieux emblématiques, le chapiteau évidemment, la salle dite « Next Step », le Temple (qui aura eu ma préférence cette année), et dans le « off » le « Sweet Basile » très prisé, « Das Schlagzeug » (le caveau des vignerons, ici un « caveau » c’est une cave, pas un tombeau), ou encore le caveau Potterat. Dernière remarque d’ordre général : en 33 éditions, le festival est devenu grand, il se tient maintenant sur neuf jours consécutifs, même si les points d’orgue sont les deux week-end qui encadrent une semaine plus calme.

 

L’accueil (du festival, et de « Pro Helvétia », qui permet que nous soyons là, programmateurs étrangers, pour une fin de semaine très helvétique) est extraordinairement chaleureux, au point qu’il nous faut nous dégager d’un repas délicieux pour nous rendre au Temple, où Moncef Genoud joue en solo. Pas une place de libre pour ceux qui arrivent trop tard. D’origine tunisienne, aveugle de naissance, Moncef Genoud est arrivé en Suisse à l’âge de deux ans pour une tentative opératoire sur ses yeux. Il est devenu depuis citoyen helvétique, et pianiste de renommée internationale, même si l’on trouve rarement trace de lui dans notre presse française spécialisée. J’ai en mémoire une photo légendée de Christian Ducasse dans un « Jazzman » de 2007, et pas grand chose d’autre. Adaptable, il a mené des projets avec Youssou N’Dour, a réussi à enregistrer pour le label Savoy, et sait donner à son jazz des formes modernes, un peu à la manière de Brad Mehldau, en introduisant des thèmes « pop » qu’il sait très bien intégrer à un jeu qui reste très jazz. Il se produit rarement en solo, se méfie sans doute des pièges de l’exercice – il a bien raison, voir à ce propos le très intéressant portrait de Thomas Enhco par Stéphane Ollivier dans le Jazz Magazine de ce mois-ci, où le pianiste se confie très ouvertement à ce sujet – et intègre à des parties ouvertes et improvisées des références sûres, ici à une chanson de Michel Legrand (You Must Believe In Spring), là à un thème populaire gospélisant américain, ailleurs encore à des morceaux d’un répertoire actuel. J’ai pris grand plaisir à l’écouter vendredi soir, et il pourrait être plus souvent invité dans notre pays, où il apporterait une touche de « World Music » à un jazz très pur. Mais en art, les frontières restent les frontières, comme nous le remarquions samedi matin avec les collègues invités, et pour reprendre une formule à inverser : « en art, nul n’est prophète qu’en son pays »…

 

À suivre très bientôt pour un compte-rendu de la journée d’hier samedi.

 

Philippe Méziat

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Cully, 33° édition. Prononcez QI. Amusez-vous même, comme ils l’ont fait il y a quelques années, à éditer des T shirts à l’effigie de « QI » (introuvables). « Cully, le festival intelligent ». Mieux « Cully, le festival qui rend intelligent (tout le monde, spectateurs, musiciens, journalistes, etc.) » La petite ville de Cully se trouve sur le bord du lac Léman, à peu de distance de Lausanne – ville natale de Sylvie Courvoisier – et sur la route des vins qui conduit à Vevey, puis Montreux. Suivez le guide…

 

Carine Zuber (en charge de la programmation et bien au-delà, bénévole) et Benoît Frund (président) avaient pris en main le festival il y a vingt ans, et promis de passer la main au bout de cette période. ils le font ! Tout en promettant (ce qu’on veut croire et qu’on espère) de rester dans l’équipe ou pas très loin, ils se retirent donc et confient le bébé (largement adulte) à un nouveau président et à J.Y. Cavin, qui succède à Carine tout en ayant déjà une bonne expérience du festival. Point commun entre toutes ces généreuses personnes : ils sont du pays et ont été formés par le festival. Leur amour du jazz est fondé sur l’existence même de la manifestation. 

 

Parmi les innombrables traits de « Cully Jazz », notons que la région est notablement viticole, mais qu’on ne vous assome pas trop avec l’idée du « jazz and wine ». On se contente de consommer, avec une modération plus ou moins modérée, comme l’atteste le nombre incalculable de bars qui ouvrent le soir et offrent des concerts gratuits dans le « off », cependant que les rues étroites du village se remplissent de jeunes gens et jeunes filles en mal de biberon. Difficile de se frayer un chemin sur le coup de 10/11 heures du soir. Parmi les lieux emblématiques, le chapiteau évidemment, la salle dite « Next Step », le Temple (qui aura eu ma préférence cette année), et dans le « off » le « Sweet Basile » très prisé, « Das Schlagzeug » (le caveau des vignerons, ici un « caveau » c’est une cave, pas un tombeau), ou encore le caveau Potterat. Dernière remarque d’ordre général : en 33 éditions, le festival est devenu grand, il se tient maintenant sur neuf jours consécutifs, même si les points d’orgue sont les deux week-end qui encadrent une semaine plus calme.

 

L’accueil (du festival, et de « Pro Helvétia », qui permet que nous soyons là, programmateurs étrangers, pour une fin de semaine très helvétique) est extraordinairement chaleureux, au point qu’il nous faut nous dégager d’un repas délicieux pour nous rendre au Temple, où Moncef Genoud joue en solo. Pas une place de libre pour ceux qui arrivent trop tard. D’origine tunisienne, aveugle de naissance, Moncef Genoud est arrivé en Suisse à l’âge de deux ans pour une tentative opératoire sur ses yeux. Il est devenu depuis citoyen helvétique, et pianiste de renommée internationale, même si l’on trouve rarement trace de lui dans notre presse française spécialisée. J’ai en mémoire une photo légendée de Christian Ducasse dans un « Jazzman » de 2007, et pas grand chose d’autre. Adaptable, il a mené des projets avec Youssou N’Dour, a réussi à enregistrer pour le label Savoy, et sait donner à son jazz des formes modernes, un peu à la manière de Brad Mehldau, en introduisant des thèmes « pop » qu’il sait très bien intégrer à un jeu qui reste très jazz. Il se produit rarement en solo, se méfie sans doute des pièges de l’exercice – il a bien raison, voir à ce propos le très intéressant portrait de Thomas Enhco par Stéphane Ollivier dans le Jazz Magazine de ce mois-ci, où le pianiste se confie très ouvertement à ce sujet – et intègre à des parties ouvertes et improvisées des références sûres, ici à une chanson de Michel Legrand (You Must Believe In Spring), là à un thème populaire gospélisant américain, ailleurs encore à des morceaux d’un répertoire actuel. J’ai pris grand plaisir à l’écouter vendredi soir, et il pourrait être plus souvent invité dans notre pays, où il apporterait une touche de « World Music » à un jazz très pur. Mais en art, les frontières restent les frontières, comme nous le remarquions samedi matin avec les collègues invités, et pour reprendre une formule à inverser : « en art, nul n’est prophète qu’en son pays »…

 

À suivre très bientôt pour un compte-rendu de la journée d’hier samedi.

 

Philippe Méziat

|

Cully, 33° édition. Prononcez QI. Amusez-vous même, comme ils l’ont fait il y a quelques années, à éditer des T shirts à l’effigie de « QI » (introuvables). « Cully, le festival intelligent ». Mieux « Cully, le festival qui rend intelligent (tout le monde, spectateurs, musiciens, journalistes, etc.) » La petite ville de Cully se trouve sur le bord du lac Léman, à peu de distance de Lausanne – ville natale de Sylvie Courvoisier – et sur la route des vins qui conduit à Vevey, puis Montreux. Suivez le guide…

 

Carine Zuber (en charge de la programmation et bien au-delà, bénévole) et Benoît Frund (président) avaient pris en main le festival il y a vingt ans, et promis de passer la main au bout de cette période. ils le font ! Tout en promettant (ce qu’on veut croire et qu’on espère) de rester dans l’équipe ou pas très loin, ils se retirent donc et confient le bébé (largement adulte) à un nouveau président et à J.Y. Cavin, qui succède à Carine tout en ayant déjà une bonne expérience du festival. Point commun entre toutes ces généreuses personnes : ils sont du pays et ont été formés par le festival. Leur amour du jazz est fondé sur l’existence même de la manifestation. 

 

Parmi les innombrables traits de « Cully Jazz », notons que la région est notablement viticole, mais qu’on ne vous assome pas trop avec l’idée du « jazz and wine ». On se contente de consommer, avec une modération plus ou moins modérée, comme l’atteste le nombre incalculable de bars qui ouvrent le soir et offrent des concerts gratuits dans le « off », cependant que les rues étroites du village se remplissent de jeunes gens et jeunes filles en mal de biberon. Difficile de se frayer un chemin sur le coup de 10/11 heures du soir. Parmi les lieux emblématiques, le chapiteau évidemment, la salle dite « Next Step », le Temple (qui aura eu ma préférence cette année), et dans le « off » le « Sweet Basile » très prisé, « Das Schlagzeug » (le caveau des vignerons, ici un « caveau » c’est une cave, pas un tombeau), ou encore le caveau Potterat. Dernière remarque d’ordre général : en 33 éditions, le festival est devenu grand, il se tient maintenant sur neuf jours consécutifs, même si les points d’orgue sont les deux week-end qui encadrent une semaine plus calme.

 

L’accueil (du festival, et de « Pro Helvétia », qui permet que nous soyons là, programmateurs étrangers, pour une fin de semaine très helvétique) est extraordinairement chaleureux, au point qu’il nous faut nous dégager d’un repas délicieux pour nous rendre au Temple, où Moncef Genoud joue en solo. Pas une place de libre pour ceux qui arrivent trop tard. D’origine tunisienne, aveugle de naissance, Moncef Genoud est arrivé en Suisse à l’âge de deux ans pour une tentative opératoire sur ses yeux. Il est devenu depuis citoyen helvétique, et pianiste de renommée internationale, même si l’on trouve rarement trace de lui dans notre presse française spécialisée. J’ai en mémoire une photo légendée de Christian Ducasse dans un « Jazzman » de 2007, et pas grand chose d’autre. Adaptable, il a mené des projets avec Youssou N’Dour, a réussi à enregistrer pour le label Savoy, et sait donner à son jazz des formes modernes, un peu à la manière de Brad Mehldau, en introduisant des thèmes « pop » qu’il sait très bien intégrer à un jeu qui reste très jazz. Il se produit rarement en solo, se méfie sans doute des pièges de l’exercice – il a bien raison, voir à ce propos le très intéressant portrait de Thomas Enhco par Stéphane Ollivier dans le Jazz Magazine de ce mois-ci, où le pianiste se confie très ouvertement à ce sujet – et intègre à des parties ouvertes et improvisées des références sûres, ici à une chanson de Michel Legrand (You Must Believe In Spring), là à un thème populaire gospélisant américain, ailleurs encore à des morceaux d’un répertoire actuel. J’ai pris grand plaisir à l’écouter vendredi soir, et il pourrait être plus souvent invité dans notre pays, où il apporterait une touche de « World Music » à un jazz très pur. Mais en art, les frontières restent les frontières, comme nous le remarquions samedi matin avec les collègues invités, et pour reprendre une formule à inverser : « en art, nul n’est prophète qu’en son pays »…

 

À suivre très bientôt pour un compte-rendu de la journée d’hier samedi.

 

Philippe Méziat