Jazz live
Publié le 8 Nov 2015

D'antonin-Tri Hoang à Lisa Simone, grands écarts à D'jazz Nevers

Saxophone solo avec Antonin-Tri Hoang, hommage à Paul Motian avec le quintette de Jean-Marc Padovani, swing des années 20-40 avec l’Umlaut big band et grand show avec la chanteuse Lisa Simone. Hier, 7 novembre, y en avait pour tout l’monde à Nevers.

 La Loire, cours d’eau entre deux, mi-grand fleuve, mi-rivière, où l’on voir les pêcheurs s’avancer dans l’eau jusqu’à mi-cuisse au pied du pont de Loire – voie d’accès à Nevers pour qui arrive de Bourges – dans l’espoir de prélever leur part sur le garde-manger des cormorans en aval d’une petite chute d’eau tombant du radier qui soutient les piles. De soudaines éclaboussures de ci de là narguent leur patience et, en se penchant sur le parapet, on aperçoit des éclairs vifs argent au fond de l’eau, témoignant de la présence, au ras de la retenue, de centaines de poissons dont, l’œil s’accoutumant, on devine, verdâtre sur fonds moussus, le corps ondulant à contre-courant qui parfois fait rouler et briller son ventre blanc aux rayons du soleil. On imagine la musculature nécessaire pour soutenir ainsi, des heures durant, pareil effort dont le moindre relâchement les ferait partir avec la chute d’eau. Musculature si tendre en papillotes ou au court bouillon, qui fit chante à Bobby Lapointe: « et moi je l’aime bien , avec du citron ».

D’jazz Nevers Festival (58), le 7 novembre 2015.

Musée de la faïence et des Beaux Arts, 16h et 17h

Antonin-Tri Hoang (sax alto).

Petite rivière en solo pour ce début de journée festivalière, grand fleuve tout à l’heure avec le Big band Umlaut, Antonin-Tri Hoang résume à lui seul les grands écarts caractérisant cette journée. Partant lui-même d’eaux calmes vers les grands rapides. Tandis que par de longues tenues, il suscite le silence de la petite assistance qui s’est réunie autour de lui parmi les vitrines de la salle de faïences, l’apercevant souvent à travers les dites vitrines où son saxophone paraît parmi les plats, assiettes carreaux, plaques décoratives, figurines et leurs reflets. Ces eaux calmes se voient progressivement troublées par la risée, puis par quelques sauts de gougeons tandis qu’une bestiaire s’éveille, hulotte et chat-huant cédant la place à… mais de qui est cette roucoulade soudaine alors que la musique nous entraîne vers des rapides où roulent des pierres sonnantes… Tiens! Voici un moulin dont les grincements des différents rouages nous entraînent dans un groove. Mais faut-il évoquer les images qui vous viennent à l’esprit ou décrire objectivement le “faire” afin de laisser chacun libre d’imaginer. Antonin-Trio Hoang commente son travail, se dit inspiré par les pianos à pouce africains (mbira, kalimba, senza…) et le voici qui imite carrément le geste du joueur de mbira en pinçant les ressorts de son sax ou en faisant claquer l’anche (mais peut-être imite-t-il alors plutôt le coup de glotte du grand tetras), laissant émerger ici et là quelques souvenirs mélodiques, peut-être bebop, qui nous filent entre les doigts sans que l’on parviennent à s’en saisir et disparaissent en quelque tourbillon. Polyrythmie de slaps, de bruits de clés, de motifs minimalistes, d’effets de souffle comme s’il multipliait les sources sonores, son pari, nous dit-il, étant « d’être plusieurs ». Mais d’autres images reprennent le dessus, l’Afrique, une clairière, le retour de chasse d’une tribu pygmée, les cris yodelés qui se répondent de tout côté. Un dernier morceau… il porte un titre: Mobile.

À 16h30, Antonin-Tri Hoang donne congé à son public en lui fixant un second rendez-vous à 17h. On s’égaie dans ce musée dont le moindre intérêt n’est pas la façon dont l’architecte Benoît Crépet a su conjuguer la calcaire des vestiges avec le chêne le métal de la réhabilitation. À l’heure dite, Antonin-Tri Hoang a perdu une grande partie de son public, mais a gagné un groupe de visiteurs et leur guide fort inspirée que la direction du musée n’a pas prévenue qu’un concert était en cours. À l’issue d’une petite bataille de décibels où Antonin-Tri Hoang nous aura encore rappelé le grand tétras à la parade, l’oratrice et ses auditeurs enfin informés changent de salle. Cette fois-ci, le saxophoniste a étalé quelques partitions devant lui. L’une d’elle est le point de départ d’une étude polyphonique sur les registres et les plans sonores en matière de dynamique. Après quoi, il se lance dans une double interprétation dEvidence (Thelonious Monk) et sa source Just You, Just Me  une vision kaléidoscopique assez typique du style de Hoang, dans quel contexte qu’il se trouve, si fluide qu’il en résulte ici, en un second temps, un flux, flux tristano-konitzien avec cette combinaison de l’articulation et de l’accentuation métrique qui en fait la modernité toujours très actuelle. Il rejouera Mobile. M’étant déplacé parmi les vitrines, je le vois désormais de profil, battant du pied un tempo constituant le fil autour duquel les différents éléments de son mobile entrent en rotation tout en tournant sur eux mêmes, de tel sorte que le regard sur cet ensemble qui semble immuable n’est jamais tout à fait le même. 

Mais trêve de commentaires, nous allons manquer le concert de Jean-Marc Padovani.

Auditorium Jean-Jaurès, 18h30.

Jean-Marc Padovani “Motian in Motion” Quintet: Jean-Marc Padovani (sax ténor), Didier Malherbe (doudouk), Paul Brousseau (piano, Fender-Rodes), Claude Tchamitchian (contrebasse), Dawoud Bouani (batterie).

Le pari de l’hommage à Paul Motian est risqué. Côté batterie, on découvre en Dawoud Bouani un batteur plein d’avenir, mais on regrette Ramon Lopez plus à même de jouer Motian sans le jouer tout en… Mais le problème n’est pas là. Quelqu’un à la sortie regrette la douceur, les effleurements de Motian… Oui, chez ECM sous les micros de Manfred Eicher qui aime bien faire du rangement, mais en clubs Motian pouvaient balancer de ces patates sur la caisse claire et faire un barouffe d’enfer sur l’ensemble de ses éléments. Mais il y avait un son. C’est quoi un son? Prenez Flight of the Blue Jay. Au concert d’hier, je n’ai pas pu croire qu’il s’agissait d’une partition de Motian, tant ça me semblait simpliste. Avec ce doute: les compositions de Motian, c’est souvent quelques pincées de musique sur du vent. Je n’en retrouve qu’une version sur “Storyteller” de Marilyn Crispell avec Mark Helias chez ECM. La batterie… Manfred Eicher a beau faire, quel chantier! Et la composition : une vision, une inspiration, une traîne de voile. Sous les doigts de Padovani, une raide et banale récitation. Même chose sur Shakalaka qui sera cependant prétexte à une chaleureuse improvisation collective. En revanche, à l’écoute de The Sunflower (dont Pado rappellera en désannonce qu’il a été créé sur disque avec Charles Brackeen et Jean-François Jenny-Clark sur “The Voyage”) on ne doute pas un instant qu’il s’agit d’une composition de Motian dont le vertige mélodique est préservé, on se dit « Enfin!” et l’on se laisse aller à de belles envolées rubato coltraniennes période “Expression” après un début de concert où le ténor avait des accents plutôt breckerien. Même vertige sur Birdsong où le doudouk de Didier Malherbe trouve mieux sa place qu’ailleurs. Trop souvent exotique, notamment avec ce rappel balkano-arménien qui, si mes souvenirs sont bons, n’est heureusement qu’un rappel, dans un programme où il semble de passage, on se demande s’il n’est pas de trop, s’il ne rompt pas la cohésion du projet, ou s’il n’aurait pas plutôt fallu renforcer sa présence et son intégration. De même que la mise en scène piano-fender plus deux onces d’électronique imaginée par Paul Brousseau à la fin d’End Game nous fait regretter une théâtralité plus nette, une vision plus affirmée.

Reste la question de l’espace, cruci
ale dans la musique de Motian. Elle semblait hier échapper à toute direction au profit d’un sentiment de trop plein du côté des deux claviers laissés la bride sur le cou, alors que ça fonctionne plutôt bien sur le disque. Allez savoir s’il ne faut pas sur ce plan incriminer une sonorisation un peu brouillonne entendue du côté extrême où je me trouvais. Admirable, notamment dans son solo sur It Is, Claude Tchamitchian ne m’a paru “en son” tel qu’on nous l’a fait entendre dans les enceintes.

Maison de la culture de Nevers, 20h30

Umlaut Big Band: Brice Pichard, Louis Laurain, Emil Strandberg (trompette), Fidel Fourneyron, Michaeël Balue, Nicolas Grymonprez (trombone), Pierre-Antoine Badaroux (sax alto, direction), Antonin-Trio Hoang (sax alto, clarinette), Jean Dousteyssier, Geoffroy Gesser (saxes ténor, clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxes alto et baryton), Romain Vuillemin (guitare), Bruno Ruder (piano), Sébastien Beliah (b), Antonin Gerbal (batterie).

Passage par le “catering” où la foule des bénévoles du festival va et vient dans un ballet fluide et sans heurt qui s’est réglé au fil des années avec un tel naturel que l’on croit assister à une sorte de représentation idéale de la démocratie. C’en est une autre qui se joue au sein de l’Umlaut Big Band réuni par Pierre-Antoine Badaroux, dans le cadre plus large du collectif  et label phonographique Umlaut de dimension européenne et aux orientations esthétiques polymorphes si l’on rapproche les projets que mènent tous ces jeunes gens dans le domaine de l’improvisation libre et volontiers bruitiste à ce big band qui s’est donné pour mission de rejouer le jazz orchestral pré-bop. J’arrive bon public et je le suis bien plus lorsque commençant par Limehouse Bluesi, ils rappellent à notre mémoire le premier grand soliste français, à travers une partition du tromboniste Leo Vauchant, par ailleurs violoncelliste, intime de Maurice Ravel et arrangeur (il quittera la France dans les années 1930 pour poursuivre sa carrière comme compositeur à Hollywood). Suit une pièce de l’admirable Alexander Tsfasman (admirable notamment par l’intégrité qu’il opposa aux censeurs du système soviétéique) et beaucoup d’autres (empruntées à Jack Hylton, Jack Payne, Ambrose, Lud Gluskin, l’Orquesta Demon de Barcelone, Fud Candrix…) au fil desquels l’attention s’émousse. Parce que ce répertoire que l’Umlaut a l’habitude de jouer pour la danse, dans son format de 3 minutes (tout est relevé par Badaroux sur 78-tours) finit par paraître redondant. Impression qui s’efface lorsqu’une pièce forte contraste soudain au sein de ce répertoire de casino, telle ce formidable Tiger Rag emprunté aux Jazz Virtuosen de l’Allemand James Kork, ou lorsqu’à la fin du programme l’orchestre traverse l’Atlantique pour reprendre Fletcher Henderson ou Benny Goodman. Un constat qu’il doit garder à l’esprit lorsqu’il sera amené à se produire ainsi en concert.

Reste que – jeune, comme dans les concerts de jazz, personne n’ayant plus de 85 ans dans l’assistance (encore que les apparences peuvent être trompeuses depuis que les grands-mères ne teignent plus leurs cheveux blancs en bleu) –, le public était ravi et, à vrai dire, en matière d’interprétation, il n’était pas trompé par la marchandise. Tous ces improvisateurs fous – Antonin-Tri Hoang qui quelques heures plus tôt faisait se boucher les oreilles et faire la grimace à l’une des visiteuses du musée qui ne l’aurait pas reconnu sur la scène de la Maison de la culture –, sont d’une discipline exemplaire face à ce répertoire, qu’ils en lisent les partitions où qu’ils se lèvent pour choruser. Une question se pose cependant, si l’on songe au peu d’attention que portent habituellement les programmateurs du réseau des festivals dits “innovants”, pour les autres musiciens qui ont fait de ces reprises leur spécialité et les abordent parfois avec une créativité – certes, d’un goût parfois discutable – que s’interdit l’Umlaut. Les Laurent Mignard, Michel Pastre et autres Paul Chéron sortiront-ils d’une disgrâce qui les tient éloigner des scènes innovantes.

Maison de la Culture, 22h30

Lisa Simone (chant), Hervé Samb (guitare), Reggie Washington (contrebasse,  basse électrique), Arnaud Dolmen (batterie).

Et voici la fille de Nina Simone dont Roger Fontanel, créateur et directeur du festival, dira dans sa présentation qu’elle s’est fait un prénom. Et il a raison. Elle aura séduit par son sens du show, sa façon de faire participer le public, de lui parler, de remonter les travées pour serrer les mains, jusqu’à sa séance de signature à laquelle elle se livre avec charisme et générosité. Mais tous ça ne serait rien et ne servirait que de cache misère si la vocatliste n’était pas à la hauteur. Or voilà une chanteuse qui a une tessiture lui permettant de descendre dans les graves et s’envoler falsetto en toute décontraction, une voix fauve, passionnée dans la tendresse comme dans la rage, qu’elle renouvelle Suzanne de Leonard Cohen ou qu’elle reprenne Chain Gang, le tout en parfait entente avec un orchestre de haute tenue où Arnaud Dolmen ne déméritait pas de Sonny Troupé dont il est le remplaçant. Si elle me rend moins disert que le reste du programme, c’est qu’on est en fin de journée et que je suis moins inspiré par les évidences, mais la presse régionale m’a déjà relayé avec la Une du Journal du Centre  qui titre  « Le D’Jazz Nevers Festival démarre sur la bonne voix. »

C’est une autre voix que l’on découvrira demain 9 novembre à 12h15 pour la création du spectacle Engrenages avec la chanteuse Christine Bertocchi, Julien Padovani (orgue Hammond, Fender Rhodes), François Merville (percussions, batterie), Christophe Hauser (traitement sonore et Gaëtan Veber (création lumière). À 18h: Aka Moon et le pianiste Fiorini joueront le “Scarlatti Book”. A  20h30 Stéphane Kerecki donnera son programme “Nouvelle Vague” en première partie du trio de Jack DeJohnette (Ravi Coltrane et Matthew Garrison).

 

 

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Saxophone solo avec Antonin-Tri Hoang, hommage à Paul Motian avec le quintette de Jean-Marc Padovani, swing des années 20-40 avec l’Umlaut big band et grand show avec la chanteuse Lisa Simone. Hier, 7 novembre, y en avait pour tout l’monde à Nevers.

 La Loire, cours d’eau entre deux, mi-grand fleuve, mi-rivière, où l’on voir les pêcheurs s’avancer dans l’eau jusqu’à mi-cuisse au pied du pont de Loire – voie d’accès à Nevers pour qui arrive de Bourges – dans l’espoir de prélever leur part sur le garde-manger des cormorans en aval d’une petite chute d’eau tombant du radier qui soutient les piles. De soudaines éclaboussures de ci de là narguent leur patience et, en se penchant sur le parapet, on aperçoit des éclairs vifs argent au fond de l’eau, témoignant de la présence, au ras de la retenue, de centaines de poissons dont, l’œil s’accoutumant, on devine, verdâtre sur fonds moussus, le corps ondulant à contre-courant qui parfois fait rouler et briller son ventre blanc aux rayons du soleil. On imagine la musculature nécessaire pour soutenir ainsi, des heures durant, pareil effort dont le moindre relâchement les ferait partir avec la chute d’eau. Musculature si tendre en papillotes ou au court bouillon, qui fit chante à Bobby Lapointe: « et moi je l’aime bien , avec du citron ».

D’jazz Nevers Festival (58), le 7 novembre 2015.

Musée de la faïence et des Beaux Arts, 16h et 17h

Antonin-Tri Hoang (sax alto).

Petite rivière en solo pour ce début de journée festivalière, grand fleuve tout à l’heure avec le Big band Umlaut, Antonin-Tri Hoang résume à lui seul les grands écarts caractérisant cette journée. Partant lui-même d’eaux calmes vers les grands rapides. Tandis que par de longues tenues, il suscite le silence de la petite assistance qui s’est réunie autour de lui parmi les vitrines de la salle de faïences, l’apercevant souvent à travers les dites vitrines où son saxophone paraît parmi les plats, assiettes carreaux, plaques décoratives, figurines et leurs reflets. Ces eaux calmes se voient progressivement troublées par la risée, puis par quelques sauts de gougeons tandis qu’une bestiaire s’éveille, hulotte et chat-huant cédant la place à… mais de qui est cette roucoulade soudaine alors que la musique nous entraîne vers des rapides où roulent des pierres sonnantes… Tiens! Voici un moulin dont les grincements des différents rouages nous entraînent dans un groove. Mais faut-il évoquer les images qui vous viennent à l’esprit ou décrire objectivement le “faire” afin de laisser chacun libre d’imaginer. Antonin-Trio Hoang commente son travail, se dit inspiré par les pianos à pouce africains (mbira, kalimba, senza…) et le voici qui imite carrément le geste du joueur de mbira en pinçant les ressorts de son sax ou en faisant claquer l’anche (mais peut-être imite-t-il alors plutôt le coup de glotte du grand tetras), laissant émerger ici et là quelques souvenirs mélodiques, peut-être bebop, qui nous filent entre les doigts sans que l’on parviennent à s’en saisir et disparaissent en quelque tourbillon. Polyrythmie de slaps, de bruits de clés, de motifs minimalistes, d’effets de souffle comme s’il multipliait les sources sonores, son pari, nous dit-il, étant « d’être plusieurs ». Mais d’autres images reprennent le dessus, l’Afrique, une clairière, le retour de chasse d’une tribu pygmée, les cris yodelés qui se répondent de tout côté. Un dernier morceau… il porte un titre: Mobile.

À 16h30, Antonin-Tri Hoang donne congé à son public en lui fixant un second rendez-vous à 17h. On s’égaie dans ce musée dont le moindre intérêt n’est pas la façon dont l’architecte Benoît Crépet a su conjuguer la calcaire des vestiges avec le chêne le métal de la réhabilitation. À l’heure dite, Antonin-Tri Hoang a perdu une grande partie de son public, mais a gagné un groupe de visiteurs et leur guide fort inspirée que la direction du musée n’a pas prévenue qu’un concert était en cours. À l’issue d’une petite bataille de décibels où Antonin-Tri Hoang nous aura encore rappelé le grand tétras à la parade, l’oratrice et ses auditeurs enfin informés changent de salle. Cette fois-ci, le saxophoniste a étalé quelques partitions devant lui. L’une d’elle est le point de départ d’une étude polyphonique sur les registres et les plans sonores en matière de dynamique. Après quoi, il se lance dans une double interprétation dEvidence (Thelonious Monk) et sa source Just You, Just Me  une vision kaléidoscopique assez typique du style de Hoang, dans quel contexte qu’il se trouve, si fluide qu’il en résulte ici, en un second temps, un flux, flux tristano-konitzien avec cette combinaison de l’articulation et de l’accentuation métrique qui en fait la modernité toujours très actuelle. Il rejouera Mobile. M’étant déplacé parmi les vitrines, je le vois désormais de profil, battant du pied un tempo constituant le fil autour duquel les différents éléments de son mobile entrent en rotation tout en tournant sur eux mêmes, de tel sorte que le regard sur cet ensemble qui semble immuable n’est jamais tout à fait le même. 

Mais trêve de commentaires, nous allons manquer le concert de Jean-Marc Padovani.

Auditorium Jean-Jaurès, 18h30.

Jean-Marc Padovani “Motian in Motion” Quintet: Jean-Marc Padovani (sax ténor), Didier Malherbe (doudouk), Paul Brousseau (piano, Fender-Rodes), Claude Tchamitchian (contrebasse), Dawoud Bouani (batterie).

Le pari de l’hommage à Paul Motian est risqué. Côté batterie, on découvre en Dawoud Bouani un batteur plein d’avenir, mais on regrette Ramon Lopez plus à même de jouer Motian sans le jouer tout en… Mais le problème n’est pas là. Quelqu’un à la sortie regrette la douceur, les effleurements de Motian… Oui, chez ECM sous les micros de Manfred Eicher qui aime bien faire du rangement, mais en clubs Motian pouvaient balancer de ces patates sur la caisse claire et faire un barouffe d’enfer sur l’ensemble de ses éléments. Mais il y avait un son. C’est quoi un son? Prenez Flight of the Blue Jay. Au concert d’hier, je n’ai pas pu croire qu’il s’agissait d’une partition de Motian, tant ça me semblait simpliste. Avec ce doute: les compositions de Motian, c’est souvent quelques pincées de musique sur du vent. Je n’en retrouve qu’une version sur “Storyteller” de Marilyn Crispell avec Mark Helias chez ECM. La batterie… Manfred Eicher a beau faire, quel chantier! Et la composition : une vision, une inspiration, une traîne de voile. Sous les doigts de Padovani, une raide et banale récitation. Même chose sur Shakalaka qui sera cependant prétexte à une chaleureuse improvisation collective. En revanche, à l’écoute de The Sunflower (dont Pado rappellera en désannonce qu’il a été créé sur disque avec Charles Brackeen et Jean-François Jenny-Clark sur “The Voyage”) on ne doute pas un instant qu’il s’agit d’une composition de Motian dont le vertige mélodique est préservé, on se dit « Enfin!” et l’on se laisse aller à de belles envolées rubato coltraniennes période “Expression” après un début de concert où le ténor avait des accents plutôt breckerien. Même vertige sur Birdsong où le doudouk de Didier Malherbe trouve mieux sa place qu’ailleurs. Trop souvent exotique, notamment avec ce rappel balkano-arménien qui, si mes souvenirs sont bons, n’est heureusement qu’un rappel, dans un programme où il semble de passage, on se demande s’il n’est pas de trop, s’il ne rompt pas la cohésion du projet, ou s’il n’aurait pas plutôt fallu renforcer sa présence et son intégration. De même que la mise en scène piano-fender plus deux onces d’électronique imaginée par Paul Brousseau à la fin d’End Game nous fait regretter une théâtralité plus nette, une vision plus affirmée.

Reste la question de l’espace, cruci
ale dans la musique de Motian. Elle semblait hier échapper à toute direction au profit d’un sentiment de trop plein du côté des deux claviers laissés la bride sur le cou, alors que ça fonctionne plutôt bien sur le disque. Allez savoir s’il ne faut pas sur ce plan incriminer une sonorisation un peu brouillonne entendue du côté extrême où je me trouvais. Admirable, notamment dans son solo sur It Is, Claude Tchamitchian ne m’a paru “en son” tel qu’on nous l’a fait entendre dans les enceintes.

Maison de la culture de Nevers, 20h30

Umlaut Big Band: Brice Pichard, Louis Laurain, Emil Strandberg (trompette), Fidel Fourneyron, Michaeël Balue, Nicolas Grymonprez (trombone), Pierre-Antoine Badaroux (sax alto, direction), Antonin-Trio Hoang (sax alto, clarinette), Jean Dousteyssier, Geoffroy Gesser (saxes ténor, clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxes alto et baryton), Romain Vuillemin (guitare), Bruno Ruder (piano), Sébastien Beliah (b), Antonin Gerbal (batterie).

Passage par le “catering” où la foule des bénévoles du festival va et vient dans un ballet fluide et sans heurt qui s’est réglé au fil des années avec un tel naturel que l’on croit assister à une sorte de représentation idéale de la démocratie. C’en est une autre qui se joue au sein de l’Umlaut Big Band réuni par Pierre-Antoine Badaroux, dans le cadre plus large du collectif  et label phonographique Umlaut de dimension européenne et aux orientations esthétiques polymorphes si l’on rapproche les projets que mènent tous ces jeunes gens dans le domaine de l’improvisation libre et volontiers bruitiste à ce big band qui s’est donné pour mission de rejouer le jazz orchestral pré-bop. J’arrive bon public et je le suis bien plus lorsque commençant par Limehouse Bluesi, ils rappellent à notre mémoire le premier grand soliste français, à travers une partition du tromboniste Leo Vauchant, par ailleurs violoncelliste, intime de Maurice Ravel et arrangeur (il quittera la France dans les années 1930 pour poursuivre sa carrière comme compositeur à Hollywood). Suit une pièce de l’admirable Alexander Tsfasman (admirable notamment par l’intégrité qu’il opposa aux censeurs du système soviétéique) et beaucoup d’autres (empruntées à Jack Hylton, Jack Payne, Ambrose, Lud Gluskin, l’Orquesta Demon de Barcelone, Fud Candrix…) au fil desquels l’attention s’émousse. Parce que ce répertoire que l’Umlaut a l’habitude de jouer pour la danse, dans son format de 3 minutes (tout est relevé par Badaroux sur 78-tours) finit par paraître redondant. Impression qui s’efface lorsqu’une pièce forte contraste soudain au sein de ce répertoire de casino, telle ce formidable Tiger Rag emprunté aux Jazz Virtuosen de l’Allemand James Kork, ou lorsqu’à la fin du programme l’orchestre traverse l’Atlantique pour reprendre Fletcher Henderson ou Benny Goodman. Un constat qu’il doit garder à l’esprit lorsqu’il sera amené à se produire ainsi en concert.

Reste que – jeune, comme dans les concerts de jazz, personne n’ayant plus de 85 ans dans l’assistance (encore que les apparences peuvent être trompeuses depuis que les grands-mères ne teignent plus leurs cheveux blancs en bleu) –, le public était ravi et, à vrai dire, en matière d’interprétation, il n’était pas trompé par la marchandise. Tous ces improvisateurs fous – Antonin-Tri Hoang qui quelques heures plus tôt faisait se boucher les oreilles et faire la grimace à l’une des visiteuses du musée qui ne l’aurait pas reconnu sur la scène de la Maison de la culture –, sont d’une discipline exemplaire face à ce répertoire, qu’ils en lisent les partitions où qu’ils se lèvent pour choruser. Une question se pose cependant, si l’on songe au peu d’attention que portent habituellement les programmateurs du réseau des festivals dits “innovants”, pour les autres musiciens qui ont fait de ces reprises leur spécialité et les abordent parfois avec une créativité – certes, d’un goût parfois discutable – que s’interdit l’Umlaut. Les Laurent Mignard, Michel Pastre et autres Paul Chéron sortiront-ils d’une disgrâce qui les tient éloigner des scènes innovantes.

Maison de la Culture, 22h30

Lisa Simone (chant), Hervé Samb (guitare), Reggie Washington (contrebasse,  basse électrique), Arnaud Dolmen (batterie).

Et voici la fille de Nina Simone dont Roger Fontanel, créateur et directeur du festival, dira dans sa présentation qu’elle s’est fait un prénom. Et il a raison. Elle aura séduit par son sens du show, sa façon de faire participer le public, de lui parler, de remonter les travées pour serrer les mains, jusqu’à sa séance de signature à laquelle elle se livre avec charisme et générosité. Mais tous ça ne serait rien et ne servirait que de cache misère si la vocatliste n’était pas à la hauteur. Or voilà une chanteuse qui a une tessiture lui permettant de descendre dans les graves et s’envoler falsetto en toute décontraction, une voix fauve, passionnée dans la tendresse comme dans la rage, qu’elle renouvelle Suzanne de Leonard Cohen ou qu’elle reprenne Chain Gang, le tout en parfait entente avec un orchestre de haute tenue où Arnaud Dolmen ne déméritait pas de Sonny Troupé dont il est le remplaçant. Si elle me rend moins disert que le reste du programme, c’est qu’on est en fin de journée et que je suis moins inspiré par les évidences, mais la presse régionale m’a déjà relayé avec la Une du Journal du Centre  qui titre  « Le D’Jazz Nevers Festival démarre sur la bonne voix. »

C’est une autre voix que l’on découvrira demain 9 novembre à 12h15 pour la création du spectacle Engrenages avec la chanteuse Christine Bertocchi, Julien Padovani (orgue Hammond, Fender Rhodes), François Merville (percussions, batterie), Christophe Hauser (traitement sonore et Gaëtan Veber (création lumière). À 18h: Aka Moon et le pianiste Fiorini joueront le “Scarlatti Book”. A  20h30 Stéphane Kerecki donnera son programme “Nouvelle Vague” en première partie du trio de Jack DeJohnette (Ravi Coltrane et Matthew Garrison).

 

 

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Saxophone solo avec Antonin-Tri Hoang, hommage à Paul Motian avec le quintette de Jean-Marc Padovani, swing des années 20-40 avec l’Umlaut big band et grand show avec la chanteuse Lisa Simone. Hier, 7 novembre, y en avait pour tout l’monde à Nevers.

 La Loire, cours d’eau entre deux, mi-grand fleuve, mi-rivière, où l’on voir les pêcheurs s’avancer dans l’eau jusqu’à mi-cuisse au pied du pont de Loire – voie d’accès à Nevers pour qui arrive de Bourges – dans l’espoir de prélever leur part sur le garde-manger des cormorans en aval d’une petite chute d’eau tombant du radier qui soutient les piles. De soudaines éclaboussures de ci de là narguent leur patience et, en se penchant sur le parapet, on aperçoit des éclairs vifs argent au fond de l’eau, témoignant de la présence, au ras de la retenue, de centaines de poissons dont, l’œil s’accoutumant, on devine, verdâtre sur fonds moussus, le corps ondulant à contre-courant qui parfois fait rouler et briller son ventre blanc aux rayons du soleil. On imagine la musculature nécessaire pour soutenir ainsi, des heures durant, pareil effort dont le moindre relâchement les ferait partir avec la chute d’eau. Musculature si tendre en papillotes ou au court bouillon, qui fit chante à Bobby Lapointe: « et moi je l’aime bien , avec du citron ».

D’jazz Nevers Festival (58), le 7 novembre 2015.

Musée de la faïence et des Beaux Arts, 16h et 17h

Antonin-Tri Hoang (sax alto).

Petite rivière en solo pour ce début de journée festivalière, grand fleuve tout à l’heure avec le Big band Umlaut, Antonin-Tri Hoang résume à lui seul les grands écarts caractérisant cette journée. Partant lui-même d’eaux calmes vers les grands rapides. Tandis que par de longues tenues, il suscite le silence de la petite assistance qui s’est réunie autour de lui parmi les vitrines de la salle de faïences, l’apercevant souvent à travers les dites vitrines où son saxophone paraît parmi les plats, assiettes carreaux, plaques décoratives, figurines et leurs reflets. Ces eaux calmes se voient progressivement troublées par la risée, puis par quelques sauts de gougeons tandis qu’une bestiaire s’éveille, hulotte et chat-huant cédant la place à… mais de qui est cette roucoulade soudaine alors que la musique nous entraîne vers des rapides où roulent des pierres sonnantes… Tiens! Voici un moulin dont les grincements des différents rouages nous entraînent dans un groove. Mais faut-il évoquer les images qui vous viennent à l’esprit ou décrire objectivement le “faire” afin de laisser chacun libre d’imaginer. Antonin-Trio Hoang commente son travail, se dit inspiré par les pianos à pouce africains (mbira, kalimba, senza…) et le voici qui imite carrément le geste du joueur de mbira en pinçant les ressorts de son sax ou en faisant claquer l’anche (mais peut-être imite-t-il alors plutôt le coup de glotte du grand tetras), laissant émerger ici et là quelques souvenirs mélodiques, peut-être bebop, qui nous filent entre les doigts sans que l’on parviennent à s’en saisir et disparaissent en quelque tourbillon. Polyrythmie de slaps, de bruits de clés, de motifs minimalistes, d’effets de souffle comme s’il multipliait les sources sonores, son pari, nous dit-il, étant « d’être plusieurs ». Mais d’autres images reprennent le dessus, l’Afrique, une clairière, le retour de chasse d’une tribu pygmée, les cris yodelés qui se répondent de tout côté. Un dernier morceau… il porte un titre: Mobile.

À 16h30, Antonin-Tri Hoang donne congé à son public en lui fixant un second rendez-vous à 17h. On s’égaie dans ce musée dont le moindre intérêt n’est pas la façon dont l’architecte Benoît Crépet a su conjuguer la calcaire des vestiges avec le chêne le métal de la réhabilitation. À l’heure dite, Antonin-Tri Hoang a perdu une grande partie de son public, mais a gagné un groupe de visiteurs et leur guide fort inspirée que la direction du musée n’a pas prévenue qu’un concert était en cours. À l’issue d’une petite bataille de décibels où Antonin-Tri Hoang nous aura encore rappelé le grand tétras à la parade, l’oratrice et ses auditeurs enfin informés changent de salle. Cette fois-ci, le saxophoniste a étalé quelques partitions devant lui. L’une d’elle est le point de départ d’une étude polyphonique sur les registres et les plans sonores en matière de dynamique. Après quoi, il se lance dans une double interprétation dEvidence (Thelonious Monk) et sa source Just You, Just Me  une vision kaléidoscopique assez typique du style de Hoang, dans quel contexte qu’il se trouve, si fluide qu’il en résulte ici, en un second temps, un flux, flux tristano-konitzien avec cette combinaison de l’articulation et de l’accentuation métrique qui en fait la modernité toujours très actuelle. Il rejouera Mobile. M’étant déplacé parmi les vitrines, je le vois désormais de profil, battant du pied un tempo constituant le fil autour duquel les différents éléments de son mobile entrent en rotation tout en tournant sur eux mêmes, de tel sorte que le regard sur cet ensemble qui semble immuable n’est jamais tout à fait le même. 

Mais trêve de commentaires, nous allons manquer le concert de Jean-Marc Padovani.

Auditorium Jean-Jaurès, 18h30.

Jean-Marc Padovani “Motian in Motion” Quintet: Jean-Marc Padovani (sax ténor), Didier Malherbe (doudouk), Paul Brousseau (piano, Fender-Rodes), Claude Tchamitchian (contrebasse), Dawoud Bouani (batterie).

Le pari de l’hommage à Paul Motian est risqué. Côté batterie, on découvre en Dawoud Bouani un batteur plein d’avenir, mais on regrette Ramon Lopez plus à même de jouer Motian sans le jouer tout en… Mais le problème n’est pas là. Quelqu’un à la sortie regrette la douceur, les effleurements de Motian… Oui, chez ECM sous les micros de Manfred Eicher qui aime bien faire du rangement, mais en clubs Motian pouvaient balancer de ces patates sur la caisse claire et faire un barouffe d’enfer sur l’ensemble de ses éléments. Mais il y avait un son. C’est quoi un son? Prenez Flight of the Blue Jay. Au concert d’hier, je n’ai pas pu croire qu’il s’agissait d’une partition de Motian, tant ça me semblait simpliste. Avec ce doute: les compositions de Motian, c’est souvent quelques pincées de musique sur du vent. Je n’en retrouve qu’une version sur “Storyteller” de Marilyn Crispell avec Mark Helias chez ECM. La batterie… Manfred Eicher a beau faire, quel chantier! Et la composition : une vision, une inspiration, une traîne de voile. Sous les doigts de Padovani, une raide et banale récitation. Même chose sur Shakalaka qui sera cependant prétexte à une chaleureuse improvisation collective. En revanche, à l’écoute de The Sunflower (dont Pado rappellera en désannonce qu’il a été créé sur disque avec Charles Brackeen et Jean-François Jenny-Clark sur “The Voyage”) on ne doute pas un instant qu’il s’agit d’une composition de Motian dont le vertige mélodique est préservé, on se dit « Enfin!” et l’on se laisse aller à de belles envolées rubato coltraniennes période “Expression” après un début de concert où le ténor avait des accents plutôt breckerien. Même vertige sur Birdsong où le doudouk de Didier Malherbe trouve mieux sa place qu’ailleurs. Trop souvent exotique, notamment avec ce rappel balkano-arménien qui, si mes souvenirs sont bons, n’est heureusement qu’un rappel, dans un programme où il semble de passage, on se demande s’il n’est pas de trop, s’il ne rompt pas la cohésion du projet, ou s’il n’aurait pas plutôt fallu renforcer sa présence et son intégration. De même que la mise en scène piano-fender plus deux onces d’électronique imaginée par Paul Brousseau à la fin d’End Game nous fait regretter une théâtralité plus nette, une vision plus affirmée.

Reste la question de l’espace, cruci
ale dans la musique de Motian. Elle semblait hier échapper à toute direction au profit d’un sentiment de trop plein du côté des deux claviers laissés la bride sur le cou, alors que ça fonctionne plutôt bien sur le disque. Allez savoir s’il ne faut pas sur ce plan incriminer une sonorisation un peu brouillonne entendue du côté extrême où je me trouvais. Admirable, notamment dans son solo sur It Is, Claude Tchamitchian ne m’a paru “en son” tel qu’on nous l’a fait entendre dans les enceintes.

Maison de la culture de Nevers, 20h30

Umlaut Big Band: Brice Pichard, Louis Laurain, Emil Strandberg (trompette), Fidel Fourneyron, Michaeël Balue, Nicolas Grymonprez (trombone), Pierre-Antoine Badaroux (sax alto, direction), Antonin-Trio Hoang (sax alto, clarinette), Jean Dousteyssier, Geoffroy Gesser (saxes ténor, clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxes alto et baryton), Romain Vuillemin (guitare), Bruno Ruder (piano), Sébastien Beliah (b), Antonin Gerbal (batterie).

Passage par le “catering” où la foule des bénévoles du festival va et vient dans un ballet fluide et sans heurt qui s’est réglé au fil des années avec un tel naturel que l’on croit assister à une sorte de représentation idéale de la démocratie. C’en est une autre qui se joue au sein de l’Umlaut Big Band réuni par Pierre-Antoine Badaroux, dans le cadre plus large du collectif  et label phonographique Umlaut de dimension européenne et aux orientations esthétiques polymorphes si l’on rapproche les projets que mènent tous ces jeunes gens dans le domaine de l’improvisation libre et volontiers bruitiste à ce big band qui s’est donné pour mission de rejouer le jazz orchestral pré-bop. J’arrive bon public et je le suis bien plus lorsque commençant par Limehouse Bluesi, ils rappellent à notre mémoire le premier grand soliste français, à travers une partition du tromboniste Leo Vauchant, par ailleurs violoncelliste, intime de Maurice Ravel et arrangeur (il quittera la France dans les années 1930 pour poursuivre sa carrière comme compositeur à Hollywood). Suit une pièce de l’admirable Alexander Tsfasman (admirable notamment par l’intégrité qu’il opposa aux censeurs du système soviétéique) et beaucoup d’autres (empruntées à Jack Hylton, Jack Payne, Ambrose, Lud Gluskin, l’Orquesta Demon de Barcelone, Fud Candrix…) au fil desquels l’attention s’émousse. Parce que ce répertoire que l’Umlaut a l’habitude de jouer pour la danse, dans son format de 3 minutes (tout est relevé par Badaroux sur 78-tours) finit par paraître redondant. Impression qui s’efface lorsqu’une pièce forte contraste soudain au sein de ce répertoire de casino, telle ce formidable Tiger Rag emprunté aux Jazz Virtuosen de l’Allemand James Kork, ou lorsqu’à la fin du programme l’orchestre traverse l’Atlantique pour reprendre Fletcher Henderson ou Benny Goodman. Un constat qu’il doit garder à l’esprit lorsqu’il sera amené à se produire ainsi en concert.

Reste que – jeune, comme dans les concerts de jazz, personne n’ayant plus de 85 ans dans l’assistance (encore que les apparences peuvent être trompeuses depuis que les grands-mères ne teignent plus leurs cheveux blancs en bleu) –, le public était ravi et, à vrai dire, en matière d’interprétation, il n’était pas trompé par la marchandise. Tous ces improvisateurs fous – Antonin-Tri Hoang qui quelques heures plus tôt faisait se boucher les oreilles et faire la grimace à l’une des visiteuses du musée qui ne l’aurait pas reconnu sur la scène de la Maison de la culture –, sont d’une discipline exemplaire face à ce répertoire, qu’ils en lisent les partitions où qu’ils se lèvent pour choruser. Une question se pose cependant, si l’on songe au peu d’attention que portent habituellement les programmateurs du réseau des festivals dits “innovants”, pour les autres musiciens qui ont fait de ces reprises leur spécialité et les abordent parfois avec une créativité – certes, d’un goût parfois discutable – que s’interdit l’Umlaut. Les Laurent Mignard, Michel Pastre et autres Paul Chéron sortiront-ils d’une disgrâce qui les tient éloigner des scènes innovantes.

Maison de la Culture, 22h30

Lisa Simone (chant), Hervé Samb (guitare), Reggie Washington (contrebasse,  basse électrique), Arnaud Dolmen (batterie).

Et voici la fille de Nina Simone dont Roger Fontanel, créateur et directeur du festival, dira dans sa présentation qu’elle s’est fait un prénom. Et il a raison. Elle aura séduit par son sens du show, sa façon de faire participer le public, de lui parler, de remonter les travées pour serrer les mains, jusqu’à sa séance de signature à laquelle elle se livre avec charisme et générosité. Mais tous ça ne serait rien et ne servirait que de cache misère si la vocatliste n’était pas à la hauteur. Or voilà une chanteuse qui a une tessiture lui permettant de descendre dans les graves et s’envoler falsetto en toute décontraction, une voix fauve, passionnée dans la tendresse comme dans la rage, qu’elle renouvelle Suzanne de Leonard Cohen ou qu’elle reprenne Chain Gang, le tout en parfait entente avec un orchestre de haute tenue où Arnaud Dolmen ne déméritait pas de Sonny Troupé dont il est le remplaçant. Si elle me rend moins disert que le reste du programme, c’est qu’on est en fin de journée et que je suis moins inspiré par les évidences, mais la presse régionale m’a déjà relayé avec la Une du Journal du Centre  qui titre  « Le D’Jazz Nevers Festival démarre sur la bonne voix. »

C’est une autre voix que l’on découvrira demain 9 novembre à 12h15 pour la création du spectacle Engrenages avec la chanteuse Christine Bertocchi, Julien Padovani (orgue Hammond, Fender Rhodes), François Merville (percussions, batterie), Christophe Hauser (traitement sonore et Gaëtan Veber (création lumière). À 18h: Aka Moon et le pianiste Fiorini joueront le “Scarlatti Book”. A  20h30 Stéphane Kerecki donnera son programme “Nouvelle Vague” en première partie du trio de Jack DeJohnette (Ravi Coltrane et Matthew Garrison).

 

 

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Saxophone solo avec Antonin-Tri Hoang, hommage à Paul Motian avec le quintette de Jean-Marc Padovani, swing des années 20-40 avec l’Umlaut big band et grand show avec la chanteuse Lisa Simone. Hier, 7 novembre, y en avait pour tout l’monde à Nevers.

 La Loire, cours d’eau entre deux, mi-grand fleuve, mi-rivière, où l’on voir les pêcheurs s’avancer dans l’eau jusqu’à mi-cuisse au pied du pont de Loire – voie d’accès à Nevers pour qui arrive de Bourges – dans l’espoir de prélever leur part sur le garde-manger des cormorans en aval d’une petite chute d’eau tombant du radier qui soutient les piles. De soudaines éclaboussures de ci de là narguent leur patience et, en se penchant sur le parapet, on aperçoit des éclairs vifs argent au fond de l’eau, témoignant de la présence, au ras de la retenue, de centaines de poissons dont, l’œil s’accoutumant, on devine, verdâtre sur fonds moussus, le corps ondulant à contre-courant qui parfois fait rouler et briller son ventre blanc aux rayons du soleil. On imagine la musculature nécessaire pour soutenir ainsi, des heures durant, pareil effort dont le moindre relâchement les ferait partir avec la chute d’eau. Musculature si tendre en papillotes ou au court bouillon, qui fit chante à Bobby Lapointe: « et moi je l’aime bien , avec du citron ».

D’jazz Nevers Festival (58), le 7 novembre 2015.

Musée de la faïence et des Beaux Arts, 16h et 17h

Antonin-Tri Hoang (sax alto).

Petite rivière en solo pour ce début de journée festivalière, grand fleuve tout à l’heure avec le Big band Umlaut, Antonin-Tri Hoang résume à lui seul les grands écarts caractérisant cette journée. Partant lui-même d’eaux calmes vers les grands rapides. Tandis que par de longues tenues, il suscite le silence de la petite assistance qui s’est réunie autour de lui parmi les vitrines de la salle de faïences, l’apercevant souvent à travers les dites vitrines où son saxophone paraît parmi les plats, assiettes carreaux, plaques décoratives, figurines et leurs reflets. Ces eaux calmes se voient progressivement troublées par la risée, puis par quelques sauts de gougeons tandis qu’une bestiaire s’éveille, hulotte et chat-huant cédant la place à… mais de qui est cette roucoulade soudaine alors que la musique nous entraîne vers des rapides où roulent des pierres sonnantes… Tiens! Voici un moulin dont les grincements des différents rouages nous entraînent dans un groove. Mais faut-il évoquer les images qui vous viennent à l’esprit ou décrire objectivement le “faire” afin de laisser chacun libre d’imaginer. Antonin-Trio Hoang commente son travail, se dit inspiré par les pianos à pouce africains (mbira, kalimba, senza…) et le voici qui imite carrément le geste du joueur de mbira en pinçant les ressorts de son sax ou en faisant claquer l’anche (mais peut-être imite-t-il alors plutôt le coup de glotte du grand tetras), laissant émerger ici et là quelques souvenirs mélodiques, peut-être bebop, qui nous filent entre les doigts sans que l’on parviennent à s’en saisir et disparaissent en quelque tourbillon. Polyrythmie de slaps, de bruits de clés, de motifs minimalistes, d’effets de souffle comme s’il multipliait les sources sonores, son pari, nous dit-il, étant « d’être plusieurs ». Mais d’autres images reprennent le dessus, l’Afrique, une clairière, le retour de chasse d’une tribu pygmée, les cris yodelés qui se répondent de tout côté. Un dernier morceau… il porte un titre: Mobile.

À 16h30, Antonin-Tri Hoang donne congé à son public en lui fixant un second rendez-vous à 17h. On s’égaie dans ce musée dont le moindre intérêt n’est pas la façon dont l’architecte Benoît Crépet a su conjuguer la calcaire des vestiges avec le chêne le métal de la réhabilitation. À l’heure dite, Antonin-Tri Hoang a perdu une grande partie de son public, mais a gagné un groupe de visiteurs et leur guide fort inspirée que la direction du musée n’a pas prévenue qu’un concert était en cours. À l’issue d’une petite bataille de décibels où Antonin-Tri Hoang nous aura encore rappelé le grand tétras à la parade, l’oratrice et ses auditeurs enfin informés changent de salle. Cette fois-ci, le saxophoniste a étalé quelques partitions devant lui. L’une d’elle est le point de départ d’une étude polyphonique sur les registres et les plans sonores en matière de dynamique. Après quoi, il se lance dans une double interprétation dEvidence (Thelonious Monk) et sa source Just You, Just Me  une vision kaléidoscopique assez typique du style de Hoang, dans quel contexte qu’il se trouve, si fluide qu’il en résulte ici, en un second temps, un flux, flux tristano-konitzien avec cette combinaison de l’articulation et de l’accentuation métrique qui en fait la modernité toujours très actuelle. Il rejouera Mobile. M’étant déplacé parmi les vitrines, je le vois désormais de profil, battant du pied un tempo constituant le fil autour duquel les différents éléments de son mobile entrent en rotation tout en tournant sur eux mêmes, de tel sorte que le regard sur cet ensemble qui semble immuable n’est jamais tout à fait le même. 

Mais trêve de commentaires, nous allons manquer le concert de Jean-Marc Padovani.

Auditorium Jean-Jaurès, 18h30.

Jean-Marc Padovani “Motian in Motion” Quintet: Jean-Marc Padovani (sax ténor), Didier Malherbe (doudouk), Paul Brousseau (piano, Fender-Rodes), Claude Tchamitchian (contrebasse), Dawoud Bouani (batterie).

Le pari de l’hommage à Paul Motian est risqué. Côté batterie, on découvre en Dawoud Bouani un batteur plein d’avenir, mais on regrette Ramon Lopez plus à même de jouer Motian sans le jouer tout en… Mais le problème n’est pas là. Quelqu’un à la sortie regrette la douceur, les effleurements de Motian… Oui, chez ECM sous les micros de Manfred Eicher qui aime bien faire du rangement, mais en clubs Motian pouvaient balancer de ces patates sur la caisse claire et faire un barouffe d’enfer sur l’ensemble de ses éléments. Mais il y avait un son. C’est quoi un son? Prenez Flight of the Blue Jay. Au concert d’hier, je n’ai pas pu croire qu’il s’agissait d’une partition de Motian, tant ça me semblait simpliste. Avec ce doute: les compositions de Motian, c’est souvent quelques pincées de musique sur du vent. Je n’en retrouve qu’une version sur “Storyteller” de Marilyn Crispell avec Mark Helias chez ECM. La batterie… Manfred Eicher a beau faire, quel chantier! Et la composition : une vision, une inspiration, une traîne de voile. Sous les doigts de Padovani, une raide et banale récitation. Même chose sur Shakalaka qui sera cependant prétexte à une chaleureuse improvisation collective. En revanche, à l’écoute de The Sunflower (dont Pado rappellera en désannonce qu’il a été créé sur disque avec Charles Brackeen et Jean-François Jenny-Clark sur “The Voyage”) on ne doute pas un instant qu’il s’agit d’une composition de Motian dont le vertige mélodique est préservé, on se dit « Enfin!” et l’on se laisse aller à de belles envolées rubato coltraniennes période “Expression” après un début de concert où le ténor avait des accents plutôt breckerien. Même vertige sur Birdsong où le doudouk de Didier Malherbe trouve mieux sa place qu’ailleurs. Trop souvent exotique, notamment avec ce rappel balkano-arménien qui, si mes souvenirs sont bons, n’est heureusement qu’un rappel, dans un programme où il semble de passage, on se demande s’il n’est pas de trop, s’il ne rompt pas la cohésion du projet, ou s’il n’aurait pas plutôt fallu renforcer sa présence et son intégration. De même que la mise en scène piano-fender plus deux onces d’électronique imaginée par Paul Brousseau à la fin d’End Game nous fait regretter une théâtralité plus nette, une vision plus affirmée.

Reste la question de l’espace, cruci
ale dans la musique de Motian. Elle semblait hier échapper à toute direction au profit d’un sentiment de trop plein du côté des deux claviers laissés la bride sur le cou, alors que ça fonctionne plutôt bien sur le disque. Allez savoir s’il ne faut pas sur ce plan incriminer une sonorisation un peu brouillonne entendue du côté extrême où je me trouvais. Admirable, notamment dans son solo sur It Is, Claude Tchamitchian ne m’a paru “en son” tel qu’on nous l’a fait entendre dans les enceintes.

Maison de la culture de Nevers, 20h30

Umlaut Big Band: Brice Pichard, Louis Laurain, Emil Strandberg (trompette), Fidel Fourneyron, Michaeël Balue, Nicolas Grymonprez (trombone), Pierre-Antoine Badaroux (sax alto, direction), Antonin-Trio Hoang (sax alto, clarinette), Jean Dousteyssier, Geoffroy Gesser (saxes ténor, clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxes alto et baryton), Romain Vuillemin (guitare), Bruno Ruder (piano), Sébastien Beliah (b), Antonin Gerbal (batterie).

Passage par le “catering” où la foule des bénévoles du festival va et vient dans un ballet fluide et sans heurt qui s’est réglé au fil des années avec un tel naturel que l’on croit assister à une sorte de représentation idéale de la démocratie. C’en est une autre qui se joue au sein de l’Umlaut Big Band réuni par Pierre-Antoine Badaroux, dans le cadre plus large du collectif  et label phonographique Umlaut de dimension européenne et aux orientations esthétiques polymorphes si l’on rapproche les projets que mènent tous ces jeunes gens dans le domaine de l’improvisation libre et volontiers bruitiste à ce big band qui s’est donné pour mission de rejouer le jazz orchestral pré-bop. J’arrive bon public et je le suis bien plus lorsque commençant par Limehouse Bluesi, ils rappellent à notre mémoire le premier grand soliste français, à travers une partition du tromboniste Leo Vauchant, par ailleurs violoncelliste, intime de Maurice Ravel et arrangeur (il quittera la France dans les années 1930 pour poursuivre sa carrière comme compositeur à Hollywood). Suit une pièce de l’admirable Alexander Tsfasman (admirable notamment par l’intégrité qu’il opposa aux censeurs du système soviétéique) et beaucoup d’autres (empruntées à Jack Hylton, Jack Payne, Ambrose, Lud Gluskin, l’Orquesta Demon de Barcelone, Fud Candrix…) au fil desquels l’attention s’émousse. Parce que ce répertoire que l’Umlaut a l’habitude de jouer pour la danse, dans son format de 3 minutes (tout est relevé par Badaroux sur 78-tours) finit par paraître redondant. Impression qui s’efface lorsqu’une pièce forte contraste soudain au sein de ce répertoire de casino, telle ce formidable Tiger Rag emprunté aux Jazz Virtuosen de l’Allemand James Kork, ou lorsqu’à la fin du programme l’orchestre traverse l’Atlantique pour reprendre Fletcher Henderson ou Benny Goodman. Un constat qu’il doit garder à l’esprit lorsqu’il sera amené à se produire ainsi en concert.

Reste que – jeune, comme dans les concerts de jazz, personne n’ayant plus de 85 ans dans l’assistance (encore que les apparences peuvent être trompeuses depuis que les grands-mères ne teignent plus leurs cheveux blancs en bleu) –, le public était ravi et, à vrai dire, en matière d’interprétation, il n’était pas trompé par la marchandise. Tous ces improvisateurs fous – Antonin-Tri Hoang qui quelques heures plus tôt faisait se boucher les oreilles et faire la grimace à l’une des visiteuses du musée qui ne l’aurait pas reconnu sur la scène de la Maison de la culture –, sont d’une discipline exemplaire face à ce répertoire, qu’ils en lisent les partitions où qu’ils se lèvent pour choruser. Une question se pose cependant, si l’on songe au peu d’attention que portent habituellement les programmateurs du réseau des festivals dits “innovants”, pour les autres musiciens qui ont fait de ces reprises leur spécialité et les abordent parfois avec une créativité – certes, d’un goût parfois discutable – que s’interdit l’Umlaut. Les Laurent Mignard, Michel Pastre et autres Paul Chéron sortiront-ils d’une disgrâce qui les tient éloigner des scènes innovantes.

Maison de la Culture, 22h30

Lisa Simone (chant), Hervé Samb (guitare), Reggie Washington (contrebasse,  basse électrique), Arnaud Dolmen (batterie).

Et voici la fille de Nina Simone dont Roger Fontanel, créateur et directeur du festival, dira dans sa présentation qu’elle s’est fait un prénom. Et il a raison. Elle aura séduit par son sens du show, sa façon de faire participer le public, de lui parler, de remonter les travées pour serrer les mains, jusqu’à sa séance de signature à laquelle elle se livre avec charisme et générosité. Mais tous ça ne serait rien et ne servirait que de cache misère si la vocatliste n’était pas à la hauteur. Or voilà une chanteuse qui a une tessiture lui permettant de descendre dans les graves et s’envoler falsetto en toute décontraction, une voix fauve, passionnée dans la tendresse comme dans la rage, qu’elle renouvelle Suzanne de Leonard Cohen ou qu’elle reprenne Chain Gang, le tout en parfait entente avec un orchestre de haute tenue où Arnaud Dolmen ne déméritait pas de Sonny Troupé dont il est le remplaçant. Si elle me rend moins disert que le reste du programme, c’est qu’on est en fin de journée et que je suis moins inspiré par les évidences, mais la presse régionale m’a déjà relayé avec la Une du Journal du Centre  qui titre  « Le D’Jazz Nevers Festival démarre sur la bonne voix. »

C’est une autre voix que l’on découvrira demain 9 novembre à 12h15 pour la création du spectacle Engrenages avec la chanteuse Christine Bertocchi, Julien Padovani (orgue Hammond, Fender Rhodes), François Merville (percussions, batterie), Christophe Hauser (traitement sonore et Gaëtan Veber (création lumière). À 18h: Aka Moon et le pianiste Fiorini joueront le “Scarlatti Book”. A  20h30 Stéphane Kerecki donnera son programme “Nouvelle Vague” en première partie du trio de Jack DeJohnette (Ravi Coltrane et Matthew Garrison).