Jazz live
Publié le 14 Nov 2014

D'jazz Nevers 28° édition, de Wood à Swallow Quintet en passant par dessus les collines

Rarissime : la compositrice d’une oeuvre est présente lors de la reprise qu’en font neuf musiciens français un peu fous. Et elle vient sur scène à la fin pour saluer avec eux et les féliciter. Ça s’est passé hier soir à Nevers, aux alentours de 22 heures, quand Carla Bley est venue sur le plateau avec les protagonistes de « Over The Hills » qui venaient de reprendre à leur façon la matière musicale de « Escalator Over The Hill », l’opéra jazz que la blonde américaine avait produit et créé entre 1969 et 1972, dans des conditions un peu folles elles aussi. Émotion…


Wood : Sébastien Boisseau (b), Matthieu Donarier (cl, ss, ts)

 

Jean-Charles Richard Trio : Jean-Charles Richard (bs, ss), Peter Herbert (b), Christophe Marguet (dm)

 

Over the Hills : Jean Aussanaire (ss, ts), Alain Blesing (g), Rémi Gaudillat (tp, bugle), Antoine Läng (voix, electronics), Perrine Mansuy (p), Fred Roudet (tp, bugle), Bernard Santacruz (b, el-b), Olivier Thémines (b-cl, cl), Bruno Tocanne (dm)

 

The Swallow Quintet featuring Carla Bley : Steve Swallow (el-b), Carla Bley (Hammond avec Leslie), Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Jorge Rossy (dm)

 

Et si vous ajoutez une rencontre consacrée à la brûlante question de la disparition du Centre d’Information du jazz et donc de savoir quoi faire maintenant et quel outil pour la ressource, vous aurez le programme quasi complet d’une journée bien remplie. Tant mieux.

 

« Escalator Over The Hill » c’est un peu particulier : j’avais trente ans quand j’ai acquis ce triple album qui était mythique avant son apparition sur le marché, et dont la sixième face se terminait, non par la fin du sillon, mais au contraire par sa fermeture sur lui-même, ce qui produisait l’effet (voulu par  Carla Bley) d’un dernier accord qui se prolongeait tant que l’auditeur n’intervenait pas pour y mettre fin. Songez que la réédition en CD interdit cette audace… Songez que nous avons souvent « oublié » de relever la tête de lecture, et que plongés dans nos rêveries d’escalades, ou occupés à de tendres ébats – ce qui revient au même – ce final s’est prolongé bien longtemps.

 

« It’s Again » disait le texte, au milieu de bien d’autres choses complètement barrées. Le seul thème connu de l’opéra (vous me voyez venir) est manifestement celui de l’amour, et il aura fallu qu’elle soit bien amoureuse, notre Carla, pour mener à bien cette entreprise dont elle seule connaissait la fin et le sens, au travers de séances d’enregistrement diverses, séparées par des mois, et avec des artistes qui ne se sont parfois jamais rencontrés dans la réalité. « Escalator », c’est son « Pélléas » et son « Tristan » à la fois, c’est son chef-d’oeuvre absolu, elle y a convoqués Gato Barbieri, Don Cherry, Roswell Rudd, Paul Motian, Jack Bruce, Michaël Mantler, Perry Robinson, Linda Rondstadt, Charlie Haden, John McLaughlin, j’en oublie des plus importants. Cette composition avec leitmotifs vous pénètre dès la premier audition, vous en savourez la musique d’emblée, vous n’avez qu’une idée c’est d’y revenir. « It’s Again ».

 

J’ai écouté « Escalator » dix fois la première semaine, puis deux fois par semaine pendant six mois, puis au moins une fois par mois pendant cinq ans. Aujourd’hui il me faut au moins une écoute par an. Calculez. Je connais évidemment la chose par coeur. D’où une étrangeté hier soir : j’écoutais bien les musiciens qui, en direct et de merveilleuse façon, reprenaient à leur compte cette grand saga, mais en même temps j’entendais très clairement la version originale ! Alors de cette création, très bien chroniquée ici même par Ludovic Florin il y a quelques jours, je dirais seulement qu’elle m’a apporté ce bonheur encore une fois. Et puis juste une chose que je tiens à dire quand même : ils ont tous été formidables, mais mention spéciale à Antoine Läng, qui fait passer vers la fin le très grand frisson quand il vocalise le cri comme seul savait le faire Gato Barbieri lui-même. 

 

Après cette tempête, un bien joli moment de calme avec le quintet de Steve Swallow, où l’on remarque Chris Cheek, l’ancien batteur de Brad Mehldau Jorge Rossy, et surtout un bon guitariste nommé Steve Cardenas. Et un peu avant, nous avions bénéficié du talent de Jean-Charles Richard, très sage lui aussi avec son exemplaire trio où Peter Herbert et Christophe Marguet apportent leur compétence et leur musicalité. Bien avant dans la journée, Matthieu Donarier et Sébastien Boisseau nous avaient entrainés sur leurs chemins poétiques et rêveurs. Et ça continue aujourd’hui, avec « Un Poco Loco », le « East West Trio » de Didier Petit, l’ONJ d’Olivier Benoit et Bill Frisell. 

 

Philippe Méziat

 

Notez que « Over The Hill » sera donné au Rocher de Palmer à Cenon (33) le jeudi 4 décembre de cette année à 20.30. J’ai très souvent regretté, sur ce site, la très rare présence à Bordeaux, en Gironde et en Aquitaine du jazz vif, pour saluer comme il convient cette programmation. Donc, lecteurs girondins et aquitains, à vos calepins, et ne manquez pas ça !!!

 

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Rarissime : la compositrice d’une oeuvre est présente lors de la reprise qu’en font neuf musiciens français un peu fous. Et elle vient sur scène à la fin pour saluer avec eux et les féliciter. Ça s’est passé hier soir à Nevers, aux alentours de 22 heures, quand Carla Bley est venue sur le plateau avec les protagonistes de « Over The Hills » qui venaient de reprendre à leur façon la matière musicale de « Escalator Over The Hill », l’opéra jazz que la blonde américaine avait produit et créé entre 1969 et 1972, dans des conditions un peu folles elles aussi. Émotion…


Wood : Sébastien Boisseau (b), Matthieu Donarier (cl, ss, ts)

 

Jean-Charles Richard Trio : Jean-Charles Richard (bs, ss), Peter Herbert (b), Christophe Marguet (dm)

 

Over the Hills : Jean Aussanaire (ss, ts), Alain Blesing (g), Rémi Gaudillat (tp, bugle), Antoine Läng (voix, electronics), Perrine Mansuy (p), Fred Roudet (tp, bugle), Bernard Santacruz (b, el-b), Olivier Thémines (b-cl, cl), Bruno Tocanne (dm)

 

The Swallow Quintet featuring Carla Bley : Steve Swallow (el-b), Carla Bley (Hammond avec Leslie), Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Jorge Rossy (dm)

 

Et si vous ajoutez une rencontre consacrée à la brûlante question de la disparition du Centre d’Information du jazz et donc de savoir quoi faire maintenant et quel outil pour la ressource, vous aurez le programme quasi complet d’une journée bien remplie. Tant mieux.

 

« Escalator Over The Hill » c’est un peu particulier : j’avais trente ans quand j’ai acquis ce triple album qui était mythique avant son apparition sur le marché, et dont la sixième face se terminait, non par la fin du sillon, mais au contraire par sa fermeture sur lui-même, ce qui produisait l’effet (voulu par  Carla Bley) d’un dernier accord qui se prolongeait tant que l’auditeur n’intervenait pas pour y mettre fin. Songez que la réédition en CD interdit cette audace… Songez que nous avons souvent « oublié » de relever la tête de lecture, et que plongés dans nos rêveries d’escalades, ou occupés à de tendres ébats – ce qui revient au même – ce final s’est prolongé bien longtemps.

 

« It’s Again » disait le texte, au milieu de bien d’autres choses complètement barrées. Le seul thème connu de l’opéra (vous me voyez venir) est manifestement celui de l’amour, et il aura fallu qu’elle soit bien amoureuse, notre Carla, pour mener à bien cette entreprise dont elle seule connaissait la fin et le sens, au travers de séances d’enregistrement diverses, séparées par des mois, et avec des artistes qui ne se sont parfois jamais rencontrés dans la réalité. « Escalator », c’est son « Pélléas » et son « Tristan » à la fois, c’est son chef-d’oeuvre absolu, elle y a convoqués Gato Barbieri, Don Cherry, Roswell Rudd, Paul Motian, Jack Bruce, Michaël Mantler, Perry Robinson, Linda Rondstadt, Charlie Haden, John McLaughlin, j’en oublie des plus importants. Cette composition avec leitmotifs vous pénètre dès la premier audition, vous en savourez la musique d’emblée, vous n’avez qu’une idée c’est d’y revenir. « It’s Again ».

 

J’ai écouté « Escalator » dix fois la première semaine, puis deux fois par semaine pendant six mois, puis au moins une fois par mois pendant cinq ans. Aujourd’hui il me faut au moins une écoute par an. Calculez. Je connais évidemment la chose par coeur. D’où une étrangeté hier soir : j’écoutais bien les musiciens qui, en direct et de merveilleuse façon, reprenaient à leur compte cette grand saga, mais en même temps j’entendais très clairement la version originale ! Alors de cette création, très bien chroniquée ici même par Ludovic Florin il y a quelques jours, je dirais seulement qu’elle m’a apporté ce bonheur encore une fois. Et puis juste une chose que je tiens à dire quand même : ils ont tous été formidables, mais mention spéciale à Antoine Läng, qui fait passer vers la fin le très grand frisson quand il vocalise le cri comme seul savait le faire Gato Barbieri lui-même. 

 

Après cette tempête, un bien joli moment de calme avec le quintet de Steve Swallow, où l’on remarque Chris Cheek, l’ancien batteur de Brad Mehldau Jorge Rossy, et surtout un bon guitariste nommé Steve Cardenas. Et un peu avant, nous avions bénéficié du talent de Jean-Charles Richard, très sage lui aussi avec son exemplaire trio où Peter Herbert et Christophe Marguet apportent leur compétence et leur musicalité. Bien avant dans la journée, Matthieu Donarier et Sébastien Boisseau nous avaient entrainés sur leurs chemins poétiques et rêveurs. Et ça continue aujourd’hui, avec « Un Poco Loco », le « East West Trio » de Didier Petit, l’ONJ d’Olivier Benoit et Bill Frisell. 

 

Philippe Méziat

 

Notez que « Over The Hill » sera donné au Rocher de Palmer à Cenon (33) le jeudi 4 décembre de cette année à 20.30. J’ai très souvent regretté, sur ce site, la très rare présence à Bordeaux, en Gironde et en Aquitaine du jazz vif, pour saluer comme il convient cette programmation. Donc, lecteurs girondins et aquitains, à vos calepins, et ne manquez pas ça !!!

 

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Rarissime : la compositrice d’une oeuvre est présente lors de la reprise qu’en font neuf musiciens français un peu fous. Et elle vient sur scène à la fin pour saluer avec eux et les féliciter. Ça s’est passé hier soir à Nevers, aux alentours de 22 heures, quand Carla Bley est venue sur le plateau avec les protagonistes de « Over The Hills » qui venaient de reprendre à leur façon la matière musicale de « Escalator Over The Hill », l’opéra jazz que la blonde américaine avait produit et créé entre 1969 et 1972, dans des conditions un peu folles elles aussi. Émotion…


Wood : Sébastien Boisseau (b), Matthieu Donarier (cl, ss, ts)

 

Jean-Charles Richard Trio : Jean-Charles Richard (bs, ss), Peter Herbert (b), Christophe Marguet (dm)

 

Over the Hills : Jean Aussanaire (ss, ts), Alain Blesing (g), Rémi Gaudillat (tp, bugle), Antoine Läng (voix, electronics), Perrine Mansuy (p), Fred Roudet (tp, bugle), Bernard Santacruz (b, el-b), Olivier Thémines (b-cl, cl), Bruno Tocanne (dm)

 

The Swallow Quintet featuring Carla Bley : Steve Swallow (el-b), Carla Bley (Hammond avec Leslie), Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Jorge Rossy (dm)

 

Et si vous ajoutez une rencontre consacrée à la brûlante question de la disparition du Centre d’Information du jazz et donc de savoir quoi faire maintenant et quel outil pour la ressource, vous aurez le programme quasi complet d’une journée bien remplie. Tant mieux.

 

« Escalator Over The Hill » c’est un peu particulier : j’avais trente ans quand j’ai acquis ce triple album qui était mythique avant son apparition sur le marché, et dont la sixième face se terminait, non par la fin du sillon, mais au contraire par sa fermeture sur lui-même, ce qui produisait l’effet (voulu par  Carla Bley) d’un dernier accord qui se prolongeait tant que l’auditeur n’intervenait pas pour y mettre fin. Songez que la réédition en CD interdit cette audace… Songez que nous avons souvent « oublié » de relever la tête de lecture, et que plongés dans nos rêveries d’escalades, ou occupés à de tendres ébats – ce qui revient au même – ce final s’est prolongé bien longtemps.

 

« It’s Again » disait le texte, au milieu de bien d’autres choses complètement barrées. Le seul thème connu de l’opéra (vous me voyez venir) est manifestement celui de l’amour, et il aura fallu qu’elle soit bien amoureuse, notre Carla, pour mener à bien cette entreprise dont elle seule connaissait la fin et le sens, au travers de séances d’enregistrement diverses, séparées par des mois, et avec des artistes qui ne se sont parfois jamais rencontrés dans la réalité. « Escalator », c’est son « Pélléas » et son « Tristan » à la fois, c’est son chef-d’oeuvre absolu, elle y a convoqués Gato Barbieri, Don Cherry, Roswell Rudd, Paul Motian, Jack Bruce, Michaël Mantler, Perry Robinson, Linda Rondstadt, Charlie Haden, John McLaughlin, j’en oublie des plus importants. Cette composition avec leitmotifs vous pénètre dès la premier audition, vous en savourez la musique d’emblée, vous n’avez qu’une idée c’est d’y revenir. « It’s Again ».

 

J’ai écouté « Escalator » dix fois la première semaine, puis deux fois par semaine pendant six mois, puis au moins une fois par mois pendant cinq ans. Aujourd’hui il me faut au moins une écoute par an. Calculez. Je connais évidemment la chose par coeur. D’où une étrangeté hier soir : j’écoutais bien les musiciens qui, en direct et de merveilleuse façon, reprenaient à leur compte cette grand saga, mais en même temps j’entendais très clairement la version originale ! Alors de cette création, très bien chroniquée ici même par Ludovic Florin il y a quelques jours, je dirais seulement qu’elle m’a apporté ce bonheur encore une fois. Et puis juste une chose que je tiens à dire quand même : ils ont tous été formidables, mais mention spéciale à Antoine Läng, qui fait passer vers la fin le très grand frisson quand il vocalise le cri comme seul savait le faire Gato Barbieri lui-même. 

 

Après cette tempête, un bien joli moment de calme avec le quintet de Steve Swallow, où l’on remarque Chris Cheek, l’ancien batteur de Brad Mehldau Jorge Rossy, et surtout un bon guitariste nommé Steve Cardenas. Et un peu avant, nous avions bénéficié du talent de Jean-Charles Richard, très sage lui aussi avec son exemplaire trio où Peter Herbert et Christophe Marguet apportent leur compétence et leur musicalité. Bien avant dans la journée, Matthieu Donarier et Sébastien Boisseau nous avaient entrainés sur leurs chemins poétiques et rêveurs. Et ça continue aujourd’hui, avec « Un Poco Loco », le « East West Trio » de Didier Petit, l’ONJ d’Olivier Benoit et Bill Frisell. 

 

Philippe Méziat

 

Notez que « Over The Hill » sera donné au Rocher de Palmer à Cenon (33) le jeudi 4 décembre de cette année à 20.30. J’ai très souvent regretté, sur ce site, la très rare présence à Bordeaux, en Gironde et en Aquitaine du jazz vif, pour saluer comme il convient cette programmation. Donc, lecteurs girondins et aquitains, à vos calepins, et ne manquez pas ça !!!

 

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Rarissime : la compositrice d’une oeuvre est présente lors de la reprise qu’en font neuf musiciens français un peu fous. Et elle vient sur scène à la fin pour saluer avec eux et les féliciter. Ça s’est passé hier soir à Nevers, aux alentours de 22 heures, quand Carla Bley est venue sur le plateau avec les protagonistes de « Over The Hills » qui venaient de reprendre à leur façon la matière musicale de « Escalator Over The Hill », l’opéra jazz que la blonde américaine avait produit et créé entre 1969 et 1972, dans des conditions un peu folles elles aussi. Émotion…


Wood : Sébastien Boisseau (b), Matthieu Donarier (cl, ss, ts)

 

Jean-Charles Richard Trio : Jean-Charles Richard (bs, ss), Peter Herbert (b), Christophe Marguet (dm)

 

Over the Hills : Jean Aussanaire (ss, ts), Alain Blesing (g), Rémi Gaudillat (tp, bugle), Antoine Läng (voix, electronics), Perrine Mansuy (p), Fred Roudet (tp, bugle), Bernard Santacruz (b, el-b), Olivier Thémines (b-cl, cl), Bruno Tocanne (dm)

 

The Swallow Quintet featuring Carla Bley : Steve Swallow (el-b), Carla Bley (Hammond avec Leslie), Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Jorge Rossy (dm)

 

Et si vous ajoutez une rencontre consacrée à la brûlante question de la disparition du Centre d’Information du jazz et donc de savoir quoi faire maintenant et quel outil pour la ressource, vous aurez le programme quasi complet d’une journée bien remplie. Tant mieux.

 

« Escalator Over The Hill » c’est un peu particulier : j’avais trente ans quand j’ai acquis ce triple album qui était mythique avant son apparition sur le marché, et dont la sixième face se terminait, non par la fin du sillon, mais au contraire par sa fermeture sur lui-même, ce qui produisait l’effet (voulu par  Carla Bley) d’un dernier accord qui se prolongeait tant que l’auditeur n’intervenait pas pour y mettre fin. Songez que la réédition en CD interdit cette audace… Songez que nous avons souvent « oublié » de relever la tête de lecture, et que plongés dans nos rêveries d’escalades, ou occupés à de tendres ébats – ce qui revient au même – ce final s’est prolongé bien longtemps.

 

« It’s Again » disait le texte, au milieu de bien d’autres choses complètement barrées. Le seul thème connu de l’opéra (vous me voyez venir) est manifestement celui de l’amour, et il aura fallu qu’elle soit bien amoureuse, notre Carla, pour mener à bien cette entreprise dont elle seule connaissait la fin et le sens, au travers de séances d’enregistrement diverses, séparées par des mois, et avec des artistes qui ne se sont parfois jamais rencontrés dans la réalité. « Escalator », c’est son « Pélléas » et son « Tristan » à la fois, c’est son chef-d’oeuvre absolu, elle y a convoqués Gato Barbieri, Don Cherry, Roswell Rudd, Paul Motian, Jack Bruce, Michaël Mantler, Perry Robinson, Linda Rondstadt, Charlie Haden, John McLaughlin, j’en oublie des plus importants. Cette composition avec leitmotifs vous pénètre dès la premier audition, vous en savourez la musique d’emblée, vous n’avez qu’une idée c’est d’y revenir. « It’s Again ».

 

J’ai écouté « Escalator » dix fois la première semaine, puis deux fois par semaine pendant six mois, puis au moins une fois par mois pendant cinq ans. Aujourd’hui il me faut au moins une écoute par an. Calculez. Je connais évidemment la chose par coeur. D’où une étrangeté hier soir : j’écoutais bien les musiciens qui, en direct et de merveilleuse façon, reprenaient à leur compte cette grand saga, mais en même temps j’entendais très clairement la version originale ! Alors de cette création, très bien chroniquée ici même par Ludovic Florin il y a quelques jours, je dirais seulement qu’elle m’a apporté ce bonheur encore une fois. Et puis juste une chose que je tiens à dire quand même : ils ont tous été formidables, mais mention spéciale à Antoine Läng, qui fait passer vers la fin le très grand frisson quand il vocalise le cri comme seul savait le faire Gato Barbieri lui-même. 

 

Après cette tempête, un bien joli moment de calme avec le quintet de Steve Swallow, où l’on remarque Chris Cheek, l’ancien batteur de Brad Mehldau Jorge Rossy, et surtout un bon guitariste nommé Steve Cardenas. Et un peu avant, nous avions bénéficié du talent de Jean-Charles Richard, très sage lui aussi avec son exemplaire trio où Peter Herbert et Christophe Marguet apportent leur compétence et leur musicalité. Bien avant dans la journée, Matthieu Donarier et Sébastien Boisseau nous avaient entrainés sur leurs chemins poétiques et rêveurs. Et ça continue aujourd’hui, avec « Un Poco Loco », le « East West Trio » de Didier Petit, l’ONJ d’Olivier Benoit et Bill Frisell. 

 

Philippe Méziat

 

Notez que « Over The Hill » sera donné au Rocher de Palmer à Cenon (33) le jeudi 4 décembre de cette année à 20.30. J’ai très souvent regretté, sur ce site, la très rare présence à Bordeaux, en Gironde et en Aquitaine du jazz vif, pour saluer comme il convient cette programmation. Donc, lecteurs girondins et aquitains, à vos calepins, et ne manquez pas ça !!!