Jazz live
Publié le 23 Nov 2014

Grand écart du Berlin de l’ONJ au Mississippi de l'HBO

Hier soir, Franck Bergerot a souffert d’une élongation d’un muscle ischio-jambier en faisant le grand écart du Carreau du Temple à l’Hôtel Méridien, soit de l’Orchestre national de jazz (ONJ) à l’Heritage Blues Orchestra (HBO). Il raconte.


Mais alors vite fait, car la station assise m’est déconseillée. Donc 20h, au Carreau du Temple, l’ONJ donne en première parisienne son programme Berlin. Grondement post-industriel en guise d’accueil, fumigènes à pleins poumons, ouverture sur des nappes électro-bruitistes émises par Olivier Benoît à la guitare et Bruno Chevillon à la guitare basse… Quelle que soit l’intention métaphorique suggérée par les différents tableaux musicaux de ce programme et leurs titres, chacun pourra laisser son imagination vagabonder dans cette ténébreuse mégapole, interprétant, par exemple comme je l’ai fait, les conversations en allemand samplées par Paul Brousseau et diffusées à travers une brume de signaux radios, comme autant d’écoutes téléphoniques de la Stasi. Le programme exploite en tout cas brillamment toutes les ressources de l’orchestre auquel il est confié. Longs développements en homophonie, couches polyphoniques inextricables, jusqu’à cette distribution hoquetée de l’énigmatique 22 mètres 5 étages (qui doit correspondre à quelque réalité historique… un bâtiment de la Stasi où l’évocation de l’un de ces immeubles murés le long du mur ?) en forme de farce apportant un peu de cette ironie grinçante et légère que surent manier les écrivains de l’Est comme Bomuhil Hrabal (qui n’était certes pas berlinois).


Tous les solistes sont mis en valeur (à l’exception du leader omniprésent dans un rôle de décorateur (au sens que le théâtre et le cinéma donne à la fonction) tout en étant plus on moins fondu dans les masses orchestrales. Si l’on retient plus volontiers le charisme particulier de Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette) et Bruno Chevillon (contrebasse), c’est au moins en partie qu’ils ont le privilège d’être invités, contrairement aux autres, à s’exprimer en quasi situation a capella, qui plus est, dans un programme un peu long, qui laisse l’orchestre encore un peu sur les dents, et peut laisser au public impression de redondances ou de systématismes, ces retraits momentanés de l’orchestre ou même de cette batterie réglée comme une pointeuse affolée, donnant au public à souffler un peu. Reste que l’on a là un bel ONJ, habité, cohérent, avec un vrai chef compositeur.


Sur le retour vers mon manoir en territoire post-sarkozyen, j’hésitais entre deux haltes : la nuit Blue Note rue des Lombards où chaque club proposait une relecture d’un album Blue Note historique (ce qui risquait de me conduire à une heure très tardives où les cochets se font rares) ou le Jazz Club Etoile de l’Hôtel Méridien de la Porte Maillot où se produisait l’Heritage Blues Orchestra, une formation franco-américaine dont l’album “And Still I Rise” m’avait profondément touché (et pas que moi : [Le Pied] décerné par Soul Bag, [4 étoiles] dans nos pages décernées par l’exigeant Philippe Bas-Rabérin, une nommination aux Grammy). J’ai risqué le grand écart. La prestation publique dans le cadre un peu routinier du Jazz Club Etoile n’a pas la nervosité de la production phonographique de Larry Skoller et l’absence des cuivres arrangés pour le disque par le saxophoniste (plus connu pour des rôles liebmaniens) Bruno Wilhelm a constitué une légère déception, mais le trio constitué par Junior Mack (guitares, chant), Bill Sims Jr. (guitares, piano, chant) et sa fille Chaney Sims (chant) est d’une vérité poignante dans leur projet de sillonner les territoires du blues du Mississippi au Chicago en passant par le gospel, voire le standard ou le folk blues de Mississippi John Hurt. Ça pourrait avoir des allures de Disneyland du blues et c’est tout le contraire. Vincent Bucher à l’harmonica participe activement à cette vérité. Quant au batteur Kenny “Beedy Eyes” Smith, il n’y en avait pas un hier sur la scène parisienne pour jouer un shuffle d’une telle profondeur. C’est en me relevant de ce grand écart entre l’ONJ et cet HBO que mon ischio-jambier m’a trahi. Je vous quitte, l’infirmière me rappelle à l’ordre. Franck Bergerot

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Hier soir, Franck Bergerot a souffert d’une élongation d’un muscle ischio-jambier en faisant le grand écart du Carreau du Temple à l’Hôtel Méridien, soit de l’Orchestre national de jazz (ONJ) à l’Heritage Blues Orchestra (HBO). Il raconte.


Mais alors vite fait, car la station assise m’est déconseillée. Donc 20h, au Carreau du Temple, l’ONJ donne en première parisienne son programme Berlin. Grondement post-industriel en guise d’accueil, fumigènes à pleins poumons, ouverture sur des nappes électro-bruitistes émises par Olivier Benoît à la guitare et Bruno Chevillon à la guitare basse… Quelle que soit l’intention métaphorique suggérée par les différents tableaux musicaux de ce programme et leurs titres, chacun pourra laisser son imagination vagabonder dans cette ténébreuse mégapole, interprétant, par exemple comme je l’ai fait, les conversations en allemand samplées par Paul Brousseau et diffusées à travers une brume de signaux radios, comme autant d’écoutes téléphoniques de la Stasi. Le programme exploite en tout cas brillamment toutes les ressources de l’orchestre auquel il est confié. Longs développements en homophonie, couches polyphoniques inextricables, jusqu’à cette distribution hoquetée de l’énigmatique 22 mètres 5 étages (qui doit correspondre à quelque réalité historique… un bâtiment de la Stasi où l’évocation de l’un de ces immeubles murés le long du mur ?) en forme de farce apportant un peu de cette ironie grinçante et légère que surent manier les écrivains de l’Est comme Bomuhil Hrabal (qui n’était certes pas berlinois).


Tous les solistes sont mis en valeur (à l’exception du leader omniprésent dans un rôle de décorateur (au sens que le théâtre et le cinéma donne à la fonction) tout en étant plus on moins fondu dans les masses orchestrales. Si l’on retient plus volontiers le charisme particulier de Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette) et Bruno Chevillon (contrebasse), c’est au moins en partie qu’ils ont le privilège d’être invités, contrairement aux autres, à s’exprimer en quasi situation a capella, qui plus est, dans un programme un peu long, qui laisse l’orchestre encore un peu sur les dents, et peut laisser au public impression de redondances ou de systématismes, ces retraits momentanés de l’orchestre ou même de cette batterie réglée comme une pointeuse affolée, donnant au public à souffler un peu. Reste que l’on a là un bel ONJ, habité, cohérent, avec un vrai chef compositeur.


Sur le retour vers mon manoir en territoire post-sarkozyen, j’hésitais entre deux haltes : la nuit Blue Note rue des Lombards où chaque club proposait une relecture d’un album Blue Note historique (ce qui risquait de me conduire à une heure très tardives où les cochets se font rares) ou le Jazz Club Etoile de l’Hôtel Méridien de la Porte Maillot où se produisait l’Heritage Blues Orchestra, une formation franco-américaine dont l’album “And Still I Rise” m’avait profondément touché (et pas que moi : [Le Pied] décerné par Soul Bag, [4 étoiles] dans nos pages décernées par l’exigeant Philippe Bas-Rabérin, une nommination aux Grammy). J’ai risqué le grand écart. La prestation publique dans le cadre un peu routinier du Jazz Club Etoile n’a pas la nervosité de la production phonographique de Larry Skoller et l’absence des cuivres arrangés pour le disque par le saxophoniste (plus connu pour des rôles liebmaniens) Bruno Wilhelm a constitué une légère déception, mais le trio constitué par Junior Mack (guitares, chant), Bill Sims Jr. (guitares, piano, chant) et sa fille Chaney Sims (chant) est d’une vérité poignante dans leur projet de sillonner les territoires du blues du Mississippi au Chicago en passant par le gospel, voire le standard ou le folk blues de Mississippi John Hurt. Ça pourrait avoir des allures de Disneyland du blues et c’est tout le contraire. Vincent Bucher à l’harmonica participe activement à cette vérité. Quant au batteur Kenny “Beedy Eyes” Smith, il n’y en avait pas un hier sur la scène parisienne pour jouer un shuffle d’une telle profondeur. C’est en me relevant de ce grand écart entre l’ONJ et cet HBO que mon ischio-jambier m’a trahi. Je vous quitte, l’infirmière me rappelle à l’ordre. Franck Bergerot

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Hier soir, Franck Bergerot a souffert d’une élongation d’un muscle ischio-jambier en faisant le grand écart du Carreau du Temple à l’Hôtel Méridien, soit de l’Orchestre national de jazz (ONJ) à l’Heritage Blues Orchestra (HBO). Il raconte.


Mais alors vite fait, car la station assise m’est déconseillée. Donc 20h, au Carreau du Temple, l’ONJ donne en première parisienne son programme Berlin. Grondement post-industriel en guise d’accueil, fumigènes à pleins poumons, ouverture sur des nappes électro-bruitistes émises par Olivier Benoît à la guitare et Bruno Chevillon à la guitare basse… Quelle que soit l’intention métaphorique suggérée par les différents tableaux musicaux de ce programme et leurs titres, chacun pourra laisser son imagination vagabonder dans cette ténébreuse mégapole, interprétant, par exemple comme je l’ai fait, les conversations en allemand samplées par Paul Brousseau et diffusées à travers une brume de signaux radios, comme autant d’écoutes téléphoniques de la Stasi. Le programme exploite en tout cas brillamment toutes les ressources de l’orchestre auquel il est confié. Longs développements en homophonie, couches polyphoniques inextricables, jusqu’à cette distribution hoquetée de l’énigmatique 22 mètres 5 étages (qui doit correspondre à quelque réalité historique… un bâtiment de la Stasi où l’évocation de l’un de ces immeubles murés le long du mur ?) en forme de farce apportant un peu de cette ironie grinçante et légère que surent manier les écrivains de l’Est comme Bomuhil Hrabal (qui n’était certes pas berlinois).


Tous les solistes sont mis en valeur (à l’exception du leader omniprésent dans un rôle de décorateur (au sens que le théâtre et le cinéma donne à la fonction) tout en étant plus on moins fondu dans les masses orchestrales. Si l’on retient plus volontiers le charisme particulier de Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette) et Bruno Chevillon (contrebasse), c’est au moins en partie qu’ils ont le privilège d’être invités, contrairement aux autres, à s’exprimer en quasi situation a capella, qui plus est, dans un programme un peu long, qui laisse l’orchestre encore un peu sur les dents, et peut laisser au public impression de redondances ou de systématismes, ces retraits momentanés de l’orchestre ou même de cette batterie réglée comme une pointeuse affolée, donnant au public à souffler un peu. Reste que l’on a là un bel ONJ, habité, cohérent, avec un vrai chef compositeur.


Sur le retour vers mon manoir en territoire post-sarkozyen, j’hésitais entre deux haltes : la nuit Blue Note rue des Lombards où chaque club proposait une relecture d’un album Blue Note historique (ce qui risquait de me conduire à une heure très tardives où les cochets se font rares) ou le Jazz Club Etoile de l’Hôtel Méridien de la Porte Maillot où se produisait l’Heritage Blues Orchestra, une formation franco-américaine dont l’album “And Still I Rise” m’avait profondément touché (et pas que moi : [Le Pied] décerné par Soul Bag, [4 étoiles] dans nos pages décernées par l’exigeant Philippe Bas-Rabérin, une nommination aux Grammy). J’ai risqué le grand écart. La prestation publique dans le cadre un peu routinier du Jazz Club Etoile n’a pas la nervosité de la production phonographique de Larry Skoller et l’absence des cuivres arrangés pour le disque par le saxophoniste (plus connu pour des rôles liebmaniens) Bruno Wilhelm a constitué une légère déception, mais le trio constitué par Junior Mack (guitares, chant), Bill Sims Jr. (guitares, piano, chant) et sa fille Chaney Sims (chant) est d’une vérité poignante dans leur projet de sillonner les territoires du blues du Mississippi au Chicago en passant par le gospel, voire le standard ou le folk blues de Mississippi John Hurt. Ça pourrait avoir des allures de Disneyland du blues et c’est tout le contraire. Vincent Bucher à l’harmonica participe activement à cette vérité. Quant au batteur Kenny “Beedy Eyes” Smith, il n’y en avait pas un hier sur la scène parisienne pour jouer un shuffle d’une telle profondeur. C’est en me relevant de ce grand écart entre l’ONJ et cet HBO que mon ischio-jambier m’a trahi. Je vous quitte, l’infirmière me rappelle à l’ordre. Franck Bergerot

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Hier soir, Franck Bergerot a souffert d’une élongation d’un muscle ischio-jambier en faisant le grand écart du Carreau du Temple à l’Hôtel Méridien, soit de l’Orchestre national de jazz (ONJ) à l’Heritage Blues Orchestra (HBO). Il raconte.


Mais alors vite fait, car la station assise m’est déconseillée. Donc 20h, au Carreau du Temple, l’ONJ donne en première parisienne son programme Berlin. Grondement post-industriel en guise d’accueil, fumigènes à pleins poumons, ouverture sur des nappes électro-bruitistes émises par Olivier Benoît à la guitare et Bruno Chevillon à la guitare basse… Quelle que soit l’intention métaphorique suggérée par les différents tableaux musicaux de ce programme et leurs titres, chacun pourra laisser son imagination vagabonder dans cette ténébreuse mégapole, interprétant, par exemple comme je l’ai fait, les conversations en allemand samplées par Paul Brousseau et diffusées à travers une brume de signaux radios, comme autant d’écoutes téléphoniques de la Stasi. Le programme exploite en tout cas brillamment toutes les ressources de l’orchestre auquel il est confié. Longs développements en homophonie, couches polyphoniques inextricables, jusqu’à cette distribution hoquetée de l’énigmatique 22 mètres 5 étages (qui doit correspondre à quelque réalité historique… un bâtiment de la Stasi où l’évocation de l’un de ces immeubles murés le long du mur ?) en forme de farce apportant un peu de cette ironie grinçante et légère que surent manier les écrivains de l’Est comme Bomuhil Hrabal (qui n’était certes pas berlinois).


Tous les solistes sont mis en valeur (à l’exception du leader omniprésent dans un rôle de décorateur (au sens que le théâtre et le cinéma donne à la fonction) tout en étant plus on moins fondu dans les masses orchestrales. Si l’on retient plus volontiers le charisme particulier de Théo Ceccaldi (violon), Fabrice Martinez (trompette) et Bruno Chevillon (contrebasse), c’est au moins en partie qu’ils ont le privilège d’être invités, contrairement aux autres, à s’exprimer en quasi situation a capella, qui plus est, dans un programme un peu long, qui laisse l’orchestre encore un peu sur les dents, et peut laisser au public impression de redondances ou de systématismes, ces retraits momentanés de l’orchestre ou même de cette batterie réglée comme une pointeuse affolée, donnant au public à souffler un peu. Reste que l’on a là un bel ONJ, habité, cohérent, avec un vrai chef compositeur.


Sur le retour vers mon manoir en territoire post-sarkozyen, j’hésitais entre deux haltes : la nuit Blue Note rue des Lombards où chaque club proposait une relecture d’un album Blue Note historique (ce qui risquait de me conduire à une heure très tardives où les cochets se font rares) ou le Jazz Club Etoile de l’Hôtel Méridien de la Porte Maillot où se produisait l’Heritage Blues Orchestra, une formation franco-américaine dont l’album “And Still I Rise” m’avait profondément touché (et pas que moi : [Le Pied] décerné par Soul Bag, [4 étoiles] dans nos pages décernées par l’exigeant Philippe Bas-Rabérin, une nommination aux Grammy). J’ai risqué le grand écart. La prestation publique dans le cadre un peu routinier du Jazz Club Etoile n’a pas la nervosité de la production phonographique de Larry Skoller et l’absence des cuivres arrangés pour le disque par le saxophoniste (plus connu pour des rôles liebmaniens) Bruno Wilhelm a constitué une légère déception, mais le trio constitué par Junior Mack (guitares, chant), Bill Sims Jr. (guitares, piano, chant) et sa fille Chaney Sims (chant) est d’une vérité poignante dans leur projet de sillonner les territoires du blues du Mississippi au Chicago en passant par le gospel, voire le standard ou le folk blues de Mississippi John Hurt. Ça pourrait avoir des allures de Disneyland du blues et c’est tout le contraire. Vincent Bucher à l’harmonica participe activement à cette vérité. Quant au batteur Kenny “Beedy Eyes” Smith, il n’y en avait pas un hier sur la scène parisienne pour jouer un shuffle d’une telle profondeur. C’est en me relevant de ce grand écart entre l’ONJ et cet HBO que mon ischio-jambier m’a trahi. Je vous quitte, l’infirmière me rappelle à l’ordre. Franck Bergerot