Jazz live
Publié le 10 Nov 2013

Jazzdor, 2° soirée. Strasbourg, Pôle Sud, 09/11.

Jazzdor, 2° soirée. Strasbourg, Pôle Sud, 09/11.

Die Enttäuschung : Axel Dörner (tp), Rudi Mahall (bcl), Jan Roder (b), Uli Jennessen (dm) ; Wasteland : Antoine Berjeaut (tp), Julien Lourau (ts, ss), Mike Ladd (voc), Josef Dumoulin (claviers), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Pierce Warneke (video).

Die Enttäuschung, en Allemand, veut dire « la déception ». Et ce titre en lui-même est un concentré de l’humour qui sous-tend la musique de ce quartet étonnant. Leur matériau ? De brèves mélodies souvent un peu naïves qu’ils traitent dans un style à la croisée des chemins entre la manière des quartets sans piano de Gerry Mulligan et d’Ornette Coleman.

Les sonorités acides et les impros angulaires du second alternent avec l’art du contrepoint du premier en un constant va et vient qui fait fi des prétendues frontières de genres. Derrière le côté apparemment foutraque que peuvent afficher certains arrangements, on finit par s’apercevoir, une fois le haïku achevé de façon souvent inattendue, que la forme qu’il revêtait était d’une parfaite limpidité, tout simplement. Ainsi Die Enttäuschung nous décrasse-t-il les oreilles par sa configuration sonore: trompette claire ou bruitiste flanquée d’une clarinette basse (ou non) virevoltante en front line, basse tout terrain et batterie tellurique en soutien. Le son brut, acoustique en diable peut à tout moment subvertir la ligne mélodique pour laquelle il affiche par ailleurs un respect évident. Comment, dans ces conditions, ne pas rester constamment aux aguets ? Derrière la relative uniformité des structures on va en effet de surprise en surprise, se laissant porter par un flot d’inventivité qui, sans tape-à-l’oreille, vous mène de thème joyeux en air romantique, de morceau rubato en groove rustique, sans prétention outrancière mais avec une fraîcheur bienvenue. Le groupe Wasteland du trompettiste Antoine Berjeaut est aux antipodes de cette conception des choses : un spectacle total avec sept performers sur scène (y compris un vidéaste et un slameur). Impossible de résister au flot de sonorités acoustiques et électriques, au flot d’images et au débit de Mike Ladd qui, comme il le dit, nous entraine « dans son délire ». La musique est souvent intense, tendue, parfois inégale, mais traversée d’interventions lumineuses telle que celle de Julien Lourau au soprano ou celle du leader sur une ballade de toute beauté. Reste qu’on peut se demander ce qui fait le lien entre un excellent groupe de musiciens de jazz, un talentueux praticien du spoken world qui intervient de façon intermittente dans une langue que la plus grande partie du public ne comprend pas et des images tantôt omniprésentes, tantôt sporadiques, dont la signification est tout sauf claire. Quel est le sens profond de ce projet multimédia comme on en voit tant fleurir ? Les musiciens présents ne semblent en tout cas pas vraiment portés par une dimension collective ni par le message que les paroles de Ladd parviennent difficilement à transmettre aux plus anglophones des spectateurs. Quant à la pertinence des images… En fait, la musique dont ces instrumentistes sont porteurs ne se suffirait-elle pas à elle-même ? Thierry Quénum

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Jazzdor, 2° soirée. Strasbourg, Pôle Sud, 09/11.

Die Enttäuschung : Axel Dörner (tp), Rudi Mahall (bcl), Jan Roder (b), Uli Jennessen (dm) ; Wasteland : Antoine Berjeaut (tp), Julien Lourau (ts, ss), Mike Ladd (voc), Josef Dumoulin (claviers), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Pierce Warneke (video).

Die Enttäuschung, en Allemand, veut dire « la déception ». Et ce titre en lui-même est un concentré de l’humour qui sous-tend la musique de ce quartet étonnant. Leur matériau ? De brèves mélodies souvent un peu naïves qu’ils traitent dans un style à la croisée des chemins entre la manière des quartets sans piano de Gerry Mulligan et d’Ornette Coleman.

Les sonorités acides et les impros angulaires du second alternent avec l’art du contrepoint du premier en un constant va et vient qui fait fi des prétendues frontières de genres. Derrière le côté apparemment foutraque que peuvent afficher certains arrangements, on finit par s’apercevoir, une fois le haïku achevé de façon souvent inattendue, que la forme qu’il revêtait était d’une parfaite limpidité, tout simplement. Ainsi Die Enttäuschung nous décrasse-t-il les oreilles par sa configuration sonore: trompette claire ou bruitiste flanquée d’une clarinette basse (ou non) virevoltante en front line, basse tout terrain et batterie tellurique en soutien. Le son brut, acoustique en diable peut à tout moment subvertir la ligne mélodique pour laquelle il affiche par ailleurs un respect évident. Comment, dans ces conditions, ne pas rester constamment aux aguets ? Derrière la relative uniformité des structures on va en effet de surprise en surprise, se laissant porter par un flot d’inventivité qui, sans tape-à-l’oreille, vous mène de thème joyeux en air romantique, de morceau rubato en groove rustique, sans prétention outrancière mais avec une fraîcheur bienvenue. Le groupe Wasteland du trompettiste Antoine Berjeaut est aux antipodes de cette conception des choses : un spectacle total avec sept performers sur scène (y compris un vidéaste et un slameur). Impossible de résister au flot de sonorités acoustiques et électriques, au flot d’images et au débit de Mike Ladd qui, comme il le dit, nous entraine « dans son délire ». La musique est souvent intense, tendue, parfois inégale, mais traversée d’interventions lumineuses telle que celle de Julien Lourau au soprano ou celle du leader sur une ballade de toute beauté. Reste qu’on peut se demander ce qui fait le lien entre un excellent groupe de musiciens de jazz, un talentueux praticien du spoken world qui intervient de façon intermittente dans une langue que la plus grande partie du public ne comprend pas et des images tantôt omniprésentes, tantôt sporadiques, dont la signification est tout sauf claire. Quel est le sens profond de ce projet multimédia comme on en voit tant fleurir ? Les musiciens présents ne semblent en tout cas pas vraiment portés par une dimension collective ni par le message que les paroles de Ladd parviennent difficilement à transmettre aux plus anglophones des spectateurs. Quant à la pertinence des images… En fait, la musique dont ces instrumentistes sont porteurs ne se suffirait-elle pas à elle-même ? Thierry Quénum

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Jazzdor, 2° soirée. Strasbourg, Pôle Sud, 09/11.

Die Enttäuschung : Axel Dörner (tp), Rudi Mahall (bcl), Jan Roder (b), Uli Jennessen (dm) ; Wasteland : Antoine Berjeaut (tp), Julien Lourau (ts, ss), Mike Ladd (voc), Josef Dumoulin (claviers), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Pierce Warneke (video).

Die Enttäuschung, en Allemand, veut dire « la déception ». Et ce titre en lui-même est un concentré de l’humour qui sous-tend la musique de ce quartet étonnant. Leur matériau ? De brèves mélodies souvent un peu naïves qu’ils traitent dans un style à la croisée des chemins entre la manière des quartets sans piano de Gerry Mulligan et d’Ornette Coleman.

Les sonorités acides et les impros angulaires du second alternent avec l’art du contrepoint du premier en un constant va et vient qui fait fi des prétendues frontières de genres. Derrière le côté apparemment foutraque que peuvent afficher certains arrangements, on finit par s’apercevoir, une fois le haïku achevé de façon souvent inattendue, que la forme qu’il revêtait était d’une parfaite limpidité, tout simplement. Ainsi Die Enttäuschung nous décrasse-t-il les oreilles par sa configuration sonore: trompette claire ou bruitiste flanquée d’une clarinette basse (ou non) virevoltante en front line, basse tout terrain et batterie tellurique en soutien. Le son brut, acoustique en diable peut à tout moment subvertir la ligne mélodique pour laquelle il affiche par ailleurs un respect évident. Comment, dans ces conditions, ne pas rester constamment aux aguets ? Derrière la relative uniformité des structures on va en effet de surprise en surprise, se laissant porter par un flot d’inventivité qui, sans tape-à-l’oreille, vous mène de thème joyeux en air romantique, de morceau rubato en groove rustique, sans prétention outrancière mais avec une fraîcheur bienvenue. Le groupe Wasteland du trompettiste Antoine Berjeaut est aux antipodes de cette conception des choses : un spectacle total avec sept performers sur scène (y compris un vidéaste et un slameur). Impossible de résister au flot de sonorités acoustiques et électriques, au flot d’images et au débit de Mike Ladd qui, comme il le dit, nous entraine « dans son délire ». La musique est souvent intense, tendue, parfois inégale, mais traversée d’interventions lumineuses telle que celle de Julien Lourau au soprano ou celle du leader sur une ballade de toute beauté. Reste qu’on peut se demander ce qui fait le lien entre un excellent groupe de musiciens de jazz, un talentueux praticien du spoken world qui intervient de façon intermittente dans une langue que la plus grande partie du public ne comprend pas et des images tantôt omniprésentes, tantôt sporadiques, dont la signification est tout sauf claire. Quel est le sens profond de ce projet multimédia comme on en voit tant fleurir ? Les musiciens présents ne semblent en tout cas pas vraiment portés par une dimension collective ni par le message que les paroles de Ladd parviennent difficilement à transmettre aux plus anglophones des spectateurs. Quant à la pertinence des images… En fait, la musique dont ces instrumentistes sont porteurs ne se suffirait-elle pas à elle-même ? Thierry Quénum

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Jazzdor, 2° soirée. Strasbourg, Pôle Sud, 09/11.

Die Enttäuschung : Axel Dörner (tp), Rudi Mahall (bcl), Jan Roder (b), Uli Jennessen (dm) ; Wasteland : Antoine Berjeaut (tp), Julien Lourau (ts, ss), Mike Ladd (voc), Josef Dumoulin (claviers), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Pierce Warneke (video).

Die Enttäuschung, en Allemand, veut dire « la déception ». Et ce titre en lui-même est un concentré de l’humour qui sous-tend la musique de ce quartet étonnant. Leur matériau ? De brèves mélodies souvent un peu naïves qu’ils traitent dans un style à la croisée des chemins entre la manière des quartets sans piano de Gerry Mulligan et d’Ornette Coleman.

Les sonorités acides et les impros angulaires du second alternent avec l’art du contrepoint du premier en un constant va et vient qui fait fi des prétendues frontières de genres. Derrière le côté apparemment foutraque que peuvent afficher certains arrangements, on finit par s’apercevoir, une fois le haïku achevé de façon souvent inattendue, que la forme qu’il revêtait était d’une parfaite limpidité, tout simplement. Ainsi Die Enttäuschung nous décrasse-t-il les oreilles par sa configuration sonore: trompette claire ou bruitiste flanquée d’une clarinette basse (ou non) virevoltante en front line, basse tout terrain et batterie tellurique en soutien. Le son brut, acoustique en diable peut à tout moment subvertir la ligne mélodique pour laquelle il affiche par ailleurs un respect évident. Comment, dans ces conditions, ne pas rester constamment aux aguets ? Derrière la relative uniformité des structures on va en effet de surprise en surprise, se laissant porter par un flot d’inventivité qui, sans tape-à-l’oreille, vous mène de thème joyeux en air romantique, de morceau rubato en groove rustique, sans prétention outrancière mais avec une fraîcheur bienvenue. Le groupe Wasteland du trompettiste Antoine Berjeaut est aux antipodes de cette conception des choses : un spectacle total avec sept performers sur scène (y compris un vidéaste et un slameur). Impossible de résister au flot de sonorités acoustiques et électriques, au flot d’images et au débit de Mike Ladd qui, comme il le dit, nous entraine « dans son délire ». La musique est souvent intense, tendue, parfois inégale, mais traversée d’interventions lumineuses telle que celle de Julien Lourau au soprano ou celle du leader sur une ballade de toute beauté. Reste qu’on peut se demander ce qui fait le lien entre un excellent groupe de musiciens de jazz, un talentueux praticien du spoken world qui intervient de façon intermittente dans une langue que la plus grande partie du public ne comprend pas et des images tantôt omniprésentes, tantôt sporadiques, dont la signification est tout sauf claire. Quel est le sens profond de ce projet multimédia comme on en voit tant fleurir ? Les musiciens présents ne semblent en tout cas pas vraiment portés par une dimension collective ni par le message que les paroles de Ladd parviennent difficilement à transmettre aux plus anglophones des spectateurs. Quant à la pertinence des images… En fait, la musique dont ces instrumentistes sont porteurs ne se suffirait-elle pas à elle-même ? Thierry Quénum