Jazz live
Publié le 23 Nov 2012
JR, le jazz, les arts et lettres au Sporting Casino de Monte Carlo
Lové dans le Sporting Casino, l’Opéra Garnier figure un écrin à bijoux qui aurait été décoré d’une main par Michel Ange, de l’autre par Gaudi. Lorsque Pino Daniele, rock star transalpine de toujours, aujourd’hui crinière blanche et léger embonpoint lâche ses mots en langue napolitaine de sa drôle de de voix de castrat, soudaiń dans l’obscurité de la salle d’étranges petites lucarnes s’allument au fur et à mesures. Dix, vingt, cinquante écrans de téléphones portables fixent sa silhouette bardée d’une guitare électrique affinée par un assistant. Hier à ses vingt ans, à Naples, aux arènes de Nîmes, à Hyde Park ou même Monterey sans doute mille flammes de briquets auraient jailli en simultané Aujourd’hui dans le théâtre à l’italienne cossu de Monte Carlo les feux de l’amore envers le chanteur chéri brûlent en mode cristaux liquides…
China Moses (voc), Raphaël Lemonnier (p), Daniel Huck (as) Fabien Marcoz (b), jean Pierre Drouard (dm)
Pino Daniele (voc, g), Michael Baker (dm), Rino Zurzolo (b), Gianluca Podo, Elisabetta Serio ( p, Keyb)
Manu Katche (dm), Nils Petter Molvaer (tp), Tore Brunborg ( ss, ts), Jim Watson (org, p)
Chick Corea (p), Christian Mc Bride (b), Brian Blade (dm)
China Moses assure un spectacle carré, sourcé de références incontestables, blues des années vingt et chanteuses ancrées dans l’histoire vocale de la musique négro américaine, de Dinah Washington sa « diva du blues » à Billie Holiday en passant par Bessie Smith. La fille de Dee Dee (Bridgewater) avec le temps se fait un peu moins bavarde dans ses annonces. Les chansons, dans sa bouche arrivent plus vite aprés quelques couplets sur les femmeś les hommes, les amours, les amants et les amantes…Daniel Huck heureusement cisèle sans s’attarder et à plaisir contrechants et chorus modèles aptes â figurer dans le catalogue des références du genre. Pino Daniele balade sa voix falsetto plus nombre devstridences de guitare entre chant, musique world ancrée au bout sud de la botte et un rock binaire franchement appuyé. Quelque part entre un Springsteen de Naples et un Jeff Beck de Méditerranée. Chanteur engagé fidèle à célébrer la vie des quartiers populaires du port et légitime virtuose électrique du manche. Effet du décor luxe de la salle ? En décalage avec les fans italiens qui lui assuraient la claque, un de ses fidèles du crû regrettait tout haut à la sortie son « manque de reconnaissance affiché pour l’organisation et l’accueil monégasque… » Éternelles dissensions nord sud, riches et pauvres…
Avec Manu Katche on a toujours droit par nature â une grand numéro de batterie in vivo. Les coups tombent pile poil sur les peaux et les cuivres. Avec les points, les virgules, les accents placés où il faut et quand il faut. Reste à régler, à propos de cet orchestre un problème de volume. A l’image des boissons anisés, le rapport essentiel pour la saveur se situe entre la dose de liquide anis et le volume d’eau . Son degré de fraîcheur, éventuellement aussi, bien entendu. Le volume justement parlons en: celui pris physiquement par l’instrument du leader et la part dl’expression laissée aux trois autres musiciens dans la masse sonore en particulier. Pour prendre l’image du spectre sonore stéréophonique il manque à cette musique un lien décisif entre les deux canaux de droite et de gauche. Et le seul orgue Hammond ou le piano n’y peuvent pas grand chose. Le trio ça ne pardonne pas La mise en musique de cette faena (travail) comme il se dit en Andalousiie doit se faire avec arte. Chick Corea Trio, dernière version, en toute décontraction affichée, règle le problème dans l’interaction. Des mains aériennes évoluant en suspension sur le clavier tel un ballet dans un lieu qui s’y connaît en danseur étoile, des figures bàties de notes ou d’accords toujours régénérées. Armando’s rumba dédié à son père se vit en échange permanent façon triangle isocèle, un autre hommage à l’un de ses premiers trios (avec Pete La Rocca et Steve Swallow début des années soixante), une version d’All Blues de Miles Davis à partir d’une courte séquence initiale d’accords qui en disent long…le reste vit dans le partage des rôles entre trois musiciens inspirés.Même si au final on retient malgré tout les instants chavirés de ce lutin merveilleux des baguettes -il pousse le vice jusqu’à recaler d’une main sa grosse caisse en cavale sous les coups de pédales sans perdre une barre de mesure- l’inénarrable Brian Blade. Trio classe, point à la ligne.
Et puis comment ne pas évoquer au passage une version d’un des standards cultes du jazz Some day my Prince will come ? Car le prince est venu, le vrai, il a vu et remercié Jean René Palacio. Le fondateur du Monte Carlo Jazz Festival (et désormais également directeur artistique de Jazz à Juan) boss singulier, blouson de cuir et santiag, fou de guitares, due flamenco et de ballon ovale, amours un tantinet singuliers dans ce lieu sacralisé, recevait hier dans les salons du Sporting Casino la médaille de Chevalier des Arts et Lettres des mains de Manu Katche au nom du President de la République et du Ministre de la Culture (les précédents) La reconnaissance d’un boulot de promotion artistique et d’un goût sur commencé à Jazz à Vienne, poursuivi à Grenoble et amplifié sur le Rocher et la Côte d’Azur. Qui l’eût cru il y sept ans seulement ? Avec lui le présent et l’à venir du jazz à Monte Carlo se jouent, et oui, au Sporting Casino. JR (son nom de scène) faites vos jeux !
Monte Carlo, Opéra Garnier
ce soir vendredi 23/11 Diana Krall
demain samedi 24/11 Ibrahim Maalouf, Marcus Miller Band
Robert Latxague
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Lové dans le Sporting Casino, l’Opéra Garnier figure un écrin à bijoux qui aurait été décoré d’une main par Michel Ange, de l’autre par Gaudi. Lorsque Pino Daniele, rock star transalpine de toujours, aujourd’hui crinière blanche et léger embonpoint lâche ses mots en langue napolitaine de sa drôle de de voix de castrat, soudaiń dans l’obscurité de la salle d’étranges petites lucarnes s’allument au fur et à mesures. Dix, vingt, cinquante écrans de téléphones portables fixent sa silhouette bardée d’une guitare électrique affinée par un assistant. Hier à ses vingt ans, à Naples, aux arènes de Nîmes, à Hyde Park ou même Monterey sans doute mille flammes de briquets auraient jailli en simultané Aujourd’hui dans le théâtre à l’italienne cossu de Monte Carlo les feux de l’amore envers le chanteur chéri brûlent en mode cristaux liquides…
China Moses (voc), Raphaël Lemonnier (p), Daniel Huck (as) Fabien Marcoz (b), jean Pierre Drouard (dm)
Pino Daniele (voc, g), Michael Baker (dm), Rino Zurzolo (b), Gianluca Podo, Elisabetta Serio ( p, Keyb)
Manu Katche (dm), Nils Petter Molvaer (tp), Tore Brunborg ( ss, ts), Jim Watson (org, p)
Chick Corea (p), Christian Mc Bride (b), Brian Blade (dm)
China Moses assure un spectacle carré, sourcé de références incontestables, blues des années vingt et chanteuses ancrées dans l’histoire vocale de la musique négro américaine, de Dinah Washington sa « diva du blues » à Billie Holiday en passant par Bessie Smith. La fille de Dee Dee (Bridgewater) avec le temps se fait un peu moins bavarde dans ses annonces. Les chansons, dans sa bouche arrivent plus vite aprés quelques couplets sur les femmeś les hommes, les amours, les amants et les amantes…Daniel Huck heureusement cisèle sans s’attarder et à plaisir contrechants et chorus modèles aptes â figurer dans le catalogue des références du genre. Pino Daniele balade sa voix falsetto plus nombre devstridences de guitare entre chant, musique world ancrée au bout sud de la botte et un rock binaire franchement appuyé. Quelque part entre un Springsteen de Naples et un Jeff Beck de Méditerranée. Chanteur engagé fidèle à célébrer la vie des quartiers populaires du port et légitime virtuose électrique du manche. Effet du décor luxe de la salle ? En décalage avec les fans italiens qui lui assuraient la claque, un de ses fidèles du crû regrettait tout haut à la sortie son « manque de reconnaissance affiché pour l’organisation et l’accueil monégasque… » Éternelles dissensions nord sud, riches et pauvres…
Avec Manu Katche on a toujours droit par nature â une grand numéro de batterie in vivo. Les coups tombent pile poil sur les peaux et les cuivres. Avec les points, les virgules, les accents placés où il faut et quand il faut. Reste à régler, à propos de cet orchestre un problème de volume. A l’image des boissons anisés, le rapport essentiel pour la saveur se situe entre la dose de liquide anis et le volume d’eau . Son degré de fraîcheur, éventuellement aussi, bien entendu. Le volume justement parlons en: celui pris physiquement par l’instrument du leader et la part dl’expression laissée aux trois autres musiciens dans la masse sonore en particulier. Pour prendre l’image du spectre sonore stéréophonique il manque à cette musique un lien décisif entre les deux canaux de droite et de gauche. Et le seul orgue Hammond ou le piano n’y peuvent pas grand chose. Le trio ça ne pardonne pas La mise en musique de cette faena (travail) comme il se dit en Andalousiie doit se faire avec arte. Chick Corea Trio, dernière version, en toute décontraction affichée, règle le problème dans l’interaction. Des mains aériennes évoluant en suspension sur le clavier tel un ballet dans un lieu qui s’y connaît en danseur étoile, des figures bàties de notes ou d’accords toujours régénérées. Armando’s rumba dédié à son père se vit en échange permanent façon triangle isocèle, un autre hommage à l’un de ses premiers trios (avec Pete La Rocca et Steve Swallow début des années soixante), une version d’All Blues de Miles Davis à partir d’une courte séquence initiale d’accords qui en disent long…le reste vit dans le partage des rôles entre trois musiciens inspirés.Même si au final on retient malgré tout les instants chavirés de ce lutin merveilleux des baguettes -il pousse le vice jusqu’à recaler d’une main sa grosse caisse en cavale sous les coups de pédales sans perdre une barre de mesure- l’inénarrable Brian Blade. Trio classe, point à la ligne.
Et puis comment ne pas évoquer au passage une version d’un des standards cultes du jazz Some day my Prince will come ? Car le prince est venu, le vrai, il a vu et remercié Jean René Palacio. Le fondateur du Monte Carlo Jazz Festival (et désormais également directeur artistique de Jazz à Juan) boss singulier, blouson de cuir et santiag, fou de guitares, due flamenco et de ballon ovale, amours un tantinet singuliers dans ce lieu sacralisé, recevait hier dans les salons du Sporting Casino la médaille de Chevalier des Arts et Lettres des mains de Manu Katche au nom du President de la République et du Ministre de la Culture (les précédents) La reconnaissance d’un boulot de promotion artistique et d’un goût sur commencé à Jazz à Vienne, poursuivi à Grenoble et amplifié sur le Rocher et la Côte d’Azur. Qui l’eût cru il y sept ans seulement ? Avec lui le présent et l’à venir du jazz à Monte Carlo se jouent, et oui, au Sporting Casino. JR (son nom de scène) faites vos jeux !
Monte Carlo, Opéra Garnier
ce soir vendredi 23/11 Diana Krall
demain samedi 24/11 Ibrahim Maalouf, Marcus Miller Band
Robert Latxague
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Lové dans le Sporting Casino, l’Opéra Garnier figure un écrin à bijoux qui aurait été décoré d’une main par Michel Ange, de l’autre par Gaudi. Lorsque Pino Daniele, rock star transalpine de toujours, aujourd’hui crinière blanche et léger embonpoint lâche ses mots en langue napolitaine de sa drôle de de voix de castrat, soudaiń dans l’obscurité de la salle d’étranges petites lucarnes s’allument au fur et à mesures. Dix, vingt, cinquante écrans de téléphones portables fixent sa silhouette bardée d’une guitare électrique affinée par un assistant. Hier à ses vingt ans, à Naples, aux arènes de Nîmes, à Hyde Park ou même Monterey sans doute mille flammes de briquets auraient jailli en simultané Aujourd’hui dans le théâtre à l’italienne cossu de Monte Carlo les feux de l’amore envers le chanteur chéri brûlent en mode cristaux liquides…
China Moses (voc), Raphaël Lemonnier (p), Daniel Huck (as) Fabien Marcoz (b), jean Pierre Drouard (dm)
Pino Daniele (voc, g), Michael Baker (dm), Rino Zurzolo (b), Gianluca Podo, Elisabetta Serio ( p, Keyb)
Manu Katche (dm), Nils Petter Molvaer (tp), Tore Brunborg ( ss, ts), Jim Watson (org, p)
Chick Corea (p), Christian Mc Bride (b), Brian Blade (dm)
China Moses assure un spectacle carré, sourcé de références incontestables, blues des années vingt et chanteuses ancrées dans l’histoire vocale de la musique négro américaine, de Dinah Washington sa « diva du blues » à Billie Holiday en passant par Bessie Smith. La fille de Dee Dee (Bridgewater) avec le temps se fait un peu moins bavarde dans ses annonces. Les chansons, dans sa bouche arrivent plus vite aprés quelques couplets sur les femmeś les hommes, les amours, les amants et les amantes…Daniel Huck heureusement cisèle sans s’attarder et à plaisir contrechants et chorus modèles aptes â figurer dans le catalogue des références du genre. Pino Daniele balade sa voix falsetto plus nombre devstridences de guitare entre chant, musique world ancrée au bout sud de la botte et un rock binaire franchement appuyé. Quelque part entre un Springsteen de Naples et un Jeff Beck de Méditerranée. Chanteur engagé fidèle à célébrer la vie des quartiers populaires du port et légitime virtuose électrique du manche. Effet du décor luxe de la salle ? En décalage avec les fans italiens qui lui assuraient la claque, un de ses fidèles du crû regrettait tout haut à la sortie son « manque de reconnaissance affiché pour l’organisation et l’accueil monégasque… » Éternelles dissensions nord sud, riches et pauvres…
Avec Manu Katche on a toujours droit par nature â une grand numéro de batterie in vivo. Les coups tombent pile poil sur les peaux et les cuivres. Avec les points, les virgules, les accents placés où il faut et quand il faut. Reste à régler, à propos de cet orchestre un problème de volume. A l’image des boissons anisés, le rapport essentiel pour la saveur se situe entre la dose de liquide anis et le volume d’eau . Son degré de fraîcheur, éventuellement aussi, bien entendu. Le volume justement parlons en: celui pris physiquement par l’instrument du leader et la part dl’expression laissée aux trois autres musiciens dans la masse sonore en particulier. Pour prendre l’image du spectre sonore stéréophonique il manque à cette musique un lien décisif entre les deux canaux de droite et de gauche. Et le seul orgue Hammond ou le piano n’y peuvent pas grand chose. Le trio ça ne pardonne pas La mise en musique de cette faena (travail) comme il se dit en Andalousiie doit se faire avec arte. Chick Corea Trio, dernière version, en toute décontraction affichée, règle le problème dans l’interaction. Des mains aériennes évoluant en suspension sur le clavier tel un ballet dans un lieu qui s’y connaît en danseur étoile, des figures bàties de notes ou d’accords toujours régénérées. Armando’s rumba dédié à son père se vit en échange permanent façon triangle isocèle, un autre hommage à l’un de ses premiers trios (avec Pete La Rocca et Steve Swallow début des années soixante), une version d’All Blues de Miles Davis à partir d’une courte séquence initiale d’accords qui en disent long…le reste vit dans le partage des rôles entre trois musiciens inspirés.Même si au final on retient malgré tout les instants chavirés de ce lutin merveilleux des baguettes -il pousse le vice jusqu’à recaler d’une main sa grosse caisse en cavale sous les coups de pédales sans perdre une barre de mesure- l’inénarrable Brian Blade. Trio classe, point à la ligne.
Et puis comment ne pas évoquer au passage une version d’un des standards cultes du jazz Some day my Prince will come ? Car le prince est venu, le vrai, il a vu et remercié Jean René Palacio. Le fondateur du Monte Carlo Jazz Festival (et désormais également directeur artistique de Jazz à Juan) boss singulier, blouson de cuir et santiag, fou de guitares, due flamenco et de ballon ovale, amours un tantinet singuliers dans ce lieu sacralisé, recevait hier dans les salons du Sporting Casino la médaille de Chevalier des Arts et Lettres des mains de Manu Katche au nom du President de la République et du Ministre de la Culture (les précédents) La reconnaissance d’un boulot de promotion artistique et d’un goût sur commencé à Jazz à Vienne, poursuivi à Grenoble et amplifié sur le Rocher et la Côte d’Azur. Qui l’eût cru il y sept ans seulement ? Avec lui le présent et l’à venir du jazz à Monte Carlo se jouent, et oui, au Sporting Casino. JR (son nom de scène) faites vos jeux !
Monte Carlo, Opéra Garnier
ce soir vendredi 23/11 Diana Krall
demain samedi 24/11 Ibrahim Maalouf, Marcus Miller Band
Robert Latxague
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Lové dans le Sporting Casino, l’Opéra Garnier figure un écrin à bijoux qui aurait été décoré d’une main par Michel Ange, de l’autre par Gaudi. Lorsque Pino Daniele, rock star transalpine de toujours, aujourd’hui crinière blanche et léger embonpoint lâche ses mots en langue napolitaine de sa drôle de de voix de castrat, soudaiń dans l’obscurité de la salle d’étranges petites lucarnes s’allument au fur et à mesures. Dix, vingt, cinquante écrans de téléphones portables fixent sa silhouette bardée d’une guitare électrique affinée par un assistant. Hier à ses vingt ans, à Naples, aux arènes de Nîmes, à Hyde Park ou même Monterey sans doute mille flammes de briquets auraient jailli en simultané Aujourd’hui dans le théâtre à l’italienne cossu de Monte Carlo les feux de l’amore envers le chanteur chéri brûlent en mode cristaux liquides…
China Moses (voc), Raphaël Lemonnier (p), Daniel Huck (as) Fabien Marcoz (b), jean Pierre Drouard (dm)
Pino Daniele (voc, g), Michael Baker (dm), Rino Zurzolo (b), Gianluca Podo, Elisabetta Serio ( p, Keyb)
Manu Katche (dm), Nils Petter Molvaer (tp), Tore Brunborg ( ss, ts), Jim Watson (org, p)
Chick Corea (p), Christian Mc Bride (b), Brian Blade (dm)
China Moses assure un spectacle carré, sourcé de références incontestables, blues des années vingt et chanteuses ancrées dans l’histoire vocale de la musique négro américaine, de Dinah Washington sa « diva du blues » à Billie Holiday en passant par Bessie Smith. La fille de Dee Dee (Bridgewater) avec le temps se fait un peu moins bavarde dans ses annonces. Les chansons, dans sa bouche arrivent plus vite aprés quelques couplets sur les femmeś les hommes, les amours, les amants et les amantes…Daniel Huck heureusement cisèle sans s’attarder et à plaisir contrechants et chorus modèles aptes â figurer dans le catalogue des références du genre. Pino Daniele balade sa voix falsetto plus nombre devstridences de guitare entre chant, musique world ancrée au bout sud de la botte et un rock binaire franchement appuyé. Quelque part entre un Springsteen de Naples et un Jeff Beck de Méditerranée. Chanteur engagé fidèle à célébrer la vie des quartiers populaires du port et légitime virtuose électrique du manche. Effet du décor luxe de la salle ? En décalage avec les fans italiens qui lui assuraient la claque, un de ses fidèles du crû regrettait tout haut à la sortie son « manque de reconnaissance affiché pour l’organisation et l’accueil monégasque… » Éternelles dissensions nord sud, riches et pauvres…
Avec Manu Katche on a toujours droit par nature â une grand numéro de batterie in vivo. Les coups tombent pile poil sur les peaux et les cuivres. Avec les points, les virgules, les accents placés où il faut et quand il faut. Reste à régler, à propos de cet orchestre un problème de volume. A l’image des boissons anisés, le rapport essentiel pour la saveur se situe entre la dose de liquide anis et le volume d’eau . Son degré de fraîcheur, éventuellement aussi, bien entendu. Le volume justement parlons en: celui pris physiquement par l’instrument du leader et la part dl’expression laissée aux trois autres musiciens dans la masse sonore en particulier. Pour prendre l’image du spectre sonore stéréophonique il manque à cette musique un lien décisif entre les deux canaux de droite et de gauche. Et le seul orgue Hammond ou le piano n’y peuvent pas grand chose. Le trio ça ne pardonne pas La mise en musique de cette faena (travail) comme il se dit en Andalousiie doit se faire avec arte. Chick Corea Trio, dernière version, en toute décontraction affichée, règle le problème dans l’interaction. Des mains aériennes évoluant en suspension sur le clavier tel un ballet dans un lieu qui s’y connaît en danseur étoile, des figures bàties de notes ou d’accords toujours régénérées. Armando’s rumba dédié à son père se vit en échange permanent façon triangle isocèle, un autre hommage à l’un de ses premiers trios (avec Pete La Rocca et Steve Swallow début des années soixante), une version d’All Blues de Miles Davis à partir d’une courte séquence initiale d’accords qui en disent long…le reste vit dans le partage des rôles entre trois musiciens inspirés.Même si au final on retient malgré tout les instants chavirés de ce lutin merveilleux des baguettes -il pousse le vice jusqu’à recaler d’une main sa grosse caisse en cavale sous les coups de pédales sans perdre une barre de mesure- l’inénarrable Brian Blade. Trio classe, point à la ligne.
Et puis comment ne pas évoquer au passage une version d’un des standards cultes du jazz Some day my Prince will come ? Car le prince est venu, le vrai, il a vu et remercié Jean René Palacio. Le fondateur du Monte Carlo Jazz Festival (et désormais également directeur artistique de Jazz à Juan) boss singulier, blouson de cuir et santiag, fou de guitares, due flamenco et de ballon ovale, amours un tantinet singuliers dans ce lieu sacralisé, recevait hier dans les salons du Sporting Casino la médaille de Chevalier des Arts et Lettres des mains de Manu Katche au nom du President de la République et du Ministre de la Culture (les précédents) La reconnaissance d’un boulot de promotion artistique et d’un goût sur commencé à Jazz à Vienne, poursuivi à Grenoble et amplifié sur le Rocher et la Côte d’Azur. Qui l’eût cru il y sept ans seulement ? Avec lui le présent et l’à venir du jazz à Monte Carlo se jouent, et oui, au Sporting Casino. JR (son nom de scène) faites vos jeux !
Monte Carlo, Opéra Garnier
ce soir vendredi 23/11 Diana Krall
demain samedi 24/11 Ibrahim Maalouf, Marcus Miller Band
Robert Latxague