Jazz live
Publié le 30 Mar 2022

Julien Alour au studio de l’ermitage

 

 

 

Jeudi dernier, le trompettiste Julien Alour célébrait la sortie de son troisième album, Light in the Box.

 

 

Julien Alour (trompette), Yoni Zelnik (contrebasse), Eli Martin-Charrière (batterie), Simon Chivallon (fender), Studio de l’Ermitage, jeudi 24 février 2022

 

 

J’ai écouté pour la première fois Julien Alour vers 2015-2016. Il jouait une musique d’esprit hard-bop, pleine de mordant et de sève,mais c’était encore un peu vert. Depuis, deux ou trois ans, à chaque fois que je l’écoute, je constate à quel point il a franchi un cap (et même plusieurs). Au Studio de l’Ermitage, ce soir-là, je suis frappé par sa maîtrise, son autorité, son aisance technique. Le groove et l’énergie sont toujours là, mais avec des ingrédients supplémentaires: quelques embardées inattendues, des sorties de route volontaires, des trouées mélancoliques. Son jeu, et même sa sonorité, s’est ouvert.

Son album Light in a box ne marque pas seulement l’arrivée à maturité d’un superbe trompettiste, il révèle aussi un compositeur inspiré. Tous les morceaux joués ce soir sont de sa plume, et certains sont vraiment remarquables, Julien Alour semble exceller dans le registre « enlevé mais pas que ». C’est le cas de Serpent à vapeur, le morceau qui ouvre le disque, précédé ce soir là, au Studio de l’Ermitage, d’une magnifique introduction a capella, ou Tobo, avec cette violence latente qui éclate soudain, ou encore Sun, Sun, Sun, dont le titre ne ment pas.

Ces compositions sont mises en valeur par la très belle équipe qu’il a réunie autour de lui. Elie martin-Charrière à la batterie, la finesse même, Yoni Zelnik, à la contrebasse, bien plus  interlocuteur qu’accompagnateur, et le fantastique Simon Chivallon au fender: quelle bonne idée que d’utiliser cet instrument dans un contexte de jazz contemporain, sans pasticher ni rendre hommage aux disques  Blue Note des années 60-70. Simon Chivallon sait grover avec une délicatesse qui n’appartient qu’à lui, en laissant beaucoup d’espace, d’ouvertures, mais de manière irréfutable. A la fin du concert, la vocaliste Camille Bertault vient chanter quelques morceaux dont le remarquable Ballade For N, avec ses intervalles acrobatiques, son atmosphère mystérieuse. Elle en évite tous les pièges avec maestria. Très beau morceau, qui figure sur le disque, et qui démontre que Julien Alour est capable de sortir du registre ensoleillé où il excelle: comme compositeur aussi, son registre s’est ouvert.

 

JF mondot