Jazz live
Publié le 21 Nov 2014

Lee Konitz Quartet. Paris, le Sunside , 18/11.

Deux sets par soir deux soirs de suite, c’est le régime habituel au Sunside pour les vedettes, américaines ou autres. Comme j’arrive en retard au premier set, j’ai la délicieuse surprise d’entendre directement, sans bla-bla ni mise en route, Konitz tourner avec un malicieuse économie de moyens autour de la mélodie de « Solar » tandis que Thomas Rueckert (le pianiste qui remplace Florian Weber, annoncé sur l’affiche) se charge des harmonies avec un toucher d’une finesse délectable, tout en puisant avec une grande intelligence dans son sac à Bach.

Lee Konitz Quartet. Paris, le Sunside, 18/11: Lee Konitz (as, voc), Thomas Rueckert (p), Jeremy Stratton (b), George Schuller (dm, voc).

Et je ne suis pas au bout de mes surprises : sur « I Hear a Rhapsody », à peine la mélodie exposée, l’altiste vétéran se lance dans un scat tout sauf virtuose mais totalement saturé de second degré. Quand (George Schuller — oui, le fils de Gunther et le frère d’Ed — qui remplace Dan Weiss à la batterie) le rejoint d’une voix plus assurée, tout le public sourit ou rit franchement puis reprend la mélodie en chœur (sans les paroles, évidemment). Il faut avouer qu’il a pris un coup de vieux, ce cher Lee. L’alto se fait parfois chevrotant, descend dans des graves imprévus, grimpe dans des aigus périlleux… mais le son est toujours là et le phrasé de même. Par ailleurs, parfaitement conscient de ses fragilités, ce roublard de Konitz en joue, les expose ou les déjoue. D’une certaine façon, la maîtrise c’est cela. Celle d’un vieux maître qui ne s’est jamais cherché de disciples — même si plus d’un souffleur d’anche plus jeune que lui reconnaît sa dette envers l’aîné — mais qui assume totalement le trajet accompli et sait fort bien ce qu’il lui reste à dire. Et puis — un peu comme le Don Cherry de la fin — Konitz sait merveilleusement bien s’entourer. Le jeu de Thomas Rueckert — si méconnu de ce côté-ci du Rhin et que je connais à peine — est un enchantement permanent tant au niveau de l’inventivité que des qualités proprement pianistiques. George Schuller est un de ces excellents batteurs au jeu subtil et fourni, jamais à court d’une ponctuation inattendue, et que l’on n’entend pas souvent de ce côté de l’Atlantique. Quant à Jeremy Stratton, sa basse est d’une souplesse remarquable et son empathie avec son leader comme avec ses deux comparses de la section rythmique est l’un des points d’ancrage les plus solides de ce quartet « bricolé » mais plus réjouissant que bien des touring bands qui écument en roue libre les clubs et les salles de concerts.

Qu’on nous offre (contre rétribution, bien évidemment) un concert de Lee Konitz et de ce trio en club une fois par mois, et je peux vous garantir que le soleil brillera plus souvent sur Paris en novembre… même après 20h. Thierry Quénum

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Deux sets par soir deux soirs de suite, c’est le régime habituel au Sunside pour les vedettes, américaines ou autres. Comme j’arrive en retard au premier set, j’ai la délicieuse surprise d’entendre directement, sans bla-bla ni mise en route, Konitz tourner avec un malicieuse économie de moyens autour de la mélodie de « Solar » tandis que Thomas Rueckert (le pianiste qui remplace Florian Weber, annoncé sur l’affiche) se charge des harmonies avec un toucher d’une finesse délectable, tout en puisant avec une grande intelligence dans son sac à Bach.

Lee Konitz Quartet. Paris, le Sunside, 18/11: Lee Konitz (as, voc), Thomas Rueckert (p), Jeremy Stratton (b), George Schuller (dm, voc).

Et je ne suis pas au bout de mes surprises : sur « I Hear a Rhapsody », à peine la mélodie exposée, l’altiste vétéran se lance dans un scat tout sauf virtuose mais totalement saturé de second degré. Quand (George Schuller — oui, le fils de Gunther et le frère d’Ed — qui remplace Dan Weiss à la batterie) le rejoint d’une voix plus assurée, tout le public sourit ou rit franchement puis reprend la mélodie en chœur (sans les paroles, évidemment). Il faut avouer qu’il a pris un coup de vieux, ce cher Lee. L’alto se fait parfois chevrotant, descend dans des graves imprévus, grimpe dans des aigus périlleux… mais le son est toujours là et le phrasé de même. Par ailleurs, parfaitement conscient de ses fragilités, ce roublard de Konitz en joue, les expose ou les déjoue. D’une certaine façon, la maîtrise c’est cela. Celle d’un vieux maître qui ne s’est jamais cherché de disciples — même si plus d’un souffleur d’anche plus jeune que lui reconnaît sa dette envers l’aîné — mais qui assume totalement le trajet accompli et sait fort bien ce qu’il lui reste à dire. Et puis — un peu comme le Don Cherry de la fin — Konitz sait merveilleusement bien s’entourer. Le jeu de Thomas Rueckert — si méconnu de ce côté-ci du Rhin et que je connais à peine — est un enchantement permanent tant au niveau de l’inventivité que des qualités proprement pianistiques. George Schuller est un de ces excellents batteurs au jeu subtil et fourni, jamais à court d’une ponctuation inattendue, et que l’on n’entend pas souvent de ce côté de l’Atlantique. Quant à Jeremy Stratton, sa basse est d’une souplesse remarquable et son empathie avec son leader comme avec ses deux comparses de la section rythmique est l’un des points d’ancrage les plus solides de ce quartet « bricolé » mais plus réjouissant que bien des touring bands qui écument en roue libre les clubs et les salles de concerts.

Qu’on nous offre (contre rétribution, bien évidemment) un concert de Lee Konitz et de ce trio en club une fois par mois, et je peux vous garantir que le soleil brillera plus souvent sur Paris en novembre… même après 20h. Thierry Quénum

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Deux sets par soir deux soirs de suite, c’est le régime habituel au Sunside pour les vedettes, américaines ou autres. Comme j’arrive en retard au premier set, j’ai la délicieuse surprise d’entendre directement, sans bla-bla ni mise en route, Konitz tourner avec un malicieuse économie de moyens autour de la mélodie de « Solar » tandis que Thomas Rueckert (le pianiste qui remplace Florian Weber, annoncé sur l’affiche) se charge des harmonies avec un toucher d’une finesse délectable, tout en puisant avec une grande intelligence dans son sac à Bach.

Lee Konitz Quartet. Paris, le Sunside, 18/11: Lee Konitz (as, voc), Thomas Rueckert (p), Jeremy Stratton (b), George Schuller (dm, voc).

Et je ne suis pas au bout de mes surprises : sur « I Hear a Rhapsody », à peine la mélodie exposée, l’altiste vétéran se lance dans un scat tout sauf virtuose mais totalement saturé de second degré. Quand (George Schuller — oui, le fils de Gunther et le frère d’Ed — qui remplace Dan Weiss à la batterie) le rejoint d’une voix plus assurée, tout le public sourit ou rit franchement puis reprend la mélodie en chœur (sans les paroles, évidemment). Il faut avouer qu’il a pris un coup de vieux, ce cher Lee. L’alto se fait parfois chevrotant, descend dans des graves imprévus, grimpe dans des aigus périlleux… mais le son est toujours là et le phrasé de même. Par ailleurs, parfaitement conscient de ses fragilités, ce roublard de Konitz en joue, les expose ou les déjoue. D’une certaine façon, la maîtrise c’est cela. Celle d’un vieux maître qui ne s’est jamais cherché de disciples — même si plus d’un souffleur d’anche plus jeune que lui reconnaît sa dette envers l’aîné — mais qui assume totalement le trajet accompli et sait fort bien ce qu’il lui reste à dire. Et puis — un peu comme le Don Cherry de la fin — Konitz sait merveilleusement bien s’entourer. Le jeu de Thomas Rueckert — si méconnu de ce côté-ci du Rhin et que je connais à peine — est un enchantement permanent tant au niveau de l’inventivité que des qualités proprement pianistiques. George Schuller est un de ces excellents batteurs au jeu subtil et fourni, jamais à court d’une ponctuation inattendue, et que l’on n’entend pas souvent de ce côté de l’Atlantique. Quant à Jeremy Stratton, sa basse est d’une souplesse remarquable et son empathie avec son leader comme avec ses deux comparses de la section rythmique est l’un des points d’ancrage les plus solides de ce quartet « bricolé » mais plus réjouissant que bien des touring bands qui écument en roue libre les clubs et les salles de concerts.

Qu’on nous offre (contre rétribution, bien évidemment) un concert de Lee Konitz et de ce trio en club une fois par mois, et je peux vous garantir que le soleil brillera plus souvent sur Paris en novembre… même après 20h. Thierry Quénum

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Deux sets par soir deux soirs de suite, c’est le régime habituel au Sunside pour les vedettes, américaines ou autres. Comme j’arrive en retard au premier set, j’ai la délicieuse surprise d’entendre directement, sans bla-bla ni mise en route, Konitz tourner avec un malicieuse économie de moyens autour de la mélodie de « Solar » tandis que Thomas Rueckert (le pianiste qui remplace Florian Weber, annoncé sur l’affiche) se charge des harmonies avec un toucher d’une finesse délectable, tout en puisant avec une grande intelligence dans son sac à Bach.

Lee Konitz Quartet. Paris, le Sunside, 18/11: Lee Konitz (as, voc), Thomas Rueckert (p), Jeremy Stratton (b), George Schuller (dm, voc).

Et je ne suis pas au bout de mes surprises : sur « I Hear a Rhapsody », à peine la mélodie exposée, l’altiste vétéran se lance dans un scat tout sauf virtuose mais totalement saturé de second degré. Quand (George Schuller — oui, le fils de Gunther et le frère d’Ed — qui remplace Dan Weiss à la batterie) le rejoint d’une voix plus assurée, tout le public sourit ou rit franchement puis reprend la mélodie en chœur (sans les paroles, évidemment). Il faut avouer qu’il a pris un coup de vieux, ce cher Lee. L’alto se fait parfois chevrotant, descend dans des graves imprévus, grimpe dans des aigus périlleux… mais le son est toujours là et le phrasé de même. Par ailleurs, parfaitement conscient de ses fragilités, ce roublard de Konitz en joue, les expose ou les déjoue. D’une certaine façon, la maîtrise c’est cela. Celle d’un vieux maître qui ne s’est jamais cherché de disciples — même si plus d’un souffleur d’anche plus jeune que lui reconnaît sa dette envers l’aîné — mais qui assume totalement le trajet accompli et sait fort bien ce qu’il lui reste à dire. Et puis — un peu comme le Don Cherry de la fin — Konitz sait merveilleusement bien s’entourer. Le jeu de Thomas Rueckert — si méconnu de ce côté-ci du Rhin et que je connais à peine — est un enchantement permanent tant au niveau de l’inventivité que des qualités proprement pianistiques. George Schuller est un de ces excellents batteurs au jeu subtil et fourni, jamais à court d’une ponctuation inattendue, et que l’on n’entend pas souvent de ce côté de l’Atlantique. Quant à Jeremy Stratton, sa basse est d’une souplesse remarquable et son empathie avec son leader comme avec ses deux comparses de la section rythmique est l’un des points d’ancrage les plus solides de ce quartet « bricolé » mais plus réjouissant que bien des touring bands qui écument en roue libre les clubs et les salles de concerts.

Qu’on nous offre (contre rétribution, bien évidemment) un concert de Lee Konitz et de ce trio en club une fois par mois, et je peux vous garantir que le soleil brillera plus souvent sur Paris en novembre… même après 20h. Thierry Quénum