Jazz live
Publié le 9 Juil 2017

North Sea Jazz Festival (2): 8 juillet 2017

Comment rendre compte d’une programmation aussi foisonnante que celle du North Sea Jazz Festival ? Pour ce deuxième compte-rendu, vous me permettrez de me restreindre à deux concerts marquants de la journée de samedi, ceux de Christian McBride et du duo Chick Corea / Belá Fleck.

christian-mcbrides-new-jawn

Christian McBride’s New Jawn (scène Hudson, 18 heures) : Josh Evans (tp), Marcus Strickland (ts), Christian McBride (b), Nasheet Waits (dm).

Contrebassiste phénoménal, Christian McBride a connu des fortunes diverses en tant que leader, mais ce New Jawn (mot d’argot de Philadelphie pouvant signifier tout en n’importe quoi, en l’occurrence : « groupe ») est assurément un grand cru. Quartette sans piano, il met en vedette deux soufflants de premier ordre : Marcus Strickland au ténor, qu’on ne présente plus, et Josh Evans à la trompette, qui fut pour moi une révélation : l’homme fait partie de ces solistes rares dont chaque note paraît chargée de sens, dont chaque phrase participe d’un discours musical parfaitement maîtrisé et structuré, dont le lyrisme sans apprêt plonge ses racines dans la tradition tout en sonnant parfaitement contemporain. Quant à la rythmique, elle associe pour la première fois la contrebasse solide et charpentée de McBride à la batterie volubile et toujours hyper-swinguante de Nasheet Waits. Après avoir interprété Sightseeing de Wayne Shorter, ce dernier sera salué d’une poignée de main par Peter Erskine lui-même, qui avait enregistré le premier la composition sur l’album “8:30”de Weather Report, et qui venait de se produire sur la même scène avec le Monk’ Estra de John Beasley. La classe ! Et histoire de prouver que notre homme n’est pas bon qu’à groover, c’est encore Waits qui signe l’une des plus belles compositions du set, une ballade en apesanteur dont le titre m’échappe, mais dont les effluves persistants continuent de m’enivrer.

chick-corea-bela-fleck

Chick Corea / Belá Fleck (scène Hudson, 21h) : Chick Corea (piano), Belá Fleck (banjo).

« Quand j’ai commencé à jouer avec Belá, je n’aimais pas tellement le banjo… » plaisante l’artiste en résidence, dont c’était la deuxième apparition au festival, après un concert la veille avec son Electric Band. Venu de l’univers du Bluegrass, il est vrai que Belá Fleck pouvait faire figure d’ovni dans l’univers de Chick Corea, lorsqu’il y fit irruption en 2006. Et pourtant, rien que de très naturel dans cette association, qui s’inscrit dans la lignée des grands duos du pianiste (avec Gary Burton, Herbie Hancock, Bobby McFerrin…). Le face-à-face prend le plus souvent la forme d’un dialogue au sens propre du terme, jeu de questions-réponses où les deux compères se provoquent gentiment dans une surenchère où la virtuosité le dispute à l’humour, l’invention mélodique à la verve rythmique. N’ayant pas joué ensemble depuis un certain temps, ils puisent une bonne partie du répertoire dans leur album live “Two”, paru en 2015 : le classique Children’s Song N°6 du pianiste, le bluegrass Mountain du banjoïste… Parmi les belles surprises : Juno, composition primesautière de Fleck dédié à son fils né en 2013, et deux pièces de Domenico Scarlatti choisies par Corea, où la sonorité du banjo n’est pas sans évoquer les concertos pour mandoline de Vivaldi. En guise de rappel, deux incontournables : Armando’s Rumba d’abord, et pour finir une mémorable relecture du Brazil d’Ary Barroso. Comme quoi, le banjo n’a pas plus de frontières que le piano, même si le duo n’est pas allé jusqu’à jouer Spain !

Pascal Rozat|

Comment rendre compte d’une programmation aussi foisonnante que celle du North Sea Jazz Festival ? Pour ce deuxième compte-rendu, vous me permettrez de me restreindre à deux concerts marquants de la journée de samedi, ceux de Christian McBride et du duo Chick Corea / Belá Fleck.

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Christian McBride’s New Jawn (scène Hudson, 18 heures) : Josh Evans (tp), Marcus Strickland (ts), Christian McBride (b), Nasheet Waits (dm).

Contrebassiste phénoménal, Christian McBride a connu des fortunes diverses en tant que leader, mais ce New Jawn (mot d’argot de Philadelphie pouvant signifier tout en n’importe quoi, en l’occurrence : « groupe ») est assurément un grand cru. Quartette sans piano, il met en vedette deux soufflants de premier ordre : Marcus Strickland au ténor, qu’on ne présente plus, et Josh Evans à la trompette, qui fut pour moi une révélation : l’homme fait partie de ces solistes rares dont chaque note paraît chargée de sens, dont chaque phrase participe d’un discours musical parfaitement maîtrisé et structuré, dont le lyrisme sans apprêt plonge ses racines dans la tradition tout en sonnant parfaitement contemporain. Quant à la rythmique, elle associe pour la première fois la contrebasse solide et charpentée de McBride à la batterie volubile et toujours hyper-swinguante de Nasheet Waits. Après avoir interprété Sightseeing de Wayne Shorter, ce dernier sera salué d’une poignée de main par Peter Erskine lui-même, qui avait enregistré le premier la composition sur l’album “8:30”de Weather Report, et qui venait de se produire sur la même scène avec le Monk’ Estra de John Beasley. La classe ! Et histoire de prouver que notre homme n’est pas bon qu’à groover, c’est encore Waits qui signe l’une des plus belles compositions du set, une ballade en apesanteur dont le titre m’échappe, mais dont les effluves persistants continuent de m’enivrer.

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Chick Corea / Belá Fleck (scène Hudson, 21h) : Chick Corea (piano), Belá Fleck (banjo).

« Quand j’ai commencé à jouer avec Belá, je n’aimais pas tellement le banjo… » plaisante l’artiste en résidence, dont c’était la deuxième apparition au festival, après un concert la veille avec son Electric Band. Venu de l’univers du Bluegrass, il est vrai que Belá Fleck pouvait faire figure d’ovni dans l’univers de Chick Corea, lorsqu’il y fit irruption en 2006. Et pourtant, rien que de très naturel dans cette association, qui s’inscrit dans la lignée des grands duos du pianiste (avec Gary Burton, Herbie Hancock, Bobby McFerrin…). Le face-à-face prend le plus souvent la forme d’un dialogue au sens propre du terme, jeu de questions-réponses où les deux compères se provoquent gentiment dans une surenchère où la virtuosité le dispute à l’humour, l’invention mélodique à la verve rythmique. N’ayant pas joué ensemble depuis un certain temps, ils puisent une bonne partie du répertoire dans leur album live “Two”, paru en 2015 : le classique Children’s Song N°6 du pianiste, le bluegrass Mountain du banjoïste… Parmi les belles surprises : Juno, composition primesautière de Fleck dédié à son fils né en 2013, et deux pièces de Domenico Scarlatti choisies par Corea, où la sonorité du banjo n’est pas sans évoquer les concertos pour mandoline de Vivaldi. En guise de rappel, deux incontournables : Armando’s Rumba d’abord, et pour finir une mémorable relecture du Brazil d’Ary Barroso. Comme quoi, le banjo n’a pas plus de frontières que le piano, même si le duo n’est pas allé jusqu’à jouer Spain !

Pascal Rozat|

Comment rendre compte d’une programmation aussi foisonnante que celle du North Sea Jazz Festival ? Pour ce deuxième compte-rendu, vous me permettrez de me restreindre à deux concerts marquants de la journée de samedi, ceux de Christian McBride et du duo Chick Corea / Belá Fleck.

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Christian McBride’s New Jawn (scène Hudson, 18 heures) : Josh Evans (tp), Marcus Strickland (ts), Christian McBride (b), Nasheet Waits (dm).

Contrebassiste phénoménal, Christian McBride a connu des fortunes diverses en tant que leader, mais ce New Jawn (mot d’argot de Philadelphie pouvant signifier tout en n’importe quoi, en l’occurrence : « groupe ») est assurément un grand cru. Quartette sans piano, il met en vedette deux soufflants de premier ordre : Marcus Strickland au ténor, qu’on ne présente plus, et Josh Evans à la trompette, qui fut pour moi une révélation : l’homme fait partie de ces solistes rares dont chaque note paraît chargée de sens, dont chaque phrase participe d’un discours musical parfaitement maîtrisé et structuré, dont le lyrisme sans apprêt plonge ses racines dans la tradition tout en sonnant parfaitement contemporain. Quant à la rythmique, elle associe pour la première fois la contrebasse solide et charpentée de McBride à la batterie volubile et toujours hyper-swinguante de Nasheet Waits. Après avoir interprété Sightseeing de Wayne Shorter, ce dernier sera salué d’une poignée de main par Peter Erskine lui-même, qui avait enregistré le premier la composition sur l’album “8:30”de Weather Report, et qui venait de se produire sur la même scène avec le Monk’ Estra de John Beasley. La classe ! Et histoire de prouver que notre homme n’est pas bon qu’à groover, c’est encore Waits qui signe l’une des plus belles compositions du set, une ballade en apesanteur dont le titre m’échappe, mais dont les effluves persistants continuent de m’enivrer.

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Chick Corea / Belá Fleck (scène Hudson, 21h) : Chick Corea (piano), Belá Fleck (banjo).

« Quand j’ai commencé à jouer avec Belá, je n’aimais pas tellement le banjo… » plaisante l’artiste en résidence, dont c’était la deuxième apparition au festival, après un concert la veille avec son Electric Band. Venu de l’univers du Bluegrass, il est vrai que Belá Fleck pouvait faire figure d’ovni dans l’univers de Chick Corea, lorsqu’il y fit irruption en 2006. Et pourtant, rien que de très naturel dans cette association, qui s’inscrit dans la lignée des grands duos du pianiste (avec Gary Burton, Herbie Hancock, Bobby McFerrin…). Le face-à-face prend le plus souvent la forme d’un dialogue au sens propre du terme, jeu de questions-réponses où les deux compères se provoquent gentiment dans une surenchère où la virtuosité le dispute à l’humour, l’invention mélodique à la verve rythmique. N’ayant pas joué ensemble depuis un certain temps, ils puisent une bonne partie du répertoire dans leur album live “Two”, paru en 2015 : le classique Children’s Song N°6 du pianiste, le bluegrass Mountain du banjoïste… Parmi les belles surprises : Juno, composition primesautière de Fleck dédié à son fils né en 2013, et deux pièces de Domenico Scarlatti choisies par Corea, où la sonorité du banjo n’est pas sans évoquer les concertos pour mandoline de Vivaldi. En guise de rappel, deux incontournables : Armando’s Rumba d’abord, et pour finir une mémorable relecture du Brazil d’Ary Barroso. Comme quoi, le banjo n’a pas plus de frontières que le piano, même si le duo n’est pas allé jusqu’à jouer Spain !

Pascal Rozat|

Comment rendre compte d’une programmation aussi foisonnante que celle du North Sea Jazz Festival ? Pour ce deuxième compte-rendu, vous me permettrez de me restreindre à deux concerts marquants de la journée de samedi, ceux de Christian McBride et du duo Chick Corea / Belá Fleck.

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Christian McBride’s New Jawn (scène Hudson, 18 heures) : Josh Evans (tp), Marcus Strickland (ts), Christian McBride (b), Nasheet Waits (dm).

Contrebassiste phénoménal, Christian McBride a connu des fortunes diverses en tant que leader, mais ce New Jawn (mot d’argot de Philadelphie pouvant signifier tout en n’importe quoi, en l’occurrence : « groupe ») est assurément un grand cru. Quartette sans piano, il met en vedette deux soufflants de premier ordre : Marcus Strickland au ténor, qu’on ne présente plus, et Josh Evans à la trompette, qui fut pour moi une révélation : l’homme fait partie de ces solistes rares dont chaque note paraît chargée de sens, dont chaque phrase participe d’un discours musical parfaitement maîtrisé et structuré, dont le lyrisme sans apprêt plonge ses racines dans la tradition tout en sonnant parfaitement contemporain. Quant à la rythmique, elle associe pour la première fois la contrebasse solide et charpentée de McBride à la batterie volubile et toujours hyper-swinguante de Nasheet Waits. Après avoir interprété Sightseeing de Wayne Shorter, ce dernier sera salué d’une poignée de main par Peter Erskine lui-même, qui avait enregistré le premier la composition sur l’album “8:30”de Weather Report, et qui venait de se produire sur la même scène avec le Monk’ Estra de John Beasley. La classe ! Et histoire de prouver que notre homme n’est pas bon qu’à groover, c’est encore Waits qui signe l’une des plus belles compositions du set, une ballade en apesanteur dont le titre m’échappe, mais dont les effluves persistants continuent de m’enivrer.

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Chick Corea / Belá Fleck (scène Hudson, 21h) : Chick Corea (piano), Belá Fleck (banjo).

« Quand j’ai commencé à jouer avec Belá, je n’aimais pas tellement le banjo… » plaisante l’artiste en résidence, dont c’était la deuxième apparition au festival, après un concert la veille avec son Electric Band. Venu de l’univers du Bluegrass, il est vrai que Belá Fleck pouvait faire figure d’ovni dans l’univers de Chick Corea, lorsqu’il y fit irruption en 2006. Et pourtant, rien que de très naturel dans cette association, qui s’inscrit dans la lignée des grands duos du pianiste (avec Gary Burton, Herbie Hancock, Bobby McFerrin…). Le face-à-face prend le plus souvent la forme d’un dialogue au sens propre du terme, jeu de questions-réponses où les deux compères se provoquent gentiment dans une surenchère où la virtuosité le dispute à l’humour, l’invention mélodique à la verve rythmique. N’ayant pas joué ensemble depuis un certain temps, ils puisent une bonne partie du répertoire dans leur album live “Two”, paru en 2015 : le classique Children’s Song N°6 du pianiste, le bluegrass Mountain du banjoïste… Parmi les belles surprises : Juno, composition primesautière de Fleck dédié à son fils né en 2013, et deux pièces de Domenico Scarlatti choisies par Corea, où la sonorité du banjo n’est pas sans évoquer les concertos pour mandoline de Vivaldi. En guise de rappel, deux incontournables : Armando’s Rumba d’abord, et pour finir une mémorable relecture du Brazil d’Ary Barroso. Comme quoi, le banjo n’a pas plus de frontières que le piano, même si le duo n’est pas allé jusqu’à jouer Spain !

Pascal Rozat