Jazz live
Publié le 25 Juil 2019

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : JAKOB BRO Trio

Avant-dernière soirée de jazz au festival avec une affiche plus qu’alléchante : le trio du guitariste danois Jakob Bro. Et quel trio ! Thomas Morgan à la basse, et Joe Baron à la batterie. Grand moment !

En arrivant au Domaine d’O un peu avant 20h, surprise : la balance est déjà terminée. Les musiciens ont demandé une sono légère (malgré la grande taille de cet amphithéâtre de 1800 places), et pas de retours, pour s’écouter directement sur scène. Quelques minutes pour affiner le son de façade, et ils avaient terminé. Je les trouve donc déjà attablés, sous la pinède, joyeux et souriants. Je leur demande, avec mon onction coutumière (mon côté chanoine, auquel me prédestinait ma condition de fils cadet d’une très nombreuse famille catholique….), s’ils m’autorisent à les prendre en photo, attablés. Facétieux, Joe Baron me dit «d’accord si vous me laissez vous prendre en photo». J’obtempère et lui confie mon appareil (un dispositif modeste qui tient dans la poche) ; il me portraiture sur le vif au côté de Jakob Bro. Pour être fidèle à son souhait, je vous livre les deux clichés.

Puis je file au Sud vers l’Amphithéâtre Micocouliers, pour écouter le groupe du jour, qui officie un peu après 20h : ‘Synestet’, de la clarinettiste Hélène Duret.

De tous les groupes qui nous ont offert ces avant-concerts, celui-ci est le plus orienté vers le jazz contemporain : des nuances, des idées, des audaces, c’est un régal. Le public est un peu moins nombreux que certains soirs, mais investi dans une écoute plus qu’attentive, presque passionnée. Pour conclure, un blues hétérodoxe : réjouissant et rafraichissant !

 

JAKOB BRO Trio

Jakob Bro (guitare, effets), Thomas Morgan (contrebasse), Joe Baron (batterie, petites percussions)

Amphithéâtre du Domaine d’O, 24 juillet 2019, 22h

 

C’est le trio désormais régulier du guitariste danois aujourd’hui souvent new-yorkais. Et quel trio. Le guitariste, qui a joué avec Paul Motian, ne pouvait choisir batteur plus idoine que Joe Baron. Et l’on ne saurait trouver mieux que Thomas Morgan pour ce mélange de rigueur et de liberté (voir ses collaborations avec Bill Frisell, que manifestement Jakob Bro admire beaucoup). En début de concert Jakob Bro utilise beaucoup de boucles, qu’il produit avec ses effets, distillant ainsi des séquences répétitives sur lesquelles il rejoue, ou pas, laissant parfois le bassiste et le batteur dialoguer ave lesdites boucles tandis que, guitare en main et doigts au repos, il assiste à la joute musicale. Le son est parfait. Pas trop fort, mais on entend (et ce jusqu’au dernier rang, tout là-haut : j’ai vérifié de auditu ) les plus infimes nuances de Joe Baron (qui est un orfèvre), et la rondeur précise de Thomas Morgan. Le son de guitare est clair, quels que soient les effets employés. Une sorte de musique de chambre amplifiée avec tact. C’est un dialogue permanent (un trilogue devrait-on dire) entre les musiciens, tout en nuances, et parfois Joe Baron brise la pianissimo d’une séquence en éclats percussifs, fine, inattendue, inventive. Même si cela confine au cliché, j’oserai écrire que c’est magique. La qualité d’écoute du public est remarquable, passée la faible défection des abandonnistes que l’excès de nuances angoisse. Grande soirée, une fois encore. Et à nouveau le public debout pour une ovation verticale largement méritée.

QUEL DOMMAGE QUE RADIO FRANCE AIT RENONCÉ À ENREGISTRER CETTE DERNIÈRE SEMAINE DE CONCERTS AU DOMAINE d’O, ET PRIVE DONC LES AUDITEURS DE FRANCE MUSIQUE DE CE MAGNIFIQUE MOMENT DE MUSIQUE. QUE FAIRE : SE RÉSIGNER ? S’INDIGNER ? PROTESTER ? JE VOUS LAISSE JUGES….

Xavier Prévost