Jazz live
Publié le 24 Nov 2012

Séverac et Mompou à l'honneur

Deux jazzmen du Sud, Jean-Marc Padovani (Occitan d’adoption) et le Catalan Philippe Léogé, reprennent les œuvres de deux compositeurs méridionaux, Déodat de Séverac (né à Saint-Félix-en-Lauragais, près de Toulouse) et le Barcelonais Federico Mompou. A priori, voilà de quoi ensoleiller une après-midi un peu terne. Un coup de vélo, et me voilà sur place.

 

« Le chant de la terre »
Jean-Marc Padovani (ts, ss), Philippe Léogé (p)
Samedi 24 novembre 2012, MJC Roquet – Saint Cyprien, Toulouse (31), 16h00.

 

[Avertissement aux lecteurs : Dérogeant aux règles déontologiques les plus élémentaires du journalisme, le compte-rendu qui va suivre est d’abord celui d’un inconditionnel de la musique de Déodat de Séverac. Pour cette raison, il ne saurait être question d’aller contre un projet prédisposé à dissémniner sa musique. Qu’on excuse donc par avance le contenu éhontément « partisan » du texte ci-dessous.]

 

Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé s’emparent donc de la musique de Déodat de Séverac (1872-1921). Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du recueil pour piano Le chant de la terre, que Séverac a composé à Paris, loin de ses terres natales, lorsqu’il était élève de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum. Partant de cette œuvre à la fois pittoresque et sévère, où traînent certaines sonorités bien de son temps (la gamme par tons par exemple), Philippe Léogé a réalisé une surprenante adaptation qui n’enlaidit nullement la partition de Séverac, alors que le duo ne s’engage jamais dans une interprétation classique. Et puisque les deux protagonistes semblent être tout autant des amoureux de la musique du quartette de Coltrane, ils n’ont pas hésité à en reprendre les ingrédients musicaux pour les appliquer à la musique de Séverac. Pour le « Prologue », le pianiste réalise ainsi des rubatos au-dessus desquels Jean-Marc Padovani imagine des prolongements post-coltraniens aux lignes mélodiques de Déodat ; « Les semailles » sont transformées en un ostinato à 12/8 très africain ; idem pour « Les Moissons » qui renvoie à My Favorite Things (que Philippe Léogé cite furtivement dans son improvisation) ; après l’interprétation du bouleversant choral des « Muletiers devant le Christ de Llivia » (seule pièce tirée de Cerdaña, un autre recueil de Séverac) par un Jean-Marc Padovani se souvenant de Gato Barbieri (pour le son charnu, quelque peu rauque et « velu » au léger vibrato, mais sans – heureusement ici – l’exubérance de l’Argentin), des pointes de free viennent ronger la partition d’origine.

 

Léogé-Padovani

 

La musique de Federico Mompou (1893-1987) est plus austère que celle de Séverac l’exubérant. Dans ses Musica callada, comme son titre l’indique (musiques silencieuses), le Catalan tente l’ascèse, l’essentialité faite musique, la moindre note superflue étant impitoyablement exclue des portées. Si le duo n’a pas cherché à aller à contre-courant de cette tendance, il a cependant choisi d’arrondir les angles, de donner un peu plus de chair à cette musique que l’on joue en général pour soi. A l’évidence le pianiste aime profondément cette musique : il en apprécie le moindre accord, goûtant en esthète son raffinement harmonique. Pour chacune des six pièces interprétées, Philippe Léogé a fait preuve d’une belle sensibilité. Il faut dire qu’il possède un vrai savoir-faire et un toucher remarquable. Jean-Marc Padovani se montre d’ailleurs au diapason de son partenaire sur la Musica callada XI, en des échanges alternés (4 mesures chacun) toujours plus inspirés. Mais l’intensité expressive est finalement atteinte avec la Musica callada VI, en une appropriation vraiment très poignante.

 

 

Voilà donc une initiative qu’on ne peut qu’encourager, plaisante comme la musique de Séverac, émouvante à l’image des œuvres de Mompou. Ce projet devrait ainsi toucher le plus grand nombre, et par la même occasion faire la promotion de compositeurs qui valent le détour – tout comme Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé.

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Deux jazzmen du Sud, Jean-Marc Padovani (Occitan d’adoption) et le Catalan Philippe Léogé, reprennent les œuvres de deux compositeurs méridionaux, Déodat de Séverac (né à Saint-Félix-en-Lauragais, près de Toulouse) et le Barcelonais Federico Mompou. A priori, voilà de quoi ensoleiller une après-midi un peu terne. Un coup de vélo, et me voilà sur place.

 

« Le chant de la terre »
Jean-Marc Padovani (ts, ss), Philippe Léogé (p)
Samedi 24 novembre 2012, MJC Roquet – Saint Cyprien, Toulouse (31), 16h00.

 

[Avertissement aux lecteurs : Dérogeant aux règles déontologiques les plus élémentaires du journalisme, le compte-rendu qui va suivre est d’abord celui d’un inconditionnel de la musique de Déodat de Séverac. Pour cette raison, il ne saurait être question d’aller contre un projet prédisposé à dissémniner sa musique. Qu’on excuse donc par avance le contenu éhontément « partisan » du texte ci-dessous.]

 

Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé s’emparent donc de la musique de Déodat de Séverac (1872-1921). Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du recueil pour piano Le chant de la terre, que Séverac a composé à Paris, loin de ses terres natales, lorsqu’il était élève de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum. Partant de cette œuvre à la fois pittoresque et sévère, où traînent certaines sonorités bien de son temps (la gamme par tons par exemple), Philippe Léogé a réalisé une surprenante adaptation qui n’enlaidit nullement la partition de Séverac, alors que le duo ne s’engage jamais dans une interprétation classique. Et puisque les deux protagonistes semblent être tout autant des amoureux de la musique du quartette de Coltrane, ils n’ont pas hésité à en reprendre les ingrédients musicaux pour les appliquer à la musique de Séverac. Pour le « Prologue », le pianiste réalise ainsi des rubatos au-dessus desquels Jean-Marc Padovani imagine des prolongements post-coltraniens aux lignes mélodiques de Déodat ; « Les semailles » sont transformées en un ostinato à 12/8 très africain ; idem pour « Les Moissons » qui renvoie à My Favorite Things (que Philippe Léogé cite furtivement dans son improvisation) ; après l’interprétation du bouleversant choral des « Muletiers devant le Christ de Llivia » (seule pièce tirée de Cerdaña, un autre recueil de Séverac) par un Jean-Marc Padovani se souvenant de Gato Barbieri (pour le son charnu, quelque peu rauque et « velu » au léger vibrato, mais sans – heureusement ici – l’exubérance de l’Argentin), des pointes de free viennent ronger la partition d’origine.

 

Léogé-Padovani

 

La musique de Federico Mompou (1893-1987) est plus austère que celle de Séverac l’exubérant. Dans ses Musica callada, comme son titre l’indique (musiques silencieuses), le Catalan tente l’ascèse, l’essentialité faite musique, la moindre note superflue étant impitoyablement exclue des portées. Si le duo n’a pas cherché à aller à contre-courant de cette tendance, il a cependant choisi d’arrondir les angles, de donner un peu plus de chair à cette musique que l’on joue en général pour soi. A l’évidence le pianiste aime profondément cette musique : il en apprécie le moindre accord, goûtant en esthète son raffinement harmonique. Pour chacune des six pièces interprétées, Philippe Léogé a fait preuve d’une belle sensibilité. Il faut dire qu’il possède un vrai savoir-faire et un toucher remarquable. Jean-Marc Padovani se montre d’ailleurs au diapason de son partenaire sur la Musica callada XI, en des échanges alternés (4 mesures chacun) toujours plus inspirés. Mais l’intensité expressive est finalement atteinte avec la Musica callada VI, en une appropriation vraiment très poignante.

 

 

Voilà donc une initiative qu’on ne peut qu’encourager, plaisante comme la musique de Séverac, émouvante à l’image des œuvres de Mompou. Ce projet devrait ainsi toucher le plus grand nombre, et par la même occasion faire la promotion de compositeurs qui valent le détour – tout comme Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé.

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Deux jazzmen du Sud, Jean-Marc Padovani (Occitan d’adoption) et le Catalan Philippe Léogé, reprennent les œuvres de deux compositeurs méridionaux, Déodat de Séverac (né à Saint-Félix-en-Lauragais, près de Toulouse) et le Barcelonais Federico Mompou. A priori, voilà de quoi ensoleiller une après-midi un peu terne. Un coup de vélo, et me voilà sur place.

 

« Le chant de la terre »
Jean-Marc Padovani (ts, ss), Philippe Léogé (p)
Samedi 24 novembre 2012, MJC Roquet – Saint Cyprien, Toulouse (31), 16h00.

 

[Avertissement aux lecteurs : Dérogeant aux règles déontologiques les plus élémentaires du journalisme, le compte-rendu qui va suivre est d’abord celui d’un inconditionnel de la musique de Déodat de Séverac. Pour cette raison, il ne saurait être question d’aller contre un projet prédisposé à dissémniner sa musique. Qu’on excuse donc par avance le contenu éhontément « partisan » du texte ci-dessous.]

 

Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé s’emparent donc de la musique de Déodat de Séverac (1872-1921). Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du recueil pour piano Le chant de la terre, que Séverac a composé à Paris, loin de ses terres natales, lorsqu’il était élève de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum. Partant de cette œuvre à la fois pittoresque et sévère, où traînent certaines sonorités bien de son temps (la gamme par tons par exemple), Philippe Léogé a réalisé une surprenante adaptation qui n’enlaidit nullement la partition de Séverac, alors que le duo ne s’engage jamais dans une interprétation classique. Et puisque les deux protagonistes semblent être tout autant des amoureux de la musique du quartette de Coltrane, ils n’ont pas hésité à en reprendre les ingrédients musicaux pour les appliquer à la musique de Séverac. Pour le « Prologue », le pianiste réalise ainsi des rubatos au-dessus desquels Jean-Marc Padovani imagine des prolongements post-coltraniens aux lignes mélodiques de Déodat ; « Les semailles » sont transformées en un ostinato à 12/8 très africain ; idem pour « Les Moissons » qui renvoie à My Favorite Things (que Philippe Léogé cite furtivement dans son improvisation) ; après l’interprétation du bouleversant choral des « Muletiers devant le Christ de Llivia » (seule pièce tirée de Cerdaña, un autre recueil de Séverac) par un Jean-Marc Padovani se souvenant de Gato Barbieri (pour le son charnu, quelque peu rauque et « velu » au léger vibrato, mais sans – heureusement ici – l’exubérance de l’Argentin), des pointes de free viennent ronger la partition d’origine.

 

Léogé-Padovani

 

La musique de Federico Mompou (1893-1987) est plus austère que celle de Séverac l’exubérant. Dans ses Musica callada, comme son titre l’indique (musiques silencieuses), le Catalan tente l’ascèse, l’essentialité faite musique, la moindre note superflue étant impitoyablement exclue des portées. Si le duo n’a pas cherché à aller à contre-courant de cette tendance, il a cependant choisi d’arrondir les angles, de donner un peu plus de chair à cette musique que l’on joue en général pour soi. A l’évidence le pianiste aime profondément cette musique : il en apprécie le moindre accord, goûtant en esthète son raffinement harmonique. Pour chacune des six pièces interprétées, Philippe Léogé a fait preuve d’une belle sensibilité. Il faut dire qu’il possède un vrai savoir-faire et un toucher remarquable. Jean-Marc Padovani se montre d’ailleurs au diapason de son partenaire sur la Musica callada XI, en des échanges alternés (4 mesures chacun) toujours plus inspirés. Mais l’intensité expressive est finalement atteinte avec la Musica callada VI, en une appropriation vraiment très poignante.

 

 

Voilà donc une initiative qu’on ne peut qu’encourager, plaisante comme la musique de Séverac, émouvante à l’image des œuvres de Mompou. Ce projet devrait ainsi toucher le plus grand nombre, et par la même occasion faire la promotion de compositeurs qui valent le détour – tout comme Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé.

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Deux jazzmen du Sud, Jean-Marc Padovani (Occitan d’adoption) et le Catalan Philippe Léogé, reprennent les œuvres de deux compositeurs méridionaux, Déodat de Séverac (né à Saint-Félix-en-Lauragais, près de Toulouse) et le Barcelonais Federico Mompou. A priori, voilà de quoi ensoleiller une après-midi un peu terne. Un coup de vélo, et me voilà sur place.

 

« Le chant de la terre »
Jean-Marc Padovani (ts, ss), Philippe Léogé (p)
Samedi 24 novembre 2012, MJC Roquet – Saint Cyprien, Toulouse (31), 16h00.

 

[Avertissement aux lecteurs : Dérogeant aux règles déontologiques les plus élémentaires du journalisme, le compte-rendu qui va suivre est d’abord celui d’un inconditionnel de la musique de Déodat de Séverac. Pour cette raison, il ne saurait être question d’aller contre un projet prédisposé à dissémniner sa musique. Qu’on excuse donc par avance le contenu éhontément « partisan » du texte ci-dessous.]

 

Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé s’emparent donc de la musique de Déodat de Séverac (1872-1921). Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du recueil pour piano Le chant de la terre, que Séverac a composé à Paris, loin de ses terres natales, lorsqu’il était élève de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum. Partant de cette œuvre à la fois pittoresque et sévère, où traînent certaines sonorités bien de son temps (la gamme par tons par exemple), Philippe Léogé a réalisé une surprenante adaptation qui n’enlaidit nullement la partition de Séverac, alors que le duo ne s’engage jamais dans une interprétation classique. Et puisque les deux protagonistes semblent être tout autant des amoureux de la musique du quartette de Coltrane, ils n’ont pas hésité à en reprendre les ingrédients musicaux pour les appliquer à la musique de Séverac. Pour le « Prologue », le pianiste réalise ainsi des rubatos au-dessus desquels Jean-Marc Padovani imagine des prolongements post-coltraniens aux lignes mélodiques de Déodat ; « Les semailles » sont transformées en un ostinato à 12/8 très africain ; idem pour « Les Moissons » qui renvoie à My Favorite Things (que Philippe Léogé cite furtivement dans son improvisation) ; après l’interprétation du bouleversant choral des « Muletiers devant le Christ de Llivia » (seule pièce tirée de Cerdaña, un autre recueil de Séverac) par un Jean-Marc Padovani se souvenant de Gato Barbieri (pour le son charnu, quelque peu rauque et « velu » au léger vibrato, mais sans – heureusement ici – l’exubérance de l’Argentin), des pointes de free viennent ronger la partition d’origine.

 

Léogé-Padovani

 

La musique de Federico Mompou (1893-1987) est plus austère que celle de Séverac l’exubérant. Dans ses Musica callada, comme son titre l’indique (musiques silencieuses), le Catalan tente l’ascèse, l’essentialité faite musique, la moindre note superflue étant impitoyablement exclue des portées. Si le duo n’a pas cherché à aller à contre-courant de cette tendance, il a cependant choisi d’arrondir les angles, de donner un peu plus de chair à cette musique que l’on joue en général pour soi. A l’évidence le pianiste aime profondément cette musique : il en apprécie le moindre accord, goûtant en esthète son raffinement harmonique. Pour chacune des six pièces interprétées, Philippe Léogé a fait preuve d’une belle sensibilité. Il faut dire qu’il possède un vrai savoir-faire et un toucher remarquable. Jean-Marc Padovani se montre d’ailleurs au diapason de son partenaire sur la Musica callada XI, en des échanges alternés (4 mesures chacun) toujours plus inspirés. Mais l’intensité expressive est finalement atteinte avec la Musica callada VI, en une appropriation vraiment très poignante.

 

 

Voilà donc une initiative qu’on ne peut qu’encourager, plaisante comme la musique de Séverac, émouvante à l’image des œuvres de Mompou. Ce projet devrait ainsi toucher le plus grand nombre, et par la même occasion faire la promotion de compositeurs qui valent le détour – tout comme Jean-Marc Padovani et Philippe Léogé.