Jazz live
Publié le 22 Fév 2014

Simon Goubert et le Background Quintet au Jazz à Ivry

Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

 

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues ) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières  (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

 

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues ) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières  (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

 

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues ) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières  (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

 

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues ) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières  (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot

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Ce Background Quintet, comme me le rappelle Simon Goubert à l’entracte, est une vieille histoire qui remonte à son sextette des années 90 et à de vieilles complicités qu’il entretient selon des géométries variables… Le concert du 21 février était l’occasion d’entendre l’une d’entre elles et de prêter attention aux activités de Jazz à Ivry.

Jazz à Ivry, Salle Saint-Just (94), le 21 février.

 

Simon Goubert Background Quintet : Jean-Michel Couchet (as), Boris Blanchet (sax ténor), Sophia Domancich (piano), Michel Zenino (contrebasse), Simon Goubert (batterie).

 

C’est Dan Vernhettes qui programme le concert de ce soir. Cornettiste-trompettiste, pionnier du renouveau du “jazz trad” en France à la tête de Jazz O’Maniacs, toujours leader de différentes formations, historien du jazz des origines et co-auteur de somme inégalées en matière d’iconographie et d’érudition sur le Tommy Ladnier (Traveling Blues) et sur les grands pionniers de La Nouvelle-Orléans (Jazz Puzzles). Il est en outre le programmateur des deux associations voisines, Jazz à Ivry et Jazz aux Esselières (Villejuif). Au programme, un vaste panorama du jazz traditionnel au hard bop, avec ce soir une échappée vers l’héritage post-coltranien. Au mail envoyé à Dan pour m’annoncer et qu’il n’avait pas déjà fait le plein, il réponde d’un ton désolé pour m’inviter même à venir faire nombre, les réservations étant très peu nombreuses du fait des vacances et du match France-Pays de Galles.

 

Arrivé à 20h30, je découvre la salle Saint-Just, où sont organisés les 10 concerts annuels de Jazz à Ivry, vide et des musiciens inquiets. Sol carrelé, tables recouvertes de toile cirée… Ce “réfectoire” ne sonne pas. 21h30 : le public continue à arriver dans une salle désormais pleine et qui a pris l’allure d’une salle de cabaret dont le chaleureux brouhaha révèle une salle beaucoup plus matte qu’il n’y paraissait une heure auparavant. Habitué à faire le plein avec ses adhérents (15€ l’adhésion annuelle pour un prix d’entrée au concert de 10 €, une place gratuite pour un accompagnant au cinquième concert, 15€ pour les non-adhérents, gratuit pour les sans emploi et moins de dix-huit ans), l’association voit débarquer un nouveau public qu’elle ne connaît pas, visiblement plus jeune et venue là sur le nom de Simon Goubert.

 

Le concert s’ouvre sur un coup de cymbale et c’est déjà du Simon Goubert, une question de frappe, de projection, de son, que confirme le bref solo qui s’ensuit m’évoquant le solo de Sam Woodyard sur Hi Fi Fo Fum mais où serait mis en œuvre le langage des générations suivantes. Sister Cheryl de Tony Williams est en tête de programme, suivi de Liberia de John Coltrane, ce qui cerne assez bien l’esthétique du groupe, un jazz post-coltranien avec un son de batterie évocateur plus d’un Tony que d’Elvin, mais un qui prendrait chaque soir avant de se coucher une cuillère de à soupe de l’elixir Motian ; une contrebasse qui tient tout à la fois de Jimmy Garrisson et de Gary Peacock (Michel Zenino) ; un soprano encore très “shenaï” (mais utilisé en ouverture et donc à froid) et un ténor énorme hanté par la furia coltranienne (Boris Blanchet) ; un alto qui fait venir à l’esprit cette étiquette fourre-tout mais bien pratique de free-bop (Jean-Michel Couchet), soit un bop à angle vif, tenté par les dérapages coltraniens, mais qui reste sur son quant à soi.

 

On monte d’un cran avec le premier original, sans titre, un blues en Fa à extension, une extension qui compte un long break de la front line virant au stop chorus durant les solos. Ce sera l’occasion pour Sophia Domancich d’un grand moment où l’assimilation des vocabulaires “tynerien” et “coréens” laisse s’épanouir plus complètement la pianiste, avec quelque chose où l’héritage de Lennie Tristano viendrait se combiner à quelque chose de l’art motivique de Cecil Taylor. Pour finir la première partie, Goubert congédie les trois cinquièmes de son quintette et passe au piano pour dialoguer avec Jean-Michel Couchet sur sa composition Elle a brisé ses ailes. Grand moment d’émotion où l’on imagine une espère de transposition à l’européenne d’un duo Abdullah Ibrahim/Carlos Ward.

 

Deuxième partie : m’apprêtant à partir, parce qu’appelé à l’autre bout de Paris par un rendez-vous avec un oshéopate ne travaillant qu’à la lueur du dernier quartier de lui (c’est donc pour cette nuit), je me laisse retenir pas une musique qui fait tomber ses dernières brides, un Boris Blanche survolté, puis un ballade poignante (Quelqu’un et eux) portée par une pédale de basse et un ostinato de balais qui traversera immuable toute la pièce avant de virer par une grand solo de batterie vers la pièce suivante…

 

Prochain concert à Jazz à Ivry : le ténor “texan” Carl Schlosser avec le trio du pianiste de boogie Fabrice Eulry le 19 mars, le mythique Anachronic Jazz Band le 18 avril, le saxophoniste néo-bopper new-yorkais Grant Stewart avec le trio d’Alain Jean-Marie le 23 mai et le légendaire Hot Antic Jazz Band marqué par ses aventures avec Jabbo Smith le 20 juin.

 

Franck Bergerot