Jazz live
Publié le 11 Mai 2013

Sylvain Kassap à l'Europa : jazz, musique contemporaine, musique improvisée, musique actuelle ?

Sylvain Kassap (clarinettes, timbale) joue ce midi dans la superbe collégiale St-Pierre-La-Cour, au Mans. Environ 150 personnes remplissent bien la salle voutée, l’écoute est quasi religieuse, on se déplace de façon feutrée, la porte d’entrée laisse filter les retardataires de façon sévère. L’essentiel pour les organisateurs de l’événement c’est d’avoir réussi à réunir tout ce monde autour de l’instrumentiste. Au nom de quoi ? C’est la question. Jazz ? Musique contemporaine ? Musique improvisée ? Musique actuelle ?

 

 

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On dira : aucune importance. C’est quand même à voir. Certes on doit se défier des étiquettes. Elles sont trompeuses. Mais l’absence d’étiquette est aussi fallacieuse… En France, on aime les distinctions administratives, elles sont d’ailleurs indispensables. C’est pour cela qu’on a créé, il y a quelques années, la case « musiques actuelles », pour y ranger le jazz, le rock et les musiques traditionnelles. Le problème c’est que très vite, l’appellation d’origine a été détournée, et que le « rock » (« mais qu’est-ce ? », dirait Nougaro) a envahi l’espace au détriment de ses petits frères, ou petites soeurs. Les « Scènes de Musiques Actuelles » programment peu de jazz et de musique traditionnelle. Donc ces questions de dénominations sont importantes, sans oublier que selon votre catégorie vous pointez à un guichet, et pas à un autre. La statut des musiciens en dépend, et leur vie matérielle.

 

Revenons à l’événement. L’écoute est donc parfaite dans cette salle qui se prête bien aux solos acoustiques. Les spectateurs savent au fond pourquoi ils sont là, et rarissimes sont les cas où l’un d’entre eux se lève pour dire : « on m’a trompé ! » Ils sont capables de pertinence dans le jugement, ils diront tout à l’heure, par exemple, « que le registre dans lequel le clarinettiste s’est inscrit est un peu daté », ou au contraire ils estimeront que cette façon de « jouer avec les timbres pour faire sonner une clarinette comme une percussion africaine permet de voyager ». Depuis trente quatre ans que le festival existe, le public s’est habitué aux programmations de l’Europa, et il sait qu’ici on entend par « jazz » quelque chose comme une forme de musique qui n’oublie pas son origine « noire américaine », sans s’y identifier de façon coincée, et que la musique que l’on désigne par ce mot tout neuf dans la langue est d’une souplesse telle qu’elle abrite volontiers tous les exclus de l’histoire. Sylvain Kassap, quand il joue de deux clarinettes à la fois, se refère à un geste qui fut celui de Roland Kirk, saxophoniste noir américain de jazz. Mais quand il joue avec le bol de sa clarinette et la grande timbale qu’on a dressée pour lui, il est plutôt sur le registre de la musique contemporaine.

 

Nombre de projets passionnants aujourd’hui renvoient à la fois au jazz, au rock, et en fait à toutes les musiques qui se sont inventées dans l’histoire sur notre planète. Pensez par exemple au Jus de Bocse de Médéric Collignon d’hier soir, basé sur une relecture de King Crimson, mais aussi sur une utilisation d’un octuor à cordes en lieu et place de guitares, avec une façon de chanter ou de jouer en solo à la trompette proprement référée au jazz. Va-t-on laisser le marché de la musique décider seul de l’inscription de tel ou tel projet dans la catégorie de ceux qui comptent ? Que nenni. Mais va-t-on procéder à l’inverse et décréter en haut lieu que c’est cette culture et cet art qui vaut quelque chose, et que tel autre ne vaut rien ? Bien sûr que non.

 

Philippe Méziat

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Sylvain Kassap (clarinettes, timbale) joue ce midi dans la superbe collégiale St-Pierre-La-Cour, au Mans. Environ 150 personnes remplissent bien la salle voutée, l’écoute est quasi religieuse, on se déplace de façon feutrée, la porte d’entrée laisse filter les retardataires de façon sévère. L’essentiel pour les organisateurs de l’événement c’est d’avoir réussi à réunir tout ce monde autour de l’instrumentiste. Au nom de quoi ? C’est la question. Jazz ? Musique contemporaine ? Musique improvisée ? Musique actuelle ?

 

 

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On dira : aucune importance. C’est quand même à voir. Certes on doit se défier des étiquettes. Elles sont trompeuses. Mais l’absence d’étiquette est aussi fallacieuse… En France, on aime les distinctions administratives, elles sont d’ailleurs indispensables. C’est pour cela qu’on a créé, il y a quelques années, la case « musiques actuelles », pour y ranger le jazz, le rock et les musiques traditionnelles. Le problème c’est que très vite, l’appellation d’origine a été détournée, et que le « rock » (« mais qu’est-ce ? », dirait Nougaro) a envahi l’espace au détriment de ses petits frères, ou petites soeurs. Les « Scènes de Musiques Actuelles » programment peu de jazz et de musique traditionnelle. Donc ces questions de dénominations sont importantes, sans oublier que selon votre catégorie vous pointez à un guichet, et pas à un autre. La statut des musiciens en dépend, et leur vie matérielle.

 

Revenons à l’événement. L’écoute est donc parfaite dans cette salle qui se prête bien aux solos acoustiques. Les spectateurs savent au fond pourquoi ils sont là, et rarissimes sont les cas où l’un d’entre eux se lève pour dire : « on m’a trompé ! » Ils sont capables de pertinence dans le jugement, ils diront tout à l’heure, par exemple, « que le registre dans lequel le clarinettiste s’est inscrit est un peu daté », ou au contraire ils estimeront que cette façon de « jouer avec les timbres pour faire sonner une clarinette comme une percussion africaine permet de voyager ». Depuis trente quatre ans que le festival existe, le public s’est habitué aux programmations de l’Europa, et il sait qu’ici on entend par « jazz » quelque chose comme une forme de musique qui n’oublie pas son origine « noire américaine », sans s’y identifier de façon coincée, et que la musique que l’on désigne par ce mot tout neuf dans la langue est d’une souplesse telle qu’elle abrite volontiers tous les exclus de l’histoire. Sylvain Kassap, quand il joue de deux clarinettes à la fois, se refère à un geste qui fut celui de Roland Kirk, saxophoniste noir américain de jazz. Mais quand il joue avec le bol de sa clarinette et la grande timbale qu’on a dressée pour lui, il est plutôt sur le registre de la musique contemporaine.

 

Nombre de projets passionnants aujourd’hui renvoient à la fois au jazz, au rock, et en fait à toutes les musiques qui se sont inventées dans l’histoire sur notre planète. Pensez par exemple au Jus de Bocse de Médéric Collignon d’hier soir, basé sur une relecture de King Crimson, mais aussi sur une utilisation d’un octuor à cordes en lieu et place de guitares, avec une façon de chanter ou de jouer en solo à la trompette proprement référée au jazz. Va-t-on laisser le marché de la musique décider seul de l’inscription de tel ou tel projet dans la catégorie de ceux qui comptent ? Que nenni. Mais va-t-on procéder à l’inverse et décréter en haut lieu que c’est cette culture et cet art qui vaut quelque chose, et que tel autre ne vaut rien ? Bien sûr que non.

 

Philippe Méziat

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Sylvain Kassap (clarinettes, timbale) joue ce midi dans la superbe collégiale St-Pierre-La-Cour, au Mans. Environ 150 personnes remplissent bien la salle voutée, l’écoute est quasi religieuse, on se déplace de façon feutrée, la porte d’entrée laisse filter les retardataires de façon sévère. L’essentiel pour les organisateurs de l’événement c’est d’avoir réussi à réunir tout ce monde autour de l’instrumentiste. Au nom de quoi ? C’est la question. Jazz ? Musique contemporaine ? Musique improvisée ? Musique actuelle ?

 

 

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On dira : aucune importance. C’est quand même à voir. Certes on doit se défier des étiquettes. Elles sont trompeuses. Mais l’absence d’étiquette est aussi fallacieuse… En France, on aime les distinctions administratives, elles sont d’ailleurs indispensables. C’est pour cela qu’on a créé, il y a quelques années, la case « musiques actuelles », pour y ranger le jazz, le rock et les musiques traditionnelles. Le problème c’est que très vite, l’appellation d’origine a été détournée, et que le « rock » (« mais qu’est-ce ? », dirait Nougaro) a envahi l’espace au détriment de ses petits frères, ou petites soeurs. Les « Scènes de Musiques Actuelles » programment peu de jazz et de musique traditionnelle. Donc ces questions de dénominations sont importantes, sans oublier que selon votre catégorie vous pointez à un guichet, et pas à un autre. La statut des musiciens en dépend, et leur vie matérielle.

 

Revenons à l’événement. L’écoute est donc parfaite dans cette salle qui se prête bien aux solos acoustiques. Les spectateurs savent au fond pourquoi ils sont là, et rarissimes sont les cas où l’un d’entre eux se lève pour dire : « on m’a trompé ! » Ils sont capables de pertinence dans le jugement, ils diront tout à l’heure, par exemple, « que le registre dans lequel le clarinettiste s’est inscrit est un peu daté », ou au contraire ils estimeront que cette façon de « jouer avec les timbres pour faire sonner une clarinette comme une percussion africaine permet de voyager ». Depuis trente quatre ans que le festival existe, le public s’est habitué aux programmations de l’Europa, et il sait qu’ici on entend par « jazz » quelque chose comme une forme de musique qui n’oublie pas son origine « noire américaine », sans s’y identifier de façon coincée, et que la musique que l’on désigne par ce mot tout neuf dans la langue est d’une souplesse telle qu’elle abrite volontiers tous les exclus de l’histoire. Sylvain Kassap, quand il joue de deux clarinettes à la fois, se refère à un geste qui fut celui de Roland Kirk, saxophoniste noir américain de jazz. Mais quand il joue avec le bol de sa clarinette et la grande timbale qu’on a dressée pour lui, il est plutôt sur le registre de la musique contemporaine.

 

Nombre de projets passionnants aujourd’hui renvoient à la fois au jazz, au rock, et en fait à toutes les musiques qui se sont inventées dans l’histoire sur notre planète. Pensez par exemple au Jus de Bocse de Médéric Collignon d’hier soir, basé sur une relecture de King Crimson, mais aussi sur une utilisation d’un octuor à cordes en lieu et place de guitares, avec une façon de chanter ou de jouer en solo à la trompette proprement référée au jazz. Va-t-on laisser le marché de la musique décider seul de l’inscription de tel ou tel projet dans la catégorie de ceux qui comptent ? Que nenni. Mais va-t-on procéder à l’inverse et décréter en haut lieu que c’est cette culture et cet art qui vaut quelque chose, et que tel autre ne vaut rien ? Bien sûr que non.

 

Philippe Méziat

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Sylvain Kassap (clarinettes, timbale) joue ce midi dans la superbe collégiale St-Pierre-La-Cour, au Mans. Environ 150 personnes remplissent bien la salle voutée, l’écoute est quasi religieuse, on se déplace de façon feutrée, la porte d’entrée laisse filter les retardataires de façon sévère. L’essentiel pour les organisateurs de l’événement c’est d’avoir réussi à réunir tout ce monde autour de l’instrumentiste. Au nom de quoi ? C’est la question. Jazz ? Musique contemporaine ? Musique improvisée ? Musique actuelle ?

 

 

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On dira : aucune importance. C’est quand même à voir. Certes on doit se défier des étiquettes. Elles sont trompeuses. Mais l’absence d’étiquette est aussi fallacieuse… En France, on aime les distinctions administratives, elles sont d’ailleurs indispensables. C’est pour cela qu’on a créé, il y a quelques années, la case « musiques actuelles », pour y ranger le jazz, le rock et les musiques traditionnelles. Le problème c’est que très vite, l’appellation d’origine a été détournée, et que le « rock » (« mais qu’est-ce ? », dirait Nougaro) a envahi l’espace au détriment de ses petits frères, ou petites soeurs. Les « Scènes de Musiques Actuelles » programment peu de jazz et de musique traditionnelle. Donc ces questions de dénominations sont importantes, sans oublier que selon votre catégorie vous pointez à un guichet, et pas à un autre. La statut des musiciens en dépend, et leur vie matérielle.

 

Revenons à l’événement. L’écoute est donc parfaite dans cette salle qui se prête bien aux solos acoustiques. Les spectateurs savent au fond pourquoi ils sont là, et rarissimes sont les cas où l’un d’entre eux se lève pour dire : « on m’a trompé ! » Ils sont capables de pertinence dans le jugement, ils diront tout à l’heure, par exemple, « que le registre dans lequel le clarinettiste s’est inscrit est un peu daté », ou au contraire ils estimeront que cette façon de « jouer avec les timbres pour faire sonner une clarinette comme une percussion africaine permet de voyager ». Depuis trente quatre ans que le festival existe, le public s’est habitué aux programmations de l’Europa, et il sait qu’ici on entend par « jazz » quelque chose comme une forme de musique qui n’oublie pas son origine « noire américaine », sans s’y identifier de façon coincée, et que la musique que l’on désigne par ce mot tout neuf dans la langue est d’une souplesse telle qu’elle abrite volontiers tous les exclus de l’histoire. Sylvain Kassap, quand il joue de deux clarinettes à la fois, se refère à un geste qui fut celui de Roland Kirk, saxophoniste noir américain de jazz. Mais quand il joue avec le bol de sa clarinette et la grande timbale qu’on a dressée pour lui, il est plutôt sur le registre de la musique contemporaine.

 

Nombre de projets passionnants aujourd’hui renvoient à la fois au jazz, au rock, et en fait à toutes les musiques qui se sont inventées dans l’histoire sur notre planète. Pensez par exemple au Jus de Bocse de Médéric Collignon d’hier soir, basé sur une relecture de King Crimson, mais aussi sur une utilisation d’un octuor à cordes en lieu et place de guitares, avec une façon de chanter ou de jouer en solo à la trompette proprement référée au jazz. Va-t-on laisser le marché de la musique décider seul de l’inscription de tel ou tel projet dans la catégorie de ceux qui comptent ? Que nenni. Mais va-t-on procéder à l’inverse et décréter en haut lieu que c’est cette culture et cet art qui vaut quelque chose, et que tel autre ne vaut rien ? Bien sûr que non.

 

Philippe Méziat