Jazz live
Publié le 31 Jan 2014

Vincent Peirani & Émile Parisien, le blindtest : la suite !

“Belle Époque”, le premier album en duo de Vincent Peirani et d’Émile Parisien, sera l’un des événements discographiques de l’année. L’accordéoniste et le saxophoniste seront également l’une des têtes d’affiche de Banlieues Bleues. Pour la première fois, ils on accepté de passer au révélateur du blindfold test. La première partie est à lire dans le n° 658 de Jazz Magazine Jazzman, actuellement en kiosque. Et voici donc la suite…

 

 

VINCENT PEIRANI & ÉMILE PARISIEN

 

Comme des grands (suite)

Par Thierry Quénum

 

 

Antonello Salis / Gavino Murgia / Paolo Angeli / Hamid Drake

 

Dear Prudence

 

“Giornale di Bordo” (S’ard Music)

 

Vincent Peirani Il y a un côté folklore, alors je pense à des musiciens du Brésil, par exemple… [Une fois informé] Noooon !?

 

Émile Parisien Ah ouais, putain ! Je ne savais pas qu’Hamid Drake jouait des choses pareilles. [À Peirani] Ça c’est en majeur, donc c’est toi qui parles ! [Rires.]

 

Peirani En fait Antonello Salis n’est pas un accordéoniste : c’est un musicien à part. Il se trouve qu’il a choisi comme moyens d’expression l’accordéon, le piano… et le bonnet.

 

Parisien En fait, pour ma part, je ne le connais pas du tout…

 

Peirani C’est un personnage : il ne sait pas lire la musique mais quand il joue il défonce tout, sans parler de son physique de corsaire. J’ai failli faire un concert en duo avec lui en duo à Rome, l’été dernier, et j’étais à la fois excité et mort de trouille parce qu’on ne vient pas du tout du même endroit. Tu as beau arriver avec tes diplômes et tout ça, tu sais qu’avec lui ça ne sert à rien. A rien du tout ! Ca s’entend dans sa musique, ce quelque chose de simple et d’hyper généreux, surtout sur ce morceau très festif. C’est lâché, en fait.

 

Parisien J’aime bien le son de Gavino Murgia au soprano. On sent qu’il a quelque chose à dire.

 

 

 

Kalle Kalima & K-18

 

Earth Light Room

 

“Some Kubricks Of Blood” (TUM)

 

Peirani Wow ! C’est quoi ce truc ?

 

Parisien Mikko Inanen au sax ? Je l’ai rencontré : il a plein de super groupes !

 

Peirani C’est vraiment original. Rien que la formation, par exemple : guitare électrique, accordéon, sax… C’est loin d’être évident !

 

Est-ce qu’il n’y a pas, justement, chez ces groupes du “Grand Nord”, un fraîcheur – sans jeu de mots – qu’on n’entend pas souvent sous nos latitudes ? Est-ce qu’ils n’osent pas des choses…

 

Peirani C’est vrai qu’ici le mélange est loin d’être conventionnel : ce son de sax qui tient du cirque et en même temps d’on ne sait trop quoi, et la guitare qui fait une sorte de doublure, de tapis derrière… ça réveille des choses.

 

Parisien C’est très “organique” quoi ! — pour y aller d’un cliché — mais surtout on a là des mecs qui ont réfléchi aux timbres, au son. Il y a un propos, la composition elle-même est superbe. Moi, là, j’ai envie d’écouter tout le disque…

 

Émile, vous disiez tout à l’heure que vous aviez rencontré Mikko Innanen. Au cours d’une des tournées qu’organise Charles Gil en Finlande j’imagine, car j’ai rarement vu Innanen programmé en France. Pourquoi, à votre avis, n’existe-t-il pas davantage de synergie entre ces musiciens – qui, en plus, sont de votre génération – et les Français ?

 

Parisien C’est vrai que les échanges ne sont pas si évidents entre les différents pays. Il y a beaucoup de musiciens étrangers reconnus chez eux que nous ne connaissons pas ici, et vice versa. Je pense à l’Allemagne, l’Angleterre, la Finlande… En effet, suite à une tournée d’une quinzaine de dates avec mon Quartet organisée par Charles Gil en Finlande, nous avons essayé de rendre la pareille à des groupes finlandais, en montant un double plateau avec eux. Malheureusement, ce projet n’a pas pu aboutir ici en France. Peut être par manque d’intérêt ou méconnaissance, et certainement du fait d’un souci de remplir les salles. Mais ce phénomène n’est pas spécifique aux musiciens finlandais. Vincent ou moi avons beaucoup joué en Allemagne mais le pianiste allemand Michael Wollny, par exemple — qui joue dans le trio de Vincent, et il y a donc là une vraie connexion — ne se produit quasiment jamais sous son nom dans l’Hexagone !

 

Peirani Il y a des musiciens allemands qui ont une vraie reconnaissance là-bas et qui sont des “tueurs” sur leur instrument, et quand on parle d’eux en France — même à des musiciens — personne ne les connaît ! Je trouve ça vraiment dommage, car nous sommes “voisins” et nous ne nous connaissons pas ! Heureusement, il existe quand même des festivals qui travaillent d’arrache-pied pour pallier ce manque ! 

 

Je crois que c’est général : depuis la mort d’Albert Mangelssdorff, personne ne semble capable en France de nommer un musicien allemand, à part Joachim Kühn…

 

Peirani  C’est peut être une preuve de notre manque de curiosité.

 

Parisien Aujourd’hui, j’ai l’impression que certains programmateurs sont dans le contrôle et qu’ils ont peur de présenter quelque chose de nouveau au public. Il y a aussi un souci économique, bien sûr : ne pas prendre trop de risques par peur de ne pas remplir les salles…

 

Peirani  On peut ajouter que les propositions artistiques sont abondantes et que certains programmateurs n’ont peut être plus le temps de tout écouter, et vont à l’essentiel en tenant compte des réalités économiques. La situation est complexe et difficile, c’est un fait, mais quand on voit les mêmes programmations dans différents endroits, il faut reconnaître que ça fait ch… Ce n’est quand même pas le cas partout, et on rencontre encore et toujours des gens qui résistent au formatage. Heureusement.

 

Parisien Ça manque d’équilibre entre les grosses vedettes et le reste. Certains programmateurs pensent à la place de “leur” public et veulent lui offrir ci ou ça en fonction de l’idée qu’ils se font d’eux et en fonction de ce qui “marche” dans les grands médias culturels. La notion de découverte en prend un coup dans l’aile, et ça ne va pas s’arranger. On oublie que le public a le droit de découvrir et d’apprécier par lui-même. Quand nous jouons en Allemagne ou en Finlande, par exemple, nous rencontrons un public qui ne nous connaît pas. Il est curieux, content, et il vient nous dire après le concert à quel point il est ravi d’avoir découvert quelque chose de nouveau. Je pense que cette attitude est valable pour un tas de formes d’art autres que la musique en général, ou le jazz en particulier. C’est un problème très complexe, mais avant tout un problème d’éducation, d’accès à l’art
.

 

 

 

Deep Purple

 

Burn

 

“Burn” (EMI, 1974)

 

Peirani  Deep Purple, Burn !

 

Puisque vous avez reconnu tout de suite, je peux donc arrêter…

 

Peirani & Parisein Noooooon !

 

Bon, alors il va falloir vous expliquer. C’est Frédéric Goaty qui m’a suggéré ce morceau, sachant que Vincent est fan. Pour ma part, je ne demande qu’à comprendre…

 

Peirani  Mais enfin : c’est mon groupe préféré ! J’ai relevé ça note à note comme un malade à une période. C’est une musique qui m’a traumatisé. Il y a une énergie là-dedans : physiquement, ça me procure un truc. J’adore ! J’ai écouté ça en même temps que j’ai découvert Cream, Iron Butterfly, Jimi Hendrix… et ça m’a sauté au visage. Il y a quelque chose de kitsch dans le jeu de Glenn Hughes, mais ça me parle. Ca doit être mon côté accordéon !

 

Parisien Et puis l’énergie, ce n’est pas uniquement l’électricité, Monsieur le critique de jazz !

 

Peirani  Je me demande si ce n’est pas aussi une musique qui m’a attiré parce qu’elle était très éloignée de ce que je pouvais faire. En tout cas, à une époque, j’ai monté un spectacle autour du répertoire de Rage Against The Machine et de Deep Purple en accordéon solo !

 

Parisien Oh nooon ! Mais il y a aussi  des choses comme Emerson Lake & Palmer, “Pictures At An Exhibition” par exemple, même si ça a un peu vieilli… Enfin, en ce qui me concerne, j’ai un grand regret : c’est de m’être mis au jazz trop tôt à Marciac. Cela fait que, par rapport à d’autres gens de ma génération, j’ai dû rattraper toute une période que je n’avais pas écoutée. Même les Beatles, je les ai découverts assez tard et j’ai une sorte de complexe par rapport à toute cette musique que j’adore et qui m’inspire aujourd’hui, aussi bien au niveau de l’énergie que de certaines formes.

 

Peirani  Il faut quand même avoir quelque chose de fort en soi pour faire ce que réalisent certains groupes de rock à partir de morceaux basés – si on simplifie – sur quatre accords. John Lord, l’organiste de Deep Purple, n’est pas ce qui se fait de plus sophistiqué et on peut dire la même chose des autres, mais le mélange des quatre personnalités produit quelque chose qui me touche vraiment.

 

Les musiciens de votre génération semblent assez sensibles à des groupes pop plus récents comme Radiohead ou Björk. Est-ce votre cas ?

 

Peirani  Je ne les connais pas du tout.

 

Parisien Moi j’aime beaucoup. Je me sens tout à fait de cette génération. Ce qu’il y a d’intéressant chez eux c’est un travail sur le son, la forme, l’énergie. Après ça, l’intérêt de jouer leurs morceaux en jazz comme le fait Brad Mehldau…

 

Peirani  C’est le côté populaire, comme les airs de Broadway autrefois. C’est de notre époque.

 

Parisien C’est vrai : leurs chansons font partie de nos meubles. Pourquoi ne pourraient-elles pas devenir des standards comme autrefois My Favorite  Things ? Mais personnellement je ne suis pas pour les reprendre, même si ça me fait plaisir de les jouer de temps en temps. Je n’en ferais pas un enregistrement, par exemple.

 

Peut-on s’appesantir un instant sur l’adjectif “populaire” : Johnny Halliday aussi, c’est populaire. Alors est-ce un argument ? Par ailleurs vous reprenez Schumann ou Sidney Bechet, qui ne sont pas “de notre époque”, et vous les faites vôtres…

 

Parisien Oui, mais entre Björk et Johnny on trouve — n’est-ce pas Vincent ? — qu’il y a une différence de qualité. Par ailleurs voulez-vous dire qu’il est plus « légitime » ou « intéressant » de reprendre Schumann que Björk ?

 

Il est vrai que j’ai tendance à croire à l’intemporel : les anglo-saxons se nourrissent de Shakespeare sous toutes les formes artistiques possibles – y compris les plus  modernes et inventives – depuis plus de quatre siècles !

 

Peirani  Parce que Shakespeare parle de la nature humaine et que ça traverse le temps. Mais dans ce qui apparaît aujourd’hui, et qui peut-être ne durera que dix ans, on ne peut pas savoir ce qui restera.

 

Parisien Et puis des groupes comme Radiohead ont fait une sorte de révolution. Ils ont apporté quelque chose dans le domaine du rock. Ils ont réfléchi, il y a une avancée au niveau du son.

 

Désolé de vous titiller derechef, mais il me semble que vous deux, avec des instruments qui existent depuis un peu plus d’un siècle, avez réfléchi et effectué un sacré travail au niveau du son, pour reprendre la formule d’Émile…

 

Peirani Bon alors, pour commencer, merci du compliment…

 

Parisien Oui, merci. Mais après ça, on ne peut plus rien dire… [Re-rires.] Sauf peut-être que c’est aussi quelque chose de générationnel, et ce n’est sans doute pas par hasard si votre fille – qui est de notre génération – vous a fait découvrir Radiohead.

 

Alors je rebondis là-dessus : comment faites vous, tous les deux, pour ne pas être QUE de votre génération ? Parce que, franchement, vous êtes un peu à part, et je doute que Daniel Humair, par exemple, me contredise sur ce point…

 

Peirani  Vous êtes une des premières personnes à nous dire ça. Et si c’est vrai à un niveau ou à un autre, c’est qu’on est des artisans de la musique. On est de notre époque mais, pour ma part  je ne connais quasiment pas Björk ou Radiohead. Je n’ai pas eu le déclic qui m’a poussé vers eux et je ne m’en porte pas plus mal.

 

Parisien Chercher, creuser, c’est quand même pour ça qu’on est dans la musique et, sur ce plan, on s’est bien trouvés tous les deux. Il y a entre Vincent et moi d’assez grandes différences de sensibilité. Comme on se connaît bien, qu’on joue beaucoup ensemble et qu’on est tous deux des perfectionnistes de folie, on arrive toujours à s’entendre. Mais se retrouver face à face pour préparer ce disque en duo a parfois donné lieu à des discussions épiques pour préciser un détail… dont on n’a finalement pas tenu compte ! [Rires.]

 

Peirani Emile est entier, et donc casse-couilles. Moi je suis casse-couilles, et entier aussi. [Rires.]

 

 

 

CONCERT Le 31 mars à Pantin (La Dynamo, Banlieues Bleues).

 

CD Vincent Peirani & Émile Parisien : “Belle Époque” (ACT Music / Harmonia Mundi, sortie le 11 mars, Choc Jazz Magazine Jazzman). Vincent Peirani : “Thrill Box” (ACT Music / Harmonia Mundi, Choc Jazz Magazine Jazzman). Émile Parisien Quartet : “Chien Guêpe” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman). Peirani et Parisien avec Daniel Humair : “Sweet & Sour” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman).        

 

 

NB : Encore un peu de patience : “Belle Époque” (Act Music), le premier album en duo de Vincent Peirani et Émile Parisien sera dans les bacs le 11 mars. Mais il tourne déjà en boucle sur la platine de la rédaction de Jazz Magazine Jazzman. Dès la première écoute, nous avons ressenti un Choc, que vous lirez donc dans notre prochain numéro…


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“Belle Époque”, le premier album en duo de Vincent Peirani et d’Émile Parisien, sera l’un des événements discographiques de l’année. L’accordéoniste et le saxophoniste seront également l’une des têtes d’affiche de Banlieues Bleues. Pour la première fois, ils on accepté de passer au révélateur du blindfold test. La première partie est à lire dans le n° 658 de Jazz Magazine Jazzman, actuellement en kiosque. Et voici donc la suite…

 

 

VINCENT PEIRANI & ÉMILE PARISIEN

 

Comme des grands (suite)

Par Thierry Quénum

 

 

Antonello Salis / Gavino Murgia / Paolo Angeli / Hamid Drake

 

Dear Prudence

 

“Giornale di Bordo” (S’ard Music)

 

Vincent Peirani Il y a un côté folklore, alors je pense à des musiciens du Brésil, par exemple… [Une fois informé] Noooon !?

 

Émile Parisien Ah ouais, putain ! Je ne savais pas qu’Hamid Drake jouait des choses pareilles. [À Peirani] Ça c’est en majeur, donc c’est toi qui parles ! [Rires.]

 

Peirani En fait Antonello Salis n’est pas un accordéoniste : c’est un musicien à part. Il se trouve qu’il a choisi comme moyens d’expression l’accordéon, le piano… et le bonnet.

 

Parisien En fait, pour ma part, je ne le connais pas du tout…

 

Peirani C’est un personnage : il ne sait pas lire la musique mais quand il joue il défonce tout, sans parler de son physique de corsaire. J’ai failli faire un concert en duo avec lui en duo à Rome, l’été dernier, et j’étais à la fois excité et mort de trouille parce qu’on ne vient pas du tout du même endroit. Tu as beau arriver avec tes diplômes et tout ça, tu sais qu’avec lui ça ne sert à rien. A rien du tout ! Ca s’entend dans sa musique, ce quelque chose de simple et d’hyper généreux, surtout sur ce morceau très festif. C’est lâché, en fait.

 

Parisien J’aime bien le son de Gavino Murgia au soprano. On sent qu’il a quelque chose à dire.

 

 

 

Kalle Kalima & K-18

 

Earth Light Room

 

“Some Kubricks Of Blood” (TUM)

 

Peirani Wow ! C’est quoi ce truc ?

 

Parisien Mikko Inanen au sax ? Je l’ai rencontré : il a plein de super groupes !

 

Peirani C’est vraiment original. Rien que la formation, par exemple : guitare électrique, accordéon, sax… C’est loin d’être évident !

 

Est-ce qu’il n’y a pas, justement, chez ces groupes du “Grand Nord”, un fraîcheur – sans jeu de mots – qu’on n’entend pas souvent sous nos latitudes ? Est-ce qu’ils n’osent pas des choses…

 

Peirani C’est vrai qu’ici le mélange est loin d’être conventionnel : ce son de sax qui tient du cirque et en même temps d’on ne sait trop quoi, et la guitare qui fait une sorte de doublure, de tapis derrière… ça réveille des choses.

 

Parisien C’est très “organique” quoi ! — pour y aller d’un cliché — mais surtout on a là des mecs qui ont réfléchi aux timbres, au son. Il y a un propos, la composition elle-même est superbe. Moi, là, j’ai envie d’écouter tout le disque…

 

Émile, vous disiez tout à l’heure que vous aviez rencontré Mikko Innanen. Au cours d’une des tournées qu’organise Charles Gil en Finlande j’imagine, car j’ai rarement vu Innanen programmé en France. Pourquoi, à votre avis, n’existe-t-il pas davantage de synergie entre ces musiciens – qui, en plus, sont de votre génération – et les Français ?

 

Parisien C’est vrai que les échanges ne sont pas si évidents entre les différents pays. Il y a beaucoup de musiciens étrangers reconnus chez eux que nous ne connaissons pas ici, et vice versa. Je pense à l’Allemagne, l’Angleterre, la Finlande… En effet, suite à une tournée d’une quinzaine de dates avec mon Quartet organisée par Charles Gil en Finlande, nous avons essayé de rendre la pareille à des groupes finlandais, en montant un double plateau avec eux. Malheureusement, ce projet n’a pas pu aboutir ici en France. Peut être par manque d’intérêt ou méconnaissance, et certainement du fait d’un souci de remplir les salles. Mais ce phénomène n’est pas spécifique aux musiciens finlandais. Vincent ou moi avons beaucoup joué en Allemagne mais le pianiste allemand Michael Wollny, par exemple — qui joue dans le trio de Vincent, et il y a donc là une vraie connexion — ne se produit quasiment jamais sous son nom dans l’Hexagone !

 

Peirani Il y a des musiciens allemands qui ont une vraie reconnaissance là-bas et qui sont des “tueurs” sur leur instrument, et quand on parle d’eux en France — même à des musiciens — personne ne les connaît ! Je trouve ça vraiment dommage, car nous sommes “voisins” et nous ne nous connaissons pas ! Heureusement, il existe quand même des festivals qui travaillent d’arrache-pied pour pallier ce manque ! 

 

Je crois que c’est général : depuis la mort d’Albert Mangelssdorff, personne ne semble capable en France de nommer un musicien allemand, à part Joachim Kühn…

 

Peirani  C’est peut être une preuve de notre manque de curiosité.

 

Parisien Aujourd’hui, j’ai l’impression que certains programmateurs sont dans le contrôle et qu’ils ont peur de présenter quelque chose de nouveau au public. Il y a aussi un souci économique, bien sûr : ne pas prendre trop de risques par peur de ne pas remplir les salles…

 

Peirani  On peut ajouter que les propositions artistiques sont abondantes et que certains programmateurs n’ont peut être plus le temps de tout écouter, et vont à l’essentiel en tenant compte des réalités économiques. La situation est complexe et difficile, c’est un fait, mais quand on voit les mêmes programmations dans différents endroits, il faut reconnaître que ça fait ch… Ce n’est quand même pas le cas partout, et on rencontre encore et toujours des gens qui résistent au formatage. Heureusement.

 

Parisien Ça manque d’équilibre entre les grosses vedettes et le reste. Certains programmateurs pensent à la place de “leur” public et veulent lui offrir ci ou ça en fonction de l’idée qu’ils se font d’eux et en fonction de ce qui “marche” dans les grands médias culturels. La notion de découverte en prend un coup dans l’aile, et ça ne va pas s’arranger. On oublie que le public a le droit de découvrir et d’apprécier par lui-même. Quand nous jouons en Allemagne ou en Finlande, par exemple, nous rencontrons un public qui ne nous connaît pas. Il est curieux, content, et il vient nous dire après le concert à quel point il est ravi d’avoir découvert quelque chose de nouveau. Je pense que cette attitude est valable pour un tas de formes d’art autres que la musique en général, ou le jazz en particulier. C’est un problème très complexe, mais avant tout un problème d’éducation, d’accès à l’art
.

 

 

 

Deep Purple

 

Burn

 

“Burn” (EMI, 1974)

 

Peirani  Deep Purple, Burn !

 

Puisque vous avez reconnu tout de suite, je peux donc arrêter…

 

Peirani & Parisein Noooooon !

 

Bon, alors il va falloir vous expliquer. C’est Frédéric Goaty qui m’a suggéré ce morceau, sachant que Vincent est fan. Pour ma part, je ne demande qu’à comprendre…

 

Peirani  Mais enfin : c’est mon groupe préféré ! J’ai relevé ça note à note comme un malade à une période. C’est une musique qui m’a traumatisé. Il y a une énergie là-dedans : physiquement, ça me procure un truc. J’adore ! J’ai écouté ça en même temps que j’ai découvert Cream, Iron Butterfly, Jimi Hendrix… et ça m’a sauté au visage. Il y a quelque chose de kitsch dans le jeu de Glenn Hughes, mais ça me parle. Ca doit être mon côté accordéon !

 

Parisien Et puis l’énergie, ce n’est pas uniquement l’électricité, Monsieur le critique de jazz !

 

Peirani  Je me demande si ce n’est pas aussi une musique qui m’a attiré parce qu’elle était très éloignée de ce que je pouvais faire. En tout cas, à une époque, j’ai monté un spectacle autour du répertoire de Rage Against The Machine et de Deep Purple en accordéon solo !

 

Parisien Oh nooon ! Mais il y a aussi  des choses comme Emerson Lake & Palmer, “Pictures At An Exhibition” par exemple, même si ça a un peu vieilli… Enfin, en ce qui me concerne, j’ai un grand regret : c’est de m’être mis au jazz trop tôt à Marciac. Cela fait que, par rapport à d’autres gens de ma génération, j’ai dû rattraper toute une période que je n’avais pas écoutée. Même les Beatles, je les ai découverts assez tard et j’ai une sorte de complexe par rapport à toute cette musique que j’adore et qui m’inspire aujourd’hui, aussi bien au niveau de l’énergie que de certaines formes.

 

Peirani  Il faut quand même avoir quelque chose de fort en soi pour faire ce que réalisent certains groupes de rock à partir de morceaux basés – si on simplifie – sur quatre accords. John Lord, l’organiste de Deep Purple, n’est pas ce qui se fait de plus sophistiqué et on peut dire la même chose des autres, mais le mélange des quatre personnalités produit quelque chose qui me touche vraiment.

 

Les musiciens de votre génération semblent assez sensibles à des groupes pop plus récents comme Radiohead ou Björk. Est-ce votre cas ?

 

Peirani  Je ne les connais pas du tout.

 

Parisien Moi j’aime beaucoup. Je me sens tout à fait de cette génération. Ce qu’il y a d’intéressant chez eux c’est un travail sur le son, la forme, l’énergie. Après ça, l’intérêt de jouer leurs morceaux en jazz comme le fait Brad Mehldau…

 

Peirani  C’est le côté populaire, comme les airs de Broadway autrefois. C’est de notre époque.

 

Parisien C’est vrai : leurs chansons font partie de nos meubles. Pourquoi ne pourraient-elles pas devenir des standards comme autrefois My Favorite  Things ? Mais personnellement je ne suis pas pour les reprendre, même si ça me fait plaisir de les jouer de temps en temps. Je n’en ferais pas un enregistrement, par exemple.

 

Peut-on s’appesantir un instant sur l’adjectif “populaire” : Johnny Halliday aussi, c’est populaire. Alors est-ce un argument ? Par ailleurs vous reprenez Schumann ou Sidney Bechet, qui ne sont pas “de notre époque”, et vous les faites vôtres…

 

Parisien Oui, mais entre Björk et Johnny on trouve — n’est-ce pas Vincent ? — qu’il y a une différence de qualité. Par ailleurs voulez-vous dire qu’il est plus « légitime » ou « intéressant » de reprendre Schumann que Björk ?

 

Il est vrai que j’ai tendance à croire à l’intemporel : les anglo-saxons se nourrissent de Shakespeare sous toutes les formes artistiques possibles – y compris les plus  modernes et inventives – depuis plus de quatre siècles !

 

Peirani  Parce que Shakespeare parle de la nature humaine et que ça traverse le temps. Mais dans ce qui apparaît aujourd’hui, et qui peut-être ne durera que dix ans, on ne peut pas savoir ce qui restera.

 

Parisien Et puis des groupes comme Radiohead ont fait une sorte de révolution. Ils ont apporté quelque chose dans le domaine du rock. Ils ont réfléchi, il y a une avancée au niveau du son.

 

Désolé de vous titiller derechef, mais il me semble que vous deux, avec des instruments qui existent depuis un peu plus d’un siècle, avez réfléchi et effectué un sacré travail au niveau du son, pour reprendre la formule d’Émile…

 

Peirani Bon alors, pour commencer, merci du compliment…

 

Parisien Oui, merci. Mais après ça, on ne peut plus rien dire… [Re-rires.] Sauf peut-être que c’est aussi quelque chose de générationnel, et ce n’est sans doute pas par hasard si votre fille – qui est de notre génération – vous a fait découvrir Radiohead.

 

Alors je rebondis là-dessus : comment faites vous, tous les deux, pour ne pas être QUE de votre génération ? Parce que, franchement, vous êtes un peu à part, et je doute que Daniel Humair, par exemple, me contredise sur ce point…

 

Peirani  Vous êtes une des premières personnes à nous dire ça. Et si c’est vrai à un niveau ou à un autre, c’est qu’on est des artisans de la musique. On est de notre époque mais, pour ma part  je ne connais quasiment pas Björk ou Radiohead. Je n’ai pas eu le déclic qui m’a poussé vers eux et je ne m’en porte pas plus mal.

 

Parisien Chercher, creuser, c’est quand même pour ça qu’on est dans la musique et, sur ce plan, on s’est bien trouvés tous les deux. Il y a entre Vincent et moi d’assez grandes différences de sensibilité. Comme on se connaît bien, qu’on joue beaucoup ensemble et qu’on est tous deux des perfectionnistes de folie, on arrive toujours à s’entendre. Mais se retrouver face à face pour préparer ce disque en duo a parfois donné lieu à des discussions épiques pour préciser un détail… dont on n’a finalement pas tenu compte ! [Rires.]

 

Peirani Emile est entier, et donc casse-couilles. Moi je suis casse-couilles, et entier aussi. [Rires.]

 

 

 

CONCERT Le 31 mars à Pantin (La Dynamo, Banlieues Bleues).

 

CD Vincent Peirani & Émile Parisien : “Belle Époque” (ACT Music / Harmonia Mundi, sortie le 11 mars, Choc Jazz Magazine Jazzman). Vincent Peirani : “Thrill Box” (ACT Music / Harmonia Mundi, Choc Jazz Magazine Jazzman). Émile Parisien Quartet : “Chien Guêpe” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman). Peirani et Parisien avec Daniel Humair : “Sweet & Sour” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman).        

 

 

NB : Encore un peu de patience : “Belle Époque” (Act Music), le premier album en duo de Vincent Peirani et Émile Parisien sera dans les bacs le 11 mars. Mais il tourne déjà en boucle sur la platine de la rédaction de Jazz Magazine Jazzman. Dès la première écoute, nous avons ressenti un Choc, que vous lirez donc dans notre prochain numéro…


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“Belle Époque”, le premier album en duo de Vincent Peirani et d’Émile Parisien, sera l’un des événements discographiques de l’année. L’accordéoniste et le saxophoniste seront également l’une des têtes d’affiche de Banlieues Bleues. Pour la première fois, ils on accepté de passer au révélateur du blindfold test. La première partie est à lire dans le n° 658 de Jazz Magazine Jazzman, actuellement en kiosque. Et voici donc la suite…

 

 

VINCENT PEIRANI & ÉMILE PARISIEN

 

Comme des grands (suite)

Par Thierry Quénum

 

 

Antonello Salis / Gavino Murgia / Paolo Angeli / Hamid Drake

 

Dear Prudence

 

“Giornale di Bordo” (S’ard Music)

 

Vincent Peirani Il y a un côté folklore, alors je pense à des musiciens du Brésil, par exemple… [Une fois informé] Noooon !?

 

Émile Parisien Ah ouais, putain ! Je ne savais pas qu’Hamid Drake jouait des choses pareilles. [À Peirani] Ça c’est en majeur, donc c’est toi qui parles ! [Rires.]

 

Peirani En fait Antonello Salis n’est pas un accordéoniste : c’est un musicien à part. Il se trouve qu’il a choisi comme moyens d’expression l’accordéon, le piano… et le bonnet.

 

Parisien En fait, pour ma part, je ne le connais pas du tout…

 

Peirani C’est un personnage : il ne sait pas lire la musique mais quand il joue il défonce tout, sans parler de son physique de corsaire. J’ai failli faire un concert en duo avec lui en duo à Rome, l’été dernier, et j’étais à la fois excité et mort de trouille parce qu’on ne vient pas du tout du même endroit. Tu as beau arriver avec tes diplômes et tout ça, tu sais qu’avec lui ça ne sert à rien. A rien du tout ! Ca s’entend dans sa musique, ce quelque chose de simple et d’hyper généreux, surtout sur ce morceau très festif. C’est lâché, en fait.

 

Parisien J’aime bien le son de Gavino Murgia au soprano. On sent qu’il a quelque chose à dire.

 

 

 

Kalle Kalima & K-18

 

Earth Light Room

 

“Some Kubricks Of Blood” (TUM)

 

Peirani Wow ! C’est quoi ce truc ?

 

Parisien Mikko Inanen au sax ? Je l’ai rencontré : il a plein de super groupes !

 

Peirani C’est vraiment original. Rien que la formation, par exemple : guitare électrique, accordéon, sax… C’est loin d’être évident !

 

Est-ce qu’il n’y a pas, justement, chez ces groupes du “Grand Nord”, un fraîcheur – sans jeu de mots – qu’on n’entend pas souvent sous nos latitudes ? Est-ce qu’ils n’osent pas des choses…

 

Peirani C’est vrai qu’ici le mélange est loin d’être conventionnel : ce son de sax qui tient du cirque et en même temps d’on ne sait trop quoi, et la guitare qui fait une sorte de doublure, de tapis derrière… ça réveille des choses.

 

Parisien C’est très “organique” quoi ! — pour y aller d’un cliché — mais surtout on a là des mecs qui ont réfléchi aux timbres, au son. Il y a un propos, la composition elle-même est superbe. Moi, là, j’ai envie d’écouter tout le disque…

 

Émile, vous disiez tout à l’heure que vous aviez rencontré Mikko Innanen. Au cours d’une des tournées qu’organise Charles Gil en Finlande j’imagine, car j’ai rarement vu Innanen programmé en France. Pourquoi, à votre avis, n’existe-t-il pas davantage de synergie entre ces musiciens – qui, en plus, sont de votre génération – et les Français ?

 

Parisien C’est vrai que les échanges ne sont pas si évidents entre les différents pays. Il y a beaucoup de musiciens étrangers reconnus chez eux que nous ne connaissons pas ici, et vice versa. Je pense à l’Allemagne, l’Angleterre, la Finlande… En effet, suite à une tournée d’une quinzaine de dates avec mon Quartet organisée par Charles Gil en Finlande, nous avons essayé de rendre la pareille à des groupes finlandais, en montant un double plateau avec eux. Malheureusement, ce projet n’a pas pu aboutir ici en France. Peut être par manque d’intérêt ou méconnaissance, et certainement du fait d’un souci de remplir les salles. Mais ce phénomène n’est pas spécifique aux musiciens finlandais. Vincent ou moi avons beaucoup joué en Allemagne mais le pianiste allemand Michael Wollny, par exemple — qui joue dans le trio de Vincent, et il y a donc là une vraie connexion — ne se produit quasiment jamais sous son nom dans l’Hexagone !

 

Peirani Il y a des musiciens allemands qui ont une vraie reconnaissance là-bas et qui sont des “tueurs” sur leur instrument, et quand on parle d’eux en France — même à des musiciens — personne ne les connaît ! Je trouve ça vraiment dommage, car nous sommes “voisins” et nous ne nous connaissons pas ! Heureusement, il existe quand même des festivals qui travaillent d’arrache-pied pour pallier ce manque ! 

 

Je crois que c’est général : depuis la mort d’Albert Mangelssdorff, personne ne semble capable en France de nommer un musicien allemand, à part Joachim Kühn…

 

Peirani  C’est peut être une preuve de notre manque de curiosité.

 

Parisien Aujourd’hui, j’ai l’impression que certains programmateurs sont dans le contrôle et qu’ils ont peur de présenter quelque chose de nouveau au public. Il y a aussi un souci économique, bien sûr : ne pas prendre trop de risques par peur de ne pas remplir les salles…

 

Peirani  On peut ajouter que les propositions artistiques sont abondantes et que certains programmateurs n’ont peut être plus le temps de tout écouter, et vont à l’essentiel en tenant compte des réalités économiques. La situation est complexe et difficile, c’est un fait, mais quand on voit les mêmes programmations dans différents endroits, il faut reconnaître que ça fait ch… Ce n’est quand même pas le cas partout, et on rencontre encore et toujours des gens qui résistent au formatage. Heureusement.

 

Parisien Ça manque d’équilibre entre les grosses vedettes et le reste. Certains programmateurs pensent à la place de “leur” public et veulent lui offrir ci ou ça en fonction de l’idée qu’ils se font d’eux et en fonction de ce qui “marche” dans les grands médias culturels. La notion de découverte en prend un coup dans l’aile, et ça ne va pas s’arranger. On oublie que le public a le droit de découvrir et d’apprécier par lui-même. Quand nous jouons en Allemagne ou en Finlande, par exemple, nous rencontrons un public qui ne nous connaît pas. Il est curieux, content, et il vient nous dire après le concert à quel point il est ravi d’avoir découvert quelque chose de nouveau. Je pense que cette attitude est valable pour un tas de formes d’art autres que la musique en général, ou le jazz en particulier. C’est un problème très complexe, mais avant tout un problème d’éducation, d’accès à l’art
.

 

 

 

Deep Purple

 

Burn

 

“Burn” (EMI, 1974)

 

Peirani  Deep Purple, Burn !

 

Puisque vous avez reconnu tout de suite, je peux donc arrêter…

 

Peirani & Parisein Noooooon !

 

Bon, alors il va falloir vous expliquer. C’est Frédéric Goaty qui m’a suggéré ce morceau, sachant que Vincent est fan. Pour ma part, je ne demande qu’à comprendre…

 

Peirani  Mais enfin : c’est mon groupe préféré ! J’ai relevé ça note à note comme un malade à une période. C’est une musique qui m’a traumatisé. Il y a une énergie là-dedans : physiquement, ça me procure un truc. J’adore ! J’ai écouté ça en même temps que j’ai découvert Cream, Iron Butterfly, Jimi Hendrix… et ça m’a sauté au visage. Il y a quelque chose de kitsch dans le jeu de Glenn Hughes, mais ça me parle. Ca doit être mon côté accordéon !

 

Parisien Et puis l’énergie, ce n’est pas uniquement l’électricité, Monsieur le critique de jazz !

 

Peirani  Je me demande si ce n’est pas aussi une musique qui m’a attiré parce qu’elle était très éloignée de ce que je pouvais faire. En tout cas, à une époque, j’ai monté un spectacle autour du répertoire de Rage Against The Machine et de Deep Purple en accordéon solo !

 

Parisien Oh nooon ! Mais il y a aussi  des choses comme Emerson Lake & Palmer, “Pictures At An Exhibition” par exemple, même si ça a un peu vieilli… Enfin, en ce qui me concerne, j’ai un grand regret : c’est de m’être mis au jazz trop tôt à Marciac. Cela fait que, par rapport à d’autres gens de ma génération, j’ai dû rattraper toute une période que je n’avais pas écoutée. Même les Beatles, je les ai découverts assez tard et j’ai une sorte de complexe par rapport à toute cette musique que j’adore et qui m’inspire aujourd’hui, aussi bien au niveau de l’énergie que de certaines formes.

 

Peirani  Il faut quand même avoir quelque chose de fort en soi pour faire ce que réalisent certains groupes de rock à partir de morceaux basés – si on simplifie – sur quatre accords. John Lord, l’organiste de Deep Purple, n’est pas ce qui se fait de plus sophistiqué et on peut dire la même chose des autres, mais le mélange des quatre personnalités produit quelque chose qui me touche vraiment.

 

Les musiciens de votre génération semblent assez sensibles à des groupes pop plus récents comme Radiohead ou Björk. Est-ce votre cas ?

 

Peirani  Je ne les connais pas du tout.

 

Parisien Moi j’aime beaucoup. Je me sens tout à fait de cette génération. Ce qu’il y a d’intéressant chez eux c’est un travail sur le son, la forme, l’énergie. Après ça, l’intérêt de jouer leurs morceaux en jazz comme le fait Brad Mehldau…

 

Peirani  C’est le côté populaire, comme les airs de Broadway autrefois. C’est de notre époque.

 

Parisien C’est vrai : leurs chansons font partie de nos meubles. Pourquoi ne pourraient-elles pas devenir des standards comme autrefois My Favorite  Things ? Mais personnellement je ne suis pas pour les reprendre, même si ça me fait plaisir de les jouer de temps en temps. Je n’en ferais pas un enregistrement, par exemple.

 

Peut-on s’appesantir un instant sur l’adjectif “populaire” : Johnny Halliday aussi, c’est populaire. Alors est-ce un argument ? Par ailleurs vous reprenez Schumann ou Sidney Bechet, qui ne sont pas “de notre époque”, et vous les faites vôtres…

 

Parisien Oui, mais entre Björk et Johnny on trouve — n’est-ce pas Vincent ? — qu’il y a une différence de qualité. Par ailleurs voulez-vous dire qu’il est plus « légitime » ou « intéressant » de reprendre Schumann que Björk ?

 

Il est vrai que j’ai tendance à croire à l’intemporel : les anglo-saxons se nourrissent de Shakespeare sous toutes les formes artistiques possibles – y compris les plus  modernes et inventives – depuis plus de quatre siècles !

 

Peirani  Parce que Shakespeare parle de la nature humaine et que ça traverse le temps. Mais dans ce qui apparaît aujourd’hui, et qui peut-être ne durera que dix ans, on ne peut pas savoir ce qui restera.

 

Parisien Et puis des groupes comme Radiohead ont fait une sorte de révolution. Ils ont apporté quelque chose dans le domaine du rock. Ils ont réfléchi, il y a une avancée au niveau du son.

 

Désolé de vous titiller derechef, mais il me semble que vous deux, avec des instruments qui existent depuis un peu plus d’un siècle, avez réfléchi et effectué un sacré travail au niveau du son, pour reprendre la formule d’Émile…

 

Peirani Bon alors, pour commencer, merci du compliment…

 

Parisien Oui, merci. Mais après ça, on ne peut plus rien dire… [Re-rires.] Sauf peut-être que c’est aussi quelque chose de générationnel, et ce n’est sans doute pas par hasard si votre fille – qui est de notre génération – vous a fait découvrir Radiohead.

 

Alors je rebondis là-dessus : comment faites vous, tous les deux, pour ne pas être QUE de votre génération ? Parce que, franchement, vous êtes un peu à part, et je doute que Daniel Humair, par exemple, me contredise sur ce point…

 

Peirani  Vous êtes une des premières personnes à nous dire ça. Et si c’est vrai à un niveau ou à un autre, c’est qu’on est des artisans de la musique. On est de notre époque mais, pour ma part  je ne connais quasiment pas Björk ou Radiohead. Je n’ai pas eu le déclic qui m’a poussé vers eux et je ne m’en porte pas plus mal.

 

Parisien Chercher, creuser, c’est quand même pour ça qu’on est dans la musique et, sur ce plan, on s’est bien trouvés tous les deux. Il y a entre Vincent et moi d’assez grandes différences de sensibilité. Comme on se connaît bien, qu’on joue beaucoup ensemble et qu’on est tous deux des perfectionnistes de folie, on arrive toujours à s’entendre. Mais se retrouver face à face pour préparer ce disque en duo a parfois donné lieu à des discussions épiques pour préciser un détail… dont on n’a finalement pas tenu compte ! [Rires.]

 

Peirani Emile est entier, et donc casse-couilles. Moi je suis casse-couilles, et entier aussi. [Rires.]

 

 

 

CONCERT Le 31 mars à Pantin (La Dynamo, Banlieues Bleues).

 

CD Vincent Peirani & Émile Parisien : “Belle Époque” (ACT Music / Harmonia Mundi, sortie le 11 mars, Choc Jazz Magazine Jazzman). Vincent Peirani : “Thrill Box” (ACT Music / Harmonia Mundi, Choc Jazz Magazine Jazzman). Émile Parisien Quartet : “Chien Guêpe” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman). Peirani et Parisien avec Daniel Humair : “Sweet & Sour” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman).        

 

 

NB : Encore un peu de patience : “Belle Époque” (Act Music), le premier album en duo de Vincent Peirani et Émile Parisien sera dans les bacs le 11 mars. Mais il tourne déjà en boucle sur la platine de la rédaction de Jazz Magazine Jazzman. Dès la première écoute, nous avons ressenti un Choc, que vous lirez donc dans notre prochain numéro…


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“Belle Époque”, le premier album en duo de Vincent Peirani et d’Émile Parisien, sera l’un des événements discographiques de l’année. L’accordéoniste et le saxophoniste seront également l’une des têtes d’affiche de Banlieues Bleues. Pour la première fois, ils on accepté de passer au révélateur du blindfold test. La première partie est à lire dans le n° 658 de Jazz Magazine Jazzman, actuellement en kiosque. Et voici donc la suite…

 

 

VINCENT PEIRANI & ÉMILE PARISIEN

 

Comme des grands (suite)

Par Thierry Quénum

 

 

Antonello Salis / Gavino Murgia / Paolo Angeli / Hamid Drake

 

Dear Prudence

 

“Giornale di Bordo” (S’ard Music)

 

Vincent Peirani Il y a un côté folklore, alors je pense à des musiciens du Brésil, par exemple… [Une fois informé] Noooon !?

 

Émile Parisien Ah ouais, putain ! Je ne savais pas qu’Hamid Drake jouait des choses pareilles. [À Peirani] Ça c’est en majeur, donc c’est toi qui parles ! [Rires.]

 

Peirani En fait Antonello Salis n’est pas un accordéoniste : c’est un musicien à part. Il se trouve qu’il a choisi comme moyens d’expression l’accordéon, le piano… et le bonnet.

 

Parisien En fait, pour ma part, je ne le connais pas du tout…

 

Peirani C’est un personnage : il ne sait pas lire la musique mais quand il joue il défonce tout, sans parler de son physique de corsaire. J’ai failli faire un concert en duo avec lui en duo à Rome, l’été dernier, et j’étais à la fois excité et mort de trouille parce qu’on ne vient pas du tout du même endroit. Tu as beau arriver avec tes diplômes et tout ça, tu sais qu’avec lui ça ne sert à rien. A rien du tout ! Ca s’entend dans sa musique, ce quelque chose de simple et d’hyper généreux, surtout sur ce morceau très festif. C’est lâché, en fait.

 

Parisien J’aime bien le son de Gavino Murgia au soprano. On sent qu’il a quelque chose à dire.

 

 

 

Kalle Kalima & K-18

 

Earth Light Room

 

“Some Kubricks Of Blood” (TUM)

 

Peirani Wow ! C’est quoi ce truc ?

 

Parisien Mikko Inanen au sax ? Je l’ai rencontré : il a plein de super groupes !

 

Peirani C’est vraiment original. Rien que la formation, par exemple : guitare électrique, accordéon, sax… C’est loin d’être évident !

 

Est-ce qu’il n’y a pas, justement, chez ces groupes du “Grand Nord”, un fraîcheur – sans jeu de mots – qu’on n’entend pas souvent sous nos latitudes ? Est-ce qu’ils n’osent pas des choses…

 

Peirani C’est vrai qu’ici le mélange est loin d’être conventionnel : ce son de sax qui tient du cirque et en même temps d’on ne sait trop quoi, et la guitare qui fait une sorte de doublure, de tapis derrière… ça réveille des choses.

 

Parisien C’est très “organique” quoi ! — pour y aller d’un cliché — mais surtout on a là des mecs qui ont réfléchi aux timbres, au son. Il y a un propos, la composition elle-même est superbe. Moi, là, j’ai envie d’écouter tout le disque…

 

Émile, vous disiez tout à l’heure que vous aviez rencontré Mikko Innanen. Au cours d’une des tournées qu’organise Charles Gil en Finlande j’imagine, car j’ai rarement vu Innanen programmé en France. Pourquoi, à votre avis, n’existe-t-il pas davantage de synergie entre ces musiciens – qui, en plus, sont de votre génération – et les Français ?

 

Parisien C’est vrai que les échanges ne sont pas si évidents entre les différents pays. Il y a beaucoup de musiciens étrangers reconnus chez eux que nous ne connaissons pas ici, et vice versa. Je pense à l’Allemagne, l’Angleterre, la Finlande… En effet, suite à une tournée d’une quinzaine de dates avec mon Quartet organisée par Charles Gil en Finlande, nous avons essayé de rendre la pareille à des groupes finlandais, en montant un double plateau avec eux. Malheureusement, ce projet n’a pas pu aboutir ici en France. Peut être par manque d’intérêt ou méconnaissance, et certainement du fait d’un souci de remplir les salles. Mais ce phénomène n’est pas spécifique aux musiciens finlandais. Vincent ou moi avons beaucoup joué en Allemagne mais le pianiste allemand Michael Wollny, par exemple — qui joue dans le trio de Vincent, et il y a donc là une vraie connexion — ne se produit quasiment jamais sous son nom dans l’Hexagone !

 

Peirani Il y a des musiciens allemands qui ont une vraie reconnaissance là-bas et qui sont des “tueurs” sur leur instrument, et quand on parle d’eux en France — même à des musiciens — personne ne les connaît ! Je trouve ça vraiment dommage, car nous sommes “voisins” et nous ne nous connaissons pas ! Heureusement, il existe quand même des festivals qui travaillent d’arrache-pied pour pallier ce manque ! 

 

Je crois que c’est général : depuis la mort d’Albert Mangelssdorff, personne ne semble capable en France de nommer un musicien allemand, à part Joachim Kühn…

 

Peirani  C’est peut être une preuve de notre manque de curiosité.

 

Parisien Aujourd’hui, j’ai l’impression que certains programmateurs sont dans le contrôle et qu’ils ont peur de présenter quelque chose de nouveau au public. Il y a aussi un souci économique, bien sûr : ne pas prendre trop de risques par peur de ne pas remplir les salles…

 

Peirani  On peut ajouter que les propositions artistiques sont abondantes et que certains programmateurs n’ont peut être plus le temps de tout écouter, et vont à l’essentiel en tenant compte des réalités économiques. La situation est complexe et difficile, c’est un fait, mais quand on voit les mêmes programmations dans différents endroits, il faut reconnaître que ça fait ch… Ce n’est quand même pas le cas partout, et on rencontre encore et toujours des gens qui résistent au formatage. Heureusement.

 

Parisien Ça manque d’équilibre entre les grosses vedettes et le reste. Certains programmateurs pensent à la place de “leur” public et veulent lui offrir ci ou ça en fonction de l’idée qu’ils se font d’eux et en fonction de ce qui “marche” dans les grands médias culturels. La notion de découverte en prend un coup dans l’aile, et ça ne va pas s’arranger. On oublie que le public a le droit de découvrir et d’apprécier par lui-même. Quand nous jouons en Allemagne ou en Finlande, par exemple, nous rencontrons un public qui ne nous connaît pas. Il est curieux, content, et il vient nous dire après le concert à quel point il est ravi d’avoir découvert quelque chose de nouveau. Je pense que cette attitude est valable pour un tas de formes d’art autres que la musique en général, ou le jazz en particulier. C’est un problème très complexe, mais avant tout un problème d’éducation, d’accès à l’art
.

 

 

 

Deep Purple

 

Burn

 

“Burn” (EMI, 1974)

 

Peirani  Deep Purple, Burn !

 

Puisque vous avez reconnu tout de suite, je peux donc arrêter…

 

Peirani & Parisein Noooooon !

 

Bon, alors il va falloir vous expliquer. C’est Frédéric Goaty qui m’a suggéré ce morceau, sachant que Vincent est fan. Pour ma part, je ne demande qu’à comprendre…

 

Peirani  Mais enfin : c’est mon groupe préféré ! J’ai relevé ça note à note comme un malade à une période. C’est une musique qui m’a traumatisé. Il y a une énergie là-dedans : physiquement, ça me procure un truc. J’adore ! J’ai écouté ça en même temps que j’ai découvert Cream, Iron Butterfly, Jimi Hendrix… et ça m’a sauté au visage. Il y a quelque chose de kitsch dans le jeu de Glenn Hughes, mais ça me parle. Ca doit être mon côté accordéon !

 

Parisien Et puis l’énergie, ce n’est pas uniquement l’électricité, Monsieur le critique de jazz !

 

Peirani  Je me demande si ce n’est pas aussi une musique qui m’a attiré parce qu’elle était très éloignée de ce que je pouvais faire. En tout cas, à une époque, j’ai monté un spectacle autour du répertoire de Rage Against The Machine et de Deep Purple en accordéon solo !

 

Parisien Oh nooon ! Mais il y a aussi  des choses comme Emerson Lake & Palmer, “Pictures At An Exhibition” par exemple, même si ça a un peu vieilli… Enfin, en ce qui me concerne, j’ai un grand regret : c’est de m’être mis au jazz trop tôt à Marciac. Cela fait que, par rapport à d’autres gens de ma génération, j’ai dû rattraper toute une période que je n’avais pas écoutée. Même les Beatles, je les ai découverts assez tard et j’ai une sorte de complexe par rapport à toute cette musique que j’adore et qui m’inspire aujourd’hui, aussi bien au niveau de l’énergie que de certaines formes.

 

Peirani  Il faut quand même avoir quelque chose de fort en soi pour faire ce que réalisent certains groupes de rock à partir de morceaux basés – si on simplifie – sur quatre accords. John Lord, l’organiste de Deep Purple, n’est pas ce qui se fait de plus sophistiqué et on peut dire la même chose des autres, mais le mélange des quatre personnalités produit quelque chose qui me touche vraiment.

 

Les musiciens de votre génération semblent assez sensibles à des groupes pop plus récents comme Radiohead ou Björk. Est-ce votre cas ?

 

Peirani  Je ne les connais pas du tout.

 

Parisien Moi j’aime beaucoup. Je me sens tout à fait de cette génération. Ce qu’il y a d’intéressant chez eux c’est un travail sur le son, la forme, l’énergie. Après ça, l’intérêt de jouer leurs morceaux en jazz comme le fait Brad Mehldau…

 

Peirani  C’est le côté populaire, comme les airs de Broadway autrefois. C’est de notre époque.

 

Parisien C’est vrai : leurs chansons font partie de nos meubles. Pourquoi ne pourraient-elles pas devenir des standards comme autrefois My Favorite  Things ? Mais personnellement je ne suis pas pour les reprendre, même si ça me fait plaisir de les jouer de temps en temps. Je n’en ferais pas un enregistrement, par exemple.

 

Peut-on s’appesantir un instant sur l’adjectif “populaire” : Johnny Halliday aussi, c’est populaire. Alors est-ce un argument ? Par ailleurs vous reprenez Schumann ou Sidney Bechet, qui ne sont pas “de notre époque”, et vous les faites vôtres…

 

Parisien Oui, mais entre Björk et Johnny on trouve — n’est-ce pas Vincent ? — qu’il y a une différence de qualité. Par ailleurs voulez-vous dire qu’il est plus « légitime » ou « intéressant » de reprendre Schumann que Björk ?

 

Il est vrai que j’ai tendance à croire à l’intemporel : les anglo-saxons se nourrissent de Shakespeare sous toutes les formes artistiques possibles – y compris les plus  modernes et inventives – depuis plus de quatre siècles !

 

Peirani  Parce que Shakespeare parle de la nature humaine et que ça traverse le temps. Mais dans ce qui apparaît aujourd’hui, et qui peut-être ne durera que dix ans, on ne peut pas savoir ce qui restera.

 

Parisien Et puis des groupes comme Radiohead ont fait une sorte de révolution. Ils ont apporté quelque chose dans le domaine du rock. Ils ont réfléchi, il y a une avancée au niveau du son.

 

Désolé de vous titiller derechef, mais il me semble que vous deux, avec des instruments qui existent depuis un peu plus d’un siècle, avez réfléchi et effectué un sacré travail au niveau du son, pour reprendre la formule d’Émile…

 

Peirani Bon alors, pour commencer, merci du compliment…

 

Parisien Oui, merci. Mais après ça, on ne peut plus rien dire… [Re-rires.] Sauf peut-être que c’est aussi quelque chose de générationnel, et ce n’est sans doute pas par hasard si votre fille – qui est de notre génération – vous a fait découvrir Radiohead.

 

Alors je rebondis là-dessus : comment faites vous, tous les deux, pour ne pas être QUE de votre génération ? Parce que, franchement, vous êtes un peu à part, et je doute que Daniel Humair, par exemple, me contredise sur ce point…

 

Peirani  Vous êtes une des premières personnes à nous dire ça. Et si c’est vrai à un niveau ou à un autre, c’est qu’on est des artisans de la musique. On est de notre époque mais, pour ma part  je ne connais quasiment pas Björk ou Radiohead. Je n’ai pas eu le déclic qui m’a poussé vers eux et je ne m’en porte pas plus mal.

 

Parisien Chercher, creuser, c’est quand même pour ça qu’on est dans la musique et, sur ce plan, on s’est bien trouvés tous les deux. Il y a entre Vincent et moi d’assez grandes différences de sensibilité. Comme on se connaît bien, qu’on joue beaucoup ensemble et qu’on est tous deux des perfectionnistes de folie, on arrive toujours à s’entendre. Mais se retrouver face à face pour préparer ce disque en duo a parfois donné lieu à des discussions épiques pour préciser un détail… dont on n’a finalement pas tenu compte ! [Rires.]

 

Peirani Emile est entier, et donc casse-couilles. Moi je suis casse-couilles, et entier aussi. [Rires.]

 

 

 

CONCERT Le 31 mars à Pantin (La Dynamo, Banlieues Bleues).

 

CD Vincent Peirani & Émile Parisien : “Belle Époque” (ACT Music / Harmonia Mundi, sortie le 11 mars, Choc Jazz Magazine Jazzman). Vincent Peirani : “Thrill Box” (ACT Music / Harmonia Mundi, Choc Jazz Magazine Jazzman). Émile Parisien Quartet : “Chien Guêpe” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman). Peirani et Parisien avec Daniel Humair : “Sweet & Sour” (Laborie / Abeille Musique, Choc Jazz Magazine Jazzman).        

 

 

NB : Encore un peu de patience : “Belle Époque” (Act Music), le premier album en duo de Vincent Peirani et Émile Parisien sera dans les bacs le 11 mars. Mais il tourne déjà en boucle sur la platine de la rédaction de Jazz Magazine Jazzman. Dès la première écoute, nous avons ressenti un Choc, que vous lirez donc dans notre prochain numéro…