Jazz live
Publié le 1 Août 2014

Ystad Jazz Festival, Suède. 2° journée

Aller à l’église à l’heure du digestif, voilà qui n’est pas commun ! Mais quand il s’agit d’une magnifique église luthérienne — la plus ancienne du pays — et qu’on y donne une relecture des Concerts Sacrés de Duke Ellington, cela peut se comprendre. Et là, on a droit au vrai (et quand je dis vrai, j’entends « véritable ») sons et lumières. A l’intérieur de la Santa Maria Kirka, on ne sait où donner de la tête tant les décorations murales sont magnifiques, et quand la musique commence on sent dès les premiers instants que l’intensité de l’investissement des protagonistes est à la hauteur de la stricte qualité musicale de leur prestation.

Le chœur est tout simplement époustouflant de précision, de densité, de cohésion et quand la voix soliste d’Helen Larsson vient s’y ajouter, on est tout bonnement aux anges. Quant à l’orchestre de jazz — dirigé et arrangé par le pianiste Anders Ekdahl — qui accompagne toutes ces voix, il est d’un niveau remarquable. Qui aurait cru assister à une prestation de cette qualité dans une petite église d’une petite ville du sud de la Suède ? Pas votre serviteur, en tout cas, qui ressort dans la rue à la fin du concert, rêveur et dubitatif, se demandant, avec la ferveur des nouveaux convertis, s’il a bien fait d’abandonner la foi chrétienne au début de l’adolescence. Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas ici en terres papales ou gallicanes et, de même que la société suédoise affiche une convivialité qu’on est loin de trouver en France, de même la sincérité et la musicalité du rapport à la musique et à la religion sont ici palpables et peuvent se traduire de façon supérieure dans le domaine artistique. Ce fut le cas en ce début d’après-midi dans la Santa Maria Kirka d’Ystad.

Même s’il est difficile de ne pas apprécier chez Marilyn Mazur la coloriste et l’amatrice de sonorités rares empruntées aux musiques du monde, force est de reconnaître que quand il s’agit de diriger un trio de jazz à partir du tabouret de batteuse, la percussionniste danoise laisse la place à John Taylor, solidement secondé par la basse d’Anders Jormin. La difficulté qu’éprouve en effet Mazur à choisir entre ses deux instruments aboutit à une pulsation assez dispersée qui ne suffit pas à soutenir l’ensemble. Quand, de surcroit, elle décide de se joindre à la chanteuse Josefine Cronholm, laissant les deux hommes assurer seuls la partie instrumentale, on navigue aux franges d’une world music pleine de bons sentiments mais peu satisfaisante sur le plan du swing et de l’improvisation. Reste qu’individuellement chacun de ces musiciens est irréprochable sur le plan de la technique comme de l’expressivité. Le problème est simplement que le groupe qu’ils forment n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelle jazz (si tant est que cette appellation soit encore claire).

Inutile de me demander si j’étais au concert de Joshua Redman en début de soirée : la réponse est non. Ayant déjà vu ce musicien que j’apprécie très moyennement voici quelques mois en Italie, je n’ai pas jugé que son show calibré pour plaire au plus grand nombre avait de grandes chances d’avoir évolué en un laps de temps aussi court. Une balade à vélo au bord de la mer superbement agitée par le vent, suivie d’une sieste réparatrice m’a semblé une activité au moins aussi musicale. Et puis, en fin de soirée, il y avait Charles Lloyd et son nouveau quartet. Toujours intéressant de voir et d’entendre ce dont le « vieux sage » est capable avec un nouvel entourage. Surtout qu’on connaît son appétence pour les excellents pianistes : de Michel Petrucciani à Jason Moran en passant par Bobo Stenson et Geri Allen. Qu’allait donner Gerald Clayton dans ce contexte ? Le meilleur de lui-même. Fin mélodiste et harmoniste raffiné, le pianiste accompagne son leader avec un sens de l’à-propos et une retenue tout à fait remarquables, ne tirant jamais la couverture à lui mais ne se laissant jamais oublier non plus. De toute évidence lui, comme ses deux comparses de la rythmique, sont là pour apprendre d’un musicien à la maturité indéniable. Ce faisant ils entraînent également Charles Lloyd vers des territoires plus toniques que les mélopées languides dans lesquelles il lui arrive de se complaire, tel ce démarquage de “All Blues ” entonné d’une flûte vigoureuse et fluide. On a donc ici un bel équilibre entre les générations et les modes de jeu. Et il n’est que de voir la façon dont le saxophoniste couve ses jeunes compagnons — Joe Sanders (b), Justin Brown (dm) — du regard quand l’un d’entre eux prend un solo pour se rendre compte qu’il est aussi ravi que nous de son nouveau quartet. Thierry Quénum                                                                                                                                                                                    

 

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Aller à l’église à l’heure du digestif, voilà qui n’est pas commun ! Mais quand il s’agit d’une magnifique église luthérienne — la plus ancienne du pays — et qu’on y donne une relecture des Concerts Sacrés de Duke Ellington, cela peut se comprendre. Et là, on a droit au vrai (et quand je dis vrai, j’entends « véritable ») sons et lumières. A l’intérieur de la Santa Maria Kirka, on ne sait où donner de la tête tant les décorations murales sont magnifiques, et quand la musique commence on sent dès les premiers instants que l’intensité de l’investissement des protagonistes est à la hauteur de la stricte qualité musicale de leur prestation.

Le chœur est tout simplement époustouflant de précision, de densité, de cohésion et quand la voix soliste d’Helen Larsson vient s’y ajouter, on est tout bonnement aux anges. Quant à l’orchestre de jazz — dirigé et arrangé par le pianiste Anders Ekdahl — qui accompagne toutes ces voix, il est d’un niveau remarquable. Qui aurait cru assister à une prestation de cette qualité dans une petite église d’une petite ville du sud de la Suède ? Pas votre serviteur, en tout cas, qui ressort dans la rue à la fin du concert, rêveur et dubitatif, se demandant, avec la ferveur des nouveaux convertis, s’il a bien fait d’abandonner la foi chrétienne au début de l’adolescence. Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas ici en terres papales ou gallicanes et, de même que la société suédoise affiche une convivialité qu’on est loin de trouver en France, de même la sincérité et la musicalité du rapport à la musique et à la religion sont ici palpables et peuvent se traduire de façon supérieure dans le domaine artistique. Ce fut le cas en ce début d’après-midi dans la Santa Maria Kirka d’Ystad.

Même s’il est difficile de ne pas apprécier chez Marilyn Mazur la coloriste et l’amatrice de sonorités rares empruntées aux musiques du monde, force est de reconnaître que quand il s’agit de diriger un trio de jazz à partir du tabouret de batteuse, la percussionniste danoise laisse la place à John Taylor, solidement secondé par la basse d’Anders Jormin. La difficulté qu’éprouve en effet Mazur à choisir entre ses deux instruments aboutit à une pulsation assez dispersée qui ne suffit pas à soutenir l’ensemble. Quand, de surcroit, elle décide de se joindre à la chanteuse Josefine Cronholm, laissant les deux hommes assurer seuls la partie instrumentale, on navigue aux franges d’une world music pleine de bons sentiments mais peu satisfaisante sur le plan du swing et de l’improvisation. Reste qu’individuellement chacun de ces musiciens est irréprochable sur le plan de la technique comme de l’expressivité. Le problème est simplement que le groupe qu’ils forment n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelle jazz (si tant est que cette appellation soit encore claire).

Inutile de me demander si j’étais au concert de Joshua Redman en début de soirée : la réponse est non. Ayant déjà vu ce musicien que j’apprécie très moyennement voici quelques mois en Italie, je n’ai pas jugé que son show calibré pour plaire au plus grand nombre avait de grandes chances d’avoir évolué en un laps de temps aussi court. Une balade à vélo au bord de la mer superbement agitée par le vent, suivie d’une sieste réparatrice m’a semblé une activité au moins aussi musicale. Et puis, en fin de soirée, il y avait Charles Lloyd et son nouveau quartet. Toujours intéressant de voir et d’entendre ce dont le « vieux sage » est capable avec un nouvel entourage. Surtout qu’on connaît son appétence pour les excellents pianistes : de Michel Petrucciani à Jason Moran en passant par Bobo Stenson et Geri Allen. Qu’allait donner Gerald Clayton dans ce contexte ? Le meilleur de lui-même. Fin mélodiste et harmoniste raffiné, le pianiste accompagne son leader avec un sens de l’à-propos et une retenue tout à fait remarquables, ne tirant jamais la couverture à lui mais ne se laissant jamais oublier non plus. De toute évidence lui, comme ses deux comparses de la rythmique, sont là pour apprendre d’un musicien à la maturité indéniable. Ce faisant ils entraînent également Charles Lloyd vers des territoires plus toniques que les mélopées languides dans lesquelles il lui arrive de se complaire, tel ce démarquage de “All Blues ” entonné d’une flûte vigoureuse et fluide. On a donc ici un bel équilibre entre les générations et les modes de jeu. Et il n’est que de voir la façon dont le saxophoniste couve ses jeunes compagnons — Joe Sanders (b), Justin Brown (dm) — du regard quand l’un d’entre eux prend un solo pour se rendre compte qu’il est aussi ravi que nous de son nouveau quartet. Thierry Quénum                                                                                                                                                                                    

 

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Aller à l’église à l’heure du digestif, voilà qui n’est pas commun ! Mais quand il s’agit d’une magnifique église luthérienne — la plus ancienne du pays — et qu’on y donne une relecture des Concerts Sacrés de Duke Ellington, cela peut se comprendre. Et là, on a droit au vrai (et quand je dis vrai, j’entends « véritable ») sons et lumières. A l’intérieur de la Santa Maria Kirka, on ne sait où donner de la tête tant les décorations murales sont magnifiques, et quand la musique commence on sent dès les premiers instants que l’intensité de l’investissement des protagonistes est à la hauteur de la stricte qualité musicale de leur prestation.

Le chœur est tout simplement époustouflant de précision, de densité, de cohésion et quand la voix soliste d’Helen Larsson vient s’y ajouter, on est tout bonnement aux anges. Quant à l’orchestre de jazz — dirigé et arrangé par le pianiste Anders Ekdahl — qui accompagne toutes ces voix, il est d’un niveau remarquable. Qui aurait cru assister à une prestation de cette qualité dans une petite église d’une petite ville du sud de la Suède ? Pas votre serviteur, en tout cas, qui ressort dans la rue à la fin du concert, rêveur et dubitatif, se demandant, avec la ferveur des nouveaux convertis, s’il a bien fait d’abandonner la foi chrétienne au début de l’adolescence. Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas ici en terres papales ou gallicanes et, de même que la société suédoise affiche une convivialité qu’on est loin de trouver en France, de même la sincérité et la musicalité du rapport à la musique et à la religion sont ici palpables et peuvent se traduire de façon supérieure dans le domaine artistique. Ce fut le cas en ce début d’après-midi dans la Santa Maria Kirka d’Ystad.

Même s’il est difficile de ne pas apprécier chez Marilyn Mazur la coloriste et l’amatrice de sonorités rares empruntées aux musiques du monde, force est de reconnaître que quand il s’agit de diriger un trio de jazz à partir du tabouret de batteuse, la percussionniste danoise laisse la place à John Taylor, solidement secondé par la basse d’Anders Jormin. La difficulté qu’éprouve en effet Mazur à choisir entre ses deux instruments aboutit à une pulsation assez dispersée qui ne suffit pas à soutenir l’ensemble. Quand, de surcroit, elle décide de se joindre à la chanteuse Josefine Cronholm, laissant les deux hommes assurer seuls la partie instrumentale, on navigue aux franges d’une world music pleine de bons sentiments mais peu satisfaisante sur le plan du swing et de l’improvisation. Reste qu’individuellement chacun de ces musiciens est irréprochable sur le plan de la technique comme de l’expressivité. Le problème est simplement que le groupe qu’ils forment n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelle jazz (si tant est que cette appellation soit encore claire).

Inutile de me demander si j’étais au concert de Joshua Redman en début de soirée : la réponse est non. Ayant déjà vu ce musicien que j’apprécie très moyennement voici quelques mois en Italie, je n’ai pas jugé que son show calibré pour plaire au plus grand nombre avait de grandes chances d’avoir évolué en un laps de temps aussi court. Une balade à vélo au bord de la mer superbement agitée par le vent, suivie d’une sieste réparatrice m’a semblé une activité au moins aussi musicale. Et puis, en fin de soirée, il y avait Charles Lloyd et son nouveau quartet. Toujours intéressant de voir et d’entendre ce dont le « vieux sage » est capable avec un nouvel entourage. Surtout qu’on connaît son appétence pour les excellents pianistes : de Michel Petrucciani à Jason Moran en passant par Bobo Stenson et Geri Allen. Qu’allait donner Gerald Clayton dans ce contexte ? Le meilleur de lui-même. Fin mélodiste et harmoniste raffiné, le pianiste accompagne son leader avec un sens de l’à-propos et une retenue tout à fait remarquables, ne tirant jamais la couverture à lui mais ne se laissant jamais oublier non plus. De toute évidence lui, comme ses deux comparses de la rythmique, sont là pour apprendre d’un musicien à la maturité indéniable. Ce faisant ils entraînent également Charles Lloyd vers des territoires plus toniques que les mélopées languides dans lesquelles il lui arrive de se complaire, tel ce démarquage de “All Blues ” entonné d’une flûte vigoureuse et fluide. On a donc ici un bel équilibre entre les générations et les modes de jeu. Et il n’est que de voir la façon dont le saxophoniste couve ses jeunes compagnons — Joe Sanders (b), Justin Brown (dm) — du regard quand l’un d’entre eux prend un solo pour se rendre compte qu’il est aussi ravi que nous de son nouveau quartet. Thierry Quénum                                                                                                                                                                                    

 

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Aller à l’église à l’heure du digestif, voilà qui n’est pas commun ! Mais quand il s’agit d’une magnifique église luthérienne — la plus ancienne du pays — et qu’on y donne une relecture des Concerts Sacrés de Duke Ellington, cela peut se comprendre. Et là, on a droit au vrai (et quand je dis vrai, j’entends « véritable ») sons et lumières. A l’intérieur de la Santa Maria Kirka, on ne sait où donner de la tête tant les décorations murales sont magnifiques, et quand la musique commence on sent dès les premiers instants que l’intensité de l’investissement des protagonistes est à la hauteur de la stricte qualité musicale de leur prestation.

Le chœur est tout simplement époustouflant de précision, de densité, de cohésion et quand la voix soliste d’Helen Larsson vient s’y ajouter, on est tout bonnement aux anges. Quant à l’orchestre de jazz — dirigé et arrangé par le pianiste Anders Ekdahl — qui accompagne toutes ces voix, il est d’un niveau remarquable. Qui aurait cru assister à une prestation de cette qualité dans une petite église d’une petite ville du sud de la Suède ? Pas votre serviteur, en tout cas, qui ressort dans la rue à la fin du concert, rêveur et dubitatif, se demandant, avec la ferveur des nouveaux convertis, s’il a bien fait d’abandonner la foi chrétienne au début de l’adolescence. Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas ici en terres papales ou gallicanes et, de même que la société suédoise affiche une convivialité qu’on est loin de trouver en France, de même la sincérité et la musicalité du rapport à la musique et à la religion sont ici palpables et peuvent se traduire de façon supérieure dans le domaine artistique. Ce fut le cas en ce début d’après-midi dans la Santa Maria Kirka d’Ystad.

Même s’il est difficile de ne pas apprécier chez Marilyn Mazur la coloriste et l’amatrice de sonorités rares empruntées aux musiques du monde, force est de reconnaître que quand il s’agit de diriger un trio de jazz à partir du tabouret de batteuse, la percussionniste danoise laisse la place à John Taylor, solidement secondé par la basse d’Anders Jormin. La difficulté qu’éprouve en effet Mazur à choisir entre ses deux instruments aboutit à une pulsation assez dispersée qui ne suffit pas à soutenir l’ensemble. Quand, de surcroit, elle décide de se joindre à la chanteuse Josefine Cronholm, laissant les deux hommes assurer seuls la partie instrumentale, on navigue aux franges d’une world music pleine de bons sentiments mais peu satisfaisante sur le plan du swing et de l’improvisation. Reste qu’individuellement chacun de ces musiciens est irréprochable sur le plan de la technique comme de l’expressivité. Le problème est simplement que le groupe qu’ils forment n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelle jazz (si tant est que cette appellation soit encore claire).

Inutile de me demander si j’étais au concert de Joshua Redman en début de soirée : la réponse est non. Ayant déjà vu ce musicien que j’apprécie très moyennement voici quelques mois en Italie, je n’ai pas jugé que son show calibré pour plaire au plus grand nombre avait de grandes chances d’avoir évolué en un laps de temps aussi court. Une balade à vélo au bord de la mer superbement agitée par le vent, suivie d’une sieste réparatrice m’a semblé une activité au moins aussi musicale. Et puis, en fin de soirée, il y avait Charles Lloyd et son nouveau quartet. Toujours intéressant de voir et d’entendre ce dont le « vieux sage » est capable avec un nouvel entourage. Surtout qu’on connaît son appétence pour les excellents pianistes : de Michel Petrucciani à Jason Moran en passant par Bobo Stenson et Geri Allen. Qu’allait donner Gerald Clayton dans ce contexte ? Le meilleur de lui-même. Fin mélodiste et harmoniste raffiné, le pianiste accompagne son leader avec un sens de l’à-propos et une retenue tout à fait remarquables, ne tirant jamais la couverture à lui mais ne se laissant jamais oublier non plus. De toute évidence lui, comme ses deux comparses de la rythmique, sont là pour apprendre d’un musicien à la maturité indéniable. Ce faisant ils entraînent également Charles Lloyd vers des territoires plus toniques que les mélopées languides dans lesquelles il lui arrive de se complaire, tel ce démarquage de “All Blues ” entonné d’une flûte vigoureuse et fluide. On a donc ici un bel équilibre entre les générations et les modes de jeu. Et il n’est que de voir la façon dont le saxophoniste couve ses jeunes compagnons — Joe Sanders (b), Justin Brown (dm) — du regard quand l’un d’entre eux prend un solo pour se rendre compte qu’il est aussi ravi que nous de son nouveau quartet. Thierry Quénum