Jazz live
Publié le 15 Mai 2018

Jazz sous les Pommiers (4) : Miroir, mon beau miroir…

Salle éphémère, le Magic mirrors est sans doute le plus beau lieu de Jazz sous les Pommiers. Monté devant l’emblématique cathédrale de Coutances, sur une place hélas exposée au vacarme des rockers du festival off jouant aux terrasses des cafés alentours, ce chapiteau circassien au charme intemporel ressemble à s’y méprendre au Cabaret sauvage de La Villette. Un endroit véritablement « magique » ou l’on entend de tout, assis ou debout, en rond ou en rangs.

Placé au centre de l’édifice, entouré par le public, l’Ensemble Art Sonic emmené par Joce Miennel (fl) et Sylvain Rifflet (cl) avait trouvé là l’écrin idéal pour présenter son programme « le bal perdu », dédié à un répertoire de valses et javas, de Gus Viseur à Boris Vian. J’ai pu lire ici ou là (peut-être même dans Jazz Magazine ?) que l’instrumentation chambriste – un quintette à vents allié à un accordéon – et les arrangements raffinés perdaient un peu de vue la dimension populaire de cette musique, mais j’ai trouvé qu’il n’en était rien, car l’ensemble ne perd jamais de vue le rythme de la danse. Certes, on n’improvise guère ici, tout ça n’est pas très jazz… mais le jazz et la java, comme chantait l’autre, n’est-ce pas du pareil au même ?

Changement complet d’ambiance le lendemain avec le concert de Robin McKelle, qui nous présentait un nouveau répertoire très soulful, entouré d’un groupe de Frenchies rompus au groove, même si les talents de Baptiste Herbin restent trop sous-exploités dans ce contexte, hormis une très belle entrée en matière au soprano solo. Peut-être  un concert debout aurait-il été plus adapté à cette musique pleine de ferveur, la chanteuse ayant toutes les peines du monde à faire participer un public un peu trop sage (on ne peut pas trop en demander un lundi soir à 22h30 !).

Debout, on l’était bel et bien pour Arat Kilo invite Mamani Keita (mais sans Mike Ladd, annoncé initialement), pour un set entre ethio-jazz et musique malienne qui fit onduler le public tout entier. Visiblement ravi, le directeur de Jazz sous les Pommiers Denis Le Bas n’était d’ailleurs pas en reste parmi les danseurs… Magique, on vous dit !

Pascal Rozat