Jazz live
Publié le 28 Mar 2017

JAZZ SUR LE VIF : MATTHIEU MARTHOURET et SÉBASTIEN JARROUSSE

Pour le onzième concert de la saison Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin accueillait deux groupes avec invité : le Bounce Trio de l’organiste Matthieu Marthouret, avec le renfort du guitariste Serge Lazarevitch, et le quartette du saxophoniste Sébastien Jarrousse, qui se faisait quintette en recevant le flûtiste Magic Malik.

Matthieu Marthouret Bounce Trio invite Serge Lazarevitch

Matthieu Marthouret (orgue), Toine Thys (saxophone ténor & clarinette basse), Gautier Garrigue (batterie) ; invité : Serge Lazarevitch (guitare)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 17h30

MarthouretLe concert est pour Matthieu Marthouret l’occasion de souligner la parution récente du second disque de ce trio («Contrasts», We See Music / Absilone), publié en octobre dernier. Comme sur le CD, et aussi lors de quelques concerts ces deux dernières années, Serge Lazarevitch est l’invité de choix. Lui que beaucoup d’amateurs (et quelques professionnels distraits) ont longtemps considéré comme un musicien belge (car il avait fait de l’autre côté de la Sambre son début de carrière) retrouve dans ce trio un authentique Bruxellois en la personne de Toine Hys, saxophoniste régulier du trio. Et cette cohabitation du sax et de la guitare, historiquement les piliers alternatifs de nombreux trios avec orgue, produit une effervescence du meilleur aloi. Le concert commence avec une composition du saxophoniste, qui figurait sur le premier CD du groupe («Small Streams… Big Rivers», 2014 ; deux autres thèmes lui seront empruntés au fil du concert). D’abord une sorte de shuffle, puis des changements de rythme, et de tempo, et des contrastes vifs dessinent une dramaturgie musicale qui entraîne les musiciens, la musique et le public dans un mouvement irrépressible. Viendra ensuite un thème plus lent dans son introduction et sa conclusion, où le saxophoniste se montre très lyrique. Il est familier de cette configuration sax-orgue-batterie, car il la pratique sous son nom, avec l’organiste néerlandais Arno Krijger (Toine Thys Trio, «Grizzly»,Igloo, 2014), et il libère volontiers des phrases enflammées où des gammes vertigineuses se font expressives quand le accents les font vivre, et quand la variété des valeurs rythmiques leur donne un vie nouvelle. Le saxophoniste entre souvent en dialogue avec Serge Lazarevitch, impérial de fougue et d’intelligence musicale. Matthieu Mathouret utilise pleinement l’orgue Hammond, soulignant au pédalier les figures rythmiques du batteur Gautier Garrigue, avec lequel il entame ainsi une sorte d’échange diagonal à l’intérieur du quartette. Pour Fragment, cursif et segmenté, Matthieu Marthouret est parti de Segment de Charlie Parker : cavalcade bebop mise au goût du jour. Dans Innocent Victims, inspiré à l’organiste par l’attentat du Bataclan, l’orgue se fait mélancolique, avec une sonorité, des accords et des accents qui rappellent Eddy Louiss, et une clarinette basse qui déploie des trésors d’expressivité. Aux côtés des compositions originales, le groupe jouera également un standard du jazz, signé Thelonious Monk (We See), traité avec liberté (accelerando, decelerando, unissons flottants comme au bon vieux temps du free jazz….). Bref, au fil du concert, de l’intensité, de l’engagement, de l’échange : du jazz en somme.

Découvrir le CD «Contrasts» sur Youtube

 

Sébastien Jarrousse Quartet invite Magic Malik

Sébastien Jarrousse (saxophones ténor et soprano), Pierre-Alain Goualch (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie) ; invité : Magic Malik (flûte)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 18h45

JarrousseOn a trop souvent circonscrit Sébastien Jarrousse au rôle souvent ingrat «du coltranien de service», notamment parce qu’il avait voici plus de dix ans prêté son grand talent à un spectacle musical sur John Coltrane. C’est oublier ce qui le constitue : des qualités d’instrumentiste accompli, de soliste original, et de compositeur abouti. Avec ce concert il rappelle la publication, voici quelques mois, du disque «Old Fellow» (Gaya / Socadisc), avec le même invité. Cela commence au sax ténor et en quartette, à tempo vif, tendance soul jazz. Puis Magic Malik rejoint le groupe pour un lyrisme intense, auquel il prête non seulement sa flûte mais sa voix, jouant simultanément de l’une et de l’autre. Le saxophone soprano tisse avec la flûte des motifs aussi savants que sensibles, et la section ryhtmique leur est un écrin des plus riches. Puis en quartette au ténor, Sébastien Jarrousse mêle les tempi, lents ou vifs, avec une rigueur formelle sans faille. Pierre-Alain Goualch s’en donne à cœur joie, rappelant ici ou là les grandes heures de McCoy Tyner en ponctuant ses accords en quartes avec des basses explosives. A nouveau rejoint par la flûte, le groupe joue un thème composé en hommage au pianiste John Taylor : mélancolie et couleurs harmoniques subtiles nous confirment que c’est bien l’univers du dédicataire qui est effleuré, avec chaleur. De très beaux unissons sur des lignes sinueuses, un solo de batterie sans fracas soutenu par un ostinato piano-contrebasse, et le survol de la flûte qui entraîne le tout vers un monde onirique : le bonheur est total. Et il en ira ainsi jusqu’au duo conclusif entre le saxophoniste et le pianiste. Une fois encore Jazz sur le Vif nous aura offert un vrai moment de beauté musicale. Toujours pas de date précise pour la diffusion de ces concerts sur France Musique : ce sera cet été, assure-t-on. Reste à patienter….

Xavier Prévost|Pour le onzième concert de la saison Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin accueillait deux groupes avec invité : le Bounce Trio de l’organiste Matthieu Marthouret, avec le renfort du guitariste Serge Lazarevitch, et le quartette du saxophoniste Sébastien Jarrousse, qui se faisait quintette en recevant le flûtiste Magic Malik.

Matthieu Marthouret Bounce Trio invite Serge Lazarevitch

Matthieu Marthouret (orgue), Toine Thys (saxophone ténor & clarinette basse), Gautier Garrigue (batterie) ; invité : Serge Lazarevitch (guitare)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 17h30

MarthouretLe concert est pour Matthieu Marthouret l’occasion de souligner la parution récente du second disque de ce trio («Contrasts», We See Music / Absilone), publié en octobre dernier. Comme sur le CD, et aussi lors de quelques concerts ces deux dernières années, Serge Lazarevitch est l’invité de choix. Lui que beaucoup d’amateurs (et quelques professionnels distraits) ont longtemps considéré comme un musicien belge (car il avait fait de l’autre côté de la Sambre son début de carrière) retrouve dans ce trio un authentique Bruxellois en la personne de Toine Hys, saxophoniste régulier du trio. Et cette cohabitation du sax et de la guitare, historiquement les piliers alternatifs de nombreux trios avec orgue, produit une effervescence du meilleur aloi. Le concert commence avec une composition du saxophoniste, qui figurait sur le premier CD du groupe («Small Streams… Big Rivers», 2014 ; deux autres thèmes lui seront empruntés au fil du concert). D’abord une sorte de shuffle, puis des changements de rythme, et de tempo, et des contrastes vifs dessinent une dramaturgie musicale qui entraîne les musiciens, la musique et le public dans un mouvement irrépressible. Viendra ensuite un thème plus lent dans son introduction et sa conclusion, où le saxophoniste se montre très lyrique. Il est familier de cette configuration sax-orgue-batterie, car il la pratique sous son nom, avec l’organiste néerlandais Arno Krijger (Toine Thys Trio, «Grizzly»,Igloo, 2014), et il libère volontiers des phrases enflammées où des gammes vertigineuses se font expressives quand le accents les font vivre, et quand la variété des valeurs rythmiques leur donne un vie nouvelle. Le saxophoniste entre souvent en dialogue avec Serge Lazarevitch, impérial de fougue et d’intelligence musicale. Matthieu Mathouret utilise pleinement l’orgue Hammond, soulignant au pédalier les figures rythmiques du batteur Gautier Garrigue, avec lequel il entame ainsi une sorte d’échange diagonal à l’intérieur du quartette. Pour Fragment, cursif et segmenté, Matthieu Marthouret est parti de Segment de Charlie Parker : cavalcade bebop mise au goût du jour. Dans Innocent Victims, inspiré à l’organiste par l’attentat du Bataclan, l’orgue se fait mélancolique, avec une sonorité, des accords et des accents qui rappellent Eddy Louiss, et une clarinette basse qui déploie des trésors d’expressivité. Aux côtés des compositions originales, le groupe jouera également un standard du jazz, signé Thelonious Monk (We See), traité avec liberté (accelerando, decelerando, unissons flottants comme au bon vieux temps du free jazz….). Bref, au fil du concert, de l’intensité, de l’engagement, de l’échange : du jazz en somme.

Découvrir le CD «Contrasts» sur Youtube

 

Sébastien Jarrousse Quartet invite Magic Malik

Sébastien Jarrousse (saxophones ténor et soprano), Pierre-Alain Goualch (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie) ; invité : Magic Malik (flûte)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 18h45

JarrousseOn a trop souvent circonscrit Sébastien Jarrousse au rôle souvent ingrat «du coltranien de service», notamment parce qu’il avait voici plus de dix ans prêté son grand talent à un spectacle musical sur John Coltrane. C’est oublier ce qui le constitue : des qualités d’instrumentiste accompli, de soliste original, et de compositeur abouti. Avec ce concert il rappelle la publication, voici quelques mois, du disque «Old Fellow» (Gaya / Socadisc), avec le même invité. Cela commence au sax ténor et en quartette, à tempo vif, tendance soul jazz. Puis Magic Malik rejoint le groupe pour un lyrisme intense, auquel il prête non seulement sa flûte mais sa voix, jouant simultanément de l’une et de l’autre. Le saxophone soprano tisse avec la flûte des motifs aussi savants que sensibles, et la section ryhtmique leur est un écrin des plus riches. Puis en quartette au ténor, Sébastien Jarrousse mêle les tempi, lents ou vifs, avec une rigueur formelle sans faille. Pierre-Alain Goualch s’en donne à cœur joie, rappelant ici ou là les grandes heures de McCoy Tyner en ponctuant ses accords en quartes avec des basses explosives. A nouveau rejoint par la flûte, le groupe joue un thème composé en hommage au pianiste John Taylor : mélancolie et couleurs harmoniques subtiles nous confirment que c’est bien l’univers du dédicataire qui est effleuré, avec chaleur. De très beaux unissons sur des lignes sinueuses, un solo de batterie sans fracas soutenu par un ostinato piano-contrebasse, et le survol de la flûte qui entraîne le tout vers un monde onirique : le bonheur est total. Et il en ira ainsi jusqu’au duo conclusif entre le saxophoniste et le pianiste. Une fois encore Jazz sur le Vif nous aura offert un vrai moment de beauté musicale. Toujours pas de date précise pour la diffusion de ces concerts sur France Musique : ce sera cet été, assure-t-on. Reste à patienter….

Xavier Prévost|Pour le onzième concert de la saison Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin accueillait deux groupes avec invité : le Bounce Trio de l’organiste Matthieu Marthouret, avec le renfort du guitariste Serge Lazarevitch, et le quartette du saxophoniste Sébastien Jarrousse, qui se faisait quintette en recevant le flûtiste Magic Malik.

Matthieu Marthouret Bounce Trio invite Serge Lazarevitch

Matthieu Marthouret (orgue), Toine Thys (saxophone ténor & clarinette basse), Gautier Garrigue (batterie) ; invité : Serge Lazarevitch (guitare)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 17h30

MarthouretLe concert est pour Matthieu Marthouret l’occasion de souligner la parution récente du second disque de ce trio («Contrasts», We See Music / Absilone), publié en octobre dernier. Comme sur le CD, et aussi lors de quelques concerts ces deux dernières années, Serge Lazarevitch est l’invité de choix. Lui que beaucoup d’amateurs (et quelques professionnels distraits) ont longtemps considéré comme un musicien belge (car il avait fait de l’autre côté de la Sambre son début de carrière) retrouve dans ce trio un authentique Bruxellois en la personne de Toine Hys, saxophoniste régulier du trio. Et cette cohabitation du sax et de la guitare, historiquement les piliers alternatifs de nombreux trios avec orgue, produit une effervescence du meilleur aloi. Le concert commence avec une composition du saxophoniste, qui figurait sur le premier CD du groupe («Small Streams… Big Rivers», 2014 ; deux autres thèmes lui seront empruntés au fil du concert). D’abord une sorte de shuffle, puis des changements de rythme, et de tempo, et des contrastes vifs dessinent une dramaturgie musicale qui entraîne les musiciens, la musique et le public dans un mouvement irrépressible. Viendra ensuite un thème plus lent dans son introduction et sa conclusion, où le saxophoniste se montre très lyrique. Il est familier de cette configuration sax-orgue-batterie, car il la pratique sous son nom, avec l’organiste néerlandais Arno Krijger (Toine Thys Trio, «Grizzly»,Igloo, 2014), et il libère volontiers des phrases enflammées où des gammes vertigineuses se font expressives quand le accents les font vivre, et quand la variété des valeurs rythmiques leur donne un vie nouvelle. Le saxophoniste entre souvent en dialogue avec Serge Lazarevitch, impérial de fougue et d’intelligence musicale. Matthieu Mathouret utilise pleinement l’orgue Hammond, soulignant au pédalier les figures rythmiques du batteur Gautier Garrigue, avec lequel il entame ainsi une sorte d’échange diagonal à l’intérieur du quartette. Pour Fragment, cursif et segmenté, Matthieu Marthouret est parti de Segment de Charlie Parker : cavalcade bebop mise au goût du jour. Dans Innocent Victims, inspiré à l’organiste par l’attentat du Bataclan, l’orgue se fait mélancolique, avec une sonorité, des accords et des accents qui rappellent Eddy Louiss, et une clarinette basse qui déploie des trésors d’expressivité. Aux côtés des compositions originales, le groupe jouera également un standard du jazz, signé Thelonious Monk (We See), traité avec liberté (accelerando, decelerando, unissons flottants comme au bon vieux temps du free jazz….). Bref, au fil du concert, de l’intensité, de l’engagement, de l’échange : du jazz en somme.

Découvrir le CD «Contrasts» sur Youtube

 

Sébastien Jarrousse Quartet invite Magic Malik

Sébastien Jarrousse (saxophones ténor et soprano), Pierre-Alain Goualch (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie) ; invité : Magic Malik (flûte)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 18h45

JarrousseOn a trop souvent circonscrit Sébastien Jarrousse au rôle souvent ingrat «du coltranien de service», notamment parce qu’il avait voici plus de dix ans prêté son grand talent à un spectacle musical sur John Coltrane. C’est oublier ce qui le constitue : des qualités d’instrumentiste accompli, de soliste original, et de compositeur abouti. Avec ce concert il rappelle la publication, voici quelques mois, du disque «Old Fellow» (Gaya / Socadisc), avec le même invité. Cela commence au sax ténor et en quartette, à tempo vif, tendance soul jazz. Puis Magic Malik rejoint le groupe pour un lyrisme intense, auquel il prête non seulement sa flûte mais sa voix, jouant simultanément de l’une et de l’autre. Le saxophone soprano tisse avec la flûte des motifs aussi savants que sensibles, et la section ryhtmique leur est un écrin des plus riches. Puis en quartette au ténor, Sébastien Jarrousse mêle les tempi, lents ou vifs, avec une rigueur formelle sans faille. Pierre-Alain Goualch s’en donne à cœur joie, rappelant ici ou là les grandes heures de McCoy Tyner en ponctuant ses accords en quartes avec des basses explosives. A nouveau rejoint par la flûte, le groupe joue un thème composé en hommage au pianiste John Taylor : mélancolie et couleurs harmoniques subtiles nous confirment que c’est bien l’univers du dédicataire qui est effleuré, avec chaleur. De très beaux unissons sur des lignes sinueuses, un solo de batterie sans fracas soutenu par un ostinato piano-contrebasse, et le survol de la flûte qui entraîne le tout vers un monde onirique : le bonheur est total. Et il en ira ainsi jusqu’au duo conclusif entre le saxophoniste et le pianiste. Une fois encore Jazz sur le Vif nous aura offert un vrai moment de beauté musicale. Toujours pas de date précise pour la diffusion de ces concerts sur France Musique : ce sera cet été, assure-t-on. Reste à patienter….

Xavier Prévost|Pour le onzième concert de la saison Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin accueillait deux groupes avec invité : le Bounce Trio de l’organiste Matthieu Marthouret, avec le renfort du guitariste Serge Lazarevitch, et le quartette du saxophoniste Sébastien Jarrousse, qui se faisait quintette en recevant le flûtiste Magic Malik.

Matthieu Marthouret Bounce Trio invite Serge Lazarevitch

Matthieu Marthouret (orgue), Toine Thys (saxophone ténor & clarinette basse), Gautier Garrigue (batterie) ; invité : Serge Lazarevitch (guitare)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 17h30

MarthouretLe concert est pour Matthieu Marthouret l’occasion de souligner la parution récente du second disque de ce trio («Contrasts», We See Music / Absilone), publié en octobre dernier. Comme sur le CD, et aussi lors de quelques concerts ces deux dernières années, Serge Lazarevitch est l’invité de choix. Lui que beaucoup d’amateurs (et quelques professionnels distraits) ont longtemps considéré comme un musicien belge (car il avait fait de l’autre côté de la Sambre son début de carrière) retrouve dans ce trio un authentique Bruxellois en la personne de Toine Hys, saxophoniste régulier du trio. Et cette cohabitation du sax et de la guitare, historiquement les piliers alternatifs de nombreux trios avec orgue, produit une effervescence du meilleur aloi. Le concert commence avec une composition du saxophoniste, qui figurait sur le premier CD du groupe («Small Streams… Big Rivers», 2014 ; deux autres thèmes lui seront empruntés au fil du concert). D’abord une sorte de shuffle, puis des changements de rythme, et de tempo, et des contrastes vifs dessinent une dramaturgie musicale qui entraîne les musiciens, la musique et le public dans un mouvement irrépressible. Viendra ensuite un thème plus lent dans son introduction et sa conclusion, où le saxophoniste se montre très lyrique. Il est familier de cette configuration sax-orgue-batterie, car il la pratique sous son nom, avec l’organiste néerlandais Arno Krijger (Toine Thys Trio, «Grizzly»,Igloo, 2014), et il libère volontiers des phrases enflammées où des gammes vertigineuses se font expressives quand le accents les font vivre, et quand la variété des valeurs rythmiques leur donne un vie nouvelle. Le saxophoniste entre souvent en dialogue avec Serge Lazarevitch, impérial de fougue et d’intelligence musicale. Matthieu Mathouret utilise pleinement l’orgue Hammond, soulignant au pédalier les figures rythmiques du batteur Gautier Garrigue, avec lequel il entame ainsi une sorte d’échange diagonal à l’intérieur du quartette. Pour Fragment, cursif et segmenté, Matthieu Marthouret est parti de Segment de Charlie Parker : cavalcade bebop mise au goût du jour. Dans Innocent Victims, inspiré à l’organiste par l’attentat du Bataclan, l’orgue se fait mélancolique, avec une sonorité, des accords et des accents qui rappellent Eddy Louiss, et une clarinette basse qui déploie des trésors d’expressivité. Aux côtés des compositions originales, le groupe jouera également un standard du jazz, signé Thelonious Monk (We See), traité avec liberté (accelerando, decelerando, unissons flottants comme au bon vieux temps du free jazz….). Bref, au fil du concert, de l’intensité, de l’engagement, de l’échange : du jazz en somme.

Découvrir le CD «Contrasts» sur Youtube

 

Sébastien Jarrousse Quartet invite Magic Malik

Sébastien Jarrousse (saxophones ténor et soprano), Pierre-Alain Goualch (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie) ; invité : Magic Malik (flûte)

Paris, Maison de la Radio, 25 mars 2017, 18h45

JarrousseOn a trop souvent circonscrit Sébastien Jarrousse au rôle souvent ingrat «du coltranien de service», notamment parce qu’il avait voici plus de dix ans prêté son grand talent à un spectacle musical sur John Coltrane. C’est oublier ce qui le constitue : des qualités d’instrumentiste accompli, de soliste original, et de compositeur abouti. Avec ce concert il rappelle la publication, voici quelques mois, du disque «Old Fellow» (Gaya / Socadisc), avec le même invité. Cela commence au sax ténor et en quartette, à tempo vif, tendance soul jazz. Puis Magic Malik rejoint le groupe pour un lyrisme intense, auquel il prête non seulement sa flûte mais sa voix, jouant simultanément de l’une et de l’autre. Le saxophone soprano tisse avec la flûte des motifs aussi savants que sensibles, et la section ryhtmique leur est un écrin des plus riches. Puis en quartette au ténor, Sébastien Jarrousse mêle les tempi, lents ou vifs, avec une rigueur formelle sans faille. Pierre-Alain Goualch s’en donne à cœur joie, rappelant ici ou là les grandes heures de McCoy Tyner en ponctuant ses accords en quartes avec des basses explosives. A nouveau rejoint par la flûte, le groupe joue un thème composé en hommage au pianiste John Taylor : mélancolie et couleurs harmoniques subtiles nous confirment que c’est bien l’univers du dédicataire qui est effleuré, avec chaleur. De très beaux unissons sur des lignes sinueuses, un solo de batterie sans fracas soutenu par un ostinato piano-contrebasse, et le survol de la flûte qui entraîne le tout vers un monde onirique : le bonheur est total. Et il en ira ainsi jusqu’au duo conclusif entre le saxophoniste et le pianiste. Une fois encore Jazz sur le Vif nous aura offert un vrai moment de beauté musicale. Toujours pas de date précise pour la diffusion de ces concerts sur France Musique : ce sera cet été, assure-t-on. Reste à patienter….

Xavier Prévost