Jazz live
Publié le 7 Fév 2017

Louis Winsberg : Jaleo, chansons de gestes méditerranéennes

Cambrée,  tête haute, elle déplie ses bras, joue sur l’ouverture de ses mains nantie d’une grâce infinie. Longue silhouette noire, Sabrina Romero frappe les planches des coups de talons du zapateo, marqueurs de la danse flamenca résonnants sous le tambour

Louis Winsberg (g), Alberto Garcia (g, voc), Cédric Baud (saz, mandoline, g), Sabrina Romero  (voc, danse, cajon), Stéphanie Édouard  (perc, voc )

Sunside, Paris, 6 février

Depuis sa sortie de Sixun, Louis Winsberg parcourt des chemins flirtants (et fleurants bon) avec les musiques arabo-andalouses. Sauf que le guitariste installé à Marseille n’a pas choisi la voie la plus aisée. Une main dans le jazz, une autre dans le flamenco il ne propose pas juste une synthèse simplifiée des deux grammaires musicales. Il entend puiser l’inspiration dans l’éventail de son univers propre. Le besoin d’improviser d’abord auquel s’accouple le vécu des lignes de guitare jazz. Viennent s’y greffer en cadeau des sonorités ancrées du côté du pourtour méditerranéen Ainsi dans le groupe actuel lié au projet du dernier album (Jaleo, For Paco, Label Bleu/ Autre Distribution) Winsberg est-il allé chercher un instrument d’origine turque, le saz, en mode de basse. La complexité de cette ambition musicale demande une  absolue maîtrise non seulement de la lettre mais aussi de l’esprit  des contenus mis en exergue (les « palos » et le « duende », dėjà pour le sens du seul flamenco) Il n’empêche: la projection sur scène de toutes ces tendances affirmées donne le sel de la version ultime de Jaleo.

La guitare occupe le centre du concert. Normal puisque Louis Winsberg reprend les thèmes de l’album dédié à Paco de LucÍa.  Ceci dit chaque instrument y trouve sa place, générateurs de fortes couleurs harmoniques et rythmiques. Reste que deux musiciens sortent du lot. Sabrina Romero en premier lieu présente dans l’entendu et le paraître. Originaire d’une famille partagée entre Séville et Malaga deux  pôles de l’Andalousie, elle cumule voix, danse et percussion. De quoi imprimer une marque profonde sur la musique de Jaleo. Mouvement, présence et graphisme sensuel au travers du « baile » (danse); assise rythmique à partir du « cajon » (on compte peu de pratiquantes féminines sur cet instrument de percussion à ce jour, sorte de caisse cubique à peau tendue, importé d’Amérique latine justement à l’initiative de Paco de Lucía et présent désormais bien au delà du seul flamenco); de la sensibilité plus que de la force au travers du grain de sa voix (For Paco), un élément qu’on pourrait d’ailleurs désirer encore plus présent dans le groupe. Troisième pilier actuel de, les percussions. Là encore le leader à choisi d’innover. Stéphane Édouard  caresse,  frappe les peaux, mais dans une gamme de sonorités élargie par rapport aux principes flamencos (El pescador) S’il laisse le « cajon » aux mains fines d’une « mujer » (dame) le percussionniste à souvent recours aux sonorités de tablas, sons vifs, secs de nature aptes à dynamiser la gamme des rythmes abordés. Dans les mains de Cedric Baud enfin, le saz, cousin de l’oud,  ou la mandoline collent parfaitement à la palette de couleurs fortes ainsi tracées. Témoin, ce moment d’intensité, un pic au coeur du second set du concert: l’occasion d’un duo Winsberg-Baud sur un thème de salsa, cordes entremêlées à grande vitesse et haute fréquence (Salsita)

Même si ce concert au Sunside se trouvait annoncé sous le vocable quelque peu hybride de flamenco jazz, point de fusion, encore moins de collage musical produit ici.  Et tant pis si la volonté ainsi affichée du guitariste en quête « méditerranéenne » de dépasser étiquettes ou limites pourrait bien s’avérer un handicap pour Jaleo de bien figurer sinon de trouver une légitimité outre Pyrénées, terre  originelle du flamenco sinon du flamenco jazz. Louis Winsberg raisonne et entend faire résonner sa musique dans l’inédit, l’originalité. Signe d’une volonté affirmée, risque assumé d’une véritable lucidité artistique.

Robert Latxague

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Cambrée,  tête haute, elle déplie ses bras, joue sur l’ouverture de ses mains nantie d’une grâce infinie. Longue silhouette noire, Sabrina Romero frappe les planches des coups de talons du zapateo, marqueurs de la danse flamenca résonnants sous le tambour

Louis Winsberg (g), Alberto Garcia (g, voc), Cédric Baud (saz, mandoline, g), Sabrina Romero  (voc, danse, cajon), Stéphanie Édouard  (perc, voc )

Sunside, Paris, 6 février

Depuis sa sortie de Sixun, Louis Winsberg parcourt des chemins flirtants (et fleurants bon) avec les musiques arabo-andalouses. Sauf que le guitariste installé à Marseille n’a pas choisi la voie la plus aisée. Une main dans le jazz, une autre dans le flamenco il ne propose pas juste une synthèse simplifiée des deux grammaires musicales. Il entend puiser l’inspiration dans l’éventail de son univers propre. Le besoin d’improviser d’abord auquel s’accouple le vécu des lignes de guitare jazz. Viennent s’y greffer en cadeau des sonorités ancrées du côté du pourtour méditerranéen Ainsi dans le groupe actuel lié au projet du dernier album (Jaleo, For Paco, Label Bleu/ Autre Distribution) Winsberg est-il allé chercher un instrument d’origine turque, le saz, en mode de basse. La complexité de cette ambition musicale demande une  absolue maîtrise non seulement de la lettre mais aussi de l’esprit  des contenus mis en exergue (les « palos » et le « duende », dėjà pour le sens du seul flamenco) Il n’empêche: la projection sur scène de toutes ces tendances affirmées donne le sel de la version ultime de Jaleo.

La guitare occupe le centre du concert. Normal puisque Louis Winsberg reprend les thèmes de l’album dédié à Paco de LucÍa.  Ceci dit chaque instrument y trouve sa place, générateurs de fortes couleurs harmoniques et rythmiques. Reste que deux musiciens sortent du lot. Sabrina Romero en premier lieu présente dans l’entendu et le paraître. Originaire d’une famille partagée entre Séville et Malaga deux  pôles de l’Andalousie, elle cumule voix, danse et percussion. De quoi imprimer une marque profonde sur la musique de Jaleo. Mouvement, présence et graphisme sensuel au travers du « baile » (danse); assise rythmique à partir du « cajon » (on compte peu de pratiquantes féminines sur cet instrument de percussion à ce jour, sorte de caisse cubique à peau tendue, importé d’Amérique latine justement à l’initiative de Paco de Lucía et présent désormais bien au delà du seul flamenco); de la sensibilité plus que de la force au travers du grain de sa voix (For Paco), un élément qu’on pourrait d’ailleurs désirer encore plus présent dans le groupe. Troisième pilier actuel de, les percussions. Là encore le leader à choisi d’innover. Stéphane Édouard  caresse,  frappe les peaux, mais dans une gamme de sonorités élargie par rapport aux principes flamencos (El pescador) S’il laisse le « cajon » aux mains fines d’une « mujer » (dame) le percussionniste à souvent recours aux sonorités de tablas, sons vifs, secs de nature aptes à dynamiser la gamme des rythmes abordés. Dans les mains de Cedric Baud enfin, le saz, cousin de l’oud,  ou la mandoline collent parfaitement à la palette de couleurs fortes ainsi tracées. Témoin, ce moment d’intensité, un pic au coeur du second set du concert: l’occasion d’un duo Winsberg-Baud sur un thème de salsa, cordes entremêlées à grande vitesse et haute fréquence (Salsita)

Même si ce concert au Sunside se trouvait annoncé sous le vocable quelque peu hybride de flamenco jazz, point de fusion, encore moins de collage musical produit ici.  Et tant pis si la volonté ainsi affichée du guitariste en quête « méditerranéenne » de dépasser étiquettes ou limites pourrait bien s’avérer un handicap pour Jaleo de bien figurer sinon de trouver une légitimité outre Pyrénées, terre  originelle du flamenco sinon du flamenco jazz. Louis Winsberg raisonne et entend faire résonner sa musique dans l’inédit, l’originalité. Signe d’une volonté affirmée, risque assumé d’une véritable lucidité artistique.

Robert Latxague

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Cambrée,  tête haute, elle déplie ses bras, joue sur l’ouverture de ses mains nantie d’une grâce infinie. Longue silhouette noire, Sabrina Romero frappe les planches des coups de talons du zapateo, marqueurs de la danse flamenca résonnants sous le tambour

Louis Winsberg (g), Alberto Garcia (g, voc), Cédric Baud (saz, mandoline, g), Sabrina Romero  (voc, danse, cajon), Stéphanie Édouard  (perc, voc )

Sunside, Paris, 6 février

Depuis sa sortie de Sixun, Louis Winsberg parcourt des chemins flirtants (et fleurants bon) avec les musiques arabo-andalouses. Sauf que le guitariste installé à Marseille n’a pas choisi la voie la plus aisée. Une main dans le jazz, une autre dans le flamenco il ne propose pas juste une synthèse simplifiée des deux grammaires musicales. Il entend puiser l’inspiration dans l’éventail de son univers propre. Le besoin d’improviser d’abord auquel s’accouple le vécu des lignes de guitare jazz. Viennent s’y greffer en cadeau des sonorités ancrées du côté du pourtour méditerranéen Ainsi dans le groupe actuel lié au projet du dernier album (Jaleo, For Paco, Label Bleu/ Autre Distribution) Winsberg est-il allé chercher un instrument d’origine turque, le saz, en mode de basse. La complexité de cette ambition musicale demande une  absolue maîtrise non seulement de la lettre mais aussi de l’esprit  des contenus mis en exergue (les « palos » et le « duende », dėjà pour le sens du seul flamenco) Il n’empêche: la projection sur scène de toutes ces tendances affirmées donne le sel de la version ultime de Jaleo.

La guitare occupe le centre du concert. Normal puisque Louis Winsberg reprend les thèmes de l’album dédié à Paco de LucÍa.  Ceci dit chaque instrument y trouve sa place, générateurs de fortes couleurs harmoniques et rythmiques. Reste que deux musiciens sortent du lot. Sabrina Romero en premier lieu présente dans l’entendu et le paraître. Originaire d’une famille partagée entre Séville et Malaga deux  pôles de l’Andalousie, elle cumule voix, danse et percussion. De quoi imprimer une marque profonde sur la musique de Jaleo. Mouvement, présence et graphisme sensuel au travers du « baile » (danse); assise rythmique à partir du « cajon » (on compte peu de pratiquantes féminines sur cet instrument de percussion à ce jour, sorte de caisse cubique à peau tendue, importé d’Amérique latine justement à l’initiative de Paco de Lucía et présent désormais bien au delà du seul flamenco); de la sensibilité plus que de la force au travers du grain de sa voix (For Paco), un élément qu’on pourrait d’ailleurs désirer encore plus présent dans le groupe. Troisième pilier actuel de, les percussions. Là encore le leader à choisi d’innover. Stéphane Édouard  caresse,  frappe les peaux, mais dans une gamme de sonorités élargie par rapport aux principes flamencos (El pescador) S’il laisse le « cajon » aux mains fines d’une « mujer » (dame) le percussionniste à souvent recours aux sonorités de tablas, sons vifs, secs de nature aptes à dynamiser la gamme des rythmes abordés. Dans les mains de Cedric Baud enfin, le saz, cousin de l’oud,  ou la mandoline collent parfaitement à la palette de couleurs fortes ainsi tracées. Témoin, ce moment d’intensité, un pic au coeur du second set du concert: l’occasion d’un duo Winsberg-Baud sur un thème de salsa, cordes entremêlées à grande vitesse et haute fréquence (Salsita)

Même si ce concert au Sunside se trouvait annoncé sous le vocable quelque peu hybride de flamenco jazz, point de fusion, encore moins de collage musical produit ici.  Et tant pis si la volonté ainsi affichée du guitariste en quête « méditerranéenne » de dépasser étiquettes ou limites pourrait bien s’avérer un handicap pour Jaleo de bien figurer sinon de trouver une légitimité outre Pyrénées, terre  originelle du flamenco sinon du flamenco jazz. Louis Winsberg raisonne et entend faire résonner sa musique dans l’inédit, l’originalité. Signe d’une volonté affirmée, risque assumé d’une véritable lucidité artistique.

Robert Latxague

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Cambrée,  tête haute, elle déplie ses bras, joue sur l’ouverture de ses mains nantie d’une grâce infinie. Longue silhouette noire, Sabrina Romero frappe les planches des coups de talons du zapateo, marqueurs de la danse flamenca résonnants sous le tambour

Louis Winsberg (g), Alberto Garcia (g, voc), Cédric Baud (saz, mandoline, g), Sabrina Romero  (voc, danse, cajon), Stéphanie Édouard  (perc, voc )

Sunside, Paris, 6 février

Depuis sa sortie de Sixun, Louis Winsberg parcourt des chemins flirtants (et fleurants bon) avec les musiques arabo-andalouses. Sauf que le guitariste installé à Marseille n’a pas choisi la voie la plus aisée. Une main dans le jazz, une autre dans le flamenco il ne propose pas juste une synthèse simplifiée des deux grammaires musicales. Il entend puiser l’inspiration dans l’éventail de son univers propre. Le besoin d’improviser d’abord auquel s’accouple le vécu des lignes de guitare jazz. Viennent s’y greffer en cadeau des sonorités ancrées du côté du pourtour méditerranéen Ainsi dans le groupe actuel lié au projet du dernier album (Jaleo, For Paco, Label Bleu/ Autre Distribution) Winsberg est-il allé chercher un instrument d’origine turque, le saz, en mode de basse. La complexité de cette ambition musicale demande une  absolue maîtrise non seulement de la lettre mais aussi de l’esprit  des contenus mis en exergue (les « palos » et le « duende », dėjà pour le sens du seul flamenco) Il n’empêche: la projection sur scène de toutes ces tendances affirmées donne le sel de la version ultime de Jaleo.

La guitare occupe le centre du concert. Normal puisque Louis Winsberg reprend les thèmes de l’album dédié à Paco de LucÍa.  Ceci dit chaque instrument y trouve sa place, générateurs de fortes couleurs harmoniques et rythmiques. Reste que deux musiciens sortent du lot. Sabrina Romero en premier lieu présente dans l’entendu et le paraître. Originaire d’une famille partagée entre Séville et Malaga deux  pôles de l’Andalousie, elle cumule voix, danse et percussion. De quoi imprimer une marque profonde sur la musique de Jaleo. Mouvement, présence et graphisme sensuel au travers du « baile » (danse); assise rythmique à partir du « cajon » (on compte peu de pratiquantes féminines sur cet instrument de percussion à ce jour, sorte de caisse cubique à peau tendue, importé d’Amérique latine justement à l’initiative de Paco de Lucía et présent désormais bien au delà du seul flamenco); de la sensibilité plus que de la force au travers du grain de sa voix (For Paco), un élément qu’on pourrait d’ailleurs désirer encore plus présent dans le groupe. Troisième pilier actuel de, les percussions. Là encore le leader à choisi d’innover. Stéphane Édouard  caresse,  frappe les peaux, mais dans une gamme de sonorités élargie par rapport aux principes flamencos (El pescador) S’il laisse le « cajon » aux mains fines d’une « mujer » (dame) le percussionniste à souvent recours aux sonorités de tablas, sons vifs, secs de nature aptes à dynamiser la gamme des rythmes abordés. Dans les mains de Cedric Baud enfin, le saz, cousin de l’oud,  ou la mandoline collent parfaitement à la palette de couleurs fortes ainsi tracées. Témoin, ce moment d’intensité, un pic au coeur du second set du concert: l’occasion d’un duo Winsberg-Baud sur un thème de salsa, cordes entremêlées à grande vitesse et haute fréquence (Salsita)

Même si ce concert au Sunside se trouvait annoncé sous le vocable quelque peu hybride de flamenco jazz, point de fusion, encore moins de collage musical produit ici.  Et tant pis si la volonté ainsi affichée du guitariste en quête « méditerranéenne » de dépasser étiquettes ou limites pourrait bien s’avérer un handicap pour Jaleo de bien figurer sinon de trouver une légitimité outre Pyrénées, terre  originelle du flamenco sinon du flamenco jazz. Louis Winsberg raisonne et entend faire résonner sa musique dans l’inédit, l’originalité. Signe d’une volonté affirmée, risque assumé d’une véritable lucidité artistique.

Robert Latxague