Jazz live
Publié le 13 Oct 2018

Novembre et The Bridge 8 à La Dynamo de Banlieues Bleues

Mardi 9 octobre, la moyenne d’âge des spectateurs-auditeurs de La Dynamo de Banlieues Bleues avait fortement chuté avec l’arrivée d’une quarantaine de lycéens du lycée Eugène Delacroix de Maisons-Alfort (93 +1). L’ambiance de cette belle soirée promettait d’être chaude.

La première partie était assurée par l’ébouriffant quartet Novembre du saxophoniste alto, Antonin Tri Hoang, actuellement en résidence à La Dynamo de Banlieues Bleues. Créé il y a huit ans, ce groupe réunit quatre fines gâchettes qui se sont connues sur les bancs du CNSMDP (au piano Romain Clerc-Renaud, à la contrebasse Thibault Cellier et à la batterie Elie Duris). Leur concert démarre de façon assez paisible et sans prévenir bascule dans un univers-puzzle en perpétuelle mutation. Ces quatre jeunes chenapans savent cultiver avec malice et brio l’art acrobatique du zapping et des collages sonores surprenants. Ils dissèquent, triturent, câlinent, explosent leur musique pour mobiliser l’attention de l’assistance visiblement fascinée par un jazz charmeur, malin, ludique, joyeux, trépidant et sauvage. Au détour de deux breaks, un aylerien sax ténor hurleur, c’est ce diable de Mars Williams (voir plus loin), caché derrière le rideau qui vient se mêler à la fête. Ce deuxième passage sur la scène de La Dynamo confirme la vitalité d’un groupe qui ne laisse personne indifférent.

 

En seconde partie, nous retrouvons Antonin Tri Hoang, l’éternel gamin surdoué, dans le cadre de The Bridge  8 projet transatlantique tissé entre les fertiles scènes jazz de Chicago et Paris. Cette version 8 nous permet ainsi d’entendre, en direct live, des musiciens américains beaucoup trop rares en France. Perfecto et lunettes noires, le poly saxophoniste libertaire, Mars Williams, capable aussi de très belles interventions musclées dans des formations de pop progressif ou de post-punk, aligne une superbe brochette de quatre saxophones ainsi qu’une belle tablée de jouets musicaux. Derrière lui, l’icône du jazz asiatique-américain, vêtu d’une élégante veste traditionnelle japonaise, le contrebassiste et cinéaste expérimental, Tatsu Aoki. Le batteur propulseur et créateur de flux, Samuel Silvant, complète idéalement ce quartet de pistoleros. Sur des images brumeuses, sépias, bleutées, scarifiées, ésotériques montées par le magicien Tatsu Aoki et projetées en fond de scène, ces quatre artificiers  réinventent tout un monde fabuleux. Nous participons à une randonnée sauvage, à tombeau ouvert, dans des contrées inconnues et vierges. Chauffés à blanc par une rythmique solide et fracassante, les deux souffleurs (Antonin à l’alto et à la clarinette et Mars au sopranino, au soprano, à l’alto  et au ténor) deviennent sculpteurs de sons et créateurs de tornades bienfaitrices. Les échanges sont virils. Ces deux polyanchistes se provoquent, se stimulent, se répondent, s’unissent pour créer de splendides improvisations. Au milieu de ce tumulte généreux, Tatsu Aoki abandonne sa profonde contrebasse terrienne pour jouer du shamisen (luth traditionnel japonais à trois cordes) accompagné par les claquements de l’anche et des ressorts de la clarinette d’Antonin, le piano à pouces africain et les flûtes en plastique de Mars et les cymbales et les peaux feutrées de Samuel.

Belle soirée pleine d’énergie positive.

Paul Jaillet 

Prochains concerts à La Dynamo de Banlieues Bleues :

Jeudi 18 octobre : Little Bob Blues Bastards

Vendredi 26 octobre : Sylvain Daniel solo et Courvoisier/Feldman/E. Parker/Mori