Gospel Festival de Paris - Jazz Magazine
Jazz live
Publié le 14 Nov 2025

Gospel Festival de Paris

Grand Rex, le 11 novembre 2025

En un peu plus de vingt ans d’existence, le Gospel Festival de Paris s’est imposé comme le principal, sinon le seul, évènement français dédié à la scène gospel contemporain, accueillant au fil des éditions annuelles légendes du genre – Shirley Caesar, les Clark Sisters… – et vedettes actuelles, de Kirk Franklin à CeCe Winans en passant par Yolanda Adams ou Kim Burrell, bien souvent pour leur première prestation française – qui est parfois la seule ! Après une soirée d’anniversaire évènementielle à Bercy, le festival a retrouvé depuis l’année dernière le cadre élégant du Grand Rex, et c’est une salle pas loin d’être pleine -malgré une programmation en milieu de semaine –  et à l’enthousiasme communicatif qui attend patiemment le début de la soirée, animée comme les précédentes par les pasteurs David et Jocelyne Goma, fondateurs de l’évènement.

Comme chaque année, c’est la chorale Total Praise qui est au cœur de la première partie du programme. Placée depuis ses débuts sur la direction de Isabelle Ngombo, accompagnée par un orchestre soudé piloté par  Théophane Koffi, le chœur présente cette fois-ci un parcours en musique dans l’histoire du gospel ouvert par un medley de standards du genre comme The Battle Hymn of the Republic – plus connu par les premiers mots de son refrain, Glory, glory, hallelujah ! – et se poursuit par des titres plus contemporains comme Up Where We Belong, popularisé côté gospel par BeBe & CeCe Winans ou le Made A Way de Travis Greene – venu au festival pour l’édition 2022. Chaque titre permet à un soliste issu des rangs de la chorale de se mettre en valeur brièvement, et illustre la richesse d’une scène ignorée par la majorité des médias, y compris musicaux. Si je suis moins client des titres chantés en français et de la participation un peu incongrue de danseurs sur quelques titres, difficile de ne pas être ébloui par la qualité vocale des différents interprètes, qui ridiculisent la plupart des candidats à tel ou tel télécrochet…

Le temps d’un court entracte, et Total Praise revient sur scène pour accueillir l’invitée vedette de la soirée, Tamela Mann. A près inconnue chez nous, la chanteuse est une star aux Etats-Unis. Depuis le début de sa carrière aux côtés de Kirk Franklin, elle a publié 7 albums sous son nom, dont deux ont atteint le sommet du classement spécialisé de Billboard, gagné un Grammy en 2017, et plusieurs de ses chansons ont connu un succès dépassant le milieu du gospel. Outre son œuvre musicale, elle mène également une carrière d’actrice, apparaissant dans plusieurs films du réalisateur Tyler Perry, mais aussi dans le remake de Sparkle de 2012 ainsi que dans la version récente de The Color Purple, et a même été, avec son mari, la vedette de sa propre télé-réalité, diffusée sur la chaîne BET !

Ce soir, cependant, c’est la musique qui est au programme, avec une sélection de titres issus des différents disques de Mann, entrecoupés de « témoignages «  de celle-ci sur sa foi et sur sa vie personnelle, qui font le lien entre les morceaux. Visiblement très familier du répertoire proposé, avec des chansons comme He Did It For Me ou Deserve To Win, le public est en osmose avec ce qui se passe sur la scène, et, bien vite, la limite encore la chorale et les chants venus de la salle s’éclipse. Si Mann n’est pas une chanteuse extravertie à la Kim Burrell, c’est sur l’émotion qu’elle joue et sur une implication pleine et entière – ou à tout le moins très bien mise en scène – dans ce qu’elle chante. Quand elle attaque son morceau le plus connu, Take Me to the King, écrit pour elle par Kirk Franklin, ce sont plusieurs centaines de voix qui l’accompagnent avec une intensité peu courante pour un public français. Enchaîné avec I Surrender All et I Can Imagine, le morceau offre un final spectaculaire à la prestation de Mann, qui ne cache pas son émotion devant l’accueil que lui réserve le public français.

Une fois encore, le Gospel Festival de Paris se montre à la hauteur de sa mission de documenter la vitalité d’une scène gospel contemporaine qui reste largement ignorée de ce côté de l’océan…