Christie Dashiell au Duc des Lombards - Jazz Magazine
Jazz live
Publié le 17 Nov 2025

Christie Dashiell au Duc des Lombards

14 novembre 2025, premier set

Découverte ici sur disque et sur scène au sein collectif Black Lives, Christie Dashiell est loin d’être une débutante, mais ne s’était jamais produite sous son nom sur une scène parisienne. Fille du bassiste Caroll Dashiell Jr, qui a notamment travaillé avec Bobby Watson et Maceo Parker, la chanteuse a publié deux albums personnels,  ”Time All Mine”, enregistré avec Marquis Hill, Marcus Strickland et Nicholas Payton en 2016, et ”Journey in Black” en 2024, et a fait partie du groupe vocal Sweet Honey In The Rocks. Son dernier disque, ”We Insist 2025 !”, gravé avec elle qu’elle présente comme son mentor, la batteuse Terri Lyne Carrington, fait partie des candidats sérieux aux prochains Grammy Awards.

Devant un Duc des Lombards bien rempli, c’est cependant le répertoire de ”Journey in Black” qui est essentiellement au programme de la soirée. Pour l’occasion, Dashiell est accompagnée pour l’occasion d’un trio de pointures, avec le bassiste Reggie Washington, le pianiste Tony Tixier et le batteur Yoràn Vroom, qui se met totalement à son service. Brillante technicienne formée notamment à la Manhattan School of Music, dotée d’un timbre riche et clair, elle laisse cependant les acrobaties vocales à d’autres, préférant se concentrer sur l’expressivité et l’émotion, au service d’un répertoire qui est essentiellement issu de sa plume et comprend des compositions marquantes, à l’image de Ancestral Folk Song et du très beau How It Ends, qui a tout pour devenir un standard contemporain. Elle se replonge aussi brièvement dans ”Time All Mine” pour présenter son arrangement original très réussi de ce qu’elle présente comme « une des chansons les plus connues de Stevie Wonder, mais pas une des plus appréciée », I Just Called To Say I Love You, qui retrouve ici une belle fraîcheur.

Charismatique et dotée d’un sens de l’humour bienvenu, Dashiell n’a pas de difficulté à conquérir un public peut-être un peu trop sage, mais qui se laisse vite séduire, au point de demander et obtenir un rappel visiblement imprévu avec le standard peu courant Centerpiece, une composition de Harry « Sweets » Edison mise en mots par Jon Hendricks. L’ensemble confirme le potentiel de Christie Dashiell, qui pourrait devenir dans les prochains mois une des voix qui comptent de la scène jazz…

Frédéric ADRIAN