Un événement à bien des égards : un concert à l’issue d’une résidence de création, et une création qui sera l’ultime en ce lieu après plus de 20 ans d’une action culturelle intense et exemplaire.
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Dans l’éditorial du programme de cette fin de saison, Sophie Gastine et Pierre Fischer, qui ont porté cette aventure, avec une équipe de salariés et de bénévoles, font le bilan d’une situation créée par la défection de certains soutiens publics aux actions culturelles.
MARIO CANONGE Trio
Mario Canonge (piano, voix), Michel Alibo (contrebasse, voix), Arnaud Dolmen (batterie, voix)
Fontenay-sous-Bois, Halle Roublot, 13 juin 2025, 21h
C’est la naissance d’un formidable groupe. Quatre jours plus tôt, sur la page Facebook des Musiques au Comptoir, l’équipe décrit la genèse de ce qui sera la dernière résidence de création en ce lieu : «Il y a presque 20 ans, nous accueillions le tout jeune batteur prodige, et alors inconnu, Arnaud Dolmen. Nous avons eu le plaisir et l’honneur de l’accompagner sur ses créations durant toutes ces années. Il y a deux ans nous recevions le trio de Mario Canonge pour son fameux Karnaval blues et une soirée mémorable, immortalisée par la belle équipe de Zycopolis TV. C’est donc avec émotion que la dernière création faite au Comptoir leur est dévolue»
Pour le chroniqueur c’est aussi un moment très particulier : je me souviens de la première fois où j’ai écouté Mario Canonge : c’était en 1983, ma première participation au jury du Concours de La Défense, et Mario jouait des claviers dans le groupe Ultramarine (avec Notamment N’Guyen Lê), qui remporta cette année-là le premier prix. Et dans les années suivantes j’écoutais Michel Alibo à la guitare basse dans le groupe Sixun. Je savais qu’il jouait aussi de la contrebasse, mais c’est aujourd’hui la première fois que j’ai l’occasion de l’écouter sur cet instrument à ce degré d’implication. J’ai très souvent depuis plus de 20 ans écouté Mario Canonge au piano acoustique, et j’ai admiré son univers de jazzman. Quant au batteur Arnaud Dolmen, j’ai maintes fois ces dernières années apprécié son considérable talent dans divers groupes : autant dire que la soirée s’annonçait très prometteuse.
Et ce fut le cas d’entrée de jeu : le nouveau répertoire, composé pour cette résidence par le pianiste, est comme une ode au jazz sous tous ses aspects. Ici la Caraïbe côtoie l’univers de Monk, Hancock et compagnie. Les compositions sont tissées de détours féconds, de surprises bienvenues, et d’envols inattendus. L’implication des trois est constamment au plus haut niveau d’écoute, d’attention, et d’intervention pertinente. Le très nombreux public est comme happé par l’urgence de ce qui se joue sur scène. Le thème suivant, dédié à Thelonious Monk (l’une des passions musicales de Mario Canonge), va mêler les escapades rythmiques et les dissonances, chères à l’inspirateur, à des incises très caribéennes : il en résulte une forme de folie communicative, non seulement sur le plateau, mais aussi dans le public, saisi par la force expressive et l’intensité musicale du moment. Et il en ira de la sorte tout au long du concert, entre ballade qui tourne à l’effervescence, intro sombre qui débuche sur un thème de joie lumineuse, et en fin de concert des interventions vocales des trois pour exalter en motifs récurrents la présence de la langue créole. Public comblé, chroniqueur inclus évidemment, et cela va se conclure par un trio très soul music, à un niveau qui transcende très largement ce que faisait naguère Ramsey Lewis. Bonheur absolu. Un disque est en préparation : on l’attend avec impatience !
Xavier Prévost
Sur Youtube le trio en 2023 à Musiques au Comptoir
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Prochain rendez-vous avec Musiques au Comptoir, le 21 juin pour la Fête de la Musique, avec Teofilo Chantre. Entré libre, bar et restauration sur place