SERRE CHEVALIER SUMMER JAZZ FESTIVAL 19 & 20 août 2025

SERRE CHEVALIER SUMMER JAZZ FESTIVAL
19 & 20 août 2025
Troisième édition de ce festival atypique qui se déroule du 19 au 22 août dans la vallée de Serre Chevalier dans les Hautes-Alpes. Un festival, où les concerts – acoustiques et sans sonorisation – se déroulent exclusivement dans les églises de plusieurs villages de la vallée et dont la programmation est assurée par Louis Sclavis.
L’ouverture du festival a eu lieu dans l’église du Casset par un concert de contrebasse solo de Pascal Berne.

Le contrebassiste, basé dans la Drôme à Valence, a magnifiquement mis en lumière son jeu de contrebasse, inventif et varié, dans cette petite église romane au charme suranné. Avec son instrument, il nous raconte de fort belles histoires autour d’une narration musicale cohérente et progressive. Il s’agit d’un programme intitulé « Totems et Esprits » que Pascal Berne a initié il y a quelques années, afin de mettre en musique une exposition du photographe Christophe Charpenel.
Le contrebassiste nous épate, nous éblouit et ne nous ennuie jamais, grâce à sa grande musicalité, son savoir-faire et la diversité de son jeu: du pizzicato à l’archet, en passant par les notes étouffées qu’il obtient en pinçant ses cordes avec des pinces à linges (à l’image d’un piano préparé), sans oublier les lignes de basses qu’il crée à partir d’ostinatos de piano qui sortent de son ordinateur. Du grand art avec peu de moyens, c’est la recette magique des grands musiciens !

Le lendemain (20 août), c’est à l’église de Saint-Chaffrey que le festival se poursuit, avec une nouvelle fois un concert singulier et atypique avec le Duo « Doux Désir », composé du tubiste Michel Godard (qui jouera exclusivement du serpent) et du oudiste égyptien Ihab Radwan (installé à Sète).

Ce serpent ne mord pas et ne crache pas de venin, il est doux et sensuel et sa chaude sonorité grave ondule et danse avec élégance et volupté. Ihab Radwan tisse des sonorités orientales chatoyantes de son oud qui se marient fort bien avec le cuivre boisé de l’instrument de Michel Godard.

On ressent une grande complicité entre les deux hommes qui jouent ensemble depuis plus de 15 ans et qui se comprennent au quart de tour sans avoir besoin de se regarder. On apprécie le caractère interreligieux porté par le message d’empathie, de respect et de bienveillance, véhiculé par cette musique de culture musulmane, jouée dans un lieu de culte chrétien.

Un répertoire envoûtant, où l’on retient les superbes Tenderness ou Weeding Present, ainsi qu’une relecture magique du grand tube de la musique arabe : Lamma Bada, sous forme d’hommage au grand chanteur et oudiste égyptien Hamza El Din.
Lionel Eskenazi.
photos : Isabelle Delfourne